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ULMiste, flic de l'ULM ?

Article publié dans ULMiste n°17, août 2014

 

ULMiste, flic de l'ULM ?

 

Nos plus fidèles lecteurs se souviennent que dès notre numéro 1, nous annoncions la couleur en ne menant pas un essai sur une machine dont la masse à vide et la masse des occupants ne permettait pas le décollage avec l'équipage du jour en respectant les règles actuelles.

Depuis, il n’échappe à personne que nombre de professionnels de l’ULM boudent ULMiste, arguant du fait que nous serions des « psychorigides » qui s’en prennent au poids des machines au nom d’une sorte de volonté de « faire la police »… or, nos lecteurs savent que la réalité est bien plus subtile, aussi nous apparaît-il important de clarifier les choses afin que, une bonne fois pour toutes, la position de votre magazine ne puisse plus être interprétée de manière erratique et que la mauvaise foi de certains de nos détracteurs ait une réponse.

 

Pierre-Jean le Camus

 

Arrêté de 98, voyage en Absurdie

 

Un petit rappel : l’arrêté de 1998 pose qu’un ULM ne peut pas décoller à plus de 450 kg pour les biplaces et 300 pour les monoplaces, avec 5% d’extension pour les machines équipées de parachute et 10% pour les flotteurs, si le constructeur le permet. Dans le même temps est posée une masse à vide maximale, ou plus précisément une charge utile minimale, établie comme suit : du carburant pour une heure de vol et une masse forfaitaire occupants de 86 kg pour les monoplaces et 156 kg pour les biplaces.

Ainsi, la masse à vide maximale d’un monoplace consommant 12 l/h, non équipé de parachute est de 300 kg – 86 kg – (12 x 0,7) = 205,6 kg (0,7 est la densité de l’essence).

Pour un biplace sans parachute consommant 15 l/h, la masse à vide maximale permise est donc de 450 kg – 156 kg – (15 x 0,7) = 283,5 kg.

L’Aviation civile est donc en mesure d’homologuer un ULM biplace de 283,5 kg sans parachute. Allons voler avec : bien peu d’ULMistes, par ailleurs bons vivants, ne pèsent 78 kg (156 kg / 2). Posons donc que pilote et passager excèdent 80 kg, disons 85 kg une fois habillés. Nous avons donc 170 kg de viande. Une heure de vol, c’est bien peu, là on veut aller se promener, on va donc prévoir trois heures de carburant, soit (15 x 3) x 0,7 = 31,5 kg de carburant. Nous sommes donc à 283,5 kg + 170 kg + 31,5 kg = 485 kg. Hors la loi.

 

Les « gros », qui sont en réalité la norme, en tous cas une majorité, sont-ils donc purement et simplement exclus de la pratique de l’ULM ? Certainement pas, répondent les défenseurs des 450 kg, il leur suffit de se diriger vers une machine plus légère. Soit, reprenons notre exemple ; une machine adaptée à nos pilotes ordinaires devrait montrer  une masse à vide de : 450 kg – 170 kg – 31,5 kg = 248,5 kg. En classe 6 (hélico), il n’en existe pas et n’en existera probablement jamais. En trois-axes, il n’en existe que très peu. En pendulaire et autogire (marché du neuf), on s’en éloigne.

Hypocrisie

 

Depuis toujours (c’est-à-dire depuis septembre 1998), ULMiste, ou à tout le moins son fondateur, milite pour dénoncer l’absurdité de cet arrêté qui permet d’homologuer des biplaces qui ne le sont pas. Ils sont des monoplaces de voyage ou des biplaces de vols locaux pour occupants maigrichons. Et la classe 6 en est la parfaite illustration, le paroxysme d’un système totalement idiot qui alimente l’hypocrisie générale. Et c’est bien cette hypocrisie que nous dénonçons et non pas ceux qui sont victimes du système. A l’heure où nous moquons la SNCF et ses quais trop étroits, cet arrêté de 1998 est bien pire, dans la mesure où il ne résulte pas d’un erreur, mais d’un système sciemment réfléchi.

Comment l’Aviation civile peut-elle permettre que volent sur nos têtes des appareils qu’il est impossible d’exploiter en légalité ?

Comment la FFPlUM peut-elle éditer des autocollants « I Love 450 » et parallèlement organiser son « Tour ULM » que bien peu de biplaces peuvent mener à bien en « lovant 450 » ?

Comment cette même FFPlUM peut-elle publier dans ULM Info le récit d’un beau voyage mené sur un Dynamic vers la Nouvelle-Calédonie en racontant que, deux occupants à bord, on fait les pleins de 126 litres, ce qui avec quelques bagages et équipements, donne une masse embarquée quasiment égale à la masse à vide déclarée de 275 kg ?

Comment la presse, de façon générale et à quelques exceptions près, peut-elle mener des essais ou présentations sans soulever ce problème ?

Il faut un minimum de cohérence et c’est pourquoi ULMiste se fait un point d’honneur à pointer cette absurdité, non pas pour dénoncer les contrevenants, mais le système réglementaire sans issue qui nous est imposé.

 

Solution ?

 

ULMiste ne joue pas le jeu de cette hypocrisie et nous nous efforçons donc de mener nos essais dans le cadre réglementaire actuel, en en précisant les limites, ce qui fait qu’au final, la plupart de nos essais trois-axes présentent des monoplaces de voyage ou biplaces de vols locaux, ce qui est absurde. Mais en demandant que la loi change. Soit on applique strictement la règle actuelle, soit on réfléchit, avec pragmatisme, à une refondation du cadre actuel. Or, il est difficilement imaginable de réduire la masse à vide des appareils actuels pour les mener aux 250 kilos qui rendraient les machines exploitables, sauf à rogner sur des éléments structurels. Certes, certains constructeurs y parviennent, mais cet argument théorique doit être confronté à la réalité : la plupart n’y parviennent pas et du reste il est trop tard.

La plupart des biplaces actuels sont structurellement prévus pour voler à 600 kg. Et, du reste, c’est l’argument des vendeurs : « la machine est prévue pour voler à 600 kg et personne n’a jamais été sanctionné, ni par les autorités, ni par les assurances, pour avoir volé trop lourd ». Ce qui est presque exact. Aussi, pourquoi ne pas imaginer que l’on permette à ces machines de voler jusqu’à leur masse maximale structurelle ? On nous oppose la faible énergie cinétique, qui réduirait les conséquences d’accidents. L’observation froide des accidents ne montre pas que cela ait un impact mesurable, dès l’instant que la qualité des formations suit, ce qui est un autre débat auquel ULMiste participe, presque seul dans son coin… 

Bien que partisans du léger, voire très léger, nous observons que des milliers de machines volent en illégalité et que la seule solution, désormais, est d’étendre la masse maximale, en maintenant la masse minimale actuelle. On nous oppose que ce n’est plus possible, que l’Europe en a décidé autrement, etc. Ce que l’Europe a fait, l’Europe peut le défaire ! La fameuse annexe II, qui établit que les aéronefs de moins de 450 kg au décollage restent ULM, ne dépensera qu’une demi-seconde pour établir que ce sera désormais 600 kg !

On nous oppose aussi qu’à plus de 450 kg on deviendrait certifiés… et pourquoi cela ? Puisque, nous dit-on, la non certification de l’ULM a fait ses preuves, nous professons, nous, que le système devrait être élargi à toute l’aviation de loisir ! Et tout le monde y serait gagnant, le parc de machines pourrait enfin être rajeuni. Au nom de la certification, on impose aux pilotes privés avion de voler sur des appareils d’un autre âge… comme si nous roulions encore en Renault 6 ou en Peugeot 404…

 

Alors non, ULMiste ne fait pas la police. ULMiste veut que la loi change afin que tout le monde puisse voler en légalité, mais sans nous boucher le nez. « I Love 450 » en regardant ailleurs, très peu pour nous !

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