4 février 2010
Alors bon, le Gédéon t’a annoncé qu’il allait encore te causer de l’Internet, dans sa précédente chronique que tu devrais vite aller la lire avant de poursuivre ici, si jamais.
Non, tu veux pas ? Bon, résumons, donc. Biyanvrac disait comme ça, démonstration magistrale à l’appui, que l’Internet, faut s’en méfier. Mais pour toi qui a eu la gentillesse de lire comme pour l’autre qui reste ici, le Gédéon te propose une métaphore gastronomique, tiens. Imaginons, t’es dans la rue, tu as faim. Un sandwich t’irait bien, que t’es pressé, tout ça. Dans la vraie vie depuis toujours, tu vas chez le celui qui vend des casse-dalles, tu choisis dans les choix qu’il te propose, tu paies ce que tu dois « vous voulez pas la formule avec boisson et dessert à 17 € ? (oui, disons que t’es à Paris) - non merci » et c’est la joie. Que tu fais confiance, tu te dis que c’est sérieux, ça paie des charges, c’est frais, la vendeuse a pris ton croque avec une pincette, c’est contrôlé et tout le truc. Pas toujours si sûr, mais t’as qu’à bien choisir, aussi, toi !
Bon, t’es bien content, tu te repais à l’ombre et ça va mieux, merci. Enfin non, pas à l’ombre, vu que t’es à Paris, donc n’importe où et du reste on s’en fout.
Alors bon, imagine que maintenant t’es dans le monde moderne, le celui de l’Internet. T’es toujours dans une rue avec le ventre qui fait grouïk et voilà qu’à un coin comme ça tu trouves un type, masqué, qui te tend un sandwich gratos. Dans le postulat, t’es pas clodo, tu as les moyens d’acheter un beau sandwich ISO machin comme dit plus haut et tout…
Soyons honnêtes, tu le prends, toi, le casse-dalle ?
Non, hein ?
…
T’es sûr ?
Avant de clore cette parenthèse et de poursuivre, il voit bien, le Gédéon que tu trouves que considérer du sandwich comme de la gastronomie est exagéré. Cours vite à La Défense dans la gare RER sortie Grande Arche et demande là, dans un petit bistrot dépourvu d’enseigne multinationale, à bâbord, un « rôti de veau mayonnaise maison », puis on en recause, de la gastronomie. Un vrai bonheur, ce truc. Bah vi, le Gédéon va à la capitale, par moments… en revanche, tu as raison, si tu te trompes et que tu vas en face, dans l’enseigne du clown, on causerait de gastro tout court, bien d’accord…
Donc bon, revenons, tu le prends pas, ce sandwich gratos proposé par un Zorglub masqué au coin d’une rue. T’y crois pas, c’est forcément vicié, on sait pas qui l’a fait, quelle est la provenance du veau dedans que si ça se trouve c’est du iench.
Mais bon, t’as pas comme l’impression que ton Internet, c’est un peu ça ? Surtout, donc, avec insistance, après la magistrale tout ça du Gédéon suscitée et lisible ici dessous ?
Alors bon, tu vas dire que c’est pas grave, que de toutes façons ça se bouffe pas, qu’on va choper des maladies avec ça et t’as raison, encore (t’es trop fort aujourd’hui !). Sauf que, si que imaginons que tu cherches une information dont tu as vraiment besoin et dont la suite de ta petite existence peut dépendre, tu vérifies d’où qu’elle vient, l’info, ou pas ?
Pour préparer tes vols, par exemple ?
Là, toi qui suis cette double chronique depuis le début et voyais bien où que le Gédéon voulait en venir, tu te dis que vraiment, ces temps-ci, tu devrais aller jouer à « Questions pour un champignon ». Mais bon, y’avait comme un léger tout petit indice dans le titre la chronique, aussi…
Bon donc, t’es un ulmiste et on cause de terrains ULM, on est bien d’accord. Si tu pilotes des trucs sérieux, tu peux rester quand même, que t’es pas complètement exclu du jeu.
Donc, tu prépares un vol et tu as besoin d’un certain nombre d’informations, notamment sur les terrains de tes copains ulmistes que tu vas aller visiter tout à l’heure.
Avant les joies du sandwich gratos, tu avais un « Guide des terrains ULM », édité par des gens sérieux, impliqués dans le truc depuis des lustres, dont l’auteur, professionnel, méticuleux, consciencieux et respectueux des lois, sélectionnait les bases publiées en fonction d’un seul critère premier : que le gestionnaire soit consentant ! Ensuite, c’est ce même gestionnaire et lui seul qui envoyait les informations à publier, les validait et en avant la musique. A chaque page, on te rappelait que, citation : « les données ici publiées sont susceptibles d’obsolescence et doivent donc être vérifiées auprès du gestionnaire dont voici le numéro de téléphone, merci, ce d’autant plus expressément que l’arrêté d’avril 86 impose l’accord du gestionnaire avant d’usufruiter de tout terrain ULM, outre que ta maman t’as appris à être poli avec les gensses et à te laver les mains après le pipi ». En gros, ça disait ça, le truc.
Et c’était bien, mis à jour et réédité souvent, mais, gros biais, fallait l’acheter avec des sous…
Et voilà, donc, l’Internet. Que ce truc-là, faut tout y trouver, et gratos, on va pas se répéter. Il y eut donc un Zorglub dont tout le monde ignorait les références, qui mit en ligne les terrains ULM publiés dans ce guide (ce qui ne signifie pas forcément, à l’attention des procéduriers, qu’il s’agissait absolument de plagiat, les terrains sont les mêmes pour tous – ouf !), puis invita les visiteurs à mettre à jour, enrichir, commenter, pis tout. Il y eut aussi des fonctionnalités supplémentaires, telles que l’agrégation de toutes autres données utiles au vol (TAF, METAR, NOTAM, TAMERE etc.), possibilité d’éditer ton log en ligne, de rencontrer des copains via le forum (ou, plutôt, de les insulter anonymement, mais l’Internet, c’est ça aussi youpi), tout le truc.
Les acteurs du Guide papier protestèrent, puis réfléchirent, se firent une raison, qu’on va pas tout raconter, on s’en fout. Le papier ne peut pas lutter contre les inouïes possibilités de l’informatique à ce niveau-là, et ici le Gédéon ne rigole pas, faut pas tout jeter, c’est pas ce qu’il dit ni pense ni écrit ni susurre.
Et donc, voilà. Tu te retrouves avec une base de données d’une richesse inégalée à ce jour, un outil qui fait tout le boulot pour toi pour autant que tu y passes autant de temps qu’avant, et te voilà parti vers de nouveaux cieux, à la découverte de terrains jusque-là des vulgi inconnus.
Alors, ça fait bien un sandwich gratos aussi bien que le payant, non ? Mieux, même, comme dit.
Vi…
Sauf que… à la différence de ce qui se faisait aux temps médiévalaux du papier, tu ne sais pas qui a mis les infos en ligne et si même le gestionnaire est au courant… tu ne sais pas si les infos sont si tellement fiables que ça. Tu ne sais pas si des fois tu ne trouveras pas porte close. Donc, prudent ou échaudé par la prime expérience ou bien encore, peut-on rêver, bien élevé voire simplement respectueux des lois, tu téléphones avant au terrain convoité. Et là tu tombes sur un être humain qui te dit oui ou merde, te donne les consignes vraies et à jour en cas d’oui, te souhaite un bon vol et met les glaçons au frais.
Comme avant…
C’est balot…
Et alors, cependant que, à la différence du truc papier qui faisait scandaleuse rétention d’informations et te vendait son travail, ici tu sais tout sur rien ou rien sur tout, surtout, et c’est gratuit, mais c’est toi et d’autres eux qui ont alimenté. Tu fais toi-même le boulot dont tu vas profiter. C’est ça le wikimonde.
Revenons au sandwich, tiens, pour voir. Ce n’est plus, comme proposé, un Zorglub qui te tend un machin douteux au coin d’une rue, non. Maintenant, wikons donc, le masqué te donne le pain. Toi, tu amènes ce que tu peux, disons la mayonnaise. Un autre le saucisson. Un troisième la feuille de salade et un quatrième un vieux cornichon. On met tout ça dans le pain et ça fait un truc présentable. Tu vas pour croquer, que maintenant, tu le prends plus avec toi, non, tout le monde fout ses ratiches dans le même casse-dalle que l’autre garde en main. Et là, paf, avant que t’aies eu le temps de lécher le chose, t’en a un autre masqué qui déboule, remplace ta mayonnaise par sa moutarde, tandis que le saucisson fait place à du thon !
Comment tu veux savoir ce que tu bouffes, au bout d’un moment ? Et alors, poursuivons les joyeusetés, non content de désormais garder le pain pour lui, le masqué te dit comme ça que maintenant et désormais, son œuvre est à but lucratif et que tu vas payer, d’une façon ou d’une autre, pour bouffer les ingrédients que tu as toi-même apportés ! Et t'as l’air que t’es content avec ça !
Pfiou ! Respirons, calmons-nous. La suite, pour brièvementer, c’est qu’un autre fit la même chose mais en version « à emporter », que au moins, quand tu prends tu sais ce que y’a dedans. Bon, faut décliner son identité et se faire introduire, mais en gros c’est ça. Sauf qu'en plus, le celui-ci est exportable dedans ton GPS, mais ça c'était pas nouveau, les terrains du Guide susmentionné étaient dans des GPS voilà déjà près de 15 ans, avec l'aval aimable des ayants droits, merci. Pis un jour le truc du début disparaît, faute d’une rentabilité qui n’aurait été possible que si la loi le permettait. Ce que, fort heureusement, elle ne permet pas et le Gédéon va pas t’expliquer ici pourquoi.
Et alors là, la fédéplume décide que mais non, fallait pas, c’est trop dommage, quelle vilenie, reprenons. Sauf que, au lieu de reprendre le truc comme il était avec les services pertinents (si !) qu’il propose par ailleurs, voilà que la fédéplume, donc, ne prend que la base de données qui elle seule pose le précis problème ici développé, et la met en ligne, à disposition gracieuse de qui n’en veut. Incluant, comble de l’absurde, les bases ULM dont l’obsolescence avérée avait produit qu’elles n’étaient plus offertes au regard du bouffeur de sandwich douteux !
Et là, direct, que se passe-t-il, que tu crois ? Il se passe que des Zorglub vont reprendre tout ça et le mettre dans les autres bases de données existantes, histoire de se rendre utile et de pas passer la soirée ou quatre avec la grosse…
Ah ben bouge pas, y’en a des, encore mieux, qu’ils ont fait : ils t’ont carrément pris le tout et pondu encore un nouveau truc, selon le même procédé qui pourtant montra ses limites, malgré que, soyons honnêtes, une certaine autodiscipline a toujours su, fort heureusement, en limiter les dégâts…
Alors bon, bien gentil, le Gédéon, à tout critiquer toujours, jamais content qu’il est, mais on fait comment ? On fait qu’aucune autorité ne gère donc ne recense les terrains ULM, au contraire des aérodromes. On aime ou pas, c’est ça comme. Par conséquent, on ne peut avoir connaissance que des terrains dont l’initiateur a bien voulu faire publicité, sous une forme ou une autre. Que la politesse comme le bon sens veulent qu’on prévienne avant de venir, que les consignes peuvent changer trois fois par jour si ça lui chante à lui seul, au gestionnaire. Que donc, les seules informations pertinentes sont l’accord du type (ou typesse, oui, n’ergotons pas), son téléphone et les coordonnées géographiques du terrain. Ça existe, ça s’appelle la « Cartabossy ULM ».
Pour les « guiiques » qui veulent continuer d’user des merveilleuses possibilités qu’offrent par ailleurs les outils en ligne ou portatifs (aucune ironie dans le « merveilleuses », insistons), le Gédéon invite tous les contributeurs bien élevés et en quête de longévité ulmique à faire en sorte que ne figurent sur les NAV2000 (qui réapparaîtra probablement), NAV3000, NAVI, Navigeo et tout autre ersatz à venir, exclusivement, seulement et uniquement les coordonnées GPS (causons moderne), et le numéro de téléphone du gestionnaire. Que du coup, t’en profiteras pour appeler le gars et lui demander s’il veut ou non y figurer, et s’il dit non il n’a pas à se justifier. Ensuite si lui, et lui seul, veut donner plus d’infos, lui seul le fera. Mais là, ça fera du boulot de vérification et validation pour les ceux qui donnent le pain. Pas sûr que ça les branche…
Et là, le sandwich sera enfin non seulement toujours gratuit, mais comestible !
Et merci pour eux !