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Surprise sur le Tour ULM 2011

Article publié dans ULMiste n°11, août 2012

 

Surprise sur le Tour ULM 2011

 

La première fois que Thomas m’a parlé du Tour de France ULM, c’était il y a très longtemps. C’était son rêve depuis des années. Nous en parlions souvent mais j’étais loin de me douter que nous allions franchir le pas. A l’été 2010, nous avons entrepris un tour de France en moto 125 cm3. Il a duré près de trois semaines. A la fin de cette épopée, après avoir installé confortablement notre moto dans le garage, il s’est tourné vers moi et m’a dit « l’an prochain on refait le tour de France, mais en ULM cette fois-ci ». Et comme d’habitude j’ai souri.

 

Hélène Bonan

 

Nous avions fait quelques « promenades » au printemps 2010 : le rallye ULM de Reims ainsi que le Val d’Ajol dans les Vosges. La toute petite tente et nos duvets entraient à peine dans notre machine. Je ne vous l’ai pas dit mais notre brave Chickinox (Chicky pour les intimes) fête cette année ses 20 ans.

Depuis décembre, Thomas était surexcité. Tous les jours il cherchait le tracé du tour de France ULM 2011. C’était son année et il le sentait. Enfin un beau jour, je rentre du travail et il me dit qu’il a une surprise. Il allume l’ordinateur, les dates sont fixées et le tracé du tour également. Quelle agréable surprise ! Je pense que depuis que nous faisons de l’ULM, c’est la première fois qu’un tour de France part d’aussi loin de chez nous ! Metz-Montpezat je pense que nous pouvons presque qualifier ce parcours de diagonale magique !

 

Notre Chickinox a presque 20 ans. Nous réfléchissons alors à tous les moyens de descendre le Chicky avec la caisse, la tente, les outils… La solution en vol est rapidement écartée. Cela voudrait dire au moins deux jours pour la descente et moi, suivant en voiture, avec la caisse (j’ignore si elle rentre dans mon pot de yaourt) et les bidons d’essence. Je sais que certains l’ont fait… La chose qui me fait le plus peur dans cette idée, c’est le retour. Après une semaine plutôt intense, je ne suis pas certaine qu’il soit en état physique de faire toute la remontée vers le Nord-Est.

 

Nous nous mettons donc en quête d’une remorque pour pouvoir descendre notre Chicky en voiture. La tâche s’avère immédiatement ardue. Et au bout de quelques jours de recherches intensives, nous devons nous rendre à l’évidence : nous ne trouverons jamais de remorque adaptée. La faire faire sur mesure ? Nous devrions nous mettre sérieusement à jouer au loto ! Une seule solution : la fabriquer nous-mêmes. Notre plus beau défi de 2011 : fabriquer une remorque pour emporter notre Chicky en toute sécurité à l’autre bout de la France pour une magnifique aventure ! Nous cherchons une remorque plateau et, là aussi, la tâche est ardue. Nous en avons vu de toutes sortes. Pour certaines, nous avions l’impression que de l’herbe poussait directement dessus ! Nous étions inscrits pour le Tour de France et les semaines défilaient. La plupart des remorques n’étaient pas assez longues ou assez larges. Un jour il m’annonce qu’il a peut-être trouvé notre bonheur. Nous allons chez un particulier et c’est un choc qui m’attend : il s’agit d’une remorque à bateaux ! Nous devrons tout faire nous-mêmes !

 

Notre grande aventure de 2011 a commencé au mois d’avril. Par le démontage et la réorganisation de la remorque à bateaux, puis la préparation du plateau avec au programme la préparation et l’installation des planches. Nous vivons dans un appartement. Nous ne possédons pas de jardin. Notre parking souterrain est devenu notre garage. Nous avons passé presque toutes nos soirées et un grand nombre de week-ends dans ce garage ou dans le terrain vague derrière la maison. Nos voisins se sont beaucoup demandé ce que ne trafiquions.

 

La première fois que notre vaillant Chicky a été hissé sur le plateau de la remorque j’ai ressenti une immense fierté mais je n’étais qu’au début de mes peines. Thomas souhaitait une remorque fermée de façon à protéger l’ULM de la pluie (on ne sait jamais, la météo n’est pas une science exacte). Nous avions calculé la longueur et la hauteur des ailes et là, deux problèmes : la remorque même rallongée n’était pas assez longue et en ce qui concerne la hauteur, si nous faisions la remorque à la bonne taille elle ne rentrait plus dans notre garage !

Ce fut notre première galère. Il y en a eu tellement d’autres par la suite qu’il faudra les compter pour s’en souvenir C’était lui le maître d’œuvre et moi j’exécutais. On peut dire qu’au niveau outils, vis ou boulons, nylstop ou profilés, je suis devenue incollable. On descendait tous les deux avec notre petite radio à piles et nous passions des heures et des heures à visser, monter, scier ou bâcher. Certains diront qu’il y a plus romantique pour passer ses soirées et ses week-end. C’est possible mais moi, j’ai passé de merveilleux moments à travailler sur cette remorque.

 

Enfin, un beau jour, nous l’avons recouverte d’une grande bâche. Nous l’avons accrochée à la voiture et nous avons fait un test. A 100km/h on peut dire qu’on atteint la vitesse de pointe. Un aller-retour derrière chez nous, l’heure de vérité. En dix minutes de route la moitié du toit de la remorque s’est effondré. Les barres soutenant la bâche se sont pliées. Il faut recommencer. Deuxième galère… Je vous avoue que ce jour là j’ai été désespérée. L’idée même de recommencer faisait chuter mon moral au plus bas. Nous avons retroussé nos manches et nous sommes remis au travail avec acharnement. Le temps file parfois si vite… On ne comprend pas ce qui se passe. On s’est demandé plusieurs fois si l’on s’en sortirait.

 

Enfin, nous avons tout consolidé. La remorque a passé les tests avec succès. Un jour nous avons démonté l’ULM pour voir si tout était bon. Alors check list : la cellule… OK, les ailes… OK, la profondeur… euh bon OK, la dérive euhhhh… allez OK ça rentre !

Nous avions décidé de faire une étape chez des amis à Lyon sur la route de Montpezat et d’arriver dans l’après-midi l’avant-veille du départ. Les délais étaient plutôt serrés mais cela devait passer. Nous avions prévu un peu de marge pour arriver à Lyon en début d’après-midi et passer un peu de temps avec nos amis. Notre ULM était rangé et la remorque fin prête à deux heures du matin le jour de notre départ. Qu’à cela ne tienne ! Nous avons dormi notre première nuit d’aventure dans nos sacs de couchage dans le club house. Le lendemain départ vers huit heures après toutes les vérifications. Nous avons fait plusieurs arrêts. Tout se passait bien. Dans une station service, petit coup d’œil de routine et… galère numéro trois (je ne note que les grosses galères bien entendu) : la dérive était à moitié tombée sur l’ULM (la barre la tenant s’était cassée). Nous avons passé un peu de temps à consolider et la dérive s’est retrouvée sur les places arrière de la voiture. Place qu’elle ne quittera plus ni pour l’aller ni pour le retour. Nous repartons. Tout a l’air en ordre. Après plusieurs arrêts de vérification, nous nous détendons. Un patrouilleur de l’autoroute nous dépasse tout à coup en nous faisant de grands appels de phare. Nous stoppons avec lui sur la bande d’arrêt d’urgence. C’est une vision effrayante qui nous attend : tout l’arrière de la remorque est effondré, la bâche arrière arrachée. Il nous prévient que nous risquons de perdre l’appareil. Heureusement celui-ci est bien accroché. Ceci est notre quatrième galère mais j’ajouterai puissance dix ! Nous sommes à 20km de la sortie la plus proche. Nous nous traînons à 50 km/h en feux de détresse jusque-là. Nous sommes dans une zone industrielle proche de Lyon. Nous trouvons un magasin de bricolage. Il fait très chaud, surtout sous la bâche. Il est environ 13 heures quand nous arrivons et près de 21 heures quand nous repartons. Nous changeons la bâche arrière ainsi que les profilés soutenant le toit. Nous consolidons le tout avec deux équerres au lieu d’une. Nous pensons qu’il y a eu, malgré toutes nos précautions, des dégâts sur la machine. Nous ne savons pas leur gravité et espérons qu’ils seront minimes. Je pense que c’est ce jour-là, assise sur un trottoir d’une zone industrielle, que je me suis sérieusement demandé pour la première fois si nous ferions ce Tour de France. Je ne l’ai su que plus tard mais je n’ai pas été la seule à me poser cette question.

 

Nous avons finalement réussi à atteindre la maison de nos amis. Le lendemain était une journée de détente et nous avons oublié nos soucis. Et puis la dernière ligne droite… Nous sommes partis plus tard que prévu de Lyon pour cause de consolidation. Sur une aire d’autoroute dans le Massif Central, nous avons vu que cela recommençait. Nous avons passé une grande partie de l’après-midi à consolider la remorque sur cette aire. Nous sommes finalement arrivés à Montpezat vers deux heures du matin. Nous avons monté notre tente dans le noir et nous sommes effondrés. Sur cette aire d’autoroute, je me suis demandé une nouvelle fois si nous allions y arriver mais jamais, jamais je n’ai regretté cette aventure.

 

Dès le matin, nous entrons dans le vif du sujet. A peine levés, nous déplaçons notre remorque de façon à monter notre Chicky auprès de ses camarades. Puis nous nous inscrivons. On nous remet nos gilets, notre écharpe et les divers documents utiles pour le tour. Nous sommes l’équipage 100. Nous collons le logo 100 sur la machine. Il ressemble au logo à l’arrière des camions alors pour nous amuser quand on nous demande à combien vole notre ULM, on indique l’autocollant. Nous n’avons jamais été aussi près et je commence à avoir peur. Enfin ce n’est pas exactement de la peur mais plutôt un stress intense. Ca y est presque plus moyen de reculer. Je fais bonne figure face aux autres. Après toutes les galères traversées va venir l’heure de la récompense.

Nous avons passé le reste de la journée à nous préparer : nous avons remonté notre Chicky et avons organisé nos affaires et le stockage de la remorque.  Nous nous sommes alors aperçu que l’affaissement des profilés alu avait abîmé les bords de fuite des ailes et rayé le pare brise de Chicky. Nous sommes donc allés en ville pour chercher de quoi atténuer les rayures.

 

Grand moment de stress lors du premier briefing le soir. Nous n’étions absolument pas prêts. Je suis désolée pour les autres pilotes qui ont du être terriblement déçus mais pour nous, le fait de reculer le départ d’une journée a été un soulagement. Nous avons mis à profit cette journée pour consolider les ailes, atténuer les rayures, aller acheter un diable pour notre caisse beaucoup trop lourde, faire un essai en vol et attacher convenablement notre remorque à un arbre. Le soir venu, lors du briefing, nous étions prêts. Plus que la navigation à préparer et c’était bon. Le lendemain, réveil à 6 heures pour le briefing. Le temps n’est pas fabuleux mais nous pouvons quand même partir. Nous avons donc déposé toutes nos affaires dans le semi-remorque et attendu le signal du départ.

 

Thomas était si excité que nous étions dans les premiers dans la machine. Nous avons coutume de dire que parfois notre Chicky nous fait des blagues. En ce jour de départ du Tour, l’intercom ne fonctionnait plus. Impossible de décoller dans ces conditions et deuxième visite au stand technique (après les bords de fuite la veille). Au bout de plus d’une demi-heure le son commençait à revenir doucement. Nous nous sommes alignés dans les derniers et avons décollé pour la première demi-étape de notre Tour de France. Le vol a été calme malgré quelques secousses. Nous devions crier dans notre micro pour nous entendre mais au moins nous étions partis. Arrivée à Rochefort pour notre premier pique nique sous l’aile. Piquenique écourté au vu des conditions météo qui se dégradent rapidement. Le briefing commence et le ton est tout de suite donné : « à vos machines, pilotes ! » Le gros temps arrive et pour être certains de pouvoir arriver à Montaigu, le mieux est de ne pas traîner. Notre machine ayant une vitesse de pointe de 100km/h, nous sommes dans les premiers à décoller. En arrivant en vue de Montaigu, les nuages se font de plus en plus menaçants. Nous atterrissons en même temps que le vent se lève et que la pluie se met à tomber. Nous poussons la machine sous la pluie et la parquons auprès des autres. A un moment, Thomas me demande de me retourner. Paniquée, je regarde Chicky mais ne vois rien. Il insiste. Je ne comprends pas. L’appareil va se mouiller, c’est certain, mais à part ça je ne vois rien de spécial. Il m’appelle, je me retourne. Il est un genou à terre dans l’herbe humide. Ce soir du 7 août 2011, sous une pluie battante et sur l’aérodrome de Montaigu, Thomas me demande en mariage. Jamais je n’y aurais pensé. Il m’a avoué par la suite que le scénario de départ n’était pas exactement celui-ci. Il avait imaginé la vue sur la mer, le soleil couchant, un poser délicat toujours dans le soleil couchant… Au lieu de cela, nous avons eu un atterrissage plutôt sportif, du vent et des trombes de pluie. Qu’importe, pour moi c’est la demande la plus romantique que je pouvais imaginer.

 

Nous avons informé des amis que nous nous étions faits depuis les premiers jours et au briefing du soir une grande partie des participants était au courant. Dominique Méreuze, le président de la FFPlUM, nous a fait monter sur scène… A partir de ce jour et pour le reste du tour, on m’a appelée la mariée. Je ne compte plus le nombre de fois où, me voyant marcher en traînant un bidon d’essence de 20 litres, on m’a demandé si je l’épousais toujours ! Briefing du soir puis dîner. Toute la nuit, la pluie tombe et le vent souffle. Plusieurs fois je me réveille avec l’angoisse que notre Chicky se soit envolé tout seul. Mais au matin il est bien là. Bien attaché au sol. Il nous attend sagement. Briefing, démontage et caisse déposée dans le camion. Nous ne savons pas si nous allons pouvoir partir. Le temps est mauvais. Finalement, malgré le fort vent de face nous partons. Direction Ploërmel. La pire matinée pour moi depuis très longtemps. Nous avons un vent de face terrible. J’ai l’impression que nous n’avançons pas. Je regarde une petite rivière au-dessous de nous et je ne demande par moment si nous ne faisons pas du sur place voire même si nous ne reculons pas. Notre vitesse sol est de 50km/h. Nous sommes également secoués dans tous les sens. Au bout de plusieurs heures à ce régime je suis malade. Je suis, en temps normal, la photographe du bord mais il y a très peu de photos entre Montaigu et Ploërmel. L’atterrissage est sportif une nouvelle fois mais peu importe je suis tellement contente d’être sur la terre ferme. Ma tête tourne pendant quelque temps encore. Ce qui me rassure, c’est que même les plus aguerris admettent que la matinée a été difficile et plusieurs personnes ont été malades, elles aussi. Heureusement, on nous propose des crêpes, ce qui permet de remonter le moral des troupes

 

L’après-midi est un peu moins turbulent malgré les rafales de vent. En vue de la piste des Ecottays, on nous prévient par radio : « Attention vent en rafales en travers de la piste et tourbillons en seuil de piste ». Le seuil de piste en question est bordé de hauts arbres. Thomas est très concentré. L’atterrissage est ardu. Nous sommes secoués. Il joue du manche et du palonnier. Finalement, nous nous posons sans encombre. La première chose que j’entends, une fois posée au sol, ce sont les sirènes des pompiers. Intérieurement j’espère que ce n’est pas pour l’un d’entre nous, que c’est juste pour nous accueillir. Une fois la machine installée et moi dehors je me rends compte de mon erreur. Un pendulaire rouge ressemble à un oiseau blessé. Je distingue de loin une aile pointant vers le ciel. Il a été fauché en seuil de piste à la lisière des arbres. En apercevant les camions de pompiers tout autour je sais immédiatement que c’est grave.

 

Il était instructeur. Je n’ai pas eu la chance de le connaître mais de nombreux compagnons de route m’ont parlé de lui. C’était quelqu’un de bien. Je sais que je garderai l’image de son appareil foudroyé dans ma mémoire pendant très longtemps.

 

La soirée est triste. On nous laisse le choix de continuer ou de rentrer. Tout le monde continue. Le ciel aussi est triste. Les nuages sont présents et la pluie aussi. Au matin, nous devons partir pour Cherbourg mais le temps ne le permet pas. Nous attendons dans l’incertitude. Les camions avec nos affaires ainsi que les sanitaires sont déjà partis. Il fait froid et nous ne savons quoi faire. C’est le moment idéal pour notre Chicky. Il nous prépare deux petites blagues : la première il y a de l’eau dans le badin, nous ne pouvons donc pas voir notre vitesse ce qui n’est pas très pratique. Cela nous a occupé quelque temps : nous avons soufflé nettoyé, vérifié jusqu’à finalement nous dire qu’il fonctionne. Deuxième blague du jour encore plus sympathique : il refuse de démarrer. Il se retrouve donc branché au booster du stand technique pendant que l’on attend de savoir si nous pouvons décoller.

Finalement, en fin de matinée nous partons. Le programme a été modifié : nous n’allons pas à Cherbourg mais à Bernay. Le temps y est plus clément et le détour moins important. Notre Chicky finit par démarrer. Le vol est direct, rapide et sans encombre. Le badin semble fonctionner correctement. Nous arrivons, déjeunons, faisons le plein et c’est reparti. Direction le Tréport. A partir de cette étape, nous laissons les nuages et le mauvais temps derrière nous. On nous prévient avant le départ, nous pouvons nous promener comme nous le souhaitons mais il faut impérativement que nous soyons posés en début de soirée. C’est un enchantement. L’air est stable, le temps est doux. C’est la première fois que je vois la mer de cette hauteur. Nous nous amusons à longer les falaises puis les plages. Je vois les gens en bas qui nous font de grands signes. Le soleil commence à se coucher quand nous nous posons, c’est superbe. Bien entendu c’est au moment où nous atteignons la côte que toutes les batteries de l’appareil photo ont la bonne idée de se vider !

 

Ce soir-là, au Tréport, nous sommes complètement décalés. Jamais nous ne nous sommes posés aussi tard. Normalement, une journée de repos était prévue au Tréport. Malheureusement, elle a été utilisée lors du départ reporté à Montpezat. Nous devons donc partir le lendemain matin. Mais un peu plus tard heureusement nous pouvons nous reposer un peu.

 

Direction Meaux en Région Parisienne. Le vol est calme. Nous ne devons pas dépasser une certaine hauteur et nous comprenons vite pourquoi. A un moment, je regarde notre ombre sur le sol quand j’aperçois soudain derrière nous une autre ombre mais gigantesque celle-ci. L’avion est quelque part au-dessus de notre tête. Il nous cache le soleil. Nous ne l’avons pas vu, juste son ombre mais je vous avoue que je n’aurais pas aimé être dans son sillage ! C’est la première fois que nous utilisons la fréquence ATIS. Une sorte de répondeur qui nous indique les pistes ouvertes et les fréquences à utiliser. Nous déjeunons sur place et nous reposons sous l’aile. Il fait beau et la fatigue du tour commence à se faire sentir. Nous repartons pour la prochaine étape à Aubigny-sur-Nère. Vol sans encombre, quelques thermiques sont là pour nous rappeler que le temps est au beau. La nuit à Aubigny se passe bien. Le lendemain décollage pour Saint-Yan.

 

Nous sommes encore une fois dans les premiers à partir. Notre machine étant l’une des moins rapides et l’impératif étant d’arriver à Saint-Yan avant 13 heures, nous préférons partir tôt. Saint-Yan est une base spécifique. Normalement elle n’accueille pas les ULM. Elle sert de base d’entraînement pour les futurs pilotes de ligne. Nous sommes priés d’arriver dans un ordre parfait pour montrer que les pilotes d’ULM aussi sont disciplinés et de bons pilotes. Nous arrivons sans encombre. En voyant la piste une surprise nous attend : elle est éclairée tout du long. Nous avons l’impression qu’un tapis rouge nous attend. C’est magnifique. En arrivant on nous explique qu’il y a eu un petit souci. Notre camion citerne a eu une panne et ne pourra pas être là. Ceux qui ont de grands réservoirs sont priés de ne pas faire le plein. Ce n’est  pas notre cas. Le temps qu’une solution soit trouvée nous nous reposons sous les ailes. Finalement, la base nous propose de nous servir sur leurs pompes. Nous pouvons repartir direction Egletons avec au programme le Massif Central sur notre route. Cela nous a permis de voir que notre petit Chicky monte très haut et sans problème. Je peux vous dire que c’est impressionnant. On se sent vraiment tout petit. Le Puy de Sancy, le Puy de Dôme… Jamais je n’aurais pensé un jour les survoler dans notre petite machine. Nous avons une sensation de vertige, de tournis. Sur le coup, nous pensons que c’est parce que nous sommes impressionnés mais après réflexion, nous sommes montés très haut et très vite et nous avons du ressentir le manque d’oxygène. Nous arrivons ensuite à Egletons pour le dernier soir du Tour. Je suis déjà nostalgique. Dernier briefing du soir, dernière navigation. Dernier tour au camion citerne également. La dernière étape est petite, nous n’aurons pas besoin de reprendre de l’essence.

 

Départ d’Egletons tranquillement à 9 heures direction Figeac. Les thermiques nous accompagnent mais je pense qu’à force d’être secouée je m’y suis faite. Je suis sur la carte et joue mon rôle de copilote. J’ai même inventé une chanson. Quand nous sommes secoués nous chantons « il était un petit thermique » sur l’air de « il était un petit navire ». Nous arrivons à Figeac pour la dernière étape du tour. Nous repartons pour Montpezat. Nous avons le temps, l’étape est courte et nous en profitons pour aller tourner autour de Rocamadour. Je me souviens, quand nous avons fait notre tour de France à moto, nous y étions passés. Nous avions alors vu passer un ULM et Thomas avait dit que cela devait être magnifique de voir cette ville d’en haut. Et bien je confirme, c’est bel et bien magnifique. Il faut néanmoins penser à rentrer.

 

Nous arrivons en vue de Montpezat. Beaucoup sont déjà là. De haut j’aperçois notre remorque, elle est toujours là. Au moment où nos roues touchent le sol, nous nous mettons à crier dans la cabine : nous avons fait le Tour de France ! Notre machine n’était ni la plus récente ni la plus puissante mais elle nous a amené au bout. Nous nous stationnons et coupons les circuits. Comme le dit Jack « posé, pas cassé, moteur arrêté ». Notre brave Chicky a bien mérité de se reposer un peu. Nous allons commencer à le démonter tout de suite et dès demain il sera de retour dans sa remorque pour la longue remontée vers son hangar. Il a bien mérité de souffler un peu.

 

La remorque a bien été consolidée. Elle remontera sans aucun problème jusqu’à Chambley. Nous la mettons depuis à disposition de tous si besoin.

Le Tour a été une expérience unique pour tous les deux. Nous avons plus appris en une semaine qu’en plusieurs mois. L’ULM est une grande famille et nous nous y sentons bien. En 2012 nous nous marions, nous ne ferons pas le Tour car une autre grande aventure nous attend ! Mais nous serons présents dans notre club pour accueillir nos camarades pilotes lors de leur étape. Bon vol à tous et rendez-vous en 2013 !

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