Et la compète, c'est quoi ?
Article paru dans ULMiste n°6, octobre 2011
C’est qui les meilleurs ?
A la demande d’ULMiste et suite à ma participation fructueuse aux championnats de France ULM, je vais tenter de vous apporter mon expérience et démystifier cette pratique exigeante mais accessible à tous pilotes ayant un peu d’expérience.
Notre club de Pouancay (ex Montreuil-Bellay) a toujours brillé par ses membres compétiteurs. Nicolas Boche, Pascal Guyon et Bruno Bouron, compétiteurs de longue date et Christine Créon et moi-même, débutant en compétition. Pascal Guyon est encore champion de France pendulaire monoplace cette année, Bruno Bouron et moi sommes champions de France pendulaire biplace cette année. Nicolas Boche et Christine Créon se classent honorablement en pendulaire mono et en paramoteur chariot bi.
Différentes voies sont offertes à l’ULMiste curieux pour sortir du tour de piste ennuyeux où il n’a plus rien à apprendre. La compétition est une de celles-ci, avec la randonnée aérienne, le baptême de l’air privé ou pro, l’instruction, le vol montagne, l’hydro, etc.
Beaucoup de pilotes pensent à tort que la compétition requiert d’être un dieu de la navigation, du pilotage et que l’on prend des risques en compétition. Ce n’est que partiellement vrai. D’une part les épreuves ne sont pas obligatoires et il importe à chacun d’y participer ou pas essentiellement suivant les conditions météo. Bien sûr un équipage motivé pour décrocher le titre n’hésitera pas à s’investir sans compter comme nous l’avons fait aux championnats de France ULM à Couhé-Vérac cette année. Le but pour Bruno était de promouvoir sa machine O2B et pour ma part booster mon école d’ULM grâce à cette référence toujours plaisante à afficher...
Christine et moi participions pour la première fois aux championnats de France.
En guise d’entraînement, j’ai participé et gagné en tant que pilote cette fois-ci, sur la même machine que Bruno m’a confié, les championnats régionaux du Poitou-Charentes. Franck, un de mes élèves en formation, faisait office de navigateur. Nous avons gagné un magnifique trophée, représentant deux ULM pendulaires dans les nuages, taillé sur place dans la pierre par un professionnel de la chose! Également en cadeaux une bouteille de Cognac et des bons d’achat à la boutique de la FFPLUM. Il est d’ailleurs regrettable qu’aux championnats de France ULM aucun prix ni cadeau n’est offert aux participants... Cette mise en bouche m’a permis d’une part de me rendre compte des difficultés pour le pilote en compétition et d’autre part de me prouver que j’ai les capacités à tenir ce rôle en tant que futur navigateur toujours un peu dans l’ombre du pilote. On se rend compte ainsi que les participants en monoplace ont une sacrée charge de travail, mais il est aussi important en équipage bi de savoir communiquer et se faire confiance mutuellement et s’estimer l’un l’autre pour se reposer sur son coéquipier alternativement, sans état d’âme.
Plusieurs aspects existent sur une telle compétition : La préparation machine, le pilotage et la navigation, les rapports humains et sportifs.
Suivant Bruno depuis le début du développement de son O2B et utilisant cette machine en école, je lui ai tout naturellement proposé d’être son navigateur pour la saison 2011. Cet aspect fut la motivation commune qui nous a permis de nous placer premiers avec de l’avance à ce championnat devant des pointures de la compétition que sont les équipages Groby-Rapiteau, 2eme et Richard-Monier, 3eme.
Le pendulaire O2B à été conçu grâce à l’expérience de Bruno en compétition depuis une vingtaine d’années. Carrossier de talent et de métier, il a pu transformer ses idées en un superbe jouet, léger, simple et racé destiné aux ULMistes lassés des éternelles « Clio » que sont les machines d’Aubenas ou de Montélimar.
Sa machine, conçue en tubes d’acier ou aucun tube n’est droit est soudé au MIG et recouvert d’une superbe peinture époxy de la couleur de votre choix. Elle est un modèle de légèreté. En effet, nous avons pu remporter ce championnat avec un moteur de 60cv 4 temps HKS d’origine. Seul artifice, un « appauvrisseur », permettant de limiter la consommation au juste nécessaire ! Mais attention aux températures. Bruno a étudié l’installation de ce moteur a optimisé son refroidissement pour pouvoir l’utiliser au régime maximum en continu, sans chauffer.
L’autre facteur technique influant sur le résultat fut l’utilisation d’une aile La Mouette sans mat Oryx. Cette aile innovante au fini irréprochable a un rendement aérodynamique impressionnant, permettant de tenir l’air avec de faibles puissances, en ayant une vitesse de vol mini très basse. Elle plane réellement ! Les temps réalisés sur les navigations permettent de dire que l’ensemble, avec 60cv, assure des vitesses de vol identiques aux concurrents utilisant des Rotax 100cv. Contrairement à ce que l’on peut lire dans la presse concurrente, ce ne sont pas que les pilotes qui font le résultat mais bien aussi le matériel. Ainsi le cercle vertueux de la légèreté peut damer le pion au cercle vicieux du plus puissant donc plus lourd, qui finalement réduit les performances. Depuis 1993 dans le milieu ULM et ancien modéliste, j’ai pris plaisir à découvrir la machine de Bruno et ses astuces et tours de main, rodés en compétition. J’ai également, grâce à l’utilisation du prototype en école, pu mettre à jours les points faibles et proposer à Bruno des améliorations pour ses machines de série.
Au niveau pilotage, nous avons tous les deux un niveau important, milliers d’heures de vol et 150h en moyenne par an. Néanmoins, cette pratique ne se traduit pas forcement par le même pilotage. Bruno a une grande expérience du pilotage en compétition mais sur des machines monoplaces et légères avec des centres de gravité bas, propres au monoplace. Pour ma part, j’ai plutôt volé sur des machines biplaces en baptême et en école même si à mes débuts j’ai eu deux Racer, machines mythiques s’il en est. En cela, la machine de Bruno est disons le Racer moderne mais biplace et confortable, tout en étant posé au raz du sol, avec un centre de gravité très bas apportant une stabilité de roulage bien agréable en école. Avoir le même niveau de pilotage, faible ou fort permet de mieux cohabiter en vol.
En ce qui concerne la navigation c’est un peu la même chose, Bruno a une énorme expérience en compétition, au fil des ans il a su acquérir un savoir faire et des méthodes qui ont été d’une importance capitale pour réussir les épreuves. Mais que les débutants ou futurs débutants en compétition se rassurent, les compétiteurs chevronnés n’hésitent pas à vous donner des tuyaux. Ainsi il faudra quelques années avant de pouvoir prétendre à la performance et au podium !
Pour ma part, j’ai plutôt une expérience de la navigation de voyage avec des cartes OACI. Mais ce type de navigation au long cours fut utile sur certaines épreuves, là où Bruno était trop concentré sur l’environnement immédiat. On a pu ainsi mixer nos deux expériences et faire la différence malgré le peu d’entraînement que l’on a pu faire ensemble avant ces championnats. J’ai ainsi fait mes premières navigations avec des cartes routières, une vraie nouveauté dans ma pratique. D’ailleurs, j’ai convoyé un pendulaire de Châtellerault à Langeac près de Brioude en Auvergne avec toujours mes bonnes carte OACI mais sans GPS, devenu inutile... et avec le plaisir de suivre le trait pile poil ! Sur la carte, comme en compète.
Mais finalement pour moi, le plus intéressant dans la compétition a été la rencontre de gens passionnants et passionnés, mais simples d’approche, loin des pilotes du dimanche qui se prennent pour des pro de la ligne... Les débutants qui étaient présents, souvent pour la première fois et concourant en monoplace pour la plupart, reviendront, après cette semaine de vol intense, bien plus armés contre les aléas du vol au quotidien. Je pense que dans notre petit milieu on revient d’année en année essentiellement pour l’ambiance particulière dégagée sur place, mi festive mi sérieuse. Les repas en commun, les concerts et autres animations rythment les épreuves et l’attente des résultats intermédiaires. La publication de ceux-ci s’accompagne d’un amas de compétiteurs avides de connaître leurs performances, souvent cachées dans les entrailles des balises GPS fournies par les commissaires de piste. Ceux-ci, indispensables à la mise en place et au contrôle des épreuves, sont aussi une bonne reconversion pour des pilotes aimant l’ambiance compétition mais pas forcément impliqués financièrement pour courir avec une machine. Les briefings sont aussi un grand moment où les compétiteurs se retrouvent seuls avec le directeur de course pour faire le point sur la dernière épreuve et donner les fiches de route pour la suivante. C’est le moment où les questions, des plus intelligentes au plus saugrenues, fusent de toutes part, au grand désespoir de Jean-Jacques Montel le directeur de course qui nous avait proposé des épreuves pleines de nouveautés techniques mais où il était malheureusement difficile de miser sur une stratégie gagnante, car elles était trop courtes et on pouvait aisément les faire entièrement.
J’espère que cette petite présentation aura suscité l’intérêt du lecteur et peut-être quelques vocations pour l’année prochaine. Ces personnes peuvent me contacter si elles ont besoin de renseignements plus précis. Hormis la machine et l’essence, il faut compter le coût des repas et d’inscription qui peuvent en général être en partie pris en charge par Jeunesse et Sport à travers votre comité régional. A bientôt pour le briefing 2012 !
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