
La Famille Grande...
Placer les idéaux au-dessus du réel donne rarement de bons résultats. Nos politiques, pour la plupart, le démontrent depuis qu’ils existent. Napoléon, voulant répandre les idéaux de la révolution, se heurte à l’Alliance. Le bolchévisme se fracasse sur l’estomac de la plèbe. Les religions ou la république française, qui les singe, s’évaporent dans l’individualisme.
Dans l’ULM, cet idéal qui surplombe tout est que nous sommes une grande famille. Composée de six enfants qu’il faut traiter à égalité. Mais l’égalité telle qu’envisagée à notre époque, qui coagule nature et droits.
L’ULM est né de la motorisation d’un deltaplane par quelques libéristes. Aussitôt, des adeptes de la formule Blériot, satisfaits jusqu’alors du carcan de la certification, se sont engouffrés dans la brèche pour voler sous ce nouveau régime avec des trucs qui ressemblent à ce qu’ils ont toujours connu. Puis ils ont fait des petits. Après des deltistes, des parapentistes ont voulu un moteur. L’autogire, jusqu’alors quasiment interdit comme il l’est toujours dans bien des contrées, réclamait une existence légale. Le ballon motorisé, qui n’intéressait que trois individus, itou. L’hélico, etc.
Et voilà notre fédé, façon boy-scout ou bolchévique (ce qui se rejoint), qui nous explique que c’est merveilleux, on est tous égaux, vivons ensemble dans la paix, la joie et la bonne humeur.
Pourquoi pas. Il y a de fortes disparités dans une fratrie. On peut trouver des frères aux positions politiques diverses, voire opposées, aux goûts antinomiques, aux parcours de vie contradictoires. Mais, le dimanche ou, plus tard, trois fois l’an, autour du gigot-fayot maternel, on se retrouve avec joie. Ou pas, mais on est une famille et on n’y peut rien.
Nous venons de montrer le réel. Qui est que, bien rarement, une fratrie est parfaitement unie, ou tout le moins uniforme.
Et les parents l’ont bien compris, qui ont su faire cohabiter une genèse commune et des disparités très tôt apparues. Tel enfant montre un penchant pour la lecture, tel autre pour le cheval. Ont-ils imposé aux deux des parcours identiques ? Bien sûr que non, l’idéal de la famille, allié au réel de la situation, ont fait qu’ils ont poussé l’un vers les livres, l’autre vers le crottin, en les invitant à se faire des bisous avant d’aller au lit.
Mais l’ULM, lui, continue de n’être que dans l’idéal et fait fi de la réalité. Au nom d’un sens de la famille dévoyé, on refuse qu’il y ait la moindre disparité entre les classes. Les règles sont les mêmes pour tous, nos représentants uniques. Et l’autorité, qui fait avec ce qu’elle a, emboîte le pas et ne souffre aucune nuance.
Ainsi en est-il de l’arrêté de février 2025, applicable eu 1e avril 2026, régissant l’activité des vols payants (baptême de l’air). On peut observer que c’est dans ce cadre qu’il y le moins d’accidents, comparativement au vol loisir ou à l’instruction, même rapporté aux heures de vol (voir nos études sécurité sur ce site). Mais peu importe, l’administration, qui place l’idéal au-dessus du réel, estime qu’elle doit réglementer et il se trouve que notre fédéplume y est favorable, comme son ancien président l’a clairement assumé.
Cette volonté d’amalgame familial y est parfaitement démontrée sur un point précis, s’il fallait encore chercher : l’atterrissage moteur coupé.
Un pilote qui ne sait pas se poser en sécurité sans moteur devrait cesser de voler. A l’inverse, un pilote qui ose se poser moteur coupé avec un passager payant à bord, donc lorsque sa responsabilité pénale et morale sont les plus engagées, est parfaitement digne de confiance.
Amalgame : ce sera interdit pour tous.
Or… or, il y a disparités de classes. Retirons les considérations moralisantes ci-dessus et restons dans le réel.
Classe 1 : paramoteur. Dans la plupart des cas et configurations, les paramoteurs atterrissent moteur coupé. Moteur tournant, l’hélice encore tournante risque d’endommager le suspentage et la voilure au dégonflement, en plus du fait que la poussée résiduelle peut poser problème.
Classe 2 : pendulaire. Aucune nécessité de poser moteur coupé. Mais une saine habitude, gage de compétence.
Classe3 : multiaxes. Il est notoire que certaines machines se posent très mal moteur coupé, puisque la profondeur, déventée, n’est plus alimentée par aucun flux. A l’inverse, un certain nombre d’opérateurs proposent des baptêmes de l’air avec des motoplaneurs ULM. A quoi vont-ils ressembler s’ils doivent remettre le moteur en route à l’atterrissage ? Dans les autres cas, aucune nécessité de poser moteur coupé. Mais une saine habitude, gage de compétence.
Classe 4 : autogire. Aucune nécessité de poser moteur coupé. Mais une saine habitude, gage de compétence.
Classe 5 : aérostat. Demandons à un pilote de montgolfière motorisée de poser au moteur. Et rions du spectacle.
Classe 6 : hélicoptère. L’atterrissage moteur coupé coûte cher…
Albert