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8 novembre 2008

 

Alors, les aérodromes encore ! Le Gédéon, lui, trouve que ça le concerne pas des masses, ces choses-là, que c’est comme qui dirait pour pas être obligé de se coltiner toute leur espèce de sophistication « aéronautique » que l’ULM a en partie été inventé, entre autres et réciproquement.

 

Mais bon, il se trouve aussi qu’il en y a des, ULM, qui ne peuvent pas s’en passer, de ces trucs. Pour des raisons diverses et parfois avariées, mais que ça le Gédéon il ne veut pas savoir. Mais à défaut de savoir, il veut bien voir ça, le Gédéon, tout de même. Observer, même, soyons fous !

 

Et qu’est-ce qu’on observe, en ce moment ? On observe qu’il y a un dépité, un certain Vandewalle, qui voudrait permettre aux préfets d’en interrompre, temporairement ou pas, l’activité, si les citoyens logeant mitoyennement à ces structures estiment que le bruit stresse leurs merguez du dimanche, que ça réveille bébé ou que ça fait pisser mémé. Bon.

 

Alors quoi ? Il est répondu à ces gens-là, les ceux qui se plaignent des bruitages inconvenants, qu’ils n’avaient qu’à pas venir s’installer là, ce qui n’est peut-être pas idiot, vu que, à moins d’être très vieux, ils ne peuvent avoir pris possession de leur habitat avant l’aérodrome, vu que ces plates-formes sont toutes d’un âge respectable. Ici, le Gédéon s’incline. Mais il sait, paysan qu’il est, que la terre a toujours raison et qu’elle finira toujours pas l’emporter. Or, que dit-elle, cette terre, que du coup, plus il s’incline plus il entend ce qu’elle lui dit, dans son bon sens d’essence ? Il lui dit, ce bon sens, que ce n’est pas aussi simple et que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne forcément. Cette logique, en effet, participe du principe « premier arrivé – premier servi », ou, si tu préfères à l’envers, « dernier arrivé tu fermes ta gueule ». C’est passablement fascisant, comme idée, non ? En tous les cas, tous les fascismes, de droite comme de gauche, se réclament plus ou moins de ce précepte. Si, regarde bien.

 

Ben le Gédéon, du coup, ça le dérange et le démange, cette affaire-là. Il trouve, même, pour poser un avis définitif, que le dernier arrivé a autant de droits que le premier. L’inverse, faut pas déconner non plus, il est bien gentil le Jésus, mais pour avoir dit ça il a fini sur un bout de bois, et que le Gédéon, il a bien envie de se laisser tenter par l’idée de s’en protéger, de cette sylvestre perspective…

Voilà.

Et quels sont-ils, ces droits ? Bon, y’en a plein, on va pas les passer en revue tous, hein, mais juste un : le droit à la paix. Le droit de jouir pacifiquement de son petit bout de jardin qu’on s’est endetté à vie pour se l’offrir et que du coup, on est pas tellement d’accord pour qu’un aviateur vienne perturber son dominical rituel de merguez-Kro. Ben vi. L’aviateur, lui, a tout autant le droit d’en jouir, de ce droit au silence, or capacité de jouir n’engendre point obligation, aussi est-il tout à fait légitime de ne pas en user, de ce droit. L’aviateur, donc, jouit de son droit au silence en produisant son vacarme dominical – ce qui n’empêche nullement, soi dit en passant, l’usufruit du droit à la merguez-Kro susmentionnée.

 

Mais le problème, c’est que ce droit ne peut point se prévaloir de l’exclusion de tout autre. Que y’a des philosophes, tu sais ces perturbés du bulbe qui réfléchissent pendant des heures à des concepts abscons et finissent par te me nous pondre des règles indiscutables, qui ont donc pondu, conséquemment, l’idée de l’intérêt individuel et de l’intérêt collectif. « Ma liberté s’arrête là où commence celle des truies ». C’est assez idiot, cette affaire-là, que si t’y regardes un peu de près, autrui, c’est toi aussi, pour les autres et que du coup, la liberté, y’en a plus, de liberté. Mais quand même, le Gédéon va essayer d’être de bonne foi, une fois.

 

La liberté de l’aviateur, c’est de faire du bruit. Celle du piéton, c’est de jouir du silence (qu’il peut, à sa guise, agrémenter de quelques rots, rapport au rituel). Bon. L’aviateur, on dit ici que c’est l’individu. Le Kro-man, c’est le collectif. Si, il est plus nombreux, le Kro-man, c’est peut-être regrettable mais c’est ainsi.

 

Or donc, pour que son intérêt individuel ne vienne pas empiéter sur l’intérêt collectif, l’aviateur doit veiller à ne pas faire de bruit, ou alors pas trop, juste ce qui est raisonnable et que si après ça le collectif gueule encore on peut envisager la lutte armée…

 

Et c’est là qu’arrive Vandewalle, le beau gosse de la photo. Plutôt que d’étudier le problème, d’y trouver des solutions qui permissent à tous de vivre en paix, en harmonie, voire en parfaite entente cordiale, lui non : interdiction ! Et pour pas dire que c’est lui, note bien, il y envoie les préfets. Le Gédéon, ça lui rappelle son copain Fauderche, quand il était petit à la communale. Celui-là, il avait toujours d’excellentes idées de coups tordus, mais il se démerdait toujours pour y envoyer les autres… Biyanvrac s’est vengé du perfide, il te racontera une autre fois si t’es sage, et puis d’ailleurs la suite du présent ergotage viendra aussi un autre jour, le Gédéon va aller usufruitier de son droit à emmerder son voisin, tiens, on va s’géner !  

 

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