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29 mai 2008

 

Ouais, le Gédéon a déjà causé le 21 avril du voyage en ULM. Il t’a dit à quel point il trouve l’idée même absurde, mais que bon, après tout, si ça leur fait plaisir, ils ont qu’à y aller, là-bas.

 

Où là-bas ? C’est bien la question ! Où aller ?

 

Le Gédéon, lui, quand il décolle, il sait où il va, qu’il t’entend déjà le dire à sa place : faire le tour de son bois ! Sa nav, elle est prête depuis des décennies, et se répète à l’infini, et il est bien content avec ça. Ben oui, bien content, qu’il est, parce que ça lui suffit et qu’il le voit bien, lui, que les autres, les ceux qu’ont pas de bois pour tourner autour, ils sont bien en peine, pour savoir où aller et quoi faire. Depuis les tous débuts d’avant d’avoir appris à voler, ils savaient déjà avec la plus entière certitude que ce qu’ils voulaient, c’est se balader. Aller là-bas, loin.

Et alors, ils se sont bien préparés, hein, attention. Ils ont tout bien appris avec l’instructeur comment on navigue, puis pour être sûrs de pas se tromper ni se paumer, ils ont acheté le beau GPS en couleurs qui va bien, voire deux au cas où, puis enfin, vu que grâce à ce truc qui fait tout bien la nav pour eux, ils n’ont plus rien à faire, et qu’ils ont peur de s’ennuyer en attendant Brest, il ont trouvé la machine bien rapide qui va permettre de s’ennuyer pas trop longtemps, merci.

 

Les voilà donc fins prêts, qualif radio et transpondez 7000 à bord, pour pouvoir affronter les contrôleurs avec les bonnes armes qui vont bien, qu’ils vont leur montrer qu’ils savent faire. Et là, survient la question : où aller ? Il y a en France environ 600 aérodromes, et plus encore de bases ULM. Seulement, un aérodrome, c’est un truc que la plupart du temps il faut payer pour s’y poser, et pour peu qu’on t’y laisse te poser vu que t’es qu’un ULM (de merde, qu’ils disent), tu vas trouver des portes closes ou des visages guère plus ouverts. La base ULM, elle, si t’as réussi à avoir le type au téléphone, vu que c’est obligatoire, la plupart des fois il va t’expliquer que t’es bien gentil, mais que bon, si tu veux tu peux aussi aller voir ailleurs, que de toutes façons y’a pas d’essence hélas, c’est là qu’est l’os, tout ça, et merci. Pas tous, hein, attention, que le Gédéon il le sait bien qu’il y en a des sympas qui t’ouvrent grandes leurs portes, leur sourire et le kil de rouge, seulement si tu fais le total, il y en a bien moins que des aérodromes, au final, et la preuve, les bases ULM sympas, tout le monde les connaît, alors que les aérodromes, pas. Les aérodromes sympas, on dirait que personne les connaît, par contre…

 

Et alors voilà, drame ! Tu voulais, toi, voyager souvent, et loin, et tout le temps partout avec ton ULM, et tu te retrouves là, à attendre qu’on te dise où aller, qu’un copain te renseigne sur le terrain qui va bien, avec des mecs sympas en pagaille, des rigolades, des copains, tout ça, pour changer un peu de ta pauvre nav du dimanche au terrain d’à côté que tu copies-colles depuis 10 ans. Tu le cherches, ce terrain, que le Gédéon le voit bien. Il le voit, que tu es tous sur le sitouaibe des terrains, 100 000 par mois alors qu’il y a moins de 50 000 types qui volent au moteur en France (mais ça le Gédéon en causera une autre fois, tiens), à essayer de trouver ton Graal, à savoir où aller, enfin, un endroit bien, où tu seras content d’être venu et triste d’en repartir.

 

Alors bon, en attendant, et pendant que tu rêves devant ton écran, dans un grand désespoir, (91 âmes en peine à 2 heures du matin en pleine semaine en ligne sur le truc, c’est dire l’ampleur du drame), tu t’inscris en pagaille dans des trucs organisés où c’est des autres qui décident pour toi où tu vas aller, et que t’es content tout plein avec ça. Et puis après, une fois revenu chez ta maison, tu recommences à tourner en rond, en cherchant toujours où aller tout seul…

 

Et alors là-dessus, le Gédéon, il a bien sûr sa petite théorie, vu qu’il a un avis sur tout. Son idée, c’est que les ceux qui sont comme ça, et qui ont l’air tellement si nombreux, ils n’ont pas bien écouté au fond de leur âme ce qu’elle veut, leur âme. Ils ne pensent qu’avec la tête, et si la tête, elle, son but c’est d’aller à Brest, ton âme, elle, tout ce qu’elle te demande, c’est de voler. Peu importe où tu vas, peu importe avec qui ou dans quoi, aucune importance si tu tombes tout là-bas sur des gentils ou des méchants, vu que le but est atteint : tu as le cul en l’air. Après, si tu veux, tu peux aller par-delà la verte colline qui te barre l’horizon, pour découvrir la suivante, et encore celle d’après, et finir en Bretagne, ou au Lavandou, va savoir.

 

« Partir, c’est mourir un peu ». Arriver, c’est mourir beaucoup.

 

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