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23 mai 2008

 

Le Gédéon, à ce qu’il voit bien, comme toi, il trouve qu’il y a tout de même beaucoup de rivalités, dans les loisirs aériens. Si tu regardes bien, en prenant tous les pratiquants français d’une activité aérienne, tu remplis pas le Stade de France. C’est factuel, ça, il invente rien, le Gédéon. Le Stade de France, il est plein sans arrêt pour voir des types courir après un ballon, il se remplit pour entendre les pets verbaux bigarrés du conseiller culturel et religieux du Président, ou les vocalises jaunies de son futur ex meilleur ami, mais si tu prends absolument tous les pilotes de loisir de France, et que tu les mets là-dedans, il reste encore de la place, dans les gradins. Ça pèse vraiment pas lourd, donc, les loisirs aériens.

 

Ben pourtant, tous ces gens-là, ils s’aiment pas tellement, entre eux. Rarement, en tous cas. En général, si t’es d’un côté t’es pas de l’autre, et si tu pratiques plusieurs trucs en même temps, t’es qu’un traître, pour les deux bords, point.

 

Et alors, là-dedans, plus ça se ressemble, plus c’est évident. Un pilote de voltige sur avion certifié regarde par exemple le parapente d’un œil attendri, peut-être un peu condescendant, mais rarement méprisant. Le pilote de parapente, lui, s’éclate à regarder évoluer l’avion, en beuglant « trop d’la baaaaaaale ! » Donc bon, tant qu’on est loin l’un de l’autre, on se respecte à peu près.

 

En revanche, plus on est proches, plus il y a des chances pour qu’on se foute sur la tronche.

 

Par exemple, t’as les parapentes, et les paramoteurs, par exemple. C’est tout pareil, si tu regardes bien : ils utilisent les mêmes ailes, les mêmes instruments, les mêmes chaussures, les mêmes radios, lisent la même presse, se foutent pas mal des lois, tout pareil ! Sauf que voilà, t’en as un qui a un moteur, et l’autre pas, ce qui change tout, d’un strict point de vue dogmatique ! Du coup, si le paramotoriste, globalement, se fout un peu du libre, dans le sens ça l’indiffère, le parapentiste, lui, dans son ensemble et globalement, il le hait, le motorisé, carrément ! Faut dire que le motorisé le cherche un peu, des fois, comme quand par exemple il vole en patrouille à 8 heures du matin au-dessus du camping de la Coupe Icare, que ce truc-là c’est la grand messe annuelle des parapentistes… bon, y’a pas que ça, et le Gédéon te passera le détail des griefs, mais il y en a un qui le tue, lui, et qu’il voit bien qu’ils le sortent souvent, c’est le côté écologique, que le paramoteur, ça pollue, tout ça, et pas eux.

 

Jusque- là, si tu t’arrêtes ici, ça tient. Le parapente, ça décolle sur ses pieds sans moteur, et ça vole sans polluer, alors que le paramoteur, lui, rejette du CO2 tout plein dans l’azur de nos vertes plaines. Ça, c’est juste, en vol, le parapente, c’est écolo, et le paramoteur, point. Mais après… ou avant, plutôt ? Le Gédéon, il a voulu en savoir un peu plus, pour voir. Ben regarde bien : ce truc-là, le parapente, c’est construit dans des tissus chimiques passablement pétroliers dont la fabrication met en œuvre des processus très polluants, et les types se dirigent gaiement vers les décollages dans de gros 4x4 qui puent, ou alors, s’ils sont en plaine, décollent à l’aide de treuils non catalysés… déjà, le côté écolo, il prend une bonne claque… que s’ils voulaient vraiment l’être, écolos à fond, ils voleraient sous des ailes en coton, et iraient au déco à pieds.

 

Il faudrait donc peut-être leur expliquer, aux parapentistes, qu’il ne suffit pas de se fringuer avec du lin, d’avoir les cheveux sales et des sandales « équitables » pour être écolo. Tiens, en causant d’équitable, parce qu’ils ont aussi un peu un côté alter mondialiste, « free Tibet » et tout ça, les intégristes du libre, il faudrait peut-être aussi leur rappeler que les parapentes, dans leur immense majorité, sont fabriqués en Asie par des gamines qui triment 15 heures par jour pour genre 10 € par mois, que là, pour le coup, le côté « je suis écolo, je respecte ma planète, et vive le monde meilleur », là aussi, faudra repasser un autre jour, et merci. Il faudrait qu’ils admettent, ces jeunes idéalistes, que le risque des postures passablement fanatiques comme celles qu’ils arborent parfois est que précisément, ils s’exposent à ce que l’on exigeât d’eux qu’ils fussent cohérents… or ils ne le sont pas.

 

Donc bon, un peu comme pour les moteurs électriques évoqués le 14 avril, il veut bien, le Gédéon, qu’il y ait des rivalités entre libéristes et vroumeux, mais faudrait voir à user de vrais arguments, car ce faisant, ils verront vite qu’il n’y en a pas, de différence, sinon que celui qui « pollue » avec son moteur sur le dos, lui au moins, il vole quand il veut, pendant que les parapentistes, eux, ils restent le cul sur leur décollage écologique aménagé à coups de tronçonneuse et recouvert de moquette en plastique, à chanter comme l’autre « dès que les vents tourneront, nous nous en allerons ».

 

Ben le Gédéon, justement, il s’en alle, tiens.

 

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