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12 mars 2010

 

Le pendulaire, ça c’est un truc qu’il ne voit pas bien comment quoi, Biyanvrac. Que voilà un truc qui ne ressemble à aucun autre, mais qui veut tout de même que. Ou du moins, qu’on compare tout le temps au reste, à cause que la presse, elle, fait comme ça : un essai de pendulaire pose toujours comme référent le trois-axes… le Gédéon a une là-dessus une théorie que tu vas voir.

 

Donc, alors, disons qu’on va causer d’histoire, ça fait sérieux et rigoureux. Sans remonter jusqu’à Icare, hein, t’enfuis pas tout de suite, ça va bien se passer, tu vas voir. Et alors, bon, y’a eu les Wright et tout, que très vite on a bien vu que le truc, c’était que fallait une queue avec une gouverne qui irait dire à l’avion où aller, que fallait du coup aussi des ailerons gauchissants (avec deux « s », hein), une autre commande pour dire s’il faut monter ou descendre, pis des volets pour ralentir la bête alors que juste avant on voulait qu’elle aille vite aussi des fois, un pare-brise pour pas se prendre le vent dans la gueule vu qu’on a vu qu’il fallait l’hélice devant pour qu’elle travaille bien, enfin bon tout un tas de chnis que pour piloter ça faut des heures et des heures d’apprentissage, un cerveau frais et des membres coordonnés. La formule Blériot, qu’on dit.

 

Bon. Y’en avait bien qui continuaient de mettre la queue devant et le moteur derrière, mais globalement, tout le monde blériota pendant des décennies, et ils étaient bien contents avec ça, merci. Que même, au fur et à mesure, on a agrandi les avions, on te leur a mis de la moquette, des couchettes, du champagne, des hôtesses bonnasses (enfin, fut un temps où que c’était une règle, qu’elles le fussent), des airs conditionnés, des instruments à faire pâlir un horloger suisse, pis tout. Que à force, on disait que même les avions petits juste prévus pour balader le pécouse en mal de sensations devaient eux aussi faire comme les grands et on extrapola tout, jusqu’aux galons sur les pilotes des, et la cravate noire depuis Mermoz.

 

Et alors bon, il y en eut des, que eux ils ne voulaient pas tellement des pendules au plafond et des cravates noires, merci. Des chaussettes, à la limite, noires, et be bop a lula…

Ils ont inventé l’ULM, ces beatniks. Au début, pendulaire, qu’il est, l’ULM. Que au moins, avec ce merdier, on pouvait pas aller leur dire qu’avec leur queue derrière ils étaient aussi de la cravate, non, eux, différents, qu’ils étaient, et qu’ils resteraient. Mais très vite, il y en eu, de ceux-là, qui quetèrent quand même et on connaît la suite, les ULM trois-axes, que ça, par rapport à l’avion conventionnel, ça n’existe que pour le cloner et l’histoire le prouve de plus en plus. Et après tout, pourquoi pas ?

 

Et alors, dès lors, il y eut, en aviation de loisir, choix plus large. Soit l’avion, avec ou sans permis, que pour le piloter faut être coordonné du bulbe et des membres, tout ça comme on a dit, ou le pendulaire, que ce truc-là, c’est pour les manches (enfin, façon de dire), que c’est génétiquement conçu pour voler tout seul, c’est auto stable, idiot proof, simple, pas cher, ça pose n’importe où et même ailleurs, ça peut aussi aller loin, moyennant d’avoir froid l’hiver et pas chaud l’été, de se mouiller quand il pleut, se faire un peu les bras quand ça bouge, mais en gros tout le monde était bien content avec ça, que ça se fendait la gueule dans tous les coins, à penduler comme des certes pouilleux, mais au moins on s’amuse, merci.

Qu’en plus des qualités susmentionnées, ça se plie en trois coups de cuillère à peau, ça se fout dans le break et ça dort à la maison, comme tout le monde. Plus besoin de terrain d’aviation, de hangar, de piste machin, de radio, transpondeur, radiale, non, on déplie le truc comme un parasol dans son jardin de derrière, on tire la ficelle et en avant pour l’exaltation de la troisième dimension, pour un budget de mobylette. En se conformant, bien entendu, aux règles de l’air, on a un minimum d’éducation.

 

Bon, super ce truc !

 

Tellement super, que à force, ben il a voulu faire comme les autres, le pendulaire. Que les autres, de plus en plus vite, qu’ils allaient (mais pas de plus en plus loin, note bien). De plus en plus en confort, avec du chauffage dans les pieds et la bonne femme en soute.

Et alors, le pendulaire, au lieu de continuer d’affirmer sa différence, ben le pendulaire, tiens-toi bien, il a voulu faire comme les autres, pour faire face à la concurrence, soit disant, puisque l’idée circule que concurrence il y a.

Que le Gédéon, il a jamais vu que son tracteur fut en concurrence avec sa tondeuse, mais bon, donc, les voilà qui veulent faire comme.

Ça commence que on te met un autre siège. Que à la limite, pour apprendre à conduire le truc, c’est pas plus con.

Mais qui dit siège dit tout plus gros, à commencer par le moteur. Pis, une fois que le moteur est gros, on se dit que ça peut aller plus vite. Alors on réduit l’aile. Mais faut plus de lattes. Ça se plie moins bien. C’est plus lourd. Ça ne rentre plus le break. On loue une place de hangar et on ne plie plus. Pis, comme on va vite de plus en plus, on met un pare-brise. Puis un carénage. Puis une cabine fermée avec que les bras qui dépassent. Puis on travaille encore l’aile pour que ça aille encore plus vite. Que du coup, plus ça va vite plus ça va aussi de moins en moins lentement, on décolle de plus en plus long et Lapalissade s’approche. Faut un terrain plus long. Et alors, pour que ça aille tout de même pas trop pas trop lentement, on t’y met du chni en plus pour que ça puisse. Que du coup, le tout est de moins en moins idiot proof, faut des instruments et les formations s’allongent, que faut maintenant être bien coordonné du bulbe pour conduire ça aussi.

 

Puis on vend ça. A un prix que la morale réprouve. Et le celui qui vole là-dessus, au bout d’un moment, il se dit que non, vraiment, quitte à aller vite et à l’abri du vent, autant faire de l’avion, et tu connais la suite. De plus en plus de pilotes pendulaire passent au trois-axes et au vu de ce qui se passe, ça se comprend.

 

Et alors après, les ceux qui font des pendulaires se demandent quoi et fuient de plus en plus en avant pour concurrencer le. Ben vi, à force de positionner le curseur là où fallait pas, ben les ceux qui jouent avec les ont pris au mot, tiens ! Et pis y’a de moins en moins de jeunes dans le truc et on s’enfonce doucettement vers la misère.

 

Que là, le Gédéon, il s’arrête de délirer et revenons dans le vrai monde, merci. Chez les terriens, y’a des automobiles et des motocyclettes. Et les constructeurs de motos, eux, n’ont jamais imaginé que leur concurrence était l’auto. Ils ont toujours su vendre la moto pour ce qu’elle est, pour le plaisir de la. Que du coup, des motos qui restent des motos mais sont modernes, y’en a des plein ! Même et y compris des monoplaces, pour les ceux qui ont compris qu’en biplace c’est pas drôle.

Quelques-uns ont bien essayé de faire comme le pendulaire, le side car que ça s’appelle, que avec ça tu combines les inconvénients de la moto et de l’auto… que du coup tu conchies le truc et tu choisis ton camp.

 

Mais enfin et terminons-en. Le Gédéon te propose un petit exercice. Relis la présente en remplaçant « pendulaire » par « paramoteur » et « trois-axes » par « pendulaire » et tu comprendras d’où viendra et vient déjà le renouveau du pendulaire…

 

Rions.

 

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