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14 décembre 2007

 

Gédéon est un vieux. On l’aura compris, puisqu’il est ulmiste. Un vieux con, précisent ceux qui se croient jeunes simplement parce qu’ils n’aiment pas les vieux. Ça tombe bien, les aime pas non plus, le Gédéon, les jeunes. « ça sert à rien c’te vermine », qu’il dit, « tous des paumés, des abrutis, des drogués, qui pensent rien qu’à leur pléstachieune et à reluquer les jambes des filles ! », ajoute-il, en plus de présomptions pour certains penchants que la morale réprouve. Mais en même temps, il admet bien volontiers, Biyanvrac, que les vieux, aussi, sont pas toujours tellement fins. Avec les jeunes, il veut dire. Quand ils ne les haïssent pas, comme lui. Lui, il leur parle pas aux jeunes, car outre qu’il ne parle à personne, il les aime pas, les jeunes, au cas où ça suivrait pas, au fond. En plus de ça, il a noté que les jeunes, désormais, parlent une autre langue, ce qui ne facilite guère le contact. Récemment, après qu’il se fut posé à l’orée de son bois, deux jeunes : « z’yav, c’est tout chelou ton truc, chanmé grave de chez d’la balle, trop mortel ! »

 

Toujours un peu tendance à prendre les jeunes de haut, les vieux, donc. La Rochefoucauld disait à son copain Maxime que « peu de gens savent être vieux ». Ce qu’il y a de bien avec ce genre de citation, c’est que tu peux la placer dans plein d’endroits, tout le monde lance des « ah » d’admiration, en hochant la tête avec approbation, alors qu’en vrai de vrai, ça ne veut rien dire du tout : « peu de gens savent être vieux ». Mais bon, dans le cas présent, le Gédéon décide que savoir être vieux, c’est savoir être un peu plus sage que les plus jeunes.

 

Non, t’es pas d’accord ? C’est-y pas beau, ça, que l’idée d’être plus sage que les jeunes ça fait un bon vieux qui sait l’être ? Non, hein, sérieux, ça donne pas envie d’être vieux, ça ?

 

Alors bon, ça voudrait dire que les ulmistes seraient des sages, quelque part. Je sens que ça rigole moins, là…

 

Je ne sais plus qui, Oscar Wilde peut-être bien, disait en substance que ce qu’il y a de bien à être vieux, c’est qu’on a désormais les moyens de s’offrir ce dont on a plus envie. Gédéon, lui, va plus loin, et affirme que l’on peut même, dans certains cas, ne plus avoir envie de ce que l’on s’était pourtant payé. Comme sa femme, par exemple…

 

En tout état de cause, soit les ulmistes sont immatures, parce qu’il continuent de se payer les jouets dont ils ont toujours eu envie, soit ils sont plus jeunes qu’il n’y paraît, soit cette phrase ne veut rien dire, encore une fois… « démerdez-vous avec ça », qu’il dit, le Gédéon.

 

Bon alors, les jeunes donc. Paraît qu’ils ne s’intéressent pas à l’ULM. Gédéon, qui comme on l’a vu, s’y connaît en jeunes, vu qu’il a un avis sur tout, a une petite théorie. Il se demande, en fait, lui, si l’ULM s’intéresse vraiment aux jeunes. Dernièrement, il a appelé la Fédé PLUM, pour voir. On l’a fait patienter sur une vilaine musique de centre commercial. Il a parcouru la boutique sur le site de la fédé. Pour ce qu’il en sait, les jeunes qui lui causent en langage barbare s’habillent pas tellement avec ce genre de sapes paramilitaires…

 

Alors bon, on leur file des subventions, aux jeunes, pour voler, parce que soi-disant ils sont fauchés, alors qu’ils roulent en scooter onéreux et fument du « pschit » qui coûte cher… z’en veulent pas, le jeunes, de votre pognon, ce qu’ils veulent, c’est du « foehn », comme ils disent, que d’ailleurs le Gédéon n’a toujours pas bien compris le comment du pourquoi, lui qui habite en plaine.  

 

En vrai de vrai, l’ULM est réservé aux jeunes qui savent être vieux…hélas, il y en a beaucoup moins que de vieux qui savent être jeunes !

 

Billet publié dans ULM Info décembre 2007

 

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