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4 août 2010

 

Bon alors, que le Gédéon, aujourd’hui, il va te causer de la subvention. Que ce truc-là, c’est de l’argent qu’on te donne aujourd’hui pour justifier qu’on te l’avait pris hier. Enfin, en saine gestion, que la mode est plutôt à te donner aujourd’hui de la tune qu’on te prendra demain s’il t’en reste encore…

 

Bon. Et alors ? Que tu te demandes. Et alors, que cette chose-là, elle peut avoir deux fonctions. Distinctes : une, servir la collectivité à des fins que cette collectivité aille bien, aime son voisin, etc. L’autre, éventuellement, que tu fermes ta gueule et c’est là que le Gédéon veut causer. Regarde.

 

Chaque ville et village de France comporte un stade de foot, une piscine municipale, parfois des cours de tennis et autres. Bien. Très bien, que « mens sana in corpore sano », et aussi que pendant qu’ils tapent dans un ballon les jeunes ne brûlent pas les cabines téléphoniques et n’embêtent pas mémé. C’est donc nécessaire, la société a besoin de cela, outre que, accessoirement, un jour il sortira peut-être de l’un de ces stades un client de pute de luxe qui ira défendre l’honneur du pays chez les métèques. Que la collectivité toute entière, donc, paie pour ces choses-là, Biyanvrac trouve qu’il n’y a rien à redire, surtout que, s’il est pas content, il n’a qu’à s’en servir, du gymnase, que personne ne peut l’en empêcher. Mais que le Gédéon il veut vivre vieux et que tu peux lui raconter « mens sana » autant que tu veux, lui a entendu le vieux Churchill « no sport », mais point trop ne digressons…

Et alors bon, donc, on peut ainsi considérer que ces choses-là qui sont sponsorisées par tes deniers au plus ou moins insu de ton plein gré, ne sont pas du loisir. C’est de l’investissement, sur la jeunesse, sur le bien être collectif, enfin bon, tu vois le genre.

 

Mais alors, quand le collectif, donc tout le monde, subventionne le pur loisir de quelques-uns, là il y a un souci, selon le Gédéon, qui partage cet avis. Un, c’est profondément injuste. Pourquoi que le boulanger, le carrossier, l’ouvrier et le patron paieraient pour ton petit loisir égoïste car non partagé à toi, d’aviateur ? Nuançons : d’aviateur ULMiste. Que l’autre, là, l’aviation qu’elle se dit elle-même « légère », que tu vas comprendre pourquoi outre que « de loisir » ça fait fumiste, elle peut être utile à la société. Que c’est des aéroclubs que peuvent sortir les guerriers aériens et autres conducteurs de bus de demain. Il y a donc possible retour sur investissement. De moins en moins, faut croire, mais passons et admettons le postulat. La subvention, dans les cadres justifiés jusqu’ici, est donc un investissement collectif « librement » consenti, que si t’es pas content t’as qu’à voter autrement le prochain coup.

 

Mais, donc, si on donne des ronds à ton loisir alors qu’il n’en a pas besoin, méfie-toi ! Si par exemple et au hasard, on te finance la moitié de ton Tour de France ULM alors que rien que le prix de ton jouet que tu t’es payé dignement avec ton denier honnêtement gagné, entretien le susdit stade municipal pour un moment, cherche bien où est l’embrouille. L’embrouille, il va te le dire, Biyanvrac. L’embrouille, elle est qu’on t’achète. C’est vieux comme les robes, cette combine. Ah, les agriculteurs sont pas contents, que le cours de la tomate est trop bas à cause qu’on a ouvert les marchés ? On va pas le refermer, le marché, trop simple, alors hop, on te file des subventions pour qu’ils plantent en avril et arrachent en mai. Et du coup, après, quand les pécouses en question remanifestent, c’est plus pour vendre les tomates, non, c’est pour que la subvention augmente ! Politiquement, quand t’en es là, t’as gagné ! Les filles des cités se révoltent, réclament les mêmes droits que les autres, refusent de rester enfermées dans leurs demi-ghettos de sous-citoyens en se droguant comme leurs frères ? Hop, subvention ! En prime, on va mettre la Falbala Amora au gouvernement, tiens, c’est funky à mort, ça, et la voilà mi-pute mi-soumise = acquise.

 

Bon, le rapport ? Le rapport il est que si on te file des ronds quand t’en as pas besoin, fais gaffe, le rapport. Que quand tu es sur ton petit ULM et que tu voles peinard, en pur loisir sans intérêt pour la société, que tu ne coûtes rien au collectif et que tu fais propre, tu peux ouvrir ta gueule quand on cherche à te nuire « pour la bonne cause ». Alors que, une fois subventionné « que mais si, faut faire voler les jeunes, faut des contrôleurs sur ton Tour, des comités régionaux, faut des barrières le long de ta piste et un hélico pour te surveiller », ben tu te tais, que sinon, cette subvention dont, très vite, tu ne peux plus te passer, ben y’aura plus !

L’ULM, donc, que le Gédéon c’est de ça qu’il cause. Pendant des décennies, cette denrée-là s’est démerdée toute seule, sans rien demander à personne. Que quand on voulait l’emmerder avec des lois et contraintes indues et injustifiées, il ouvrait sa tronche et tout rentrait dans l’ordre. Quand dans les années 80-90 le sénateur Parmentier (ou un truc dans le genre), voulait qu’on crève et qu’on lui a dit « tu vas voir on va aller tous se poser à Orly et bloquer le pays », t’as vu que ça a remis tout le monde d’accord.

Mais là, maintenant que le même Parmentier ou celui qui a pris sa suite ouvre éventuellement sa pensée néfaste, ben tu dois aller parlementier avec lui, dire « oui monsieur bonjour monsieur, merci monsieur » et lâcher du lest. Délire gédéonien ? Théorie du complot ? Faut voir. Pourquoi que pendant des années l’ULM s’est joyeusement contrefoutu de la visite médicale sportive imposée depuis toujours par Jeunesse et Sports (que ce truc-là est une invention du Front Popu, pour rappel) ? Hein, pourquoi ? En plein dans le mille ! Parce qu’on leur devait rien, à ces grattes papier et qu’en gros donc, la réponse à leurs exigences était « on t’emmerde ». Et pourquoi, donc, que d’un coup la fédéplume a dit « ok ok, vaste Bachelot, on va imposer la visite médicale à nos adhérents » ? Besoin d’un dessin, ou pas ? Et alors, s’agissant de Jeunesse et Sports, que vu le socio type ULMique faudrait plutôt un ministère « vieillesse et loisirs », passe encore, mais quand c’est la DGAC, que c’est elle qui fait les lois (si si, crois pas qu’on perd du temps à causer d’ULM au parlement), tu fais comment, toi, quand t’en es au point que ton budget de fonctionnement ne peut plus se passer de ses subsides ?

 

Quand tu sais qu’en plus, le dit budget, dans le cadre des lois organiques de rentabilité machin, est fourni par les compagnies aériennes via leurs taxes et redevances, bah tu pèses plus rien, toi pauvre microbe de loisirs, face à l’extension des TMA et autres CTR, par exemple. Et tu te tais. Et tu relaies et applique des CDN illégales, et tu fais semblant de bouger encore un peu sur les ZIT, histoire de sauver la face…

 

Et tu continues ton petit Tour de France encadré par la DGAC et subventionné par tous*, tout convaincu et fier d’avoir gagné en légitimité et reconnaissance…

 

*Oui, tous. Dans nos contrées, tout le monde paie pour tout et tous, y compris le clodo qui achète son kil de vinasse. Lui aussi te paie tes heures de vol.

 

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