30 mars 2013
La France, fille ainée de l’Eglise, Grande Nation d’entre les Nations, phare de l’Occident, pays des Lumières et des Droits de l’Homme (faut pas être timide, hein ?), qui a su, à une époque, imposer sa langue au monde entier, que même la cour d’Angleterre, seconde et secondaire mamelle de l’Occident, jactait en français à une époque pas si lointaine, imitée en cela par les autres pays d’Europe. La France, à qui l’actuel maître du monde doit son existence. La France, que quand elle s’appelait la Gaule et à l’heure où le reste du monde vivait encore dans des grottes en mangeant ses crottes de nez, inventait le pantalon, la charcuterie, le syndicalisme, la cotte de mailles, l’écologie, la charrue à bœufs, la bijouterie moderne, l’impôt, la mode et l’école publique, que ces derniers points, tu peux les vérifier, le Gédéon ne dit pas toujours et par principe que des conneries. Plus récemment, la France, phare du truc etc., inventait le Minitel vingt ans avant l’internet, le TGV avant ses clones, l’automobile diesel sous les railleries, le Concorde que personne ne copia, mais enfin bon, cessons là, qu’on va croire que le Gédéon est un vieux con chauvin et passablement xénophobe.
Que le susdit, ça c’est ce qu’on avait encore le droit de dire, revendiquer, enseigner, affirmer, voilà encore pas si longtemps. Que maintenant, la France, il faut en dire, penser, professer et affirmer que c’est rien que des méchants, qui ont fait du mal à tout le monde, qui se sont empiffrés des richesses des autres, qui sont arrogants, sales, dédaigneux, supérieurs, etc. Bon. Même que si tu poses un drapeau Français sur ton balcon, comme ça se fait partout ailleurs sans aucun problème, ben, en France, fais ça, tu passes pour un dangereux nazi.
Mais bon, le Gédéon n’en dit pas ce qu’il en pense, hein, il constate juste. Donc, en 2013, la France n’est plus ce qu’elle était et même, à bien y regarder, ce qu’elle pensait être jusque-là serait peut-être bien et même certainement de l’imposture. Soit. Cessons de nous prendre pour ce que nous fûmes, battons notre coulpe et enfonçons-nous dans la crise. Merci.
Mais, mais. Voilà qu’une lueur d’espoir, ou d’inquiétude, pointe son nez. Un truc qui pourrait, selon comment on le regarde, raviver un chouia l’aura de la France, sa qualité de phare, son « leadership », comme on dit, maintenant que les Anglois et dérivés nous ont supplanté dans notre rôle et n’en rougissent pas, eux…
Cette lueur, c’est l’hélicohuelle, que dit le Gédéon. Pour les retardataires, petit rappel. Il y a cinq ans, tout rond (mars 2008), Biyanvrac posait que « hélico ULM », ça n’a aucun sens. Le « M » de « ULM » signifie « motorisé ». Or doncques, vu qu’un hélicoptère non motorisé ne saurait exister, le Gédéon posait donc que « hélico ULM » est passablement pléonastique et offrait ainsi l’appellation de « hélico UL », prononcé hélicohuelle. Cette proposition ne retint l’attention de personne, mais les gédéonistes s’y retrouvent.
Bon, alors, quel rapport entre cette hélicohuelle et les braies de nos ancêtres les Gaulois ? Le rapport, il est que voici : depuis que ces machines-là existent, ces hélicohuelles de plus ou moins moins de 450 kg, elles volent, pas certes partout dans le monde, mais dans bien des pays, pour la plus grande satisfaction des grands enfants qui jouent avec. Y compris en France, note bien, où on en comptait une petite soixantaine avant que cette machine ne devint, voici un an, officiellement un ULM, grâce aux efforts de ceux restés dans l’ombre et que s’approprient ceux qui étaient contre au départ. Bien.
Et voici que, du simple fait que la France décide que ce truc devient un ULM, les constructeurs se précipitent pour proposer, chacun plus qu’à son tour, leur propre machine, conforme, tout ça.
Et là, le Gédéon, il s’interroge. Se demande. Réfléchit. Et ne comprend pas.
Alors quoi ? La France serait-elle encore en mesure de donner le La ? Ou bien croit-on encore, ici ou là, que la France serait un marché tellement porteur en matière de jouets pour très riches que tout à coup, du simple fait que, il convient de ne pas louper le coche et se tenir prêt à affronter un afflux massif de commandes fermes ?
Avant que l’hélicohuelle ne devint ULM en France, on ne comptait, de par le monde, guère qu’une seule machine capable d’entrer dans la cadre désormais défini. Et encore, celle-là, il lui fallut tenir un régime sec et se voire modifier, par rapport à ses sœurs destinées à des marchés plus permissifs ou, sans doute, plus réalistes.
Mais voilà qu’en moins d’une année et du simple fait que c’est désormais permis, dans certain cadre, en France, près de dix nouvelles machines sont sorties comme par enchantement des ateliers de fabricants dont, pour la plupart, personne n’avait entendu goutte jusqu’ici…
La question que se pose le Gédéon est celle-ci : ces fabricants-là sont-ils vraiment absolument persuadés que le seul marché français suffira à couvrir leurs investissements et, éventuellement, gagner des sous ? Ou bien croient-ils que, par effet ricochet, le reste du monde suivra le Guide de Lumière et adoptera la même règle ?
Dans un cas comme dans l’autre et à défaut de toute autre hypothèse plausible, le Gédéon est au regret de prédire qu’ils se le mettent profond. Non, le marché français n’absorbera pas des centaines d’hélicohuelles et non, le reste du monde ne suivra pas son exemple. Sans quoi ce serait déjà fait, les règles actuelles ont été adoptées il y a quinze ans et, ce que l’on constate, est que le reste du monde militerait plutôt pour que nos règles s’adaptassent aux leurs… l’exact inverse de ce qui semble espéré…