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20 mai 2008

 

Comme annoncé il y a quelques jours, voici le Gédéon qui te raconte l’histoire des Weedhopper et autres X’Air. Alors bon, au départ, on a la Demoiselle de Santos Dumont, que celui-là c’est un Brésilien qui vit en France. C’est en 1909 qu’il fait voler ça pour la première fois, et qu’il lui donne le nom de Demoiselle, à cause que ça ressemble à un criquet, et que demoiselle, c’est une race de criquets (Chorthippus parallelus en langue savante, mais admettons que ça aurait fait con de l’appeler comme ça, tu te vois, toi ? « je vole en Chorthippus parallelus »..). Enfin bon, rien à voir avec les filles, donc.

 

 En 1974, John Chotia, un américain qui fabrique des ailes delta, construit une réplique de la Demoiselle, en bois, comme l’original. Il la fait ensuite évoluer, passe au tube d’alu, et ça devient à la fin des années 70 le JC24. Il s’agit d’un monoplace deux-axes propulsé par un tout petit moteur que John avait lui-même mis au point. Cet appareil, légèrement amélioré, est toujours produit aux Etats-Unis, par la fille de Mr Chotia, qui est décédé lors du vol d’essais d’une nouvelle machine, quelques années plus tard.

 

Pour rigoler, on donne au JC24 le nom de « Weedhopper », qu’il faut que le Gédéon t’explique. Demoiselle, la marque de criquets, en anglais, ça se dit « grasshopper », ce qui signifie « sauteur d’herbes », vu que ça saute plutôt que ça ne vole. « Weed », c’est les mauvaises herbes ; le weedhoper est donc un sauteur de mauvaises herbes, en hommage au grasshopper.

 

Au tout début des années 80, le JC24 rencontre un certain succès, et commence à s’exporter. Pierangelo Mezzapesa, un Belge comme son nom l’indique, et qui est aujourd’hui le patron de ULM Technologie, passe des accords avec l’usine pour produire le JC24 sous licence, en Europe. Sa boîte s’appelle alors Fulmar, puis devient Ultralair, en 1983, en s’associant avec Marc Mathot. Ils font considérablement évoluer le concept Weedhopper, qui devient biplace, puis trois-axes. Que le Gédéon, il faut qu’il te raconte : y’en avait déjà, des rétrogrades, qui criaient au scandale en disant que dès l’instant qu’il y avait des ailerons c’était plus un ULM… AX3, que ça s’appelait avec le troisième axe.

Quand tu penses qu’en plus de ça le Pierangelo a été mettre des portes pour que les types se les gèlent un peu moins, tu vois le genre…

 

Les trucs prennent le nom de Europa, I et II, et l’aventure Ultralair dure environ dix ans, durant lesquels le AX3 obtient la certification en Grande Bretagne. Puis Ultralair disparaît, après avoir sorti sa dernière évolution du « Weed », le « Ten Years », qui ressemble en bien des points à l’actuel X’Air. Et c’est pas pour rien, regarde.

 

En 1993, Pierangelo demande à ses copains de Aviasud, des Belges là aussi, qui construisaient le Mistral et l’Albatros, de reprendre le concept Weed. Ils s’associent avec un français qui bosse en Inde, Joël Koechlin, que sa boîte se nomme Rajhamsa. Il y fabrique des deltas et pendulaires. Le X’Air est né, et d’ailleurs au départ il s’appelle le X’Pair. Au bout d’un moment survient un pataquès que le Gédéon te racontera pas pour pas avoir d’emmerdes, Aviasud met la clé sous la porte, et RandKar, une boîte française établie près de Nantes, prend les droits de commercialisation du X’Air pour le monde entier, à part l’Inde bien entendu.

 

Entre temps, les anglais qui importaient le AX3 ont repris le truc à leur compte, et l’ont renommé AX2000, qui reste en tous points identique à l’AX3, certification oblige.

 On a donc une poignée de milliers de types qui volent à travers la planète sur des machines de type « chorthippus parallelus modifius » qui ne seraient probablement pas là si le Santos Dumont n’avait pas fait voler son criquet il y a un siècle… enfin, presque, ça fera 100 ans l’année prochaine, et le Gédéon te met sa main au feu qu’aucun hommage ne sera organisé… ingrats !

 

Mise à jour du 18 janvier 2010 : Yves Vanderschelden, qui fut le vrai associé de Marc Mathot, apporte quelques précieuses précisions dans les commentaires ci-dessous. Merci à lui !

 

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