10 mai 2008

 

Ah oui, ah bon, et ça serait quoi, alors, une religion, que tu te demandes ? Il va te montrer, le Gédéon, ce qu’est selon lui une religion, pour que tu comprennes en quoi l’ULM en est une. A, la base, ça vient de « religere », ce qui en latin signifie « relier ». Voilà. Au départ, on disait des religions qu’elle reliaient l’homme à son Dieu, que le Gédéon, lui, trouve plutôt qu’en fait ces trucs-là relient l’homme à son idéal. Ben oui, que t’as des idées qu’on appelle religions alors qu’il n’y a pas de dieu là-dedans. Comme chez les bouddhistes, les animistes, les scientologues ou les communistes, entre autres. Et après, bon, y’en a des, là-dedans, que leur idéal c’est un dieu, ou plusieurs. Les chrétiens, ils ont un Dieu, mais en fait trois, mais en vrai un seul quand même, et y’a des milliards d’individus qui trouvent que ça leur va bien, cette histoire-là. Les musulmans, non, un seul, qu’il en ont, et faut pas rigoler avec ça, c’est le fondement de leur foi. Les bouddhistes, dieu, c’est toi, si tu fais bien tout comme il faut. Bon enfin bref, leurs religions, à tous là, elles les relient à cet idéal, donc. Voilà ce qu’est une religion dans la pensée gédéonienne.

 

Après, parmi ces courants de pensée, on va dire comme ça, il y a des sous groupes, par milliers ! En gros, ce qui les différencie, ça peut être soit le dogme, donc le fond de l’idée, soit juste des questions d’organisation. T’en as qui disent que la vierge l’est, d’autres qui pensent que peut-être pas tout à fait quand même, certains affirment qu’il faut une organisation cléricale strictement pyramidale, comme les catholiques, les bouddhistes ou les chiites, d’autres qu’on peut un peu se lâcher et se débrouiller dans son coin, comme les sunnites ou les protestants, etc. Sur le fond de l’idée, ils sont tous d’accord sur un point : l’homme doit travailler sur lui-même en permanence pour devenir meilleur en société. Sur cette idée-là, on ne peut qu’être d’accord, et d’ailleurs même les systèmes qui prétendent s’affranchir des religions font la même chose, l’air de rien. La République te dit que Dieu est mort, mais dans le même temps elle t’oblige à ne pas fumer, pas trop boire, pas trop tuer ton voisin ni violer ta voisine, être poli avec la maîtresse, et tout ce genre de choses que les religions disaient déjà, finalement. La différence, c’est que dans les religions, à la base, et avant que des types qui n’y ont rien compris ne viennent foutre la merde, le répressif vient après la mort, que si t’y réfléchis cinq minutes c’est un peu abstrait. Dans la religion laïque, la répression, c’est tout de suite, là, maintenant, que si tu fumes t’es puni !

 

Bon, et l’ULM, là-dedans, monsieur Gédéon ? Ben a’y’est, t’as tout compris où qu’il voulait en venir, non ? Le « courant de pensée » de l’ULM, son idéal qu’il partage avec d’autres, c’est la troisième dimension. On va pas dire le ciel, que si on dit ça pour le coup ça va vraiment bien ressembler une religion, ou pas ? L’ULM, c’est une religion qui fonctionne avec une hiérarchie, ou pas, c’est comme on veut. Visiblement, l’ulmiste majoritaire, il veut. Donc son organisation, son Eglise, historiquement, c’est la fédéplume, et son pape c’est le chef de ça. En ce moment c’est Dominique 1e, qu’il s’appelle. Bon, y’a des sous-papes et des évêques, que ça s’appelle le comité directeur et les comités régionaux, et des curetons, les instructeurs. Les imams, ce seraient un peu les présidents de clubs. A la base tout en bas, y’a le pilote lambada, qui doit faire tout bien propre comme on lui dit, que sinon on va le gronder.

Son dogme, à cette religion ulmique, c’est la réglementation qu’elle veut. Ben oui, c’est pas la fédé qui décrète, mais c’est bien elle qui dit, que c’est justement à ça qu’elle sert. Donc bon, 450 kilos et tout, c’est, le dogme.

 

Dans la théorie, si tu respectes tout ça, c’est bon, t’es un vrai de la religion ulmique.

 

Mais alors, et c’est là que ça commence, ce qui fait que l’ULM est vraiment une vraie religion comme les autres, c’est que parmi ses adeptes, il y en a toujours des qui veulent être plus cathos que le pape, et qui s’inventent des mouvements chacun dans son coin. On voit un peu ça dans les diverses classes, que t’es l’un et pas l’autre, et que si t’es dans plusieurs tu sais pas trop ce que tu veux, ou alors t’es un traître. Ensuite, même dans ces classes, t’en as toujours qui vont venir t’emmerder que t’es pas orthodoxe parce que tu voles avec GPS, avec radio, avec des instruments tout plein, ou inversement. T’en as toujours des qui prétendent que pour être un vrai il te faut des tubes et pas du plastique, ou que tu dois voler lent et savoir poser court. Certains vont dire que pour être dans le vrai il faut décoller sur ses pieds, ou encore avoir la gueule à l’air et se les geler.

 

Bon, on va pas y passer la nuit, t’as tout compris.

 

Le Gédéon, il n’a rien contre ça, puisque même il l’assume, lui qui prétend aussi donner son idée de la chose.

 

Le danger, que dit le Gédéon, ça vient de l’intégrisme. Or, l’intégrisme, comme partout, c’est quand tu prétends expliquer par la violence que ton copain a tout faux. C’est là que ça devient dangereux, les religions. Regarde bien : vouloir la messe en latin, c’est louable, mais jeter l’opprobre sur celui qui ne pense pas comme toi, c’est dangereux, parce qu’à l’extrême ça met des bombes dans les cinémas ou des arabes dans la Seine. Vouloir bâcher les femmes, si elles sont d’accord pourquoi pas (si, si, ça existe), mais le leur imposer c’est abject, et poussé loin ça fait des avions dans les tours. Vouloir voler léger en monoplace comme le fait le Gédéon, c’est honorable, mais prétendre l’imposer à tous au prétexte que ceux qui ne font pas comme toi sont dans l’erreur et les insulter à longueur de temps, ça frise l’intégrisme, oui. Il paraît qu’il y en aurait…

 

Le Gédéon, lui, vit sa religion en autonome autour du bois et la messe, il n’y va pas, ce qui ne l’empêche nullement d’avoir ses idées, qu’il exprime ici. Mais ce dont il se méfie avant tout et plus que tout, Biyanvrac, c’est de tomber dans le travers qui le guette parfois : l’intégrisme… c’est donc chacun qui voit, dans le respect de l’autre, et que si ton voisin n’est pas un vrai à tes yeux parce qu’il sort un peu du dogme, c’est son problème.

 

Voilà, ça c’est fait !