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8 septembre 2010

 

Le Gédéon, aujourd’hui, va te causer un peu philosophie. La vraie, pas la celle, à la mode depuis qu’on ne philosophe plus, qui ne consiste qu’à étudier l’histoire de la, mais celle qui va bien bien au fond des choses et propose. Et tu vas voir, d’ailleurs, qu’au final il va magistralement te démontrer que cette philosophie-là (la celle qui conceptualise, donc), se plante complètement, parce que, par définition, le concept est détaché de la réalité dont il prétend s’occuper.

 

Vois : alors par exemple, dans l’ULM, par exemple. Alors, il y a donc une réalité, qu’il suffit de faire le tour de quelques terrains pour en prendre la mesure. Puis, il y a du concept. De la « Philosophie », qu’ils disent, justement, qu’en fait, Biyanvrac s’insurge, que ça ne veut rien dire du tout, de mettre de la philosophie dans l’ulme. Quoi y-aurait-il de philosophique là-dedans ? Hein ? L’ulme, c’est onéreux, certes. Jouissif, sans doute. Agréable, à n’en pas douter. Ennuyeux, potentiellement. Intellectuel, oui, si on se cultive sur TF1. Sensitif, sportif, oisif, permissif, passe-moi le pif, tout ça autant qu’on veut et quel qu’en soit l’ordre. Mais, alors, la « philosophie » de l’ULM, le Gédéon attend encore qu’on lui explique où c’est qu’elle se trouverait donc. Un état d’esprit, pourquoi pas, même pas monotone. Bon ok, on serait pas prise de chou avec les règlementations inutiles voire néfastes, tout ça, bon. Mais ce n’est pas philosophique, ça. Quoique. Les grecs, repris par Montaigne après l’avoir été par tout le monde vu qu’on n’a rien inventé depuis eux, disent un truc du genre « philosopher c’est apprendre à mourir ». En ce sens, en effet, l’ULM peut être philosophique, mais le Gédéon a dans l’idée que ce n’est pas tellement cette idée-là qui prévaut au discours.

 

Bon donc, cessons de nous disperser. Que donc, la réalité de l’ULM, quelle est-elle ? Elle est multiple et variée, puisque 5 classes et tout. Mais, tout de même, au départ comme par la suite, le moteur est que cette chose-là peut permettre au plus grand nombre de voler sur une machine de sa propriété. C’est un fait historique et encore une pleine et entière réalité. Que si tu fais le tour des hangars, tu verras encore et pour longtemps une majorité de machines au tarif absolument accessible à quiconque vit et travaille dignement, toutes catégories sociales confondues. Et qu’avec ces denrées-là, les pilotes des font leur tour du bois vespéral pour leur plus grand bonheur. On pose donc ici la réalité.

 

Le concept, lui, est bien plus haut. Là où, justement, on le détache, pour en donner une définition plus ou moins et plutôt plus fantasmée : dans son bureau climatisé, par exemple, ou sur les fauteuils de quelque salon feutré, ou dans les cervelles des instances dirigeantes, dans les ateliers des constructeurs, voire encore, hélas, dans la presse. Là, le concept, il dit que l’ULM a envie d’aller sur tous les aéroports de la planète, qu’il veut faire le tour du monde, qu’il veut du train rentrant, du pas variable qui l’est, du tarif que la morale réprouve, du que plus c’est complexe plus ça fait prestige, bref, sommairement, pour résumer, arrêtons-nous là et en gros : singer l’aviation.

 

C’est ainsi que le concept, en se détachant de la réalité, parfois parce qu’il se contente de n’en observer qu’une infime part, veut imposer son point de vue à tous et prétend dire ce qu’est désormais le vrai. Et que du coup, se détache vraiment de la réalité, au point que cette réalité, ne s’y reconnaissant plus, le fuit, le concept. Et le concept reste là comme un con, comme un pauvre pet blagueur qui s’annonçait ravageur mais ne sent pas plus mauvais que l’air ambiant... 

 

Un exemple, par exemple, et même deux. Le premier : la presse. Le concept de la presse est que l’ULM n’est composé que de machines lourdes, absurdement chères, complexes, qui brillent, qui volent toutes seules, asservies à des pilotes automatiques de bazar et des GPS de touriste, qu’avec ça, donc, tu pourras aller faire le tour du monde et surtout de tes environs. Bon. Soit. Qu’observe-t-on ? Que cette presse-là, qui veut ainsi imposer son concept, ne rencontre pas la réalité. Or, la réalité, pour un canard à vocation commerciale, c’est qu’il faut des lecteurs qui l’achètent et pas seulement des marchands qui sponsorisent. Du coup, en perdant la première part de la réalité (les lecteurs), la seconde (les annonceurs) suit la même voie et la boucle est bouclée : le concept n’aura pas construit une réalité. Laquelle se suffit à elle-même et poursuit son petit bonhomme de chemin, tranquille.

 

Un autre exemple, donc, par exemple, qu’avait dit le Gédéon : la fédé. Celle-là, de fédé, elle est dans le concept aussi. De plus en plus ; et de moins en moins dans la réalité. Démonstration : jamais de son histoire récente (que nous placerons dans les deux dernières décennies), la fédé n’a exposé la moindre machine sur son stand officiel au salon ULM international de Blois. Pour une raison simple : la réalité imposait que pour qu’elle s’y accordât il eut fallu exposer une machine de chaque classe. Sans quoi, à juste titre ou non, les susceptibilités des uns et des autres, voire des unes, eussent-elles fait que les absents s’offusquassissent, sans parler qu’il y a des marques commerciales en concurrence dont il faut aussi ménager les sensibilités et subsides… Bon, donc, la réalité impose qu’il n’y ait point de machine, le seul laid mot fédérateur « ULM » suffisant à ce que tout le monde comprenne qu’il y a là harmonie avec la réalité. On est ici sur le stand des gens qui gèrent les affaires courantes et pressantes de l’ULM. « La grande famille ».

Et alors là, en 2010, on a conceptualisé. On a trouvé que l’hélicoptère ultraléger, pur concept sorti de cerveaux sans doute brillants, est désormais suffisamment représentatif d’une réalité pour qu’on décide que cette seule chose-là puisse illustrer la réalité…

 

Or, que dit le Gédéon, le drame est que jusqu’à plus ample informé, il n’y a pas d’hélico en ULM. Qu’on le souhaite, fort bien, Biyanvrac a déjà expliqué moult fois en quoi il n’est ni pour ni contre. Mais que, tout à coup, ce concept-là devienne réalité fantasmée au point que plus rien ne semble être fait pour, justement, la réalité susditement rappelée, interroge notre paysan au plus haut point, voire plus encore…

 

Le concept peut bien te raconter autant qu’il le veut que la banane, par exemple, serait un objet composé d’un manche de bois et d’une massette métallique dont l’assemblage judicieusement usité soulage efficacement les paumes du planteur de clous, tu sais bien, toi, comme le Gédéon, que la banane est un fruit exotique non contondant quoique oblong, de couleur anisette, cultivé par des esclaves et qui est bon à béqueter si tu le prends au bon moment, ni trop vert ni trop mûr.

 

Mais au final, la banane, comme réalité ou comme concept, ne laisse qu’une peau. Qui glisse.

 

Alors non, le concept ne devient jamais réalité. La réalité est consubstantielle à elle-même et se suffit. D’où il découle que la philosophie, que dit le Gédéon, c’est de la merde.

 

Mais diable, réalitons, que diantre !

 

Amen.

 

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