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13 mai 2008

 

Bon alors, le Gédéon voit qu’on appelle encore l’ULM « l’aviation du pauvre ». Que ça l’interpelle, même, ça, et qu’il voudrait bien en savoir plus. Aussi, pour donc en savoir plus, il a sorti sa calculette, comme ça, pour voir. En bon paysan qu’il est, il prend pour référent le seul vrai coût qui mérite d’être observé : le coût de l’heure de vol effective. Bon déjà, en préambule, le Gédéon aimerait préciser que lui, il a dans l’idée qu’un pauvre, ça a faim. Celui qui pense à voler, il n’est donc pas tellement si pauvre, il est juste un peu moins riche que d’autres. L’ULM serait donc l’aviation des moins riches, donc, et non plus celle du pauvre.

 

Ça, c’est fait.  

 

Pour faire ce calcul du coût de l’heure de vol, Biyanvrac est parti comparer ce qui n’est pas comparable, à ce qu’il paraît : la location d’un côté, en avion certifié, et la possession de l’autre, en ULM. C’est vrai que ce n’est pas la même chose, et qu’il faudrait soit comparer la location d’avion et la location d’ULM, soit la possession, dans les deux cas. Seulement ça, c’est de la théorie, et le Gédéon, lui, il est terre à terre, dans son style. Son seul référent valable, ce sont les réalités. Or, la réalité de l’aviation motorisée de loisirs, c’est qu’en avion on loue, et en ULM on possède. Dans l’immense majorité des cas, le reste n’étant qu’exception. Après, tu peux aussi faire des théories, que c’est comme ça qu’on te pond des lois stupides qui ne tiennent pas compte des réalités.

 

Suivent trois tableaux. Le premier, que voici donc, calcule le coût annuel de l’activité avant de voler. Pour que tu comprennes bien le sens du truc, voici quelques explications. La simulation se base sur la location d’un Piper Tomahawk, que c’est ça qu’ils ont dans l’aéroclub d’à côté de chez le Gédéon. L’ULM est un Zénair 601 UL 912, pour dire que ça y ressemble vaguement. Le type a plus de 40 ans. Le coût de la licence a été lissé sur dix ans, pour simplifier, vu que c’est en moyenne le temps que les types volent, si tu regardes bien. Dans le coût de l’entretien de la licence avion, il y a les 12 heures de vol réglementaires, puisqu’on cause de ce qui est obligatoire avant de considérer que tu peux aller jouer. La cotis club est une moyenne observée, ainsi que le coût du hangar. On part donc du principe que l’ulmiste loue une place de hangar, puisque la majorité des mecs n’ont pas encore compris que tu peux foutre le truc chez toi. L’obsolescence machine, c’est la valeur que perd ta machine chaque année, basée sur l’observation du marché de l’occase pour un prix de départ de 20000 € en seconde main. Le coût horaire de l’avion est détaillé dans le second tableau plus bas.

Voilà voilà, on arrive donc à un total annuel de 2010.60 € par an pour l’avion, contre 2571.55 € pour l’ULM, juste pour que tu puisses dire d’un côté « je suis pilote avion », et de l’autre « je suis pilote ULM. » A noter que ce tableau ne prend pas en compte le coût de l’immobilisation financière de l’ulmiste, et on peut aussi préciser que le pilote avion, lui, dans l’histoire, il a déjà volé 12 heures dont 1 avec instructeur (d’où le +30).

 

 

 

  Avant de voler

 

 

 

Avion

 

ULM

 

Coût licence sur dix ans

500

5000/10

200

2000/10

Coût visite médicale

50

tous les ans si plus de 40 ans

0

 

Obsolescence machine

0

 

1000

 

Hangar

0

 

960

80x12

Coût entretien licence

1203,6

(97,8 x 12) + 30

0

 

Cotis club

170

 

100

 

Cotis fédé + assurance bi

87

 

311,55

 

Total annuel avant de voler

2010,6

 

2571,55

 



Donc, le pilote ULM propriétaire met 2571.55 € par an dans son loisir avant même d’avoir joué avec son truc ! Déjà, dans le genre pauvre, y’a plus mal loti, quand même, ou pas ? D’autant qu’au départ il a déjà claqué 20000 € (mini) dans le jouet…

 

Bon alors, allons voler, maintenant, que c’est quand même le but de l’histoire. On a vu que le pilote avion, lui, doit voler 12 heures par an s’il veut conserver sa licence. Comparons donc sur 12 heures. A noter que 10 € par heure pour l’entretien de l’ULM, ça veut dire que le type en fait vraiment le minimum…sachant qu’il y a de toutes façons un entretien calendaire quel que soit le nombre d’heures effectuées, et cet entretient-là, moins tu voles, plus il coûte.

 

 

 

          En vol

 

 

Avion

 

ULM

 

Location horaire

57

 

0

 

Carburant

40,8

24x1,70

21

1,40x15

Entretien

0

 

10

 

Coût heure de vol

97,8

 

31

 

Coût heure de vol sur 12 heures

167,55

2010,6/12

245,3

(2571,55/12)+31

 

Pour l’instant, sur 12 heures, l’avion reste assez largement moins cher. En faisant les calculs qui vont bien, que le Gédéon te passe le détail pour que tu vérifies par toi-même, on trouve que pour que l’ULM et l’avion aient le même coût horaire, il faut voler un peu plus de 15 heures par an en ULM. Voilà, vers 15 heures, l’ULM a le même coût horaire que 12 heures d’avion.

 

Au- delà de 15 heures, l’ULM devient de moins en moins cher, de manière exponentielle bien sûr. Voyons voir sur 50 heures, puisqu’il paraît que c’est la moyenne observée chez les pilotes ULM, selon la fédé, qu’on va en recauser plus bas, pour rire…

 

 

 

  Total sur 50 heures

 

 

Avion

 

ULM

 

Coût heure pour 50 heures

207,76

[2010,6+(167,55X50)]/50

82,43

[2571,55+(31x50)]/50

Coût effectif global 50 heures

10388,1

 

4121,55

 

 

Voilà, là, sur 50 heures, en effet, l’ULM est beaucoup moins cher que l’avion certifié. La différence annuelle est de 6266.55 €. Le pilote avion qui voudrait passer à l’ULM mettra donc plus de trois ans à payer son ULM, à budget identique. Sachant que pour le coup il perd les privilèges de sa licence avion, il se voit refuser l’accès à beaucoup d’aérodromes, il doit prendre la responsabilité de la navigabilité de sa machine, etc. C’est lui que ça regarde…

 

Alors bon donc, l’ULM est très largement moins cher que l’avion à 50 heures de vol par an. On observe toutefois que celui qui vole 50 heures par an dans un ULM de sa possession dépense 4121.55 € par an dans son loisir. Là, le Gédéon, il dit que si c’est ça l’aviation du pauvre, il aimerait bien qu’il y en ait plus, des pauvres de cette espèce, tout de même ! Après, tu peux toujours lui sortir le coup du coût du paramoteur, que là il te rira au nez le Gédéon, vu que ça c’est pas comparable à l’avion, pour le coup. D’ailleurs, en causant de paramoteur, rapporté au prix du kilo, c’est de très loin le plus cher des ULM, que le Gédéon en fera la démonstration bientôt !

 

Sinon, pour l’histoire des 50 heures. Sérieux, t’en connais beaucoup, toi, des ulmistes qui font 50 heures ? Sans déconner, tu vois pas plus de machines couvertes de poussière que de trucs qui volent, dans les hangars ? T’en vois pas, toi, des types qui font 3 heures par an ? Dis-leur vite qu’ils fassent de l’avion, s’ils veulent pas devenir pauvres, oui ! On ne saura jamais combien d’heures de vol font les ulmistes en moyenne, à cause que y’a pas de carnet de vol, et pourvu que ça dure. Après, on peut toujours faire des estimations, comme la fédé, tiens, qui dit comme ça dans son film : « 10 000 machines qui volent 700 000 heures par an, soit une moyenne de 50 heures. » Tu peux relire, c’est bien comme ça qu’elle dit, la fédé… même en comptant la copropriété et la location, ça, le Gédéon, il demande à voir. Ben d’ailleurs, il le voit, tiens, en levant la tête. Des avions, il en voit tout plein, mais des ULM, c’est rare… et pourquoi donc, que ça ? Parce que les riches qui font leurs 12 heures d’ULM, y’en a pas tant que ça, et du coup, les pauvres, plus nombreux, ils font de l’avion… c’est pourtant simple à comprendre, ou pas ?

 

Alors oui, l’ULM est bien l’aviation du pauvre, si l’on en accepte la définition que propose Léonard de Vinci : « Le pauvre est celui qui désire beaucoup de choses ».

 

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