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27 novembre 2008

 

Voilà, nous disions donc, enfin bon le Gédéon te disait donc, que bon, les aérodromes, tout ça. Ah oui, que le député Vandewalle voudrait permettre aux préfets d’interdire ou tout au moins restreindre leur activité pour que le citoyen piéton insensible aux charmes harmoniques du moteur en étoile pût entendre tout à fait bien les engueulades dominicales de sa femme. Si tu n’as pas suivi, l’ergotage se trouve juste en dessous, ici là en bas.

 

Biyanvrac n’est pas très inquiet sur ce coup-là. En effet, outre que selon ses informations il n’y a que peu de chances pour que cet texte dépasse son spermatozoïque stade actuel, quand bien même il irait au vote, il tombera probablement dans la corbeille des milliers de textes adoptés chaque année mais qui, ne faisant l’effet d’aucun décret d’application, restent lettre morte (si, c’est comme ça que ça se passe, dans le pays qui prétend initier le reste du monde à sa démocratie). Oups, ça se politise, c’est pas bien, faut pas, alors taisons-nous. Mais poursuivons tout de même sur cette histoire d’aérodromes, parce que le Gédéon, qui vole de son terrain à lui comme tu le sais, ne comprend pas bien la logique, parfois, viens voir.

 

Bon alors, le rôle de l’Etat (enfin l’un des rôles, parce qu’en France on lui en demande beaucoup - et il nous le rend bien), est de veiller aux intérêts collectifs. L’Etat, ou ses émanations locales plus ou moins autonomes, équipe le pays « d’infrastructures structurantes à vocation récréativement collectives », ou quelque formulation approchante. Ainsi, l’Etat recouvre le pays de terrains de foot, de piscines, de cours de tennis, aménage les plages, les stations de ski, les chemins pédestres et tout le binz. A une époque, parce qu’on lui avait dit que c’était ça l’avenir, il - l’Etat donc - a construit des aérodromes. Tout plein partout. Chaque bled avait sa belle piste et des beaux navions dessus.

 

Puis, l’Histoire a fait son œuvre. Ces surfaces, dont à l’origine on espérait qu’elle pussent un jour avoir une fonction collective en matière de transport aérien, n’ont pas connu le développement attendu et se trouvent donc intégralement dédiées à une aviation de loisirs (avec, du reste, les toujours mêmes avions vieillissants et pourrissants mis là au départ).

 

Or donc, pour le décideur (élu ou non), qui constitutionnellement doit des comptes à ses administrés, il y là une situation qu’en droit positif on peut considérer comme parfaitement injuste. Si, vu que c’est la collectivité qui paie. Tu vas dire que la piscine municipale, tu n’y vas jamais et que c’est pareil donc. Oui mais non, que dit le Gédéon, que la piscine municipale, tu peux y aller pour trois ronds et que des millions de gens font ça à travers le pays. Tandis que l’aérodrome, lui, concerne moins de 50 000 personnes (aisées) en France, soit à peine la population d’une seule et unique sous-préfecture. En conséquence, il y a bien injustice.

 

Pour que cette injustice disparaisse, il y deux solutions : soit on ferme, soit on en fait un aéroport (avec contrôleur, pompiers et tout le chose).

Si on ferme, les intérêts collectifs prennent bien le dessus, ce qui est, le Gédéon l’a dit, parfaitement respectable. Quels que soient les intérêts en jeu, qu’ils fussent fonciers, « écologiques » (mais classés SEVESO tout de même, suis ton regard), ou autres donc, si les intérêts de la masse des citoyens veulent que le truc ferme, on ne peut guère se plaindre, sauf à tomber dans une certaine mauvaise foi.

 

Que faire donc pour que l’activité puisse perdurer ? Classer la surface, on l’a dit, en aéroport. Pour le coup, l’Etat a le devoir d’entretenir le terrain, vu qu’il est dédié à des intérêts collectifs (transport de fret, de personnes, de ministres, etc.) Il y a dans les faits tout autant de mauvaise foi que dans le cas précédent, certes dans l’autre sens, vue la réalité de l’activité sur la plupart des ces installations.

Il reste toutefois que la collectivité comprend mieux qu’elle ait à financer ces structures qui restent toutefois accessibles aux activités de loisirs, moyennant des réserves et contraintes assez notables, il est vrai, mais c’est ça ou plus rien.

 

Ah, une dernière chose : mais qui paie, à la fin ? Toi, bien sûr, mais pas seulement. Tous ceux qui prennent l’avion de ligne ! Ce sont les taxes que versent les compagnies qui financent l’entretien des aérodromes et aéroports (enfin, c’est en train de changer, on en recausera). Ainsi, le passager qui prend l’avion entre Paris et Niouillorque finance l’entretien de l’aérodrome de Trifouillis les Oies sur lequel volent, pour leur seul et bruyant loisir, 30 gugusses… on peut en dire ce qu’on veut, le Gédéon, lui, persiste à penser que ce n’est pas normal.

 

Solution ultime, que l’aviation entre en politique ! Karl Marx dit que « toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d’abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général ».

Médite bien cette phrase, puis relis les deux dernières chroniques Gédéonesques, tu en trouveras le vrai sens.

Accessoirement et pour finir n’importe où, il n’y a pas plus marxiste que le libéralisme économique qui faillit présentement…

 

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