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25 janvier 2010

 

Voilà déjà près de deux ans, le Gédéon t’a causé du LSA, que ça c’est un truc, au départ, typiquement ricain. Pour toi qui n’a pas lu, toi qui n’a pas de mémoire ou toi qui, dans un cas comme dans l’autre, n’ira pas relire les précédentes mentions, voici en gros ce qu’est cette chose.

 

Que là, Biyanvrac doit te recauser un peu d’histoire. Au départ de l’action, c’est l’ULM qui fout le bordel, comme tout le temps et partout. Des beatniks anars ont fait voler des merdiers en tubes et chiffon dont la faible masse et le domaine de vol faisaient qu’ils pouvaient être exclus du monde de l’aéronautique sérieuse. Voire, même, qu’ils le devaient. Ainsi donc, partout dans le monde « libre », on admit à peu de variantes près que ces choses pourraient voler moyennant une réglementation fortement allégée et des responsabilités par essence limitées.

 

Surtout, donc, aux Stazunis, que là-bas, tu engages ta responsabilité pénale, donc ta vie, si tu vends un briquet sans exiger que ton client présente son diplôme de briqueteur et/ou sans lui donner un briefing de 4 heures sur la façon d’user de cette chose sans se brûler les doigts.

 

Or doncques, dans ce pays-là, l’ULM, monoplace qu’il est, l’ULM. Que si jamais il était biplace et que les beatniks tuaient des passagers, ce serait le binz devant les tribunaux. Comme certains yankees savent mesurer la profondeur de leur folie, ils préfèrent éliminer les problèmes à la source. Sauf que, à force de monoplacer sans pouvoir se former, des morts il y eut, mais consentants uniquement, ouf !

Toutefois, pour éviter que trop de cons sentent, les ulmistes de là-bas sont allés voir les chefs pour leur demander s’il vous plaît thanks sœur d’autoriser que le biplace fût utilisé pour la formation.

 

Le Gédéon t’a déjà raconté tout ça, mais poursuivons, donc : ça a donné « l’exemption 6080 », qui permit que des ULM fussent biplaces mais réservés à l’instruction, exclusivement. Que du coup tout le monde ou presque est devenu instructeur, et tout vol en biplace était officiellement un vol d’instruction.

 

Mais des machines biplaces, point n’en avaient-ils, les gras du cul. Et alors bon, vu que l’Europe, elle, avait passé dans les règles à peu près partout sauf en France, qui attendit 98, la norme de 450 kg qui était au départ un truc de compétition, ben les ricains se sont retrouvés à voler sous régime d’exception avec des machines de 300 kg à vide alors que la loi officielle, hors exemption, disait toujours que l’ULM devait peser moins de 115 kg…

Blème, blème… que des biplaces, y’en avait de plus en plus chaque année et ça devenait, pour les ceux qui régulent tout ça, un vrai problème. Fallait donc, selon les eux, trouver un moyen de faire voler ces trucs-là proprement, et que voilà donc le LSA.

 

Historiquement, il s’agit donc bien, aux Stazunis, d’un alourdissement des règles ULM et non pas, comme le prétendent les ignares, d’un allégement des règles de l’avion, qui sont pour leur part déjà assez largement plus souples que partout ailleurs au monde ou quasi.

 

Résumons : l’idée est donc de faire en sorte que ces appareils de 300 kg à vide puissent voler légalement et, d’après eux, avec le moins de risques possibles pour tous. Donc, certification, visite médicale et tout le truc. Mais surtout, vu que les gens de là ont tendance à se laisser pousser le gras, une masse maximale qui permette de faire voler ces choses en vrai biplace, que sinon faudra tout recommencer au début…

Ainsi donc, le LSA, c’est les machines ULM européennes, de l’ordre de 300 kg à vide, mais dont la masse au décollage peut aller jusqu’à 600 kg ! Un avion dont la charge utile est quasi égale à la masse à vide, un rêve d’ingénieur et de pilote intellectuellement opérationnel (denrée rare) !

 

Sauf que ce n’est pas aussi simple et que pour pouvoir ajouter de la masse en charge, faut remettre une lichette de stratifié à droite à gauche, que du coup la masse à vide augmente aussi, quelle chierie !

Et alors, pour pas que, les chefs ont limité les possibilités d’options : pas de trains rentrants, pas de pas variables (ce qui ne veut pas dire variable, on ressort les mêmes), une vitesse mini augmentée à 83 km/h (en lisse), et une vitesse maxi de 220 km/h, que ça c’était pour limiter le domaine de vol, donc les possibilités que ces demi-beatniks qu’ils restent n’eussent quelque velléité à se prendre pour Tom Cruise.

 

Donc bon, normalement, avec ça, tout le monde était content, les ceux qui avaient déjà les machines en question sont allés passer, bon gré mal gré et plutôt malgré eux, leur licence idoine qu’elle venait d’être inventée, et vogue la galère.

Il y avait, dès lors, un seul pays au monde où ces machines dites ULM en Europe pouvaient voler légalement, sans emboutir la masse max réglementaire, sauf à y mettre beaucoup de mauvaise volonté : les zuéssa.

 

Sauf que là, crac !

 

T’es comme le Gédéon, t’es pas trop con, puisque t’arrives à le lire. Ben, t’as tout bon, que tu sens bien qu’il s’est passé ce que tu croyais qu’il allait se passer. Le Gédéon a eu son cousin Jumbleslip (déjà mentionné aussi) au téléphone, que ces jours-ci il y a eu un rassemblement de LSA en Floride, à Sebring. Et alors, crac, donc : alors que le but était de faire en sorte que des machines existantes volent légalement, que font les constructeurs ? Ils font des avions qu’ils prétendent « spécifiques » LSA, alors qu’ils les font tomber dans le même délire qui fit naître ce LSA : ils les alourdissent ! Et vas-y que je t’élargis la cabine par-ci, que je te mets de la tôle par-là, du tapis d’orient jusqu’au plafond, du vrai moteur d’Avion des années 30 de 7 litres/90 cv, de la peinture en 800 couches et du tableau de bord de DC3…

 

Et alors, le Jumbleslip, il s’est amusé à regarder de près les fiches techniques des machines, pour voir, surtout leur masse à vide. Crac, donc, disions-nous : v’là-t-y pas qu’à peine naissant, le marché du LSA se trouve déjà aux trois-quarts gavé de machines inexploitables en l’état, vu que le ratio entre masse à vide et masse au décollage permet tout juste d’emporter un pilote pas trop McDoifié et son baise en ville…

 

Et alors, que t’oserais jamais imaginer la suite : des constructeurs réclament déjà que le LSA soit revu encore à la hausse, sur le modèle, cette fois-ci, du ELA européen, qui prétend s’inspirer du, mais porte la masse max jusqu’à deux tonnes, que le vieux monde va pas encore se faire niquer par ces bourrins incultes de ricains, non mais !

 

Que là, le Gédéon, il se dit que décidemment, le seul moyen de faire en sorte que les règles soient applicables, respectables, durables et pérennes, c’est de décider une fois pour longtemps d’une masse à vide effective, qui serait la même pour tous et tiendrait compte de vraies valeurs anthropométriques et d’une autonomie sérieuse, pas comme en France, qui croit encore que les pilotes sont tous anorexiques et qu’ils ne volent qu’autour de leur bois…

 

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