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15 avril 2008

 

« Lassée d’une liberté dont elle a fait mauvais usage, l’âme humaine songe à se contraindre de toutes parts. » Autant que Gédéon le sache, Bossuet n’était pas amateur de paramoteur. Il avait bien autre chose à faire, comme enterrer ses contemporains, par exemple.

 

Oui, et ensuite, quel rapport avec le pâté ? Le rapport, il est que la FédéPlume, à ce que le Gédéon a vu sur le ouaibe, se proposait de déréglementer le paramoteur. On ne sait pas trop comment il se pourrait qu’une telle chose arrivât, mais en tout état de cause, les ceux qui nous représentent auraient, semble-t-il, quelque biscuit dans leur besace. Or donc, un questionnaire fut proposé, afin que chacun puisse donner son avis, vu qu’on est en démocratie. Rappelons à ceux qui dorment déjà que la démocratie consiste à demander son avis au bon peuple, pour n’en tenir compte que si le dit avis concorde avec celui qu’il faut avoir. Bon, donc, il les voit d’ici, Gédéon, les gars qui ont pondu ce questionnaire : obligé qu’ils vont répondre qu’ils sont d’accord ! Et pourquoi ? Parce que c’était évident, on leur demandait, dans ce questionnaire, de donner leur avis, en mode « pour ou contre », sur la suppression de l’identification pour les paramoteurs, la disparition du brevet, et autres choses, qui sont à l’heure actuelle passablement inadaptées. Quiconque a une idée que ce qu’est le paramoteur le sait, et Gédéon mieux que tous, puisqu’il sait tout !

 

Et alors, donc, vu qu’on propose aux amateurs de paramoteurs qu’ils cessent d’être obligés d’apprendre les procédures d’intégration sur les aéroports, qu’ils n’aient plus à savoir calculer leur dérive, qu’ils puissent décoller de leur jardin sans rien demander à personne, qu’on ne leur demande plus d’identifier leur aile en construction amateur à chaque fois qu’ils veulent essayer le matos du copain, et d’y coller des lettres qu’il est ensuite impossible de retirer, bien sûr qu’ils allaient être pour ! On parie ?

 

Eh ben non, t’as faux !

 

Ils sont contre, dans leur écrasante majorité ! Sur ce coup-là, Biyanvrac, il est bien content de ne pas se trouver physiquement devant ces cuistres, parce qu’il aurait du mal à se retenir de distribuer quelques taquets ! Non mais oh ! Ils savent encore d’où ils viennent, ceux-là, ou pas ? Ils savent grâce à qui ils ont le droit de voler aussi librement ? Ils ont tout oublié, ou ils sont devenus fous ?

 

Pour en savoir un peu plus, le Gédéon est allé faire un tour sur les forums de discussion, discrètement, sans rien dire. Tu sais pas quoi ? Non seulement les amateurs de paramoteurs ne veulent pas qu’on leur allège leurs règlements, mais en plus, pour beaucoup d’entre eux, ils trouvent qu’il leur en faudrait plus encore !

 

Le vol libre, ou « paramoteur non motorisé », évolue depuis des décennies sans brevet, sans immatriculation, sans autre loi que le respect des règles de l’air, et s’en porte très bien ! Economiquement, il est même bien plus gras que son cousin à moteur, et en partie grâce au fait qu’il est exempt de règlements absurdes et inadaptés. Les constructeurs sont bien plus nombreux, les écoles pleines, les pilotes heureux. Gédéon s’est renseigné, figure-toi, avant d’avancer ces faits. Alors bon, on propose aux motorisés du parapente de faire comme leur grand frère, eux, non, font leurs fiers, genre commandant de bord à galons qui n’en veut des règles tout plein chiantes pour se la jouer…

 

La prochaine fois qu’un gentil paramotoriste s’en vient se poser sur son terrain sans lui demander, le Gédéon, plutôt que de l’ignorer comme il faisait jusque-là, il te me lui fout un Airmiss, un Airprox, et un Air Force One au cul, qu’il va s’en souvenir, le gars, de la réglementation !

 

Au-delà de ça, ce qui l’inquiète le Biyanvrac (Galouzeau de…), c’est que si le paramoteur, qui est tout de même le plus proche de ce que fut l’ULM des débuts, en est là, où peut donc bien être barré l’ULM-avion tout plastique à train rentrant et pas variable ? Oui, décidemment, il va rester dans son bois, lui !

Hors-sujettons quelque peu : en fait, ce questionnaire était trop honnête, qu’il dit, Gédéon. Lui, qui est cynique, il pense que pour contourner la contrainte de la démocratie, il suffisait de poser les mêmes questions, mais autrement. Par exemple, plutôt que de demander si le brevet devait être maintenu, il aurait fallu poser une question sournoise genre « êtes-vous pour l’apprentissage du calcul de la dérive et de l’angle 2 alpha virgule treize ? » Par exemple, qu’il dit, le Biyanvrac, parce qu’en fait, tout comme la fédé, il n’a aucune expérience de la politique. Il faudrait demander conseil aux experts, genre celui qui a remporté la dernière campagne présidentielle en promettant à tout le monde qu’il n’y aurait pas d’augmentation des salaires. Si si, les français l’ont élu sur cette promesse ! Viens voir, et regarde bien : au lieu de dire « je ne vous augmenterai pas », parce qu’il avait dans l’idée que s’il disait ça on irait voter bravitudement pour l’autre, il a dit « travaillez plus, pour gagner plus ». Tout le monde a trouvé ça beau et a voté pour. Trop fort, ou pas ?

 

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