16 avril 2008
Plus il pense, le Gédéon, et moins il avance. Lui qui lit Descartes sait bien qu’il faut cela pour être, et s’il s’exprime ici, ce n’est guère que pour montrer, à travers ses multiples interrogations, qu’il est.
L’ULM, lui, ne pense pas. N’existerait-il donc pas, selon les cartésiens principes ? Assurément pas, ce n’est pas le penser qui fait l’être, mais le penser est l’être de l’humain. Or donc, si l’ULM n’est pas par sa pensée, il est par sa pesée. La différence entre l’humain et l’ULM se résume donc à un « N », symbole du Newton… « Je pèse, donc je suis ». Le « pèse » en question, au propre comme au figuré, étant une variable dans le temps. Tu vas voir.
Et ça l’attriste un peu, le Biyanvrac. Que cette nouvelle forme d’aviation, qui ne faisait que réinventer celle des débuts, (mais ça Gédéon, sage paysan, s’y attendait), se limitât désormais à sa simple masse au décollage le laisse perplexe, et même, disait-il, triste. 450 kilos, qu’ils disent, en affirmant même qu’ils aiment ça.
« I Love 450 », ça donne, en français d’aujourd’hui. C'est le nouveau slogan de la fédéplume.
Ne nous trompons pas, hein, Gédéon n’est pas contre ce fait en soi, non. Ce qui l’ennuie, c’est qu’il semble désormais que l’ULM, et peut-être parce qu’il a un perdu sa pionnière âme d’antan, semble ne plus trouver de raison d’être que là, dans ces 450 kilos. Cette « philosophie ULM », dont les initiateurs aimaient à se revendiquer, disparaît doucement. Cette « philosophie », c’était bien plus une façon de voler, un style de pilotage, un ressenti de la masse d’air et une façon d’approcher l’aviation tout terrains qui sont, et heureusement, toujours accessibles, et Gédéon en sait quelque chose. L’ancienne réglementation, avec les 150 kilos et les 10 kilos par mètre carré de charge alaire, à vide, pour les monoplaces, résumait parfaitement cet esprit, qui ne permettait guère aux concepteurs de pondre autre chose que des avions contraints à de telles pratiques. S’il ne prend que le cas du monoplace, Gédéon, c’est parce qu’il n’y a que ça qui le concerne. De plus, il n’a pas oublié, lui, que l’exception de l’ULM, c’est ça aussi ! Le texte fondateur de 1981 pose, cas presque unique dans l’histoire des permis de conduire de véhicules à moteurs, le distinguo entre monoplace et multiplaces. Pour tout autre véhicule à moteur (auto, moto, bateau, avion etc.), le permis de conduire, parfois nommé brevet, permet illico de prendre autant de passagers qu’il y a de sièges prévus pour. Ben si, regarde bien. Ainsi, pour l’ULM, le législateur avait admis que bon, après tout, si ces doux dingues veulent jouer à se faire peur sur leur tas de tubes, après tout, ça les regarde, mais qu’ils le fassent seuls. S’ils veulent faire prendre les mêmes risques à un passager innocent, il leur faudra montrer patte blanche, et obtenir la qualif qui va bien. Le seul souci du législateur, sous nos latitudes, est le mal que l’on pourrait éventuellement faire aux tiers. Napoléon, père fondateur de l’esprit de nos lois, le savait déjà, qui disait que « l’homme fait pour les affaires et l’autorité ne voit point les personnes. Il ne voit que les choses, leur poids et leur conséquence. » Retiens bien ce principe, il va resservir plus tard.
Alors bon, ces 150 kilos, c’était en France (175 pour les biplaces). Ailleurs, d’autres règles ont vu le jour, puisqu’en matière d’aviation, l’ULM est aussi la seule discipline sur laquelle on n’a toujours pas su imposer de standard international. Sauf la FAI, dans le cadre de compétitions, puisque très vite les ulmistes du monde entier ont voulu se mesurer les uns aux autres pour savoir qui est le plus grand des nains. Aussi, et pour mettre tout le monde d’accord, la FAI a limité la masse au décollage à 300 kilos pour les monoplaces, et 450 pour les biplaces. Gédéon reviendra un autre jour sur la genèse de cette limite, parce que s’il fait ça aujourd’hui, ça va devenir très long, en plus d’être chiant. Ah si, elle est très chiante, sa chronique du jour, au Gédéon !
Et alors bon, vu que l’ULM réinvente l’avion, ce qui après tout est dans l’ordre des choses, puisque tout n’est que recommencement et tout ça, il a voulu voler plus vite et plus loin, donc fatalement plus lourd. La règle FAI, qui n’était au départ que sportive, s’est finalement trouvée muée en loi. Pourquoi pas, après tout ? Le Gédéon, lui, se demande un peu à quoi ça sert, mais il peut bien admettre après tout, que l’on préfère se casser le dos à sortir son Ulm du hangar pour faire son tour de bois, pour le simple plaisir, tels les 4X4 dans Paris, de se dire qu’on a un outil qui peut faire tout un tas d’autres choses qu’on ne fait pas avec. C’est chacun que ça regarde.
La seule chose qui a été maintenue, de l’esprit ULM de départ, c’est la notion d’auto responsabilité. Chacun gère son truc, l’entretien, évalue son aptitude physique, tout ça. Depuis 10 ans exactement que ces 450 kilos sont devenus la règle française, il semble que tout se passe bien, et que même, la maturité et le sérieux des pilotes ont évolué en parallèle aux progrès techniques. Tant mieux ! On peut donc être tout aussi responsable à 450 kilos qu’à 150, et ne pas se faire plus mal. Le Gédéon, lui, « Love 150 », mais admet, en bon paysan, la réalité des faits, même si au départ il était plus que circonspect.
Et puis d’ailleurs, faut qu’il aille s'occuper de ses pommiers, il poursuivra un autre jour, que là il en a marre de te tenir la grappe, le Gédéon. Juste pour te laisser de quoi méditer sur ce qui va suiter, voici une profonde pensée de Galabru : « je ne suis pas trop gros. Je suis juste trop petit par rapport à mon poids. » Tu le vois venir, hein, le Biyanvrac ?