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19 avril 2008

 

Il y a quelques jours de cela, notre Gédéon fit la brillante démonstration de ce qu’il fallait absolument que l’aviation dite « classique », se calcât sur l’ULM pour assurer son avenir. Bon, c’est donc désormais chose entendue. En poursuivant la réflexion et l’observation, il s’aperçoit qu’en fait le processus est déjà en cours, chez les Etats-Unis. En effet, le LSA, qui signifie dans leur dialecte « Light Sport Aircraft », et que l’on traduirait dans la noble langue par « Avion léger de sport », se lance dans la brèche ouverte par l’ULM. Soit dit en passant, si les yankees, en faisant joujou avec leur avion, ont l’impression de faire du sport, il comprend mieux, le Gédéon, pourquoi ils sont tous obèses, mais passons, donc.

Et pourquoi qu’il imite l’ULM, le LSA ? Parce qu’il continue de détruire tout ce qui avait été mis en place depuis 1942 et la Convention de Chicago, à savoir une certaine harmonisation mondiale des documents de navigabilité et des brevets. Un PPL européen peut aller voler aux Etats-Unis ou ailleurs moyennant un minimum de démarches, et inversement, et tout le monde est bien content, merci.

 

Mais voici, à la fin des années 70, le petit trublion ULM qui, à l’insu de son plein gré, vient mettre le souk là-dedans, en s’inventant une réglementation par pays, que ça n’a pas fini d’être le bordel. Ainsi, voyager hors frontières en ULM n’est possible que sous le régime de l’exception, encore de nos jours.

 

Oui, mais c’est pas ça qu’il disait, Gédéon ! Lui dit qu’il faut imiter l’ULM en déréglementant, pas en singeant ses travers ! Et donc, concernant le LSA, côté déréglementation, on repassera…

 

Pour en savoir un peu plus sur ce LSA, et voir un peu si sa pensée est suivie, Biyanvrac a repris contact avec son cousin des Amériques, Donald Jumbleslip, qui est aussi pilote de truc à câbles. Et il lui a raconté, le cousin. Eh ben figure-toi, le Gédéon, il est scié ! L’ULM, chez l’oncle Sam, a 30 ans d’avance sur nous ! Le « Love 150 » du Gédéon, là-bas, c’est « Love 115 » ! Carrément ! Wé, 115 kilos. Monoplace. Moins de 19 litres de carburant. Point final. Pas de brevet, pas d’immatriculation, vols autour de son bois, mais que peux-tu faire d’autre avec ça ? Crac, la déréglementation totale, que même les anglais s’y sont mis il y a trois ans !

 

Bon. Et donc, toujours selon le cousin Jumbleslip, les ricains, ils ont voulu emmener leur bonne femme, comme tout le monde. Ils se sont donc réunis, et le chef s’est adressé à ses disciples, en disant : « s’initier seul est trop risqué, il faut absolument que nous puissions apprendre en biplace, avec un qui sait. » C’était pas con, note bien. La FAA, qui est la DGAC de là-bas, a donc permis le biplace en 1994 (exemption 6080), a dit comment devenir instructeur, et ce aux seules fins d’améliorer la sécurité. L’avion biplace, lui, devait peser moins de 225 kilos à vide, et comporter la mention « for instructional use only », ce qui signifie, si t’as pas compris, que t’as qu’à apprendre les langues.

 

Tout le monde est donc devenu instructeur, a acheté le biplace avec l’autocollant « for instructional tout ça », et a trimbalé mémère. Mais ça, maintenant, y’a plus !

Eh non, parce que depuis, et après une grosse décennie de discussions, on te leur a mis le LSA ! « Ventre affamé n’a pas d’oreilles, mais il a un sacré nez », disait Allais, qui s’est encore trompé ! Voici ce que c’est, ce LSA : l’avion est biplace, pèse 599 kilos max, vole à 222 km/h et pas plus, décroche à 83 km/h en lisse, est monomoteur, n’a pas de train rentrant ni de pas variable, est immatriculé en « N » comme les avions de là-bas, est certifié, plus une poignée de conneries. Le pilote de ça doit avoir un brevet et une visite médicale spécifiques, et tout. On peut lui raconter ce que tu veux, au Gédéon, il ne voit pas bien où est l’ULM, là-dedans. Ce qui définit l’ULM selon Biyanvrac, c’est l’absence de certification, point. C’est que c’est au pilote de décider s’il lui et son avion sont en état de le faire, et non pas une quelconque entité tierce enfermée dans un bureau ; or, ici, et comme on le voit, l’avion et le pilote sont certifiés, et même si c’est un peu moins que les plus gros, c’est toujours beaucoup plus que le zéro. C’est, au mieux, une sorte d’avion sans matières grasses, donc un nivellement par le haut. L’exact opposé des théories gédéoniennes !

 

Le cousin Jumbleslip s’en fout, lui continue de voler tout seul autour de son champ de coton, mais celui qui veut faire comme lui, désormais, devra d’abord aller faire de l’avion LSA en se tapant toutes les emmerdes qui vont avec, avant de poser son cul dans le merdier en tubes et toile de 115 kilos. Ou alors, il peut toujours décoller seul, en mode méthode globale, et prendre le risque de se faire très mal. Le biplace ULM, qui avait enfin une chance d'exister vraiment, c’est mort, fini. Circulez , ça n'a rien à voir ! Les machines existent toujours, mais sont devenues des avions !

Et alors bon, l’Europe, qui est selon Gédéon la chambre d’enregistrement des directives états-uniennes, va aussi faire son LSA. ELA, que ça va s’appeler, (European Light Aircraft), que la dernière causerie bruxelloise sur le sujet date d’à peine un mois. Le Gédéon en causera une autre fois. Tu peux rallumer ta télé. Et merci.

 

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