4 juin 2008
Le 18 mai dernier, un ULM s’est crashé dans une rivière. Certains journaux y sont allés de leur habituel couplet sur un « accident d’ULM », que ça le Gédéon t’a déjà dit ce qu’il en pense. En l’occurrence, l’accident, il ne voit pas où il est. Ce n’est pas un accident ! Mais pourtant, c’est un drame. Voici les faits, tels que le Gédéon peut les rapporter d’après les très nombreux recoupements qu’il a pu faire, et sous toutes réserves bien entendu.
Le samedi, un pilote pendulaire suisse rencontre sur un salon un jeune homme dont le métier est la vidéo. Ils causent d’ULM et de prises de vues aériennes, et rendez-vous est pris pour un vol dès le lendemain. Voici nos deux helvètes parés pour un vol en France, vu que la Suisse interdit l’ULM pendulaire pour des raisons écologiques, mais doit estimer qu’à l’instar de Sarkozy à l’époque du nuage de Tchernobyl la pollution ne traverse pas les frontières. Ben oui, quand l’Etat français affirmait que cette merde n’était pas venue chez nous, c’est l’actuel président qui était en charge, au ministère de l’Intérieur, de ce genre de choses, mais on s’égare.
Les voici donc en vol, le passager à filmer. Le pilote descend un peu beaucoup bas sur une rivière, percute une ligne, finit dans l’eau, et s’en sort. Il plonge à deux reprises pour tenter de libérer son jeune passager, mais ne trouve qu’un siège vide. Et depuis, rien d’autre que ce siège vide. Une famille pleure un gamin de 25 ans qui a depuis disparu, et le Gédéon a attendu avant d’évoquer cette histoire, qu’une bonne nouvelle vienne y mettre un terme. La bonne nouvelle ne viendra plus, au bout de ces deux longues semaines…
Il n’y a plus d’espoir.
Et alors là, Biyanvrac, il a une envie folle de hurler, même s’il sait que tout le monde fait des conneries, et lui le premier. Dès le lendemain de l’accident, le pilote intervient sur des forums pour expliquer que c’est la faute des secours qui ne sont pas arrivés assez vite. Dans les interviews qu’il donne à la presse, il déclare à plusieurs reprises qu’il « ne comprend pas ce qui est arrivé ». Le dirigeant d’une base sur laquelle il avait ses habitudes explique qu’il l’a viré parce qu’il faisait trop de conneries. Et le gars se dit « expert » (sic), sous le prétexte qu’il vole depuis dix ans (c'est-à-dire pas grand chose en vérité), et qu’il a rallié le Mali en 2006.
On a un type qui vole à 3 mètres / sol sur une rivière, qui se bouffe une ligne et s’estime en droit de « ne pas comprendre » ? Le Gédéon, bien souvent, il éprouve de la compassion pour ceux qui se vautrent, parce qu’il y a souvent une part de « pas de chance », qu’on en recausera, car ce n’est pas aussi simple. Mais là, ce qu’il se demande, le Gédéon, c’est comment on pourrait faire en sorte que ça ne se reproduise plus, ce genre d’horreur.
Ben il va te dire, il ne voit pas. On n’y peut rien, hélas, parce que si on avait découvert un moyen de lutter contre la connerie, il y a bien longtemps que la terre tournerait rond, tiens. Mais le risque de sanctions collectives pèse toujours, pourtant. Le Gédéon veut juste démontrer ici que ces éventuelles sanctions ou mesures n’y changeront rien, regarde.
- On propose de nous imposer le parachute en biplace. Le Gédéon en recausera, car il estime qu’on ne peut raisonnablement être contre. Pourtant, dans le cas présent, il n’aurait servi à rien.
- On propose de durcir les conditions d’attribution de la qualification « emport de passager » : pas la solution non plus, car rien ne permet d’estimer que le comportement ultérieur du pilote pût être lié à la difficulté relative d’un examen.
- On voudrait certifier nos machines, comme le font précisément les suisses pour certains ULM trois-axes : en quoi une quelconque certification empêcherait à un aéronef d’être piloté à trois mètres d’une rivière ?
- On nous imposerait une visite médicale ? En quoi résoudrait-elle le problème présent, même s’il s’agissait d’une expertise psychiatrique ?
Alors bon, le piéton arrivé ici par les miracles des moteurs de recherche va lui dire, comme ça, au Gédéon, qu’on n’a qu’à imposer aux pilotes ULM de consulter la météo avant de voler (puisqu’il paraît qu’en plus ce n’était guère volable ce jour-là), qu’on pourrait leur interdire de voler aussi bas, ou alors dans des conditions extrêmement réglementées, qu’on pourrait leur demander d’informer le passager sur les risques qu’il prend, et surtout ne pas céder à ses demandes souvent farfelues, au passager…
Oui, ben c’est le cas, tout ce qui est cité ici est déjà dans les règlements…
Tu vois bien qu’on n’y peut rien. Ce genre de gag se reproduira, et il y a aura toujours, hélas, des pilotes ULM qui s’estiment des « experts » alors qu’ils n’ont visiblement strictement rien compris au film. Bien sûr, il reste la possibilité que les propos du pilote aient été mal rapportés, qu’un imposteur se fasse passer pour lui sur les forums, et que tous ceux qui l’ont croisé (et interdit sur leur base), aient eu des hallucinations.
Prendre un passager en ULM est une responsabilité incommensurable, et le Gédéon n’est pas prêt de te lâcher la grappe avec ça, car il sait bien que l’ULM va crever des conneries qui arrivent aux passagers innocents.
Gédéon en profite pour manifester sa profonde compassion à la famille et aux amis de Johann, le passager en question.
Et, merde !