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30 avril 2008

 

Histoire de détendre un peu l’atmosphère, le Gédéon commence ici une série qui suitera au gré de ses envies. Les clones, que c’est, le sujet. De tous temps, l’univers de la création, fut-elle picturale, musicale, ou architecturale, tout comme la recherche scientifique, a créé en son sein des « écoles », qui se cristallisent, selon les cas, autour d’opinions, de goûts, ou de techniques. Si. Il est donc tout naturel que la conception d’aéronefs, qui répond à la fois de la création et de la recherche, suive le même chemin. Ainsi, si depuis Blériot l’immense majorité des concepteurs d’avions légers a admis que le moteur est tractif et la queue à l’arrière, (mis à part quelques farfelus qui mettent tout à l’envers et ne sont pas anglais pour autant), divers courants se côtoient et se croisent, sur la valeur du dièdre, la configuration de l’empennage, la position des roues ou autres conneries, opinions que les concepteurs héritent de leurs formations et expériences respectives. Jusque-là, tout va bien. Baudrillard dit que « le système de l’école permet de fabriquer des êtres qui deviennent copie conforme les uns des autres ». Il enfonce un peu une porte ouverte, que dit le Gédéon, mais bon, il voulait la placer ici, celle-là, c’est fait, et merci. L’ambition de la série de billets qui débute ici est de passer en revue les « airs de famille » que l’on trouve dans la production mondiale d’ULM, qu’ils ait ou pas été officialisés par des accords. Pas, d’ailleurs, en général, et que le Gédéon, ça ne le regarde pas, pas plus que les ceux qui volent avec. Ils sauront juste, après avoir lu ce qui suit, et suivra pendant des mois, que leur avion n’est pas unique… et tu verras qu’en fait, même, il y en a très peu, des avions ou ULM « uniques ».

 

Juste, si, il va quand même donner un petit bout d’opinion, le Gédéon, qu’il peut pas s’en empêcher c’est plus fort que lui. Nul ne peut poser comme règle absolue que l’original est forcément mieux que la copie, car outre que cela signifierait, depuis que l’homme se reproduit, qu’il n’est pas loin de la dégénérescence absolue, il est un fait que, globalement, les aéronefs clonés ne sont a priori ni mieux ni moins bien conçus que ceux qu’ils prennent en modèle. Tout comme pour une production originale, seuls importent les compétences du concepteur, le sérieux de la fabrication, et la fiabilité du circuit commercial. Dans ce cadre, on peut trouver des copies bien plus intéressantes que le modèle original, et ce pour la simple raison que, comme dans le cas des avions Pottier par exemple, les copiteurs produisent en série ce que le concepteur ne diffuse que sur plans. Il paraît qu’il existe aussi des copies qui sont de sombres daubes, mais le Gédéon ne te dira pas lesquelles, que c’est bien fait pour toi si tu t’es fais avoir.

 

Alors, bon, « jingle ! » le champion du monde toutes catégories de la copie est sans doute possible Zénair, non pas comme copieur, déconne pas, mais comme copié…

 

Christophe Heintz, le père des avions et ULM Zénith (anagramme de Heintz), plus communément appelés Zénair, est un citoyen français (qui vient tout juste de prendre une retraite méritée), qui a étudié en Suisse, puis a commencé sa carrière à l’Aérospatiale, sur le projet Concorde. Plus tard, il se retrouve chez Robin, qui lui confie le développement d’avions métalliques, que jusque-là cette maison ne produisait que des avions en bois d’arbre aux bouts d’ailes relevées dans la lignée de Jodel, les DR (Délémontez-Robin). Ce fut la naissance de la gamme des avions HR 200 (Heintz-Robin), puis Alpha HR 2000 et dérivés, que l’on trouve encore dans de nombreux aéroclubs.

 

Quelques années plus tard, Chris Heintz s’exile au Canada, et lance, à son compte, la production d’un biplace à ailes basses, dans la norme ULM FAI, le CH 600, qui deviendra plus tard le Zodiac CH 601 que l’on ne présente plus. Nous sommes en 1984. Un simple coup d’œil aux HR et au 601 permet de constater leur parenté, qui est ici tout à fait légitime, et se passera donc de test ADN, puisque c’est le même papa et qu’il était consentant !

 

Par contre, si le Gédéon te dit que les avions de Heintz ont quelques frères illégitimes, et que se faisant il t’apprend quelque chose, il te fait dire qu’il faudrait que tu sortes un peu.

Si le Zodiac n’a connu que peu de « clones » aboutis, on notera tout de même que sur sa base ont été menés un certain nombre de recherches, dont le plus connu aujourd’hui est le Kappa Tchèque, renommé Rapid. Si ce dernier n’a plus tellement de points communs avec le Zodiac, son premier prototype partait d’un kit de 601 ! Par ailleurs, on a toujours plus ou moins vu, notamment ces temps-ci, et après que Heintz ait décidé de remettre les plans en vente, des entreprises qui proposent, avec des « améliorations » plus ou moins heureuses, leur propre version du Zodiac 601, y compris dans sa dernière version XL.

Sans même changer le nom, que le Gédéon trouve que c’est quand même pas mal gonflé, mais le Matthieu Heintz, le fiston qui a repris les rênes de la boutique, semble décidé à s’en occuper, et que ça va chier des bulles !

 

Pour compléter sa gamme, Chris Heintz dessine en 1986 le CH 701, bien connu pour ses excellentes capacités STOL et sa bouille de 4X4 des airs. Si Biyanvrac te dit qu’il fut l’aéronef le plus cloné de l’histoire de l’aviation, tu pourras considérer que pour une fois il n’a pas dit une connerie. Inutile de mentionner les diverses variantes et évolutions, car si Chris Heintz a toujours refusé de porter ces affaires devant les tribunaux compétents, il n’en reconnaît aucune, et ce malgré que certains des constructeurs qui produisent ces appareils affirment, de leur côté, travailler avec son accord. Si tu ne le crois pas, le Gédéon, va voir sur le site de Zénithair point comme, que il explique tout bien.

 

Et tout état de fait, la bonne cinquantaine de clones connus à ce jour du CH 701 n’auraient jamais vu le jour si Heintz n’avait dessiné le 701 en 1986.

 

Mais, il se dit aussi qu’en 1982 qu’un certain Massimo Tedesco, concepteur du MXP 740 (Savannah), fut approché par Heintz pour dessiner un appareil à ailes hautes… que ça expliquerait pourquoi que ce 701 n’ait pas la même allure que les autres conceptions du franco-canadien…  

 

La suite abordera des cas moins criants que celui-ci, mais le Gédéon voulait que tu comprennes bien l’idée de cette nouvelle rubrique. Dans quelques jours on causera du pendulaire, tiens...

 

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