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La Corse via l'Italie

Article paru dans ULMiste n°1, mai 2010

 

La Corse via l’Italie

 

Quelques petits tuyaux, ami, pour t’aider à atteindre l’Ile de Beauté si tu n’as pas l’envie de faire la grande traversée maritime depuis la Côte d’Azur, mille autres manières pouvant être imaginées pour réaliser plus intelligemment ou plus exemplairement la chose. Les petites difficultés ne sont finalement pas apparues dans le registre redouté qu’est la traversée maritime.

 

Gaétan de Truchis

 

J’avais préparé ce voyage pour trois pilotes dont moi.

Les appareils : le Tanarg 912 de Gérald qui avait eu le désir de cette destination et m’a sollicité, le giro Magni M24 côte côte fermé d’Alain qui, tenté, tenta et mon Baloo, un Savannah VG 912 80cv.

 

D’expériences italiennes antérieures, je retenais l’ambiguïté entre l’exigence de  la réglementation locale (500 ft de hauteur en semaine, 1000 ft le week-end) et le vol en cône de sécurité.

Le flou de la chose, que j’admets encore aujourd’hui n’avoir pas complètement levé, m’a lancé dans une première démarche de préparation : les copains et le site FFPlUM. Ce dernier étant précieux par les collectes de Thierry Barbier sur les réglementations des pays. On m’expliqua que la grande traversée était plus simple, mais la demande formulée par Gérald était de ne pas serrer trop longtemps les fesses au-dessus de l’eau. Je remercie ceux qui m’ont aidé et qui se reconnaitront, vive la liste ULM sur l’internet !

 

Destination plein sud : Propriano car je suis lié d’amitié avec Vincent Loevenbruck, instructeur pendulaire “intégré corse” sur ce paradisiaque terrain. Vincent m’a immédiatement envoyé prendre conseils auprès de l’excellent Alain Quilici, personnage de grande qualité. Ces copains que je remercie sont incontournables: forcément, ce sont des ULMistes volant en Corse.

 

Trajet prévu

 

Départ Saint André de l’Eure, arrivée Propriano. C’est bien dans cet ordre-là que ça se passe, du moins pour moi. Encore faut-il trouver des cartes à jour pour l’Italie. J’ai commandé les Jeppesen à l’échelle de nos bonnes OACI 1/500.000, mais à mon avis peu exploitables car en Italie il est vivement recommandé aux ULM d’éviter les pistes avion à radio obligatoire.

Ayant la chance d’être un “Navi’gator”, merci cher Pierre, et grand utilisateur, à l’époque, de NAV2000. Merci cher Xavier, j’ai pu examiner l’environnement de mon trait pour choisir où espérer nous poser. Incontournable : Avioportolano.it site de référence de l’aviation de loisirs en Italie. A partir de sa carte Google interactive, tu trouveras tous les aviosuperfici et campi di volo avec leurs consignes. Tu pourras y acheter une bonne carte également au 1/500.000 faisant apparaître lesdits terrains : la « Carta Aeronautica da Diporto e VFR ».

Traits tracés, terrains trouvés (objectif tente sous l’aile) et appelés au téléphone, méthode de remplissage des plans de vol révisée, ajustement administratif préalable, acheter les gilets et fusées pour la traversée maritime, demander les autorisations aux districts des deux aérodromes à usage restreint retenus, Albertville et Ghisonaccia. Il est important de noter que le contrôle de Ghisonnaccia est géré par les militaires de Solenzara, importante base voisine et qu’il convient d’étudier les consignes de transit.

 

Ce qui fut fait :

 

• 28 juin 09, étape à Autun (accueil ++), nuit à Albertville.

 

• 29 juin, passage par le Col du Mont-Cenis, étape à Costigliole d’Asti (accueil++), tentative de passage des Apennins, 1er demi-tour du au plafond, posé improvisé à Francavilla et décision prise de finalement contourner Piacenza par le nord, nuit à La Speziana.

 

• 30 juin, étape à Parma Felino (accueil ++ mais essence un peu loin), traversée des Appenins au plus haut 5800 ft après être passés à la frontière des TMA  de Piacenza et Parme, sous une couche et un peu de pluie. Arrivée sur le terrain Punta Ala qui sera notre point de départ (et d’arrivée) pour la traversée maritime (accueil +++ à l’aller par un ancien pilote de ligne qui nous laisse les clefs, accueil plus austère au retour par le gestionnaire de la piste compensé par la gentillesse du restaurant sur la base qui nous laisse accéder aux sanitaires). Plan de vol le soir pour le lendemain matin par téléphone avec Ajaccio qui voulait d’abord me le faire établir avec l’Italie mais vu que la radio est interdite aux ULM en Italie, il fut admis que la chose pourrait devenir compliquée.

 

• 1er juillet, traversée sans histoire et passage obligatoire par le point “moule” ensuite le contrôle de Bastia nous demande de contacter le contrôleur militaire de Solenzara qui nous accompagne chaleureusement jusqu’au posé à Ghisonnaccia et me demande de le rappeler au téléphone pour s’assurer que j’étais content de ses services :-) Cette bienvenue corse sur un terrain désert a été suivie d’une sieste exemplaire, histoire de s’intégrer. Corte étant couvert nous avons redécollé pour Propriano, loué un bateau et fait la fête avec l’enthousiaste Vincent Loevenbruck and co dont ses enfants et Marc, pilote local à la 2cv d’antologie.

• Départ le 4 juillet après midi sur le trait de la côte est en cotoyant des méchants orages, je sollicite le contrôleur de Bastia pour qu’il demande à un avion nous précédant des infos meteo côté rivage italien, service à noter dans la liste des tuyaux “facteurs humains”, car j’ai bien aimé ce baume sur mon stress du moment..

 

• 5 et 6 juillet, 2 jours bloqués de villégiature balnéaire à San Vincenzo, appareils basés à Il Gabbiano, les Apennins accrochaient les nuages.

 

• Le 7, tentative inutile de passage, demi tour, “dé-stress” improvisé sur le terrain de Massa Cinquale où la police est appelée, l’accès n’étant plus autorisé. Elle s’est contentée de contrôler nos passeports, l’espace Schengen étant fermé pour cause de G7. Puis bivouac sur l’accueillant et proche terrain Condor, nid d’autogyres où Alain décide de laisser le sien pour prendre un avion de ligne et retourner bosser.

 

• 8 juillet, c’est le chaleureux Silvio Vio, notre Roberto Benigni de Chatellerault, appelé au téléphone, qui nous sort de la glue en me suggérant de traverser à moindre altitude plus au sud en suivant les autoroutes vers le terrain de Ozzano près de Bologne, ce qui fut fait à basse hauteur compte tenu de la TMA de Florence. Ce terrain remarquable est à noter, accueillant à tous points de vue, je n’ai jamais vu un aérodrome privé aussi grand, équipé, bien tenu et luxueux. Ayant téléphoné bien entendu, nous étions attendus pour mettre les appareils à l’abri et Gérald et moi avons bu le champagne avec l’accueillant propriétaire.

 

• Le 9, étape à Costigliole d’Asti, décidément à garder dans les tablettes, puis un Col du Mont Cenis et une vallée de La Maurienne peu avenants, tente replantée à Albertville et douche chez les hélicos sympas. Le 10 de retour à Saint André de l’Eure.

 

Le difficile du périple a été finalement la traversée des Apennins et l’inconfort de certains vols bas en Italie. La merveille du voyage est en revanche indescriptible et, ami, je te laisse la vivre sans la polluer par d’autres souvenirs que les tiens.

 

Toi aussi tu peux le faire !

 

Chiffres : 3620 km en 32 h 14 mn à 112 km/h de moyenne.

 

Qui : tout pilote qualifié et équipé radio, autonome en navigation et capable de très bien gérer une panne moteur. 

 

Quand : toute l’année, en fonction de la météo.

 

Cartes Italie :

Jeppesen LI-1 et LI-2 et Avioportolano

 

Liens Internet :

 

www.corseulm.fr : le site de Alain Quilici (Ghisonaccia)

 

www.france-accastillage.com  (rubrique sécurité) : fusées et gilets

 

www.boglietto.com : la base ULM de Costigliole d’Asti (accueil ++)

 

www.speziana.it : la base ULM de La Speziana (pompe à essence, accueil+ et moustiques)

 

www.ulm-pioneer.com : le site de Silvio Vio, ici nommé le    “Roberto Benigni de Chatellerault”

 

www.avioportolano.it : les cartes avec bases ULM

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