top of page

Mondial paramoteur 2012

Article publié dans ULMiste n°11, août 2012

 

Mondial paramoteurs 2012

 

Du 22 au 24 juin derniers se déroulait à Basse-Ham en Moselle, la septième édition de la biennale paramoteur que Jean-Claude Ludwig et son équipe organisent depuis plus de dix ans sur ce même site. Malgré des prévisions météo désastreuses et une impression d’absence de public, cette édition fut un succès, les chiffres ne mentent pas.

 

Pierre-Jean le Camus

 

Malgré les apparences, disions-nous, car on observe à Basse-Ham trois types de publics : les exposants, venus vendre leur came. Les visiteurs, venus voir le spectacle et faire le tour des stands. Les pilotes, venus voler la journée et faire la fête le soir. Or on observe que ces trois publics-là sont assez imperméables les uns aux autres et c’est pourquoi un certain sentiment de vide peut s’installer.

 

Vu des stands : ce fut notre cas cette année, puisque, pour la première fois depuis sa création, ULMiste tenait comptoir au milieu de la soixantaine d’exposants, logés dans de vastes tentes de 5 m par 5, ce qui est fort généreusement dimensionné et pour un prix tout à fait modique par rapport à d’autres salons plus ou moins exclusivement ULM. Sur les trois jours de la manifestation, tous les exposants se sont accordés à dire que les visiteurs semblaient en nombre inférieur aux éditions précédentes. Pourtant, les chiffres de l’organisation disent le contraire, pendant que les exposants, tous facilement disponibles sur leurs stands, s’accordent à dire que l’impression générale est qu’il y avait moins de monde cette année.

 

Vu du parking : et ça se confirme côté parking, les emplacements pour garer son auto ou installer son petit campement étaient au moins autant garnis que les années précédentes, selon les bénévoles chargés de s’occuper de cela. Les statistiques fournies par l’organisation après la manifestation montrent en effet une fréquentation assez semblable à celle de la dernière édition, en 2010.

 

Côté pilotes : c’est cette faune-là, qui, finalement, « fait » Basse-Ham. Certes et bien sûr, sans exposants, ce ne serait pas pareil. Sans visiteurs piétons, ça aurait un autre goût. Mais sans les plus de 600 pilotes inscrits cette année, de plus de 30 pays à travers le monde, une manifestation telle que celle-ci n’aurait aucun sens. S’il n’y avait pas, de l’aube jusque (fort tard) après le coucher du soleil, des dizaines de machines en l’air, vrombissant ici et là, chacun faisant la roue à tour de rôle devant un public collé aux barrières, le mondial paramoteur n’aurait de mondial et de paramoteur que les noms… les pays nordiques, Britanniques et même l’Allemagne, ont montré que des salons exclusivement statiques en espace climatisé peuvent fonctionner, y compris en vol libre. On s’abstient ainsi des contraintes météo qui sont chez eux une constante et le public sait à quoi s’attendre, qui du coup vient en nombre. Mais, quand on est en plein air, il est impératif que les pilotes puissent voler. Quitte à avoir les deux pieds dans la boue ou la poussière (rayer la mention inutile en fonction de ce qu’à raconté M’ame Dhéliat), on doit pouvoir, à tout moment ou presque, sortir son matériel pour aller s’aérer la tête et/ou montrer ce qu’on sait faire… ou pas, chacun selon son degré d’humilité et son amour-propre. En tout état de fait, s’il est avéré que le paramoteur est l’aéronef motorisé qui tue le moins ses pratiquants, il est tout aussi vérifiable sur une manif telle que celle-ci que le ridicule ne tue pas non plus ! Aller balancer de pauvres huit paresseux tournés au moteur en mode bourrin, le bout d’aile extérieure en limite de fermeture permanente, pendant que les trois meilleurs pilotes mondiaux offrent un programme chorégraphique travaillé et inimitable, c’est possible ! Pierre-Paul Menegoz, commentateur de la Coupe Icare depuis des lustres, qui prend désormais du service dans le moteur, a eu la gentillesse de le dénoncer remercier, ce qui ne l’aura pas empêché de recommencer, ce qui confirme notre petite théorie…

Ici, tout est prévu pour que tout le monde vole ! L’organisation offre des suggestions de vols touristiques à effectuer dans la région : Vallée de la Moselle, Ligne Maginot, châteaux de Malbrouck et de Rodemack, etc. Quand on arrive à l’enregistrement, c’est la première question qui fuse « tu vas voler ? », avant de nous demander si on est thé ou café, slip ou caleçon ou à quelle heure on veut manger quoi. Manger, d’ailleurs, ça tombe bien, nous ne savions pas où le placer : ici, c’est chaud, copieux, équilibré et pas cher. La merguez tiède – frites molles existe, mais en option. Par contre, côté picrate, valait mieux emporter le sien, tant pour le gosier que pour le porte-monnaie…

Une fois leurs vols terminés, les pilotes se retrouvent entre eux le soir, dans des campements qui semblent improvisés mais sont en réalité préparés depuis des mois, par forums interposés : on a le coin des Gaulois, des Belges, etc. On y boit, mange, danse, rote puis ronfle (pas longtemps), en attendant que le petit matin permett3e de remettre le carbu en route.

 

Et donc, disions-nous, ces mondes-là vivent en parallèle mais ne se rejoignent guère. L’exposant expose puis s’enfuit vers son hôtel. Le public prend des photos et filme en espérant une vautre puis se rentre chez sa maison. Les volants passent du dodo au déco et de l’atterro à l’apéro. Bien sûr, tout ceci est un peu plus nuancé, mais en gros, c’est ça. Nous avions ainsi des rendez-vous plus ou moins informels « on se voit à Basse-Ham ! » qui ont avorté, les pilotes en question n’ayant pas même pris la peine de faire le tour des stands ! Ils étaient bien là, mais leur seule motivation est de voler, voire les amis, faire la fête, voler… il est vrai qu’il y avait assez peu de nouveautés cette année chez les fabricants et que, par ailleurs, le paramoteur est une activité dans laquelle, à l’instar de bien d’autres, on prend peu ses décision d’achat seul, mais plutôt en fonction des choix qu’aura faits le petit groupe local auquel on appartient. Les clubs et sites de vols se reconnaissent aussi au matériel utilisé…

 

Instantanés au hasard des stands et du site

 

Ça se calme un peu côté électrique, comme ULMiste l’avait annoncé depuis ses débuts… partout (chez nous compris), on attend que l’autonomie existe. A l’observation du PAP ci-dessus et de son lilliputien moteur, on rêve de ce jour ! En attendant, on se contente d’une heure d’autonomie pour 30 kilos d’énergie. Selon Anne Lavrand de la société Electravia, spécialiste de la chose, des progrès tangibles sont à attendre d’ici quinze ans et pas avant, si la courbe actuelle se poursuit. Il est donc urgent d’attendre. Ainsi le Fly Cocoon du Suisse André Lecoultre, développé pour une utilisation électrique, est désormais propulsé par un moteur thermique, ce qui explique pourquoi cette machine restait aussi longtemps en l’air !

 

Chez Adventure, seul constructeur à proposer à la fois des moteurs et des ailes, on présentait les nouvelles ailes : Smart, Platinium2, Flexway2 et Bi-Shuttle pour le biplace.

 

Antithèse de la théorie de notre éditorial, la production germanique de Parazoom. Un chariot paramoteur instrumenté comme un avion de chasse (avec option décapsuleur), et un pédalier qui montre la différence notable d’avec un Flyke de Fresh Breeze qu’il peut être actionné pendant le décollage. L’ensemble est propulsé par un quatre-temps Briggs & Stratton.

 

La déco du stand Ozone ayant été emmenée en vol par le patron Matthieu de Quillacq à bord de son Kompress (encore en CNSK), elle se résumait à des ballons gonflables. Simple, efficace.

 

La production Nirvana, qui n’est plus de la copie de Adventure, cherche toujours un distributeur en France. Cette année leur spectacle s’est résumé à des formations au fumigène, quand les deux dernières éditions nous avaient gratifiés de vols de nuit avec jeux de lumières embarquées du plus bel effet.

 

Chez Matéos, désormais tout le monde est au turbin ! Papa à l’atelier, Coralie et Alexandre aux formations et à la mise au point, quand ils ne sont pas en train de donner une correction à leurs challengers en compétition, bien sûr ! Ici, on ne jure que par les moteurs Polini.

 

Didier Eymin, dont les jeunes ignorent qui il est. Pionnier du paramoteur mais aussi de la classe ULM ballon, il était en charge de l’ULM sur les tournages de Nicolas Hulot, avec qui il travaille encore de temps en temps. Ancien international de lutte, Didier a également signé la première traversée continent – Corse en paramoteur. Enfin, il est connu pour ne jamais porter de casque en paramoteur alors que, bizarrement, il ne s’en passe pas en libre. Voici quelques mois, il a connu un grave accident au Vietnam. Pour des raisons de réglementation locale, il portait un casque, qui l’a sauvé de séquelles bien plus graves, au minimum. Il nous a assuré qu’il ne volera plus sans casque et l’assume ! Il reste à la tête de Air et Aventure à l’atterrissage de St Hil’ et déménage dans des locaux quatre fois plus grands, signe que tout va bien. Il y vend notamment toute une gamme de casques et peut désormais en causer en connaissance de cause !

 

Avec près de 1000 exemplaires vendus, le Caméléon est désormais la poignée de gaz la plus répandue. Adventure est le premier constructeur d’envergure à la proposer en option. Gérard Lesieux se consacre désormais à cette seule poignée, après avoir consacré plusieurs années et de gros moyens à tenter de redonner un souffle à l’ULM simple et basique, pendulaire, paramoteur et trois-axes. Un des rares exposants à n’être que très peu disponible tant il était sollicité.

 

La Scorpio de Powerplay est la première aile reflex de cette filiale paramoteur de Swing.

 

Côté jeunes : Alex Matéos, qui a déjà largement fait ses preuves, en grande complicité avec le fils de Pierre Aubert, patron de PAP, qui est un challenger sérieux pour les années à venir. Pour le petit Damien Rouault, dont le papa dirige RSUltra, il y a encore un peu de chemin à faire, mais il semble sur la bonne voie !

 

Le Luftmofa avait disparu du paysage depuis plusieurs années, le voici qui revient, toujours propulsé par un Briggs & Stratton.

 

Les châssis MPY, dont plusieurs dizaines ont été vendus depuis deux ans, ont la particularité de pouvoir être achetés en kit, n’importe quel moteur pouvant s’y adapter « en quelques minutes », grâce à la géniale et simplissime plaque support multi-trous ! Selon Olivier Marty, le patron, des clients l’utilisent en biplace ou en solo, changeant le moteur à la demande !

 

ITV, longtemps en tête des ventes des ailes de paramoteur en France, commence à devoir compter avec de plus en plus de concurrents sérieux. Ce qui n’enlève rien au flegme ni à la sympathie de Heniu Dyduch.

 

Chez R’Ultralight, Bruno Vezzoli, représentant français des moteurs italiens Vittorazi, on montrait avec discrétion cette nouvelle hélice à pas réglable et forte corde dont on attend avec impatience plus de retour…

bottom of page