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Patricia Roumier

Article paru dans ULMiste n°14, mars 2013

 

Patricia Roumier,

Mère de famille, pilote et compétitrice

 

Patricia est arrivée dans l’ULM « sur le tard », en 2007, par le paramoteur. Elle a participé à sa première compétition avec quelques dizaines d’heures de vol au compteur, mais déjà un haut niveau technique. Rencontre.

 

ULMiste : comment es-tu venue à l’ULM ?

 

Patricia Roumier : en fait au départ je voulais faire du parapente, avec Bruno, mon mari. Mais le problème est que le vol libre n’est pas très développé autour de Dijon… on a donc très vite opté pour le paramoteur et passé le brevet. Mais là aussi, faute de véritable activité dans la région à l’époque, nous étions un peu isolés et avons donc bifurqué vers le pendulaire.

 

ULMiste : En quelle année ?

 

Patricia : j’ai eu mon brevet en juillet 2007.

 

ULMiste : et de quoi est venu l’attrait pour l’air ?

 

Patricia : on cherchait une activité à pratiquer près de chez nous. Après avoir essayé le parachutisme (une vingtaine de sauts), puis la plongée, nous sommes revenus sur l’aérien. La mer est un peu loin de Dijon…

 

ULMiste : et vous avez accroché tout de suite au pendulaire ?

 

Patricia : oui. Contrairement au paramoteur où il faut porter le moteur et courir, en pendulaire, il suffit de s’asseoir dans le truc et de mettre gaz. Nous avons passé notre brevet à Til-Chatel, puis rapidement fait la connaissance de Patrick Lelaize (La Mouette), qui nous proposé du perfectionnement, donné plein de petits tuyaux. En 2008, la commission « voler au féminin » de Monique Bouvier organisait un stage d’initiation à la compétition auquel il me fut proposé de me joindre. Je n’avais que quelques mois de brevet. Mon but n’était pas d’aller faire de la compétition, mais je me suis dit que ce serait un bon moyen de progresser. J’étais notamment très craintive en conditions turbulentes et voulais dépasser cette peur. Lorsque je suis arrivée au stage, à Feurs, c’était la première fois que je décollais d’un terrain inconnu, que je menais une navigation en terrain nouveau, sans GPS et sans personne derrière moi pour me donner des astuces… ça bougeait pas mal. Je pensais très fort aux copains qui me disaient « t’inquiète, ça vole tout seul, ça vole tous seul, lâche, laisse voler ». Et, effectivement quand on se retrouve là-haut toute seul avec plein de trucs à gérer (navigation, photos à trouver, régularité, etc.), au bout d’un moment on ne pense plus au pilotage et effet ça vole tout seul, même si ça bouge ! Et, petit à petit, on s’y fait ! Je pense que je serais encore à voler dans mon petit coin, en tours de piste, si je n’avais pas franchi le cap de me forcer à aller voler dans d’autres conditions. Ce stage a vraiment provoqué un déclic. C’est une chose que d’entendre les pilotes plus expérimentés dire « ça vole tout seul », c’en est une autre que de se jeter dans le bain. En l’occurrence, ce cap a été franchi grâce au fait qu’il y avait, lors de ce stage, d’autres choses à gérer.

 

ULMiste : donc la compétition, ou du moins dans un premier temps l’initiation à la compétition, t’as permis de vaincre tes craintes.

 

Patricia : ah ben largement ! Mais au-delà, j’ai appris plein de choses, à me débrouiller toute seule. Je me revois encore avec la règle de navigation fournie avec la pochette VFR… je l’ai sortie « mais comment ça marche, ce truc, au fait ? » Puis, je me suis rendue compte que cet outil ne sert strictement à rien : dès l’instant que l’on suit la carte, peu importe le cap, seul ce que l’on voit sur la carte et sous nos pieds compte.

 

ULMiste : mais dans ta formation, tu n’avais pas navigué ?

 

Patricia : si, une petite dune centaine de kilomètres, mais en terrain connu. Je pense que même sans carte j’aurais été capable d’y aller, il suffisait de suivre l’autoroute… tandis que sur ce stage, j’étais au départ perdue, mon seul objectif était de retrouver le terrain au retour, puis petit à petit j’ai trouvé mes marques et me suis détendue. D’ailleurs, sur cette épreuve, on voit très bien ma trace GPS : au début elle zigzague dans tous les sens, puis au fur et à mesure que j’avance dans ma navigation, on voit la trace qui se rapproche du trait. Au cours même de l’épreuve j’ai progressé ! Ce stage était encadré par Samir Elari, Laurent Rapiteau et Georges Monier. Samir organisait les épreuves et Laurent et Georges donnaient leurs tuyaux. Ainsi, je préparais ma première nav, avec ma règle et tout. Laurent est passé derrière moi, a rigolé, pris ma règle et l’a jetée par-dessus son épaule « t’as pas besoin d’un cap ! » J’ai tout de même fini par noter mes caps, mais, au retour de la navigation, j’avais compris et dis à Laurent qu’en effet, le cap ne sert à rien.

 

ULMiste : est-ce que le fait d’apprendre en couple est un avantage, un inconvénient, y a-t-il des difficultés particulières ?

 

Patricia : avec Bruno on a toujours tout fait ensemble, c’est d’ailleurs peut-être pourquoi nous sommes toujours ensemble au bout de vingt ans. En l’occurrence, nous avons pu échanger sur nos progressions respectives, débriefer ensemble nos leçons, nous donner des tuyaux en fonction de nos progressions. Et du coup, ça motive, y compris pour le théorique.

 

ULMiste : toi qui es pédagogue, que penses-tu de la formation ULM ?

 

Patricia : il y a une énorme différence entre ce qui est prévu en « théorie » et ce qui se pratique en vérité. Plus on rencontre de pilotes, plus on s’aperçoit qu’il y a des lacunes dans certaines formations. Par exemple, on s’aperçoit qu’il y a des pilotes qui n’ont jamais coupé leur moteur en formation ULM. C’est aberrant dans la mesure où un moteur d’ULM peut tomber en panne et le fera tôt au tard. Il ne s’agit donc pas de couper le moteur une seule fois dans la formation mais régulièrement, par exemple à chaque retour au terrain comme font certains instructeurs. D’autant que c’est une chose que de la faire avec son instructeur et encore une autre de s’y entraîner seul. Plus on l’aura fait en école, moins on aura de crainte une fois seul. Même nous, pilotes compétiteurs, devons parfois nous y forcer. Il s’agit de formation continue. C’est une question de sécurité.

 

ULMiste : et l’emport passager ?

 

Patricia : à mon avis, il dépend plus de compétence réelle que du nombre d’heures. On peut faire vingt heures de tours de piste qui ne servent à rien du tout et le même nombre d’heures en travaillant les pannes, la navigation, la précision s’atterrissage, etc. Le nombre d’heures ne signifie rien en soi. Certains ont des centaines d’heures en volant d’un aéroport d’un kilomètre à un autre, tout droit, ce qui n’est pas très formateur. A l’inverse, on peut avoir nettement moins d’heures et des compétences certaines.

 

ULMiste : dans ton cas, tu as attaqué la compétition avec combien d’heures ?

 

Patricia : je suis partie à mes premiers championnats de France, j’avais 70 heures au compteur, mais dans toutes les configurations et en menant tous types d’exercices.

 

ULMiste : pour quel classement ?

 

Patricia : pas très significatif : en pendulaire monoplace, nous n’étions que deux au départ, Pascal Guyon et moi-même. Pour valider le podium, on a trouvé un gentil volontaire. Je suis arrivée deuxième mais ça ne voulait rien dire : derrière un pilote très expérimenté et devant un sans aucun entraînement à la compète. A la suite, Joël Amiable et José Ortéga m’ont proposé, voyant mon potentiel, de participer aux championnats d’Europe en Pologne. Pas la même musique : nous étions quatorze dans notre catégorie, j’étais la seule femme. Mon objectif était de ne pas être dernière. J’ai terminé onzième sur quatorze, mais en ayant fait de très grosses boulettes. Par exemple en précision d’atterrissage moteur coupé, j’ai fini 150 m après le « porte-avion » (cible, NDLR), alors qu’il y avait ce jour-là 30 km/h de vent dans l’axe… j’ai été un peu la risée de tous, avec un Hongrois, qui fit la même. Deux ans plus tard (2010), en Grande-Bretagne, de nombreux pilotes sont venus me féliciter pour mes progrès… aujourd’hui, je me sens parfaitement en sécurité. Si je dois me poser, en panne, sur un chemin de terre de 300 m, je sais que je suis capable de le faire. J’insiste : le posé précis moteur coupé est, selon moi, une compétence de pilotage indispensable. D’ailleurs un jour avec mon mari, on partait pour un vol photo, j’étais devant. Panne. Grosse engueulade à bord pour savoir comment gérer. Je mets fin au débat : « ferme ta gueule, c’est ma panne moteur, c’est moi qui gères ! ». Nous étions au-dessus de grand champs, j’ai choisi une piste d’aéromodélisme parce que je savais que j’étais capable de le faire. A ce moment-là Bruno n’était pas encore compétiteur lui-même et aurait pris le grand champ à côté.

 

ULMiste : c’est parfait, tu nous fais les transitions ! On sait que deux pilotes à bord d’un aéronef, si les rôles ne sont pas parfaitement définis, est une situation potentiellement accidentogène du fait de conflits d’autorité. Est-ce que quand on est en couple, donc qu’on se dit beaucoup plus facilement les choses, ce n’est pas encore plus compliqué à gérer ?

 

Patricia : en 2012 on a fait les championnats de France ensemble, pour la première fois. On savait qu’on allait s’engueuler, on a l’habitude. Nous avons décidé que l’avis de l’un ne primait pas sur celui de l’autre et inversement et la plus grosse difficulté a été de se répartir les rôles et de nous imposer le silence à bord pendant certaines phases des épreuves. Aux championnats du monde l’été dernier en Espagne, où Bruno s’est retrouvé copilote de José Vandeveken, ce dernier lui disait à certaines phases du vol « à partir de maintenant, tu ne me parles plus ». Mon mari répondait « ça, je sais faire, Patou m’a appris ! »

Mais enfin, il nous semble que notre équipage a un avenir en compétition, nous avons notamment cartonné sur la dernière épreuve en 2012.

 

ULMiste : quittons la compétition, si tu veux bien. Sur les manifs ULM, on te reconnaît aux énormes objectifs que tu trimballes avec toi. La photo est donc une autre passion, que tu maries avec l’ULM.

 

Patricia : j’étais passionnée de photo avant l’ULM. Essentiellement des portraits et des photos de sport, qui permettent de bien comprendre les interactions entre ouverture, vitesse d’obturation, etc. Mais la photo aérienne, c’est autre chose ! Il est difficile de reproduire sur une photo ce que l’on voit réellement. Une photo air-sol ne vaudra jamais le fait de le vivre, de voir en vrai. Par contre les photos air-air, d’autres machines, j’adore ça ! Entre autres, j’ai pu shooter un P-28, gros avion qui bouffe ses 300 litres / heure. Moi j’étais dans mon petit pendulaire, à 80 km/h et lui évoluait autour de moi, parfois très très près ! Réussir ce genre de photo nécessite d’investir dans des objectifs…

Vient ensuite la photo au sol, ambiance d’aérodrome, rassemblement ULM ou compétition. Mais là, je suis moins présente pour les photos…

 

ULMiste : entre l’attrait pour la compétition et la photo, t’arrive-t-il de sortir ta machine et aller voler sans autre objectif que juste te vider la tête ?

 

Patricia : ah oui ! J’aime tout particulièrement emmener des copains et faire découvrir, c’est encore un autre plaisir ! Ou alors aller voir la neige ou autre. Chaque vol est différent. Il n’y a pas longtemps, on voyait le Mont-Blanc depuis Dijon, ce qui arrive régulièrement mais reste toujours un plaisir.

 

ULMiste : dans le cadre des compétitions, tu as changé souvent de machine.

 

Patricia : oui et ça m’a d’ailleurs été reproché, j’avais à peine le temps de les prendre totalement en mains. Mais ça a été très bénéfique, pour progresser. J’ai commencé avec un Combo et une 12 La Mouette dont on avait retiré le siège arrière pour gagner du poids, puis le Monotrace, l’Alizé, avec une aile delta, donc là c’est encore un autre vol, avec beaucoup de finesse et un poids plume. Ensuite avec un Echo 12, machine plus ancienne. Et maintenant, sur biplace. Le fait d’avoir eu des machines complètement différentes en mains a joué énormément dans ma progression aussi ! Par exemple, avec l’Alizé et la Titan, le point d’aboutissement n’est plus un porte-avion avant, mais au mois deux ! Et puis j’ai la chance d’avoir autour de moi des copains qui viennent me donner des tuyaux, essayer les machines, me donner leurs avis…

 

ULMiste : il est vrai qu’à Til-Chatel, entre Rivaud, Lelaize et la bande Thevenot, vous êtes gâtés !

 

Patricia : oui, on est gâtés ! Avec des gens d’une grande expérience, qui aiment l’air, aiment voler et qui touchent encore au vol libre, du vol pur !

 

ULMiste : que penses-tu globalement du marché, de l’offre, du prix des machines ?

 

Patricia : (long soupir)… il y a le pendulaire puis le reste…

 

ULMiste : restons sur le pendulaire.

 

Patricia : c’est un marché difficile. Sur les rassemblements, on voit quand-même peu d’ULM, enfin de pendulaires, heureusement qu’il existe des rassemblements spécifiques comme le rassemblement Air Delta. Et puis l’offre en neuf va vers le plus gros… Moi qui suis passée du PULMA au 912, je peux dire que chaque machine est différente et se destine à usage particulier. Beaucoup de pilotes volent en solo sur un gros chariot 912 en restant en tour de piste alors qu’un PULMA ferait la même chose en consommant quatre litres à l’heure… un peu comme dans la voiture… nous on a maintenant un gros 912, mais on sait pourquoi on a voulu ça : pour la compétition. Mais je me suis fait vraiment très plaisir avec de plus petites machines. En monoplace, il n’y a quasiment plus d’offre en neuf alors qu’on s’amuse vraiment avec ! Mon Echo 12, par exemple, je l’avais payé 3000 € d’occasion. Un parachute d’occase et j’en ai eu pour 4500 € en tout. On ne peut pas dire que ce soit inabordable, un paramoteur coûte plus cher !

 

ULMiste : comment expliques-tu qu’il n’y a pas des centaines de milliers de gens qui volent en ULM ?

 

Patricia : j’ai fait voler des tas de copains et même des élèves. Deux classes, dont notamment des enfants en difficulté. Eux qui ont un avenir déjà noir, qui viennent de milieux sociaux difficiles, je suis heureuse de leur donner accès au rêve ! Mais le rêve est vite rattrapé par l’aspect financier : même si ça peut ne pas coûter très cher, il y a quand-même un budget. Mais je pense aussi que ça impressionne. On a vite fait de se dire « ce n’est pas pour moi, c’est trop difficile ». Je pense notamment aux femmes. Pour ma part, jamais de ma vie je n’aurais eu l’idée de mettre les pieds sur un aérodrome. Je l’ai fait pour bosser le théorique. En ouvrant le bouquin ULM pour passer le théorique (à l’époque pour le paramoteur), il y a plein de trucs que je ne comprenais pas et dont je ne voyais pas l’intérêt. J’ai été voir un aéroclub en leur demandant si je pouvais assister à leurs cours théoriques, ce qu’ils ont accepté, gratuitement !

Mais je pense que la barrière de l’argent est la plus importante. Quand on fait le totale achat machine, hangar, équipements, parachute, essence, etc., on arrive vite malgré tout à des sommes conséquentes.

 

ULMiste : n’y a-t-il pas aussi un part de peur ?

 

Patricia : oui, il est plus facile de se mettre derrière et d’aller faire un baptême que de passer la barre et se retrouver devant. Quand j’ai passé mon brevet, je ne pensais jamais y arriver ! Quand on débute, il y a toujours une phase durant laquelle on se dit « c’est impossible je n’y arriverai pas ! ». Quand je suis en vol, je trouve toujours extraordinaire de me dire « waou, c’est moi qui pilote ! ». Déjà, voler est extraordinaire, quand on pense au nombre des mecs qui se sont tués en essayant de faire voler une machine ; nous, on arrive avec tout le bagage, il n’y a plus qu’à suivre une formation et on vole ! Quel privilège on a de pouvoir voler ! Et c’est merveilleux de pouvoir s’en extasier à chaque fois !

 

ULMiste : tu disais qu’en ouvrant le bouquin tu trouvais plein de choses inutiles ?

 

Patricia : bah oui au départ je passais le paramoteur. Dans le manuel officiel, il y a juste quelques pages à la fin. Tout le reste, on nous cause de gouvernes, de moteurs quatre-temps, deux-temps… je me disais, « je suis une fifille, qu’est-ce que j’en ai à foutre pour piloter un paramoteur ? » Ce n’est qu’ensuite, en passant le pendulaire puis le multiaxes, que j’ai admis l’utilité de ces points. Je ne suis pas brevetée multiaxes, mais je suis allée jusqu’au brevet parce-que j’avais besoin de comprendre comment ça fonctionne. Mais, sachant que je ne volerai pas en multiaxes, je n’ai pas fini le brevet.

 

ULMiste : pourquoi pas ?

 

Patricia : j’ai besoin d’avoir la tête à l’air ! Enfermée dans une cabine, j’ai l’impression d’être dans une voiture. Alors oui, ça vole, mais derrière une vitre… Puis il faut une bille, un badin… en pendulaire, on sent ce qu’il se passe, pas besoin de pendules.

 

ULMiste : que penses-tu de l’organisation des compétitions, au niveau fédéral, FAI, etc. ?

 

Patricia : au niveau fédéral, de gros efforts sont faits pour organiser et encourager la compétition, notamment les stages dont je parlais au début. En paramoteur, les efforts se portent sue la médiatisation et l’attrait du public, par exemple avec la Slalomania : du sol, le public voit et comprend tout ce qu’il se passe. En classic class c’est plus difficile, mais par exemple avec les épreuves mises en place l’an dernier aux championnats de France, c’était très varié et surtout très ludique ! Chaque équipage avait sa chance et je pense que c’est vers là qu’il faut aller.

On peut aussi imaginer d’adapter le système qui fonctionne bien avec les jeunes sur le Tour ULM : un jeune vole avec un instructeur et aide les commissaires. En compète, ça lui permettrait de venir avec son instructeur, qui du coup se remettrait aussi en cause… ce qui pourrait poser des problèmes… mais tout dépend dans quel état d’esprit on vient à la compétition : si on vient pour progresser, on a beaucoup à gagner. Si on ne vient que pour la gagne, on fait perdre beaucoup à l’esprit de l’ULM.

Mais pour développer la compète, il faudrait aussi plus de moyens logistiques. J’ai des copines qui étaient venues aux championnats de France en 2008 mais qui ne reviennent plus, faute d’organisation. Elles étaient venues en vol et devaient, par exemple, se débrouiller pour leur essence, tout le monde ne vient pas, comme nous, avec toute une logistique terrestre…

 

ULMiste : tu rejoins les revendications du dernier championnat de France, au cours duquel on se plaignait qu’il y ait trop de moyens sur le Tour et pas assez en compète ?

 

Patricia : sur le Tour, on nous explique que tout s’autofinance grâce à des partenariats. Tant mieux ! Mais il n’y a pas de raison pour que ce qui fonctionne sur le Tour ne puisse pas fonctionner en compétition. Par contre je tiens à tirer mon chapeau aux commissaires, qui viennent bénévolement, sur leurs vacances, et se font parfois un peu envoyer bouler par des compétiteurs ou l’organisation, alors que, sans eux, la compète n’existe pas !

 

ULMiste : quelque-chose à ajouter pour finir ?

 

Patricia : N’ayons pas peur d’avoir peur et de renoncer si les conditions nous dépassent ou ne nous plaisent pas ! Les pilotes qui trouvent leur plaisir en volant le soir quand c’est calme, je trouve que c’est très bien ! C’est dommage qu’ils se privent de balades et rassemblements, mais s’ils y trouvent leur compte, tant mieux ! J’ai compris ça grâce à Jean-Mi Rivaud, qui a bourlingué partout dans le monde et en toutes conditions, et qui m’a dit « mais tu sais Patou, voler en plein mois d’août à deux heures de l’après-midi et me faire branler, ça ne m’intéresse pas. A part si c’est pour du boulot, je préfère voler quand c’est calme et me faire plaisir ». Vu que, dans le même temps, j’en entendais d’autres qui faisaient les fiers « non, moi j’adore voler quand ça tabasse », ça ma rassurée ! En plus, en fin d’après-midi, il n’y a plus personne au terrain, l’air ne bouge pas, les conditions idéales pour faire découvrir aux copains !

Mais aussi, entraînons-nous ! Coupons le moteur, multiplions les PTS, PTU, atterrissage court, décollage court, atterrissage de précision, etc. Je vois des pilotes qui ont des centaines d’heures de vol, y compris en voyages lointains à travers le monde, mais qui ont oublié les fondamentaux et ne volent donc pas vraiment en sécurité.

Le nombre d’heures ne veut rien dire, ce qui compte c’est ce qu’on en fait.

 

Bons vols et bon vent à tout le monde, en sécurité !

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