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Renaissance !

Article paru dans ULMiste n°18, novembre 2014

 

Renaissance !

 

Ma passion du vol ne date pas d’hier, pilote parapente depuis 1996, puis deltaplane, breveté PPL avion en 2001 (licence perdue faute d’heures), formé autogire par Hervé Terrasson alors que je travaillais temporairement sur Paris. En 2006, j’ai fini par une formation trois-axes sur Savannah avec Gauthier Lacroix comme instructeur sur la plateforme de Grenoble le Versoud, le pied.

 

Julien Daval

 

La vie avançant j’ai mis quelque peu le vol entre parenthèses pour me consacrer à ma famille faute de temps, mais ma passion aéronautique n’a jamais disparu… et la passion du vol me hante, le vol est comme certaines autres choses et la vie, il est impossible de se sevrer. Après une overdose de récits, essais en tout genre, je n’ai qu’une envie qui m’obsède : VOLER !

Me voici un samedi avec mon fils sur la route pour Aussois en Vanoise dans les Alpes de Maurienne, pour le déposer, avec sa cousine, le temps d’une semaine de vacances de ski avec mes beaux-parents. Le temps est radieux, Aussois est une station familiale orientée plein sud, les conditions sont idéales et il y a un grand nombre de parapentes en l’air. J’ai la tête dans les nuages (inexistants ce jour-là), ma femme me lance « tu avais qu’à prendre ton parapente », moi de lui répondre humblement que je n’ai pas volé depuis quatre ans, mon aile n’est pas révisée et mon secours encore moins, alors loin de moi l’idée d’aller voler dans ces conditions. Elle insiste et me dit que j’ai qu’à me payer un baptême ! Ce qui, pour moi, aurait été un non-sens, vue mon expérience en parapente.

 

Mais ma femme ne ce doutait pas que j’avais déjà repéré une affiche aux caisses des téléskis, vantant les mérites d’un chien d’avalanche ayant fait son baptême de l’air en ULM pendulaire : « il l’a fait pourquoi pas vous ? » Renseignement pris par téléphone, l’ULM décolle de l’aérodrome de Solliers-Sardières à environ 10 km de là et peut être disponible sur réservation dans la soirée. Ma femme me taquine encore, bien lui en fasse, je lui annonce donc que je souhaite plutôt faire un baptême en ULM pendulaire et hop ! rendez-vous est pris pour 16h35 sur l’aérodrome. Le pilote serait-il un ancien militaire ? Mon beau-frère m’accompagne. N’étant pas encore décidé à passer le pas il retire tout de même de l’argent – on ne sait jamais – mais il n’a jamais volé. Nous arrivons à 16h30 sur la plateforme, personne, je signale notre présence par un coup de téléphone, pas de réponse, quelques minutes passent, un ULM apparait sans bruit, on nous rappelle, la même douce voix féminine, que j’avais eu par deux fois au téléphone, s’excuse de ne pas avoir répondu car elle était au volant et de ne pas pouvoir nous accueillir. Elle s’inquiète que l’ULM ne soit toujours pas arrivé, je la rassure en lui confirmant que nous l’avons en visuel mais qu’il n’a pas l’air décidé à atterrir. Elle en profite pour me demander de laisser un petit message personnel au pilote et s’excuse de le laisser seul pour rentrer la machine ce soir, ce à quoi je m’amuse à lui répondre que moyennant réduction on l’aiderait.

 

J’observe donc l’ULM et remarque qu’il est seul à bord, mais aussi qu’il peine à venir se poser, je lance à mon beau frère « il n’a pas envie de venir rechercher ses clients, je le comprends seul là-haut par ce temps, quel pied ». Le pendulaire se présente « enfin », en vent arrière 02 et pose en moins de… enfin très très court. La machine arrive à proximité, le pilote coupe et attache son trapèze sur la barre de compression. Il descend de sa machine, nous salue et enlève son casque. Surprise, je suis face à un jeune homme qui n’a pas passé la trentaine, d’un sourire radieux laissant apparaitre une légère anxiété. Il se présente : Loïc Toussaint, tiens un nom que j’ai déjà entendu et lu dans certaines revues, il ajoute qu’il n’est « que » le fils du Monsieur TOUSSAINT, Franck de son prénom, que beaucoup de lecteurs connaissent sûrement.

Je lui lance amicalement « vous ne vouliez pas atterrir, vous n’aviez pas envie de venir nous chercher », il m’explique, en fait, qu’il recherchait une zone peu turbulente pour nos baptêmes car l’aérologie en ce milieu d’après-midi est agitée. Cette remarque me met en confiance et me prouve que ce jeune homme est là pour faire plaisir à ses clients, j’aime cette approche, je lui fais donc part de mon expérience aéronautique et lui assure que les turbulences ne seront pas un problème pour moi. J’en profite pour lui parler de mon intérêt pour une machine que je ne connais que sur le papier et que j’ai vraiment envie de découvrir car, pour moi, mettre un moteur sous une aile delta me parait un non sens. La discussion se familiarise et le tutoiement apparait naturellement très vite. Je l’appelle donc Loïc et il me dit simplement, sans argumenter, que mes a priori risquent bien de disparaitre en moins de 5 minutes de vol. A voir.

 

Nous faisons le tour de la machine, presque comme si j’étais là pour l’acheter d’occasion, me voici face à un GTE Clipper équipé d’un 582 avec une quadripale Arplast surplombé d’une Aile Fun450, l’ensemble est de très bonne facture, affiche un total de plus de 600 heures, et un entretien irréprochable. Me voila confiant en m’installant dans le siège passager de cette belle machine qui va être pilotée par un pilote qui parait très compétent, passionné, et heureux de partager sa passion. Consignes pour l’installation au fond du siège, bouclage de la ceinture, installation du casque et branchement, Loïc démarre le moteur et s’installe, nous voila seuls au monde en contact via l’intercom. Une petite auto-info sur cette plateforme déserte, nous voilà en bout de piste en 02, pleins gaz et on décolle en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un vario à +2, nous voici en montée, et il a fallut bien moins de 5 minutes pour gommer tous mes a priori. Une discussion amicale s’installe entre passionnés, discussion technique qui tourne autour du vol bien sûr. Loïc vient rechercher le dynamique sur la face ouest des Balmes tout en m’expliquant l’aérologie spécifique à cette vallée. Nous sommes maintenant dans l’ascenseur à +4, cela bouge très peu mais force est de constater que les mouvements précis et répétés du pilote sur le trapèze doivent y être pour quelque chose.

 

Nous voila en montée jusqu'à environ 2500 m, nous entrons dans le cirque du creux de sable, j’en prends pleins les yeux et aussi pleins les oreilles, Loïc continue ses explications sur l’aérologie, les subtilités du pilotage d’un pendulaire et m’informe de la suite du parcours. Nous faisons un magique demi-tour dans ce cirque large, splendide et majestueux, Loïc continue ses explications sur les spécificités du posé à ski et de l’importance de l’état de la neige pour ce type d’appareil dont le radiateur est situé sous la machine. Nous posons brièvement sur l’altisurface située au sommet des pistes du domaine skiable de Termignon la Vanoise, là ou il propose aux skieurs de leur faire découvrir la montagne différemment. Toujours avec des explications précises et techniques sur l’approche spécifique et de ce type de terrain. Nous redécollons en direction de la vallée et il me propose d’aller survoler la maison de ses rêves. Lieu dit « La Porteille » une « maison » d’altitude qui surplombe une prairie dont la configuration parait idéale à la réalisation d’une altisurface ULM, je vous laisse imaginer l’endroit pour les passionnés de montagne et de vol. Et je suis persuadé que mon projet de passer mon brevet de classe pendulaire et achat d’une machine serait sûrement en phase avec son projet de rénovation, qui sait, un jour peut-être, irais-je me poser chez lui pour le saluer et le remercier pour ce magnifique vol dont il m’a fait le plaisir.

 

Retour en vallée, en approche de l’aérodrome de Solliers-Sardières, auto-info et encadrement rapide, trop rapide, je comprends très vite que Loïc me fait le plaisir d’un passage basse hauteur, nous avalons la totalité de la piste et nous voilà repartis pour un tour de piste. Loïc annonce, en base 02, « cette fois c’est la bonne », nous posons majestueusement, un bref coup d’œil à ma montre, on est très loin des 20 minutes annoncés par téléphone. Nous sommes en l’air depuis presque 40 minutes ! Retour au parking, la banane en plus. Déconnexion de l’intercom, débouclage de la ceinture, j’enlève mon casque, Loïc me donne les dernières consignes pour descendre de la machine en toute sécurité.

Je réassume mon beau-frère sur les conditions - il est maintenant décidé - d’autant que le soleil s’est caché dernière les montagnes environnantes. Malgré tout Loïc décide de ne pas faire le même parcours pour le confort de ce dernier, qui lui n’a jamais volé. De retour d’un vol tout aussi long que le mien, mon beauf est ravi de sa première expérience de vol. Il est 18h passées, nous proposons notre aide pour ouvrir le hangar et rentrer la machine, pour couronner le tout j’ai droit à un cours sur la dépose de l’aile car l’ULM est trop haut ou le hangar trop bas, à vous de voir.

Me voilà rassasié de vol pour un temps, pour un temps seulement. Ma femme a bien compris que cela me manquait terriblement et est très contente pour moi. Le retour sur Grenoble tard le soir et ma nuit ont été plus légers, remplis d’images et rêves.

 

Conclusion 

 

Voler c’est pied, ok, mais en pendulaire c’est encore mieux, je suis rassuré par les performances d’un pendulaire, de surcroît motorisé en 582. Mes a priori ont disparus, je suis maintenant convaincu que ce type de machine est adapté à la pratique que je souhaite dans un futur plus ou moins proche. Rendez-vous est pris avec ma femme pour l’auto financement de mon prochain joujou, enfin juste après son projet de cuisine sur mesure !

Si vous êtes de passage dans notre belle région Alpine, pratiquant ou non, je ne peux que vous conseiller d’aller rencontrer Loïc et son amie Indra au sein de leur structure « Maurienne ULM ».

 

Merci Loïc, bons vols et au plaisir de te revoir !

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