Christophe Guyon
Article paru dans ULMiste n°19, mars 2015
Christophe Guyon, baroudeur en herbe
ULMiste : comment es-tu venu à l'ULM ?
Christophe : c'est par l'intermédiaire d'une relation de travail que j'ai découvert l'ULM pendulaire. Ça m'a tout de suite fasciné. J'ai gardé ça dans un coin de ma tête pendant un an. Puis je suis parti en vacances dans le Yosemite National park, et je suis rentré avec une envie de grands espaces, de voir la vie d'un peu plus haut. J'ai rappelé mon camarade de travail, il m'a emmené voler. Avec autant d'envie que d'appréhension, j'ai découvert le pendulaire, un soir d'été, à la tombée de la nuit, à Pont-sur-Yonne. La semaine suivante, je contactais le club le plus prêt de chez moi, Les Ailes de Persan. Accueilli à bras ouvert par un groupe de passionnés, je commençais alors ma formation avec Alain Dumetier (Air Plaisir), l'instructeur local. J'ai adoré voler en double commande sur la machine club, un Aquilair 582, et une aile La Mouette de 17 m². Trois mois plus tard, le brevet en poche, je faisais l'acquisition d'une machine d'occasion, mais non des moindres, un Voyageur 912 (DTA) avec une aile Dynamic 450, une machine taillée pour l'aventure.
Ce n'est donc pas un vieux rêve d'enfant, comme on l'entend dire souvent ?
Absolument pas. C'est un rêve d'adulte, ceux qui viennent vers 30-40 ans, quand on a trouvé ses marques dans le travail, la maison, la famille... Quand on commence à se laisser glisser dans une routine et que l'avenir semble tout tracé. Je dis souvent que "le pendulaire, c'est l'antidote de ma crise de la trentaine." Il y a aussi l'envie d'évasion. J'habite en région parisienne et l'envie de s'envoler, c'est aussi d'aller voir ce qui se passe ailleurs, d'élargir ses horizons. Il y a plein d'endroits magnifiques à découvrir en France, et quand on le fait aux commandes d'un pendulaire, c'est une expérience exceptionnelle.
Et avant 30-40 ans, quel loisir pratiquais-tu ou pratiques-tu encore ?
Je me suis essayé à pas mal de choses avec plus ou moins de succès. J'ai fait de la photo en grand format, quelques tentatives d'escalade, il y a eu pas mal de longboard (skate) aussi, et puis de temps en temps de la natation. La natation apporte un bien être physique immédiat, le pendulaire, lui, vous vide la tête de tous le stress du quotidien.
Une journée dans laquelle tu as volé et nagé est forcément une journée réussie.
La photo est ton métier, je crois ?
En quelque sorte, je fais le cadre et la lumière sur des tournages. Principalement des publicités. Mon métier répond au titre pompeux de "directeur de la photographie". C'est un métier passionnant qui m'amène à voyager beaucoup, majoritairement en train et en avion et même parfois en ULM.
Tu as donc établi un lien entre le pendulaire et ton travail ?
A différents degrés. Oui, l'ULM pendulaire est un moyen économique pour faire des repérages et des prises de vue aériennes, et c'est pour moi, un vrai plaisir de faire mes déplacements par les airs quand c'est possible. J'ai le souvenir d'un tournage où ça avait inquiété les producteurs quand je les avais prévenu que je prévoyais d'aller sur le décor (dans les Alpes) par mes propres moyens. Finalement, je fus le seul à l'heure du rendez vous, le reste de l'équipe, retardé par une grève SNCF.
Etonnamment, c'est surtout la philosophie du pilote qui m'a apporté beaucoup dans mon travail. Gérer son stress, quantifier les prises de risques, assumer ses choix, connaître ses limites sont des choses qu'on peut facilement transposer dans son quotidien. C'est fascinant de voir à quel point les notions de responsabilité et de liberté sont étroitement liées.
Intéressant ! Tu te sers donc de ton pendulaire comme moyen de locomotion ?
Oui, quand la météo est favorable, je ne me prive pas d'utiliser le Voyageur pour mes déplacements. Pour le travail mais aussi pour les loisirs. Avec Isaac, mon fils de 6 ans, on a pris l'habitude de se faire des petits week-end entre garçons. Je vais le chercher à la sortie de l'école. On fonce à l'aérodrome, et on charge la machine de quoi être autonome pendant deux jours. Il adore le camping, les feux de bois, la pêche, le tir à l'arc. J'utilise aussi le pendulaire pour visiter ma famille en province et j'ai pris un grand plaisir à redécouvrir la région de mon enfance, vue du ciel. Faire voler ma grand-mère de 84 ans, reste un souvenir mémorable.
Enfin, 2014 marque mes débuts en parapente. J'ai vite constaté que le vol moteur et le vol libre pouvaient être complémentaires. Le parapente est une activité qui se pratique principalement sur site en montagne ou en bord de mer. Rien de mieux que l'ULM pour effectuer ces trajets.
Joli programme, l’avenir de l’ULM est assuré ! Pour le vol libre, c’est quoi le programme, parapente sur le siège arrière et gaz ? Tu te poses où, sur l’attero parapente… au déco ?
Il y a deux config. Quand je vole solo, le parapente est à la place du passager. Quand je vole en bi, on met les voiles dans des petits sacs "chaussette" qu'on glisse dans l'aile du pendulaire. Les sellettes cuissardes trouvent leur place dans le carénage. C'est possible uniquement parce qu'on vole avec des voiles de montagne extrêmement légères et compactes et comme nous ne sommes pas des gros gabarits, avec 8 kg de matériel chacun, on arrive à rester dans les clous (pendulaire avec parachute : 472,5kg).
Pour ce qui est des destinations, il y a des rendez vous incontournables.
La dune du Pyla : la nav est facile, on traverse Châteaudun et Cognac, les militaires sont sympas même si ça fait toujours bizarre de croiser les "lampes à souder". Transit souvent un peu tendu dans la TMA de Bordeaux, puis l'odeur des pins, le survol du bassin d'Arcachon, et la dune. Enfin, on pose à la Teste de Buch. L'aérodrome est superbe, l'accueil est chaleureux. On y croise des parachutistes, des planeurs, des avions, des ULM, tout ça dans une harmonie parfaite.
Octeville sur mer: on pose au Havre si on a réussi à se frayer un chemin dans la brume de mer. On passe à la tour de contrôle pour prévenir qu'on vient faire du parapente. Le déco est très proche de l'aérodrome. C'est un spot de soaring orienté nord ouest. Une belle crête à mouette, facile et agréable. Le posé au déco peut être délicat en cas d'affluence.
La vallée du Grésivaudan : St Hilaire, Allevard, Montalembert, les sites ne manquent pas. On se pose à Lumbin, à côté de l'attéro des deltistes pendant la coupe Icare.
Sinon, j'ai mes petites habitudes sur l'aérodrome de Challes les Eaux. L'hospitalité n'y fait pas défaut. On y mange et on y dort au milieu des libéristes dans une ambiance de colo.
Et puis il y a une multitude de petits sites moins fréquentés, en Bourgogne, en Picardie, en Champagne, où parfois, quand ça ne présente aucun risque, on s'offre un posé en pleine campagne. Ça peut être, sur une plage déserte, un chemin dégagé ou une vaste prairie. C'est alors qu'opère la magie du pendulaire. Les riverains viennent à notre rencontre, nous ouvrent leur foyer, nous invitent à leur table. On parle comme Saint Ex et ça les fait rêver. Grisés par nos récits, ils se laissent harnacher à l'arrière de nos machines. Et dans la douceur d'un soir d'été, les cheveux aux vents, le cœur battant la chamade, ils se libèrent, le temps d'un instant, de l'inutile pesanteur de leur vie de labeur.
Bah au moins tu ne fais pas les choses à moitié ! Que t’apporte le parapente, je veux dire es-t-il utile dans ta vie de pilote pendulaire ? Ou inversement, est-ce le pendulaire qui est utile à tes vols en parapente ?
Il est certain que le parapente m'a apporté certaines connaissances utiles sur le vol montagne. Après, j'ai beaucoup plus d'expérience en pendulaire qu'en parapente, donc c'est probablement l'ULM qui a été plus utile au parapente. Notamment sur des points de réglementations, méca-vol, facteur humain... En pratique, le ressenti est très différent donc c'est assez difficile de faire un parallèle. D'une certaine façon, je peux aussi dire que l'ULM a été un frein à l'apprentissage du vol libre. Lorsque j'ai débuté le parapente, j'avais déjà cumulé plus de 250 heures de vol en ULM, pas mal voyagé, et parfois dans des conditions assez musclées. Le pendulaire offre un large domaine de vol, ce qui est loin d'être le cas du parapente, d'autant plus quand on est débutant. Et quand on est habitué à faire des navs de 6 heures, on est assez frustré par les après-midi de pente école, les heures passées dans la navette, et l'attente au décollage. Je me souviens qu'après mon premier vol solo en parapente, je me suis dit: "c'est nul ce truc", et puis j'ai plié ma voile et je suis allé faire le Mont Blanc en ULM. J'ai mis pas mal de temps à me réconcilier avec le parapente, accepter ses contraintes, reconnaître ses atouts.
Et si finalement, j'y suis revenu 9 mois plus tard, c'est parce que c'est une activité que je peux partager plus facilement avec des amis. C'est financièrement abordable, très divers dans sa pratique (wagga, vol rando, gonflage, cross) et très convivial. En contrepartie, l'apprentissage peut être long avant d'être autonome, le domaine de vol est assez restreint au début, et il faut être très vigilant sur la sécurité. Finalement, les deux se complètent bien, le pendulaire me permet toujours d'assouvir ma soif de voler, et il me permet de voyager. Le parapente, c'est avant tout se retrouver avec des copains, passer du temps ensemble. D'ailleurs, je crois que ça ne m'est jamais venu à l'idée d'aller voler en parapente tout seul.
Tu parles de convivialité, retrouves-tu la même dans l’ULM ?
Oui, il y a autant de convivialité dans le monde de l'ULM. En revanche, en ce qui me concerne, sa pratique l'est moins. C'est principalement dû au fait que je fais de plus en plus de grandes navs et de moins en moins de tour de piste. Du coup, je passe moins de temps à côtoyer les membres de mon club. L'entretien sur ma machine est quasi inexistant, je passe peu de temps dans le hangar. Et je dois reconnaître que je planifie rarement mes vols, j'aime voler vite et parfois longtemps, j'aime bivouaquer sous l'aile, me lever tôt, partir loin, voler au dessus de la mer, changer d'itinéraire au gré de la météo, et me poser avec les dernières lueurs du jour... Tu comprendras que j'ai parfois du mal à trouver un équipier... En contrepartie, je fais beaucoup de rencontres lors de ces navs. L'accueil sur les plateformes est toujours excellent et j'ai passé de merveilleux moments avec des ULMistes des quatre coins de la France. Après, il y a les rendez vous incontournables comme Blois ou le Tour, mais bizarrement, ça ne me parle pas trop.
Je ne suis pas un grand adepte des discours, des interminables briefings, les repas dans le brouhaha et la queue au sanitaire. Il y a aussi la compétition. Il paraît que ça existe! "Mais pourquoi faire?!"
Gageons que cette entrevue te permettra de trouver des équipiers ! La compétition permet de progresser, ce qui est toujours bon à prendre. Comment expliques-tu que relativement peu de pilotes voyagent ?
Et bien, vois-tu, je ne me l'explique pas ! Pour moi, c'est un mystère. Quand j'ai découvert le pendulaire et ce qu'on pouvait en faire, j'ai innocemment cru que tous les pratiquants étaient des genres de globetrotteurs du ciel, traversant la France pour admirer un coucher de soleil. La machine en soit est assez rudimentaire et pas foncièrement belle, donc on ne pouvait pas objectivement se passionner pour l'objet mais uniquement les perspectives qu'elle offrait. Et les perspectives étaient réjouissantes. Le pendulaire, plus qu'une activité aérienne décomplexée, c'est carrément une invitation à l'aventure. Comment passer à côté du bonheur que procure la découverte par les airs d'un paysage inconnu ? Et quand on a peiné longtemps au fond de la vallée à se frayer un chemin entre les orages, quel enchantement de découvrir la splendeur de la haute montagne. Aujourd'hui, les constructeurs fabriquent des machines fiables, confortables et performantes, offrant un plaisir inégalé en vol. Si les pilotes ne voyagent pas, il faut les prévenir, leurs machines sont faites pour.
Et bien voilà qui est fait ! Penses-tu que la formation puisse avoir un lien avec cette crainte de la balade au long cours ? Toi-même, dans ta formation, as-tu fait des voyages ?
Personnellement, je ne pense pas qu'il y ait de lien avec cette crainte du voyage. Lors de ma formation initiale, je ne suis d'ailleurs quasiment pas sorti du tour de piste et c'est très bien. Les instructeurs sont là pour perfectionner notre technique de pilotage. Une fois breveté, le pilote débutant doit passer encore pas mal de temps à travailler la mania en local. Certes, en ce qui me concerne, le voyage est arrivé vite mais dans un second temps, après une cinquantaine d'heures de vol et l'emport passager. Je reconnais que je ne savais pas trop comment appréhender ma première nav ; la préparation d'un log, les cartes, les NOTAM, la météo, les VAC...
Je me souviens, j'avais décidé d'emmener un copain à Dieppe. C'était en janvier, il faisait un froid glacial. On a pris un cap ouest ouest nord, en se disant qu'à un moment donné on allait fatalement tomber sur la mer et qu'on aurait juste à cheminer le long de la côte. Ce fut un vol sans encombre, un peu turbulent à l'arrivée, et le premier contact radio avec un AFIS. Nous étions complètements congelés, mon pax ne pouvait plus marcher tellement il avait eu froid aux pieds. Je me souviens aussi d'un sentiment jubilatoire partagé, l'impression d'avoir fait quelque chose d'incroyable. Sur le moment, rien ne pouvait altérer notre euphorie.
Pour en revenir à la question, je ne pense pas que c'est le rôle des instructeurs de former les pilotes aux voyages. Les instructeurs nous donnent les bases, après, c'est au pilote de se perfectionner, de se prendre en main, et faire le nécessaire pour être autonome, être responsable, être pilote quoi ! La formation continue tout le long de la vie du pilote et les voyages arrivent quand le pilote se sent en confiance, et c'est lui seul qui détermine le moment de mettre les voiles. Toute la complexité de la navigation réside dans, le choix d'un itinéraire et la capacité à adapter sa route en fonction de la météo, de l'avitaillement, la gestion de sa fatigue, des imprévus, sa résignation à poursuivre un vol ou à faire demi tour. Partir vers l'inconnu, rester à l'écoute, s'adapter, C'est exaltant ! Parfois les choix sont délicats, l'aérologie devient corsée, on jongle entre les différents contrôles à la radio, on lutte pour rester dans des conditions VMC et poursuivre le vol, c'est un combat de tous les instants, la fatigue se fait sentir et on marche à l'adrénaline. Ca secoue de plus en plus et on a l'impression de se faire punir. L'orgueil en prend un coup, on n'est pas fier. Puis on se souvient que le mieux à faire, c'est de ne pas lutter. Les bras se relâchent et on se laisse emporter par les courants, on accompagne avec consentement les dérives pendulaires de notre machine. A ce moment là , il y a une forme d'harmonie qui s'installe. La peur a disparu. Les chocs violents sur la tubulure ont laissé place à une sensation de glisse extraordinaire. On redécouvre alors le vol en pendulaire. Et finalement, quand on en voit le bout, bien au-delà de la fatigue, persiste une impression calme de satisfaction.
Il faut préciser que voyager en ULM peut aussi consister à attendre les meilleures conditions pour apprécier pleinement son vol, mais encore faut-il en avoir le temps. N’as-tu jamais été attiré par les trois-axes ?
En effet, quelle que soit la pratique, l'ULM c'est avant tout guetter les conditions favorables. Et que dire pour le parapente? Je crois que dans une année de vol libre, on passe plus de temps à surveiller l'évolution de la météo et à chercher un site "qui vole", que réellement voler. En ce qui concerne le trois-axes, ça semblerait être la suite logique de ma pratique. Cependant, le plaisir n'est pas lié aux performances. Faire du trois-axes, c'est presque faire de l'avion, et l'avion ne m'a jamais intéressé, je n'aime pas les sensations. Petit, je n'ai jamais rêvé d'être pilote de ligne. Je ne me suis jamais reconnu dans cette image élitiste un peu désuète. Pour moi être pilote, c'est un état d'esprit, qu'on vole en A340 ou en montgolfière. Si j'ai choisi le pendulaire, c'est que j'y ai vu quelque chose de bien plus enthousiasmant que le vol d'un point A à un point B, enfermé dans un cockpit. Je le trouve plus baroudeur. J'aime sentir de vent dans le trapèze, le posé en campagne, le bivouac sous l'aile, pouvoir décoller d'un chemin et atterrir sur un aéroport international. Il y a un capital sympathie évident avec les gens qu'on rencontre. Le pendulaire rapproche. J'aime sa simplicité et son humilité. Et à la fin, chaque trajet est une aventure.
Pratiques-tu beaucoup le vol bivouac, le posé en campagne ?
Je bivouaque souvent quand la saison le permet. Pour se poser en campagne, la réglementation nous impose d'avoir l'autorisation du propriétaire des lieux, ce qui est une bonne chose, mais ça limite cette pratique. Il m'est arrivé de me poser dans un champ près d'une station service pour refueler. Mais la situation était particulière. J'ai de très bon souvenirs de posés en campagne en Corse. Un passager malade m'a forcé à me poser dans les labours. C'est fou ce que le Voyageur peut encaisser. Il y a des régions qui se prêtent mieux à l'exercice. Même si on ne pratique pas le posé en campagne, il est bon s'y préparer, ça peut sauver la vie. Il paraît que le jour de la panne moteur, l'adrénaline stimule nos facultés et on pilote comme on n'a jamais piloté. Je ne peux pas dire, je ne connais pas, mais je trouve ça très rassurant de savoir qu'en cas de problème (quel qu'il soit), on peut toujours atterrir dans un champ sans tout casser.
Penses-tu que l’on peut être un pilote ULM accompli sans voyager ?
On peut être un excellent pilote sans sortir du bocal. Je connais des pilotes qui volent bien mieux que moi, pourtant, ils n'ont jamais dépassé l'Oise. Maintenant, un pilote accompli ??? Il est certain qu'il y a quand même deux trois trucs qu'on apprend en voyageant. Je crois que ça se passe surtout sur le plan de facteur humain. On apprend beaucoup sur soi même. Après je n'ai jamais eu l'impression qu'il y avait la nécessité d'explorer l'ensemble du domaine de vol de l'appareil. Je dirais que le pilote accompli, c'est celui qui s'est fixé des objectifs, les a atteints, et est rentré chez lui sans casser la machine.
Cette envie de voyager est-elle venue d’elle-même, ou d’autres pilotes t’ont-ils montré la voie ou fait rêver ?
Le voyage par les airs, c'est l'expression même de la liberté. Voyager, c'est aussi aller à la rencontre des autres, assouvir sa curiosité. Il faut donc avoir ça en soi, l'envie de voir ce qui se passe ailleurs, s'intéresser aux autres. Pour autant, le Tour ne m'intéresse pas. Je trouve que c'est un peu trop en vase clos. Quand j'ai commencé l'activité, je n'avais absolument aucune connaissance de ce qui avait été fait en ULM. J'ai acheté ma machine à deux étudiants qui avaient fait le tour de la Méditerranée avec ce DTA Voyageur. Ils l'avaient eux-mêmes racheté à deux autres étudiants qui avaient suivi les traces de l'aéropostale en Amérique du Sud. L'appareil a donc un sacré palmarès. Les garçons m'ont littéralement laissé tout ce qu'ils avaient qui concernait de près ou de loin à l'ULM. Ça allait, des clés de contact jusqu'à la boîte de sardines en passant par les piquets de tente et la balise de détresse. Il y avait aussi une malle avec tout plein de documents techniques, des cartes de VAC d'aérodromes inconnus à l'autre bout du monde, quelques photos jaunies, un carnet de bord, des notes, des vieux plans de vol... Bref, une caverne d'Ali Baba. J'ai passé des heures à feuilleter ces trésors, reconstituant pièce par pièce le canevas de leurs périples. Il est certain qu'ils furent ma première source d'inspiration. J'ai par la suite découvert les récits de Christophe Gruault et les fabuleux voyages d'Olivier Aubert et Mike Blyth qui sont à eux deux, de véritables légendes du pendulaire. Je n'oublierai pas de citer l'exploit de Guy Delage et sa traversée de l'Atlantique. Et puis ces quatre farfelus qui sont partis au Sénégal sur des machines qui tournaient avec des 503. Il y avait dans leurs périples un panache et une décontraction qui semble avoir disparu aujourd'hui. A l'époque, les boissons énergisantes n'avaient pas encore de monopole de l'aventure. Qu'est ce que je donnerais pour remonter le temps et embarquer avec eux !!! Il y a une pincée de nostalgie, je l'avoue. Parfois, j'ai l'impression d'avoir raté mon époque. J'ai le bonheur de pratiquer l'ULM à Persan-Beaumont, un des berceaux du pendulaire. On y côtoie des passionnés qui ont connu les débuts de l'activité. Il y avait alors un vrai engouement populaire pour le vol léger, accessible à tous. A les entendre, c'était la fête tous les week-ends. Certains ont fait des voyages impressionnants avec des machines plus proches de la tondeuse à gazon que du DR400. Le Grand Prix de France, c'était quand même engagé. J'ai beaucoup de respect pour ces pionniers.
Oui, il semble qu’en effet, désormais, le jouet compte davantage que ce que l’on peut en faire. Mais si j’ai décidé de m’entretenir avec toi, c’est précisément parce-que j’ai décelé chez toi une forme de relève. Mais sache, à la lumière d’une des expériences que tu relates plus haut et dont je suis heureux qu’elle ait pu t’inspirer, que lorsque tu fais un voyage au long cours, il reste des traces indélébiles qui font que, comme tu le soulignes, certains ne volent carrément plus après ça. Pour finir, je te laisse aborder le thème que tu veux et qui n’a pas été abordé ici. Tu as carte blanche !
Je veux bien croire qu’après un périple de la sorte, on se demande bien ce qu’on va faire. Le vol local doit paraître bien fade. Je suis un jeune pilote. Finalement, ça ne fait pas deux ans que je vole. Il me reste encore beaucoup à apprendre. Le bilan est cependant très positif. En commençant l’ULM, j’ai ouvert la porte d’une communauté chaleureuse. Je ne m’attendais pas à autant de bienveillance, de respect, et d’entraide. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de partir loin car, j’ai la certitude que là où je me poserai l’accueil sera bon. Grâce à l’ULM, voyager par les airs est un rêve à la portée de tous. Nous avons un pays d’une beauté et d’une variété rare, que je ne me lasserai jamais de parcourir. Voler au6delà des frontières n’est aujourd’hui qu’une formalité. J’espère très vite rencontrer d’autres pilotes, avides d’aventure. Et pourquoi pas, avec eux, sillonner l’Europe. Je m’attriste seulement de voir que le pendulaire perd chaque jour de son attrait auprès du public. C’est à mon goût totalement injustifié. Ses lignes ne sont peut être pas aussi gracieuses que celle d’un multiaxe. Il n’est certes pas aussi sophistiqué qu’un hélico ou un autogire. Mais il reste une machine très actuelle, dans la fleur de l’âge, qui a encore beaucoup à offrir. Je remercie mes aînées pour tous leurs efforts à développer cette activité. Aussi, je renouvelle mon admiration à tous ceux qui ont entrepris les voyages les plus improbables. Messieurs, vous êtes une véritable source d’inspiration pour nous. Il est certain que si vos prouesses étaient mises au devant de la scène, le grand public se passionnerait pour les choses de l’air.
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