Achat d'un ULM : stop aux arnaques !
Article paru dans ULMiste n°21, décembre 2016
Stop aux arnaques !
"Allo ULMiste, je me permets de vous contacter parce-que je pense être victime d'une arnaque…" ce genre d'appel, téléphonique ou par courrier, se multiplie depuis quelques temps (jusqu’à six fois par an). Il est donc temps de rappeler quelques règles à respecter lors de l'achat ou de la vente d'un ULM, car si les torts sont bien souvent du côté de certains professionnels peu scrupuleux, les acheteurs se montrent souvent coupables d'une naïveté certaine. Aidons-nous à ne pas avoir à se faire cet humiliant aveu.
Acheter un ULM, c'est quoi ?
Causons d'abord de l'achat d'une machine neuve. Elle est disponible soit auprès de l'usine s'il s'agit d'une fabrication française ou d'un ULM vendu en direct, soit auprès du représentant en France de l'usine. Il y a deux cas de figure. Soit l'entité française revend la machine, c'est-à-dire que c'est à elle que vous ferez le chèque, soit elle n'est qu'agent commercial, auquel cas l'argent est encaissé par l'usine, qui reversera ensuite sa commission à l'agent. Ce point est très important, plusieurs des "plaintes" que nous avons reçues montrent que devant un tribunal ce détail change la donne. Un simple agent commercial peut plus facilement se défausser de sa responsabilité quant aux problèmes de délais de livraison, service après-vente, etc. Mais avant toute chose : vérifier auprès de l'usine que votre interlocuteur est bien son représentant. Il est arrivé que des naïfs fassent un chèque à un total imposteur, depuis disparu dans la nature. Nous-mêmes, au journal, recevons de temps en temps des communiqués annonçant que telle structure distribue désormais telle machine, mais l'usine dément, quand nous faisons notre travail de vérification !
Première règle : privilégier un revendeur (concessionnaire) plutôt qu'un agent commercial. Il sera plus facile de récupérer son argent auprès d'une structure française qu'auprès d'une autre implantée à l'autre bout du monde.
Mais attention, si ce simple agent commercial a prétendu être revendeur dans sa communication (site internet, publicités diverses, documentation distribuée sur les salons, etc.), il pourrait être mis en cause pour publicité mensongère. Il s'agit donc ici d'un conseil aux professionnels, auxquels nous pouvons accorder ici une méconnaissance des us commerciaux, pourtant très réglementés en ce domaine : attention à vos déclarations.
Qu'est-ce que l'on achète ?
Une fois les statuts respectifs de l'usine et du représentant bien connus, se pose la question de la machine. Un ULM, en France, peut être vendu soit sous le régime "de série", soit en construction amateur. Dans le premier cas, l'usine, via son représentant ou non, mais toujours à son nom à elle, usine, a déposé auprès de la DGAC un dossier déclaratif dans lequel elle précise toutes les caractéristiques de l'ULM, son manuel d'utilisation et d'entretien, etc. Depuis 3 ans, chaque nouveau type d'ULM de série mis sur le marché est pesé par la DGAC avant que le dossier de série ne soit accordé. Mais une seule machine, dite "de référence", est pesée et certains professionnels usent d'astuces diverses pour faire maigrir cet appareil précis qui sera posé sur les balances. Dans tous les cas de figure, il appartient à l'usager de vérifier la masse à vide de son ULM, ne serait-ce que pour établir son devis de masse, ce qui ne relève pas seulement de la réglementation, mais aussi, voire surtout, de la physique.
Deuxième règle : exiger, avant signature de tout bon de commande et, surtout, versement d'acompte, de voir tous les papiers à jour et de peser la machine. Les papiers ne sont pas encore finalisés, la pesée de la machine devant vos yeux pose problème ? Passez votre chemin, l'offre est pléthorique !
Ici, on sent le lecteur sceptique : "comment est-il possible d'avoir à rappeler des règles aussi évidentes ?" C'est possible, justement, parce-que parmi les cas qui nous sont rapportés par les "victimes" elles-mêmes, c'est bien de ceci qu'il s'agit : un chèque de plusieurs dizaines de milliers d'euros, parfois sans même avoir vu voler la machine… donc encore moins vu le moindre papier.
Deuxième règle augmentée ! Vous avez vérifié l'existence des papiers ? Très bien. Maintenant, passez un petit coup de fil à la DGAC pour vérifier leur validité. Si, ça existe, des faux… les malheureux acheteurs de classe 6 BHR en savent quelque-chose… ils n'ont jamais été livrés et ne le seront sans doute jamais, mais ont bel et bien signé leur chèque sur la foi d'un papier "officiel" sans valeur.
Ces vérifications doivent aussi porter sur ce que vous avez pu lire ici ou là. Le rôle d'un journaliste est de vérifier toute information qu'il publie. Hélas, ce travail n'est pas toujours effectué avec minutie. Ce n'est pas parce-qu'on a lu ici ou là que telle machine est ULM qu'elle l'est aux yeux de la loi. Sans vouloir nous lancer des "fleurs" qui n'en sont pas d'abord parce-qu'il n'y a rien de glorieux à faire son travail et d'autre part parce-que nous avons aussi été trompés parfois, ULMiste est le seul magazine, par exemple, à avoir précisé que BHR n'avait aucun ULM classe 6 au catalogue et en expliquant le dessous des cartes… pendant que tous les autres magazines parlaient du "classe 6" de BHR, qui n'a jamais existé. Attention aussi aux magazines qui se contentent parfois de traduire des essais publiés dans d'autres pays sans les adapter. Ce qui est ULM là-bas ne l'est pas forcément ici et inversement. Quant à croire ce qui est publié dans les publicités vues dans nos magazines, oublie ça, les pubs, par nature, sont souvent très optimistes.
Professionnels, protégez-vous aussi !
Si, certes, quelques professionnels que nous ne pouvons hélas pas citer sous peine de voir ce magazine disparaître, vu que la diffamation englobe la révélation de la vérité, sont sans doute soupçonnables de véritables escroqueries, il nous semble pouvoir affirmer que d'autres, la plupart, souffrent également d'une forme de naïveté. Ils peuvent être de bonne foi quand ils se disent revendeurs alors qu'ils ne sont qu'agents commerciaux, la conscience de la nuance n'est pas toujours acquise. Ils peuvent aussi subir une grande pression de la part de leurs fournisseurs, qui les poussent à "pré-vendre" la version ULM avant qu'elle ne soit tout à fait aboutie. Mais oublient juste, comme certains clients, les fondamentaux.
Non, peser la machine devant le client n'est pas que s'exposer à ce qu'il proteste, bien que les nombreuses options aient été ajoutées par sa soif de jouer au captain de Boeing.
Peser la machine devant le client, avec photos, document signé ou tout autre moyen de prouver que cette opération a été faite, est aussi vous protéger !
Plusieurs cas ont été observés ces dernières années de clients de parfaite mauvaise foi. Untel achète une machine « connue » pour être trop lourde (avant que les pesées officielles ne soient obligatoires, donc avant la classe 6). Il vole quelques années avec, accumule les centaines d'heures. Puis effectue une pesée devant huissier, porte plainte et se voit remboursé, après des procédures certes un peu longues, de la totalité de la valeur de la machine à son prix d'achat !
Occasion…
L'achat d'occasion peut aussi être un bon moyen de "se faire avoir", sachant que la plupart du temps, comme en neuf, on s'y met tout seul… ou parfois conseillé par ceux qui ne seront jamais les payeurs.
Ainsi par exemple lors d'un achat à l'étranger. Si tel ULM proposé au fond du Portugal est tellement moins cher que même les frais pour aller le chercher à l'autre bout de l'Europe se justifient, alors méfiez-vous ! Il existe des machines qui sont clouées au sol parce-qu'impossibles à identifier en France. La petite astuce qui consiste à déclarer en construction amateur un appareil de série est de plus en plus difficile à défendre. Reste l’identification en série, auquel cas il vous faut présenter le dossier de référence déposé par le constructeur auprès de la DGAC. Certains concessionnaires refuseront de vous fournir ce dossier, car cela leur fait prendre une part de responsabilité sur une machine qu'ils ne connaissent pas. Ou d'autres professionnels vous vendront ce papier très cher, ce qui est leur droit le plus strict. Quant à récupérer son argent auprès d'un particulier à l'autre bout de l'Europe une fois qu'on a compris qu'on s'est mis dedans…
L'achat d'un ULM est un acte exceptionnel ! La passion qui nous anime peut nous porter à rater cet acte, ce qui laisse un goût d'autant plus amer que c'est son rêve de toute une vie qui est brisé. A ULMiste, nous aimerions ne plus entendre l'un quelconque d'entre nos lecteurs nous avouer, la gorge nouée et la voix contrite, qu'il s'est fait avoir "comme un con" !
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