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Championnats de France 2015

Article paru dans ULMiste n°21, décembre 2016

 

Championnats de France 2015

 

C'est en la riante cité de Chauvigny, accrochée à un bras de la Vienne dans le vert Poitou, que se tinrent du 24 au 28 septembre les championnats de France ULM "classic class". Oui, mon intro est tarte, mais j'essaie de coller aux préjugés que j'ai de la compétition. Que j'avais…

 

Pierre-Jean le Camus

 

Pour la première fois depuis que je pratique l'ULM à divers degrés, me voici inscrit. Non pas que j'aie foncièrement l'envie de me mesurer aux autres, non, mais simplement, j'aimerais pouvoir parler de la compétition ULM en connaissance de cause. Certes, depuis des années, je me trouve sur divers championnats nationaux ou internationaux. Il y a deux ans, souvenez-vous, je me suis proposé comme arpète de Samir Elari, directeur de course et lui-même plus que titré, ce qui fut fort instructif. Mais là, cette fois-ci, je suis au départ, ce qui change tout. Pour la circonstance, j'ai remis en route un Phase II 503 Ipsos 12. De base, sans aucun instrument, comme j'aime. GDecouv'R a remis en état le tricycle et le moteur et La Mouette s'est chargé (chargé ou chargée, d'ailleurs ?) de l'aile. Merci à eux ! Il s'agit d'un biplace, mais je viens en mono, n'ayant pas trouvé avec qui j'avais envie de me fâcher durablement. On est 8 en catégorie pendule monoplace, soit les plus nombreux, dont 3 filles ! Et on dit que le pendulaire est un truc de Popeyes ! Mais finalement, nous ne serons plus que six au départ, il y eut deux défections.

 

Première étape, inscription. On scrute le site de la fédé pendant des semaines, mais rien de vient. Puis, un jour, le formulaire d'inscription, indiquant une date limite antérieure à ce même jour… petit couac (à ULMiste, on est mal placés pour se plaindre des couacs, ou pas ?), vite réglé. Je remplis le formulaire, parmi les premiers. Puis je règle mon écot, 207 €, soit 60 € de frais d'inscription et 147 € de frais de bouche pour les 4 jours. Le camping et les sanitaires sont mis à disposition par l'Aéro-club de Chauvigny, merci à eux.

Puis, rien. Jusqu'à l'arrivée à Chauvigny, l'avant veille du départ. Deux jours avant et par hasard, j'apprends qu'il faut un certificat médical… en urgence, la chose se gère. Il paraît qu'un courrier circulaire a circulé, mais je n'étais sans doute pas dans la boucle. Ce courrier indiquait quelles cartes il faut acheter, quel matériel prévoir, ce genre de choses. Deux jours avant, il fut envoyé, ce courrier. Que je ne l'aie pas reçu ne change donc pas grand-chose. Il paraît que tout était écrit dans le formulaire d'inscription. C'est comme dans les assurances, faut tout lire avant de signer !

 

J-1

 

Je monte la machine, fais un vol de réglages, puis vais voler un peu dans le coin, histoire de prendre quelques marques. La semaine dernière, Laurent Rapiteau et Eric Groby, sept fois champions de France et anciens de l'équipe de France, m'ont prodigué plein de conseils, prêté du matériel de haut niveau, tout ça. Merci les potos ! Du coup, je vais voler tout en prenant quelques repères dans le coin : centrale nucléaire, éoliennes, châteaux d'eau… euh non, pas bon, les châteaux d'eau, y'en a mille à l'hectare. Puis je "m'entraîne" avec le matos de championnats du monde dont je dispose. Tout en volant, je plante des épingles dans mon "camembert" en polystyrène… je comprends mieux le défi que s'était lancé Coluche en jouant du violon avec ses gants de boxe ! De toutes façons, j'ai pas de carte. La R11, qu'il fallait acheter. Mais vu qu'on te l'a dit deux jours avant et ça se trouve que sur internet ou dans la station-service du bled, y'a pas. J'y suis bien allé, au bled, pour voir. "Mais, tout le monde me réclame la R11, j'en ai pu, m'sieur, qu'ess qui s'passe ?" Je lui explique vite fait, merci m'dame.

Les pros, ceux qui sont là pour la gagne, sont là depuis trois jours, voire une semaine, ont déjà volé 20 h la 100 000e sur le genou et connaissant le coin par cœur. Ils crèchent en camping-car ou en caravane et ont plein de matos dédié : scooter, table et chaises pliantes au pied de la machine, tout ça. Avec ma tente trois minutes, j'ai l'air fin. Tu sais, ce truc façon canal St Martin qui se déplie en trois minutes et se plie en trente… passée la première nuit, j'ai compris : c'est eux qui ont bon !

En soirée, inscription officielle auprès des bénévoles, qu'on ne remerciera jamais assez et parmi lesquels je reconnais quelques têtes que j'ai plaisir à revoir. Enfin, on se sent attendu, voire désiré. On connaît mon nom, mon inscription a bien été prise en compte, tout un tas de documents et papelards m'attendent dans une enveloppe, parmi lesquels la fameuse carte ! Qui ne servira finalement à rien, on t'en redonne une à chaque briefing, avec l'épreuve dessus… et un tee-shirt, qui comme toutes les fringues du genre me sera très utile pour la prochaine bricole de plomberie…

Premier briefing général, puis de l'épreuve du lendemain. Une certaine indiscipline règne parmi les participants, aussi Samir prend-il soin de parler bas, seule manière d'imposer le silence. Demain matin, épreuve domaine de vol sur 50 km jusqu'à Montmorillon suivie d'une nav patatoïde de 134 km avec des photos à trouver. Je sais déjà que cette histoire de photo ne m'excite pas. Ça me rappelle les courses à travers bois de mon époque boy-scout en culottes courtes, aïdi-aïdo. Bref, je ne vois toujours pas le rapport avec l'ULM et son pilotage. Nous n'aurons les photos qu'à Montmorillon. Puis, on découvre les repas qui nous sont proposés. Dès le lendemain, certains demanderont à être remboursés pour se débrouiller de leur côté. Pour ma part, je me sacrifie, un reportage est un reportage !

 

J1

 

On décolle selon l'ordre défini. Première branche libre, puis une branche d'une dizaine de kilomètres en vitesse mini. Une fois que l'on a passé la balise d'entrée (un carrefour) à une altitude libre, on ne peut plus sortir d'un couloir de 500 m de côté et 200 m de haut. Le vent est de face, je monte donc assez haut, puis je pousse (presque) tout et zigzague dans mon couloir. Bien sûr, faut pas virer de plus de 45° ni faire demi-tour, sinon y'en a qui y seraient encore. Hier soir, j'en voyais qui faisaient des calculs pour savoir combien de fois ils pouvaient monter, descendre, virer à droite etc. pour optimiser. J'en suis pas là, je n'oublie pas que c'est avant tout une compète "saucisse-merguez", façon course en sac des anciens de l'école de commerce…

Je n'insiste pas trop sur la vitesse mini, je prévois de rattraper Jean-Michel Serre, multiple champion national et international, à la prochaine balise, afin de le suivre et prendre une leçon. Lui doit voler à environ 35 km/h sur le mini, donc je suis bientôt derrière lui. Puis, deux branches de dix bornes en vitesse maxi. Il plonge vers le sol (logique, il y a du vent), puis file comme une balle. C'est que ça avance, son prout ! Je tire et le suis. Puis, au bout d'un moment, je passe devant et termine l'épreuve par une "box", rectangle de 5 m de long et 10 de large dans lequel il faut poser les roues pour marquer un bonus de 100 points. En fait, toutes les épreuves commencent par un décollage court et se terminent sur une précision d'atterrissage (PA). Ça j'aime, c'est du pilotage ! Pour le décompte des points, c'est simple : on est tous équipés d'un GPS aveugle (pas oublier de l'allumer !), qui sera décortiqué par David Fritsch, instructeur chez ULM Midi-Pyrénées et informaticien de l'organisation. Quelle que soit l'épreuve, le meilleur de sa classe marque 1000 points et les suivants sont notés au prorata du meilleur. Il est donc impossible de comparer les classes entre elles, ce qui est dommage, ça pourrait être intéressant.

 

L'épreuve suivante est cette patate de 134 km de long. On a deux heures pour la mener à bien. Les photos sont données selon l'ordre établi, l'heure notée, puis on prend le temps que l'on veut pour mémoriser les photos (que l'on scotche autour de la carte). Elles sont numérotées, il suffira de poser une épingle là où on pense la voir sur la carte. Bof, m'en fous un peu, de ça, donc je scotche et me dis que si jamais je vois un truc, je le mettrai, mais vais pas perdre mon temps avec ça. Donc, selon ta vitesse propre et le vent, tu dois décider combien de temps tu as pour cette manip, tout en arrivant dans les deux heures. Les plus rapides sont donc avantagés ici, les plus lents le seront ailleurs, t'inquiète ! Les photos montrent des ponts, des piles de pont, des croisements, des fermes. Il y en a 8 en tout. A défaut d'avoir trouvé la moindre photo (tu vas voir, tu vas voir), j'ai, plus tard, cherché quelques infos, notamment sur ces piles de pont, qui m'intriguaient. Il s'agit en fait d'un pont qui fut abattu par les FFI, ça a castagné dur par ici.

Je colle mes photos histoire de faire comme il faut, je les zieute un coup, puis j'y vais. Plus de la moitié des machines est déjà partie, virage vers la gauche après décollage pour aller chercher le point d'entrée de la nav. Si tu rates le point d'entrée, t'as 0. Si tu voles dans la zone interdite, t'as 0. Le règlement, c'est le règlement et on le connaît.

Je décolle, coup d'œil à la carte. Merdum, la carte me dit qu'il y a une route au seuil de piste nord, je ne la vois pas… en me retournant, je la vois au seuil opposé… les autres ont tous tourné à gauche, la carte me dit d'aller à droite… fatigué, déjà, le ventre un peu secoué par je ne sais quoi, je suis loin d'avoir tous mes moyens. Le temps de comprendre que j'ai mis la carte à l'envers, je suis paumé, en visuel du terrain ! Demi-tour, verticale, je remets la carte dans le bon sens, trop tard ! Je suis passé dans la zone interdite. 0 à l'épreuve, quoi que je fasse ensuite… deux options : soit je fais la patate pour le plaisir (ce qui me tentait bien), soit je trace tout droit sur Chauvigny et vais me reposer. J'hésite un peu, puis opte finalement pout la solution du flemmard. Le pire est que pendant le vol retour, je savais où j'étais et à quel moment j'allais croiser les autres sur leur patate… rageant ! C'est le jeu. Leçon du jour : ce truc-là met une bonne claque à tes certitudes… sur l'épreuve d'éco, je suis deuxième derrière Serre à 125 points, pas mécontent, faut bien trouver une satisfaction… les meilleurs trouveront les 8 photos, ce que j'admire : même si je ne goûte pas l'exercice, je suis conscient de sa difficulté.

 

J2

 

Autant le dire tout de suite : aux PA et contrairement à ce que je pensais en arrivant ici, j'ai eu 0 à toutes les épreuves, que ce soit au moteur au sans… pas loin du but, certes, mais 0, c'est 0. Je n'ai pas bien la machine en mains et elle est beaucoup moins précise que ce que l'on peut trouver de nos jours. Bon, la prochaine fois, faudra que je vole un peu plus de 3 heures avec avant de venir…

L'ambiance est très bonne dans les "padocks". Les plus anciens, tels Jean-Michel, ne sont pas avares de conseils envers les Padawan. Marie Géraux, pilote "officielle" Air Création, qui court sur un Pixel, plutôt tendue en départ d'épreuve mais toujours volontaire, sera bien contente de trouver en lui, comme en d'autres, une source d'informations et d'encouragements. Le soir, on se retrouve autour de la buvette installée par l'aéroclub, à commenter les épreuves du jour, à causer stratégie pour le lendemain. On ne cache pas grand-chose. Il faut dire qu'il y a un peu deux mondes : ceux qui font ça depuis des lustres, sont en équipe de France, viennent en camping-car, tout ça. Puis les pouilleux comme moi, qui arrivent un peu en vrac et ne sont pas une menace pour les grands. Du coup, dès le premier soir, les premiers se trouvent avec une confortable avance de plus de 1000 points. Mais enfin, c'est jamais gagné. Par exemple, sans la vache de Nicolas Boche sur panne moteur (pas la dernière), je ne serais sans doute pas deuxième sur le domaine de vol. En sport mécanique, c'est aussi là-dessus qu'on perd. La matinée du jour 2 est un peu freinée par la météo.

 

Mais, finalement, ça y va. Epreuve "nav contrat". Tu as deux heures. A l'heure indiquée au briefing et par espacement de deux minutes, on te donne 34 balises sur la carte du jour. A toi de décider combien tu veux en faire, puis de donner une petite fiche déclarative aux commissaires avant d'y aller. Plus tu marques de balises, plus tu as de points. Mais plus tu en rates, plus tu as de pénalités. L'astuce consiste donc à trouver le compromis entre le nombre de balises et celles que tu peux trouver. Il vaut mieux déclarer 15 balises et les trouver qu'en déclarer 30 et n'en trouver que la moitié… il faut aussi jongler avec le temps que tu prends pour te préparer, le chrono démarre à la remise des balises… c'est là que les tables et chaises au cul de la machine entrent en scène. On pose une épingle sur chaque balise, puis on joue avec sa ficelle. Cette ficelle, propre à chaque machine et minutieusement préparée, correspond à une distance donnée à ta vitesse propre (tu t'adapteras au vent du jour). Par exemple, je me donne une demi-heure pour préparer, j'ai donc une ficelle correspondant à une heure 30 (ou 28 pour te donner une marge), de vol. Avec ta ficelle, tu joues sur tes épingles pour voir combien tu peux en toucher.

Je suis de plus en plus fatigué, j'ai du boulot (urgence, donc administratif), je n'y vais pas. Ce que je regrette bien sûr en voyant tout le monde décoller… et, surtout, revenir, la banane aux lèvres pour certains, le dépit dans les yeux pour d'autres… je commence à avoir un peu honte, surtout quand je vois comment se défendent les filles en pendule mono, mais bon, j'assume…

 

Je volerai l'après-midi. PA 3 minutes. Tu décolles court, tu gères comme tu veux, tu dois toucher les roues (en PA), au plus près des 3 minutes. Je n'ai jamais fait ça, moi ! On décrète que je pars deuxième… je fixe mon chrono, emprunté en dernière minute à mon pote J-C, sur ma jambe, puis j'attends mon tour. Nico Boche décolle en premier. Il sait faire, aussi loin que remonte ma mémoire, il est compétiteur (comme d'autres, ce sont d'ailleurs ses seuls vols de l'année). J'enclenche donc mon chrono quand il décolle, histoire de prendre des marques. Ok, minute 1, montée et vent traversier. Minute 2, vent arrière. Minute 3, base, finale, atterro. D'après mon chrono, il touche les roues à trois secondes. On a 10 secondes, +/- 5 s, avant pénalités. Je vais faire pareil, on a la même aile et la même puissance, mais je traîne plus que son Echo 12. Ça le fait, je touche à 2 mn 58 ! Je n'aurais jamais imaginé ! Puis je chronomètre les suivants. Globalement, le pendulaires sont plus précis que les multiaxes et autogires, y compris parmi les meilleurs. Y'a pas, c'est précis, ces bêtes-là !

Puis, ce qui est pour moi l'épreuve reine ! Deux pylônes aux diagonales du terrain, on fait deux tours en 8, contre la montre. Je passe encore parmi les premiers… dommage, si j'avais été dernier, vu que je me fous du classement, j'aurais tourné jusqu'à la nuit ! Plaisir absolu, la seule épreuve dont tout le monde descend avec la banane. Les biplaces ont un peu rouspété, Samir ayant imposé qu'ils volent en solo sur la manip. Beau spectacle, grand plaisir, tout le monde fut satisfait.

 

J3

 

Nav éco distance vers Couhé. Les monoplaces décollent avec 10 kg de carburant et les biplaces avec 20. Il a fallu donc vider les réservoirs, selon un protocole bien rodé. Un axe est défini, opposé au cap vers Couhé. Chacun décide du point sur lequel il fait demi-tour puis prend le cap sur Couhé. Bien sûr, plus tu vas loin dans l'autre sens, plus tu marques de points. Je reste encore par terre et irai donc par la route avec mon copain Nicolas Coince, Ardèche ULM, qui est ici comme coach de Marie Géraux. On cause sport auto (il a roulé longtemps), on se découvre des connaissances en commun, sympa. A Couhé, on est reçus par Antoine Demellier, bien sûr, mais aussi Nicolas Porge, qui a repris la gestion. Des ULM sont déjà posés. Un "panier repas" nous est servi, ce qui permet aux autonomes de découvrir ce qu'endurent les pensionnaires…  

L'épreuve retour est annulée pour les monoplaces, trop de vent. Ça revient donc par la route, avec Peyo pour ma part. Des années qu'il n'était pas venu sur un championnat de France, cette fois-ci il est là et bien sollicité, comme toujours. Les biplaces ont une régul photo, des photos à trouver sur un parcours, en tentant de maintenir une vitesse la plus constante possible, donc en jouant avec le vent. Ça, ça doit être intéressant ! Pour une fois que ça me plaît, c'est gelé pour les monos (je dis ça un peu pour me donner bonne conscience, hein !).

 

En pendule mono, nous ne sommes donc que 6, finalement. Jean-Michel Serre, le Boss, champion du monde. Nicolas Boche, dont j'ai déjà causé. Maire Géraux, itou. Lison Rebouillat, deltiste très fraîchement convertie au pendulaire, qui vole sur un Samson de La Mouette, à moteur Polini 250 et aile 12. Michel Joyeux, ami de Jean-Michel, sans doute le doyen des championnats, qui vole avec un Alizé à moteur quatre-temps Swiss Motor (comme Jean-Mi), mais avec une aile simple surface. Sur l'épreuve des pylônes, j'ai trouvé qu'il fut le plus touchant, tournant ses 8 à 50 km/h ! Et il y marque des points, la distance d'atterrissage étant presque aussi importante que le chrono. Samir sait concevoir des épreuves qui favorisent le pilotage plus que les machines.

 

En pendule biplace, ils sont trois, donc assurés du podium. Bruno Bouron/Franc Maubert sur 02B bien sûr. Pierre Bourgue/Ophélie Hamard sur Skypper BioniX 15. Les frères Toussaint, Loïc et Félix, sur Skypper BioniX 13. Je ne les connaissais pas, ces deux là. Leurs parents, oui, bien sûr. Ben, quand tu connais les parents, t'es pas surpris par les fils. 21 et 25 ans, dans l'ULM depuis déjà longtemps, première participation à une compétition. Ils sont pro du baptême et la montagne, mais naviguer en morne plaine, c'est une découverte. Ils se débrouillent plutôt très bien ! Et sont d'une sympathie absolue, comme leurs vieux !

 

En multiaxes biplaces, Corinne Guglielmino et René Manzano ; Régis Deschamps et Guy Strurtzer ; Thierry Coutant et Bruno Lejuzeur ; José Vende Veken et Stève Minder ; Pierre Laneurit et Nathalie Amiot ; Georges Truchet et Yoann Gini ; Jean-Claude Aynié et Patrick Etcheto. Pour la plupart, ils ont ne expérience, plus ou moins longue, de la compétition. La bataille y est donc rude. Mention spéciale à Pierre Laneurit, qui manie son Tétras de façon admirable, de l'avis général. C'est beau de le voir évoluer et toucher les roues dans le carreau sans maltraiter sa machine !

 

En autogire, Didier Garcia et Laetitia Vidal ; Serge Bouchet et Laurent Oth ; Florent El Hefnaoui et Vincent Desfond ; Stéphane Kübler et Philippe Ficarelli ; Norman Hulmel et Alexis Léger. Mention à ces derniers ! Ils n'ont pas 40 ans à eux deux, se présentent à une compétition pour la première fois. N'ont rien préparé. Et se démerdent grave trop bien ! Ils finiront deuxième, pas loin derrière Kübler, qui participe à des compètes depuis que je le connais, soit près de 20 ans ! A suivre, ces deux là. Faudrait juste que Norman se calme un peu, il envoie trop fort et le gyro n'aime pas ça…

 

J4

 

Dernier jour. Eco triangle. Toujours avec une quantité de carburant limité, on doit faire un triangle en dehors d'un cercle de 10 km de diamètre autour de l'aérodrome. Plus le triangle est long, plus on marque de points. Puis, on tourne en rond dans le cercle. Toutes les 20 mn, on peut venir toucher la "box", sur le terrain. On se pose quand on veut, avec ou sans carburant restant. Il y a un peu d'instabilité thermique, mais un vent assez prononcé balaie un peu tout. Ils sont en l'air depuis plus d'une heure. Les premiers déjà posés. J'observe, voir comment qui fait quoi. Les pendulaires mono enroulent les thermiques (notamment notre deltiste, bien sûr !), les gros optimisent. Je vois le Sky, aux grands angles, sur un filet de gaz. "Ils sont joueurs", me dis-je. Première box. Ils remontent à vitesse mini, dans un vent rafaleux. "Ils sont vraiment joueurs !". Vingt minutes plus tard, seconde box. Je discute et ne vois pas. A trente ou quarante mètres du sol, décrochage dissymétrique, on entend un grand coup de gaz (réflexe naturel), des cris dans l'assistance "Coco ! René !", puis l'impact.

 

Ils savaient ce qu'ils faisaient. L'ULM, c'est ça aussi. Gérer son risque en fonction de son objectif. Ils ont juste, comme d'autres depuis 4 jours, peut-être un peu oublié que l'objectif est nul. Au sens, 0. Une médaille même pas en chocolat que tout le monde aura oubliée dans deux ans. ULMiste partage la tristesse de leurs familles. On peut lire également "mon journal des championnats" sur notre site, rubrique "actulm".

 

C'est la première fois qu'il y a des morts en plus de 25 ans de compétitions FFPlUM. Statistiquement, c'est donc ce qu'il y a de plus sûr. Jamais, à aucun moment, je n'ai trouvé que les règles nous poussaient à la faute. J'aurai appris, sur cette expérience, qu'il faut garder ça à l'esprit. Même si je l'ai un peu trop illustré par une nonchalance que je regrette… je reviendrai, mieux préparé et équipé, parce-que, enfin, j'ai compris une chose ! J'ai compris pourquoi certains aiment ça ! Et j'admets que je pourrais bien y prendre goût !

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