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Décoller vent de travers en pendulaire

Article paru dans ULMiste n°21, décembre 2016

 

Décollage vent de travers en pendulaire

 

Le décollage par vent de travers en pendulaire, cause bien du souci à nombre de pilotes. Pas autant que l'atterrissage, que nous traiterons prochainement, mais tout de même, on s'y perd entre sa tendance naturelle à venir dans l'axe du vent et notre crainte de le voir se soulever sur une rafale. Voici une astuce pour mieux gérer cette phase délicate.

 

Pierre-Jean le Camus

 

La flèche de nos ailes delta a un effet à la fois bénéfique et nocif : la tendance naturelle à venir se positionner dans l'axe du vent. Tant qu'il s'agit du vent relatif, celui que nous créons par notre avancement dans l'air, personne ne s'en plaint : vu que cette machine n'a aucune commande directe sur l'axe de lacet, ce dernier se gère tout seul, la flèche offre donc de la stabilité sur l'axe de lacet. Mais, ceci devient un petit inconvénient quant le vent n'est pas relatif, mais absolu : le vent au sol dans les phases de décollage et atterrissage (météo ou thermique). Du coup, quand la vitesse de la machine ne contre pas encore suffisamment le vent absolu, ça veut partir de travers vers le vent ou la rafale.

 

Décollage vent dans l'axe

 

Nul besoin de commentaire…

Prenons un vent qui vient de notre droite et imaginons différentes solutions

 

Décollage barre au neutre

Au fur et à mesure de la prise de vitesse, nous sentons que l'appareil veut partir vers le vent qui vient de notre droite, ce que nous devons contrer par une puissante action à la fourche. Du coup, dès la rotation, un vif mouvement de lacet vers la droite sera ressenti, générant un dandinement du tricycle qu'il faudra piloter et un écartement de l'axe de la piste. En plus du caractère désagréable de la chose, un fort couple de torsion s'exerce sur la jonction aile-tricycle, qui à la longue finira par laisser des traces dans les perçages.

 

Oui, mais le vent peut soulever mon aile, donc je dois baisser l'aile au vent pour y remédier ! En effet, c'est ainsi que c'est souvent enseigné. Observons ce qui se passe alors.

 

Décollage aile basse au vent

Nous ne faisons qu'aggraver le phénomène, puisque la portance, décalée vers la droite, s'additionne aux effets du vent ! Le mouvement de lacet et le décalage de l'axe de piste n'en seront que plus vifs.

 

Tentons autre chose

 

Décollage aile haute au vent

Une fois que l'on a décollé, il suffit de ramener l'aile à plat et nous nous apercevrons que nous sommes alignés sur l'axe de piste !

Cette petite astuce sera peut-être une découverte étonnante pour certains. En effet, il est d’usage de baisser l’aile au vent afin de ne pas se faire retourner la crêpe. Ceci est valable pour les machines très légères ou si le vent est fort. Cette technique « Ã  l’ancienne Â» est héritée de nos ancêtres deltistes. Pour contrer le vent de travers sur un déco, ils basculent l’aile dans le vent, en lacet, et initient leur course d’envol avec la barre de contrôle de travers. Les liaisons rigides de nos pendulaires ne nous permettent pas cela. D’où l’idée initiale de contrer le vent en baissant l’aile. Nous venons de voir que l’inverse marche aussi, et même mieux !

En fonction de la masse de votre machine et/ou de la force du vent, il faudra bien sûr s’adapter. Aucune solution ne s’applique dans tous les cas. Il faut toujours, quand on pilote, s’adapter aux conditions, à la machine, au terrain et à l’heure de la dernière sieste…

 

Allez, pour paraphraser Bobby Lapointe, pour la prochaine fois, sur un cahier propre, vous nous ferez dix lignes de vent de la droite et dix lignes de vent de la gauche. Interro surprise possible à tout moment !  

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