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De la Harley au pendulaire !

Article paru dans ULMiste n°22, janvier 2016

 

Un retour aux sources des plus imprévus

 

François d'Auvergne

 

Promis, je n’ai pas fait exprès de mettre le doigt dans l’engrenage du pendulaire ! La moto c’était déjà  ma femme l’instigatrice il y’a 20 ans, de fil en aiguille nous en sommes arrivés à trois grosses cylindrées américaines dans le garage, des milliers de kilomètres en Europe, cinq fois les routes Mythiques de l’Ouest Américain, quelques tatouages aussi, et surtout un grand vent de liberté, une soif d’espace, bien ancrés au fond des neurones, j’étais devenu au cours des années un biker. J’aurais pu en rester là. Il est certain que l’aventure n’est pas terminée. Tout de même, avant la moto, j’avais passé mon BB avion sur Rallye et DR 400, et donc réalisé mon rêve de gosse à une époque où l’heure de vol était encore abordable car un peu subventionnée. Suite à une migration en Rhône-Alpes, le parapente prit le relais, 500 vols sur 25 ans, une pratique en touriste prudent, sans se prendre le chou, toujours avec l’idée de se faire plaisir sans tenter le diable. Il restait donc probablement en moi quelques toxines, dont j’ai tenté de soigner les effets, à coup de visites de musées aéronautiques, partout dans le monde, des plus prestigieux aux plus modestes, des lectures ou des reportages choisis sur l’histoire de l’aviation (je suis en général jamais plus de trois jours sans y passer un peu de temps) et toujours le nez en l’air. Voilà en gros pour le CV aéronautique.

 

ULM…

 

Mais revenons à la moto, lors d’une virée en amoureux dans les Alpes nous avions pique-niqué près d’une base d’ULM, la langue pendante j’avais assisté aux évolutions des divers engins : pendulaires, 3 axes, gyros, paramoteurs…

« Je vais te payer un vol pour ton prochain anniversaire » fut la phrase qui réussit à me faire reprendre la route, et le cours de nos escapades motocyclistes de l’été qui débutait.

La fin d’hiver qui suivit, avec ses premiers thermiques, me fit faire quelques beaux vols avec « le chiffon» sur mon cher site de Samoëns en Haute Savoie.

Ensuite au hasard d’une petite vadrouille locale dans le Beaujolais, le guidon tourna quasiment tout seul vers l’aérodrome de Pizay, ou j’avais déjà remarqué une certaine activité. Une flamme s’était-elle rallumée ? Une force inconnue s’était-elle manifestée ? Le temps était gris, les hangars fermés, mais, tient y’a de la lumière, on rentre… Et là je rencontrai Samir qui m’expliqua comment je pouvais faire ici ce vol de découverte offert par ma chère et tendre, et me fit voir l’ensemble des machines de l’école.

Rendez-vous fut donc pris pour la belle saison. Le jour dit, je rencontrais mon futur instructeur, à qui j’en m’en remis immédiatement pour ce moment tant attendu.

Il fait le briefing, je lui raconte mon histoire, tutoiement direct, pas de chichis, je retrouve vite l’ambiance du parapente, ce par quoi le gars a commencé sa carrière d’homme volant d’ailleurs….

Nous nous installons illico dans un magnifique chariot Skipper du fabriquant Ardéchois, au carénage rouge « Ferrari », moi en place arrière. Je crois bien d’ailleurs que le premier pendulaire que j’avais regardé avec curiosité, il y’a longtemps était déjà de cette marque.

Moteur, alignement, décollage. Aussitôt gagnés quelques centaines de mètres, il me fait déjà tâter le trapèze, et tester tangage, et roulis.

On se pose, on change de place et me voilà « au pied du mur » avec selon le briefing l’engin à mener convenablement en bout de piste, « la commanditaire» prend des photos, je ne rigole pas on rentre dans le sérieux !

Des minutes qui suivirent j’ai un grand flou, qui de l’instructeur ou moi, fit quoi ? , je n’en sais fichtrement rien, ce ne fut que quelques centaines de mètres plus haut que je repris mes esprits et conscience que j’étais assis en place pilote.

Rapidement avec les conseils dans l’intercom, je pris la mesure de la machine et réussis quelques virages, avec cependant de beaux yoyos en sortie.

Prise et tenue de caps, ça va à peu près selon lui, la machine semble vouloir se laisser apprivoiser, pour à certains moments reprendre cette espèce d’indépendance mesurée qui vous laisse perplexe. Un cheval, voilà, je garde un peu ce souvenir d’un unique après-midi sur le dos d’un canasson….

Nous revenons vers le terrain, et soudain mon instructeur réduit tout.

- ho ho mais que fais-tu ?

- Et bien on va se poser, allez PTS tu es en parapente, à toi de jouer !

Bon, OK, il avait su rapidement établir la confiance, « compétant le gars !» comme dit Bigard, alors je vais lui montrer !

Virage gauche, virage droite, l’œil sur le seuil de piste, le sol monte, on se rapproche, c’est vrai que le film est un peu le même qu’en parapente, avec de la vitesse en plus peut être, je ne suis pas dépaysé, alors que je m’attendais à une approche plus « avion » avec une longue finale bien cadrée, les gaz réglés pile poil, un vario à gérer et tout et tout….

« Allez on tire, on accélère »

« Ho ho doucement ! »

L’herbe me monte à la figure, à 100 km/h, et là, trou de mémoire, j’étais pourtant là bien réveillé, mais je n’ai pas de souvenirs précis, toujours est-il que l’on se retrouve à cahoter gentiment dans l’herbe avec le badin qui finit sa descente. Nous sommes posés, on coupe, on descend, et on se congratule, cela va de soi.

Je rentre au bercail heureux,  il ne me reste plus qu’à digérer tout ça, ce n’est que quelques jours plus que les premiers symptômes sont apparus :

- Un nouveau tour sur le site web de l’école, point sur les congés restant à solder, le niveau de la cagnotte loisirs, exhumation de la valise avion, pas ouverte depuis 26 ans, avec les  bouquins de méca-vol, de météo, les cartes aéronautiques, les vieilles photos….

- Puis nouvelles soirées sur le net : sites de constructeurs, visionnage de vidéos diverses sur YouTube…

- J’en parle nonchalamment entre la poire et le fromage, je tâte le terrain avec les autorités, puis conseil des ministres. Ensemble on valide le fait d’aller plus loin.

- Le dossier d’inscription se finalise en 48 h, je fonce à Pizay voir Mélanie pour régler les formalités et cale pas moins de quatre rendez-vous pour voler sur la même semaine.

En seulement quelques jours le virus avait fait sa besogne.

 

En formation !

 

Maintenant j’ai effectué ces quatre premières leçons avec mon instructeur, j’avais en moi de vielles toxines, lui, il connait à fond les multiples substances de l’aviation légère, il sait tout faire de la montgolfière au paramoteur en passant par le base-jump.

En vol, avec lui, pas de répit, on bosse, on ne reste jamais longtemps en ligne droite à admirer le paysage, on le fait exprès en plus, virages 30°, 45°, montée, paliers, attérros moteur coupé. Petit à petit, je deviens plus précis, le cheval en fait un peu moins souvent qu’à sa tête également.

Un fort vent de sud est rentré, il y’a du gradient, on ne fera donc pas trop de tours de piste aujourd’hui, dit-il,  nous partons donc visiter le Beaujolais que je connais bien en moto, prise de caps, gestion de la dérive, turbulences modérées, ça va toujours, je m’amuse bien.

Pour finir, on se fait tout de même deux tours de piste histoire de bien finir le week-end.

 

Obsession

 

Retour au boulot, passages de perturbations, je ne pense pas rater quelque chose, mais quand même je ne pense qu’à ça, depuis l’autoroute A6 je vois le Beaujolais survolé l’autre jour, « toi tu ne perds rien pour attendre…. » 

J’ai hâte de me faire un nouveau tir groupé de leçons, mais avant j’ai quelques beaux runs moto prévus avec mes potes, je n’ai pas fini de leur parler en détails de cette nouvelle expérience, voir de leur casser les oreilles.

Alors l’avenir ? J’avoue que je n’en sais rien, mon seul objectif c’est voler, comprendre, progresser, me faire plaisir, rencontrer de nouveaux amis…

Cela dit j’ai conscience qu’il y’a du travail, et que le chemin sera long.

Un jour il sera temps de passer le brevet pour concrétiser, dans six mois, un an, deux ans ? En attendant je laisse voler…

Mais je pense que l’on me verra souvent du côté de Pizay d’ici là…

 

François dit « le Raconteux » chez les bikers

 

 

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