La météo, c'est ce que l'on voit devant soi !
Article paru dans ULMiste n°22, janvier 2016
La météo, c’est ce que l’on voit devant soi
Pierre-Jean le Camus
LFBD 140500Z 141206 24006KT 9999 SCT030 BECMG 1215 BKN030 BECMG 1821 15004KT 6000 NSC PROB30 TEMPO 0006 3000 BR BKN005. Rassurez-vous, personne ne vous a insulté ! Nous avons ici à faire à un TAF, ce message qui nous indique quel temps il va faire à tel ou tel endroit…
Alors que, voici quelques années, le Morse, devenu obsolète, fut abandonné, de pauvres pilotes de loisir, qui pour certains, il est vrai, aiment à s’entourer d’une espèce d’aura de sophistication, devraient encore savoir décrypter ce langage barbare… mais pour qui nous prend-on ? Et d’abord, à quoi nous sert de savoir quel temps il fait à Bordeaux, lorsque l’on part de Paris, et que, en volant à 80 ou 150 kilomètres à l’heure, on y sera dans 5 ou 7 heures sans compter les pauses ? Il s’en passe, des choses, en sept heures. D’où le titre un peu provocateur de ce papier.
De quoi avons-nous donc besoin ?
D’une vision globale de la situation, et des événements à venir. Mais dans une langue de chrétien, s’il vous plaît. Pour aller balader à faible vitesse durant trois ou quatre heures, les prévisions familiales glanées sur Internet, dans le journal ou au téléphone peuvent suffire. Nous avons besoin de connaître la direction et l’intensité du vent, et l’état de la masse d’air. Dès l’instant que l’on sait lire les nuages et leur évolution, que l’on sait faire la différence entre les conditions propices à l’apparition de brouillard et l’arrivée d’un front froid, et que, surtout, on sait se dérouter ou se poser en campagne, on a suffisamment de bagage pour voler en sécurité. Il est important ici de pointer une règle qui devrait être commune à tous les pilotes de loisir, et qui, si on l’oublie, est accidentogène : en aviation de loisir, il n’y a pas d’obligation de résultat en ce qui concerne la destination. A la question "où vas-tu ?" nous devrions répondre "je prévois d’aller à Chimou". En aviation commerciale ou en IFR de loisir, c’est autre chose, on aimerait bien arriver à bon port, merci.
Préparation
Le but de ce discours n’est certainement pas d’encourager les pilotes à négliger la préparation du vol. Simplement, il faut être conscient qu’une préparation approfondie, avec douze pages d’informations météo, peut annihiler le discernement face à un phénomène inattendu, ou insuffisamment prévu. Le BEA a publié une étude fort intéressante nommée "Objectif Destination", dans laquelle sont pointés les accidents survenus alors que les pilotes voulaient absolument rejoindre leur destination malgré que les conditions météo fussent très défavorables. Il est certain que, pour ceux-là, la météo n’était pas ce qu’ils ont vu devant eux, mais ce qu'on leur avait dit à distance. Du coup, le titre devient beaucoup moins provocateur !
La météo, c’est donc aussi ce que l’on voit devant soi
Si l’on est capable de consulter des prévisions météo basiques, de lire le ciel et surtout, de savoir prendre la décision de renoncer à sa destination, voire au décollage, alors on a toutes les chances de devenir un vieux pilote. Il y a quelques années, au Portugal, une quarantaine de machines décollaient dans le brouillard. Tout ça les pilotes avaient tous, en poche, le message en barbare qui disait que, à destination, il faisait beau ! Un seul a renoncé, pour décoller, une heure plus tard, sous un splendide ciel bleu. Le pilote de cette machine était le seul, ce jour-là, à considérer que "la météo, c’est ce que l’on voit devant soi", et non pas ce que disait le papier. Il décolla une heure après les autres sous un ciel clair et personne ne le lui a reproché, ils étaient trop occupés, les autres, à gérer les frayeurs qu’ils venaient de s’offrir…
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