Dominique Méreuze, le point sur l'actualité
Article paru dans ULMiste n°3, octobre 2010
Le Zident, il en dit quoi ?
Pour faire le point sur les dossiers en cours, parmi lesquels l’hélico ULM est le plus commenté, nous avons posé quelques questions à Dominique Méreuze, président de la FFPlUM et de quelques autres instances. Nous aurions aimé imaginer un débat sur l’hélico, mais il paraît qu’il n’y en a plus...
ULMiste : bonjour Dominique, parmi les dossiers d’actualité les plus commentés figure en premier lieu la classe 6 hélico ULM. Une période probatoire va démarrer. Concrètement, ça se passe comment ?
Dominique Méreuze : il va y avoir un protocole entre la FFPlUM et la DGAC, premièrement. Ensuite deux appareils, un CH7 Kompress et un Fama Kiss vont recevoir chacun un laissez-passer. Nous avons trouvé quatre instructeurs, à la fois hélico et ULM, qui vont assurer la formation de dix élèves dans cette classe qui n’existe pas encore.
ULMiste : sous quelle forme, ce laissez-passer, avec une identification ULM ?
Dominique Méreuze : je ne peux pas le dire mais je ne pense pas, on verra, je n’en sais encore rien. A priori ils pourraient rester sous régime italien. Mais rien n’est figé.
ULMiste : donc l’hélico ULM pourra être à turbine ?
Dominique Méreuze : oui, comme peuvent l’être toutes les classes d’ULM.
ULMiste : pourtant une circulaire précise que les ULM ne doivent être propulsés que par des pistons ?
Dominique Méreuze : non, seuls les réacteurs sont interdits, nous avons bien fouillé les textes. D’ailleurs comme le précise Thierry Couderc dans l’actuel ULM Info, la turbine est bien plus simple que le moteur à pistons.
ULMiste : ça consomme beaucoup plus, mais en effet c’est plus simple.
Dominique Méreuze : ce qu’ils vont gagner en poids du moteur se perd en autonomie, puisque par ailleurs la densité du Jet est supérieure (calcul de la masse à vide “réglementaire”). Mais au-delà, il convient de préciser que ces appareils seront strictement conformes à la réglementation ULM. Donc, ils seront pesés. Si l’un ou l’autre n’est pas dans les clous pour la masse à vide, il ne volera pas dans le cadre de cette phase expérimentale. Pareil pour le poids au décollage et c’est pourquoi nous avons sélectionné les pilotes en fonction du sexe, de l’âge, du poids, de la taille, du fait qu’ils sont instructeurs ou non, ab initio hélico ou ab initio total, etc. Nous avons ainsi sélectionné trois dames, trois instructeurs et quatre pilotes dont un pilote “handicapé”. Les propriétaires des appareils sont un privé et un importateur. Une convention est passée entre tous pour bien préciser qu’il s’agit d’une expérimentation et que tout le monde prend des risques, financiers notamment au cas, très improbable, où la classe 6 ne verrait pas le jour.
La phase d’expérimentation dure six mois, éventuellement reconduite avec des candidats sur liste d’attente. Le but premier n’est pas de former, à tout prix, dans les 6 mois, à voler seul à bord, tous les pilotes retenus ; mais de valider premièrement que ces appareils sont capables d’assurer de la formation et également de mettre au point un programme, une méthode, des outils pédagogiques afin de dire, au bout des six mois “voilà la méthode qu’il faut utiliser”, une fois que l’on aura vu les forces et les faiblesses de cette formation. On n’est donc pas à la pièce, s’il n’y a que cinq pilotes formés, il n’y en aura que cinq. Il est clair net et précis que cela ne peut déboucher que sur une classe 6 qui, devant arriver avant l’été 2011, ne verra le jour pour la FFPlUM qu’à la seule condition que toutes les règles de base de la réglementation ULM soient les mêmes pour cette nouvelle classe. Je l’ai répété plusieurs fois et c’est très clair. Monsieur Coffin (DGAC), était présent à Blois et l’a confirmé.
ULMiste : là-dessus la fédé ne peut avoir que des souhaits, elle ne peut pas avoir d’exigences.
Dominique Méreuze : ah si, elle peut avoir des exigences, sans quoi on ne sera plus partie prenante. Or, si la fédé ne s’implique plus, le dossier est clos.
ULMiste : oui, mais si l’administration sort cette classe avec des contraintes qui ne vous conviennent pas, que se passe-t-il, l’hélico ULM se développerait en marge de la fédé ?
Dominique Méreuze : Oui, comme tout, rien n’interdit en “théorie” que l’administration passe outre notre avis ! C’est pareil dans tous les domaines : si par exemple elle décidait tout d’un coup que pour les pendulaires tous les mois les pilotes devraient passer un contrôle, ce sera un état de fait, c’est sûr. Mais dans le contexte actuel je t’assure que ce n’est pas envisageable sans l’accord de la fédé. Et c’est bien pour cela qu’il y a une fédé, pour se battre et monter au créneau. Pour la classe 6 il a fallu vaincre des résistances, il faut toujours, aujourd’hui, encore aujourd’hui, vaincre des résistances y compris au sein de la DGAC. De ce fait l’administration ne va pas imposer une classe ULM hélico si la fédération, qui représente tout de même 80% des pilotes ULM, disait “on n’en veut pas”. A titre d’exemple, il en est ainsi du remorquage de planeurs, on nous a dit c’est possible à condition que les deux fédés, ULM et Vol à voile, se mettent d’accord. Il n’y a pas de passage en force. C’est inimaginable. C’est plutôt le contraire, c’est à nous de convaincre, avec la condition essentielle que les règles soient les mêmes pour cette classe 6 que pour les autres.
Quel sera le contenu dans le détail, qu’y aura-t-il dans les manuels de maintenance, ce sera différent de la même manière que c’est aujourd’hui dissemblable selon les classes. Des gens qui ne connaissent pas s’imaginent qu’il n’y a pas de règles en ULM. Ils sont toujours étonnés quand je rappelle que nous avons des manuels d’entretien que nous devons suivre. Ce n’est pas parce que l’Etat ne contrôle pas a priori que ce n’est pas une obligation de le suivre ! Or, c’est bien une obligation légale et en cas de pépin, un tribunal saura trouver un éventuel défaut d’entretien. Si par exemple un constructeur de pendulaire précise que l’aile doit être révisée toutes les 250 heures dans un atelier agréé par le constructeur, ce doit être fait. Donc il a fallu rappeler cela et convaincre. Par conséquent, en poussant à l’extrême, si le constructeur d’un hélico ULM mentionnait que l’appareil doit retourner toutes les deux heures à Turin, ce serait conforme aux textes actuels. Mais pas sur une base réglementaire qui engloberait de facto tous les constructeurs.
ULMiste : tu as évoqué une pesée de la machine. Qui va l’effectuer ?
Dominique Méreuze : l’administration.
ULMiste : nous avons là une première : que l’administration effectue une pesée de la machine avant de délivrer un document de navigabilité ne s’est jamais produit.
Dominique Méreuze : ah non, non, non! D’abord nous sommes dans une phase expérimentale, sous régime de laisser passer...Ensuite, comme les textes le lui permettent, l’administration a déjà fait des pesées de contrôle chez des importateurs et à mon avis elle n’en fait pas assez. J’ai toujours demandé qu’elle soit plus sévère auprès des importateurs et constructeurs, ceux qui vendent n’importe quoi et font un grand tort à l’ULM. Pas envers le pauvre client qui achète et n’a pas les moyens de peser. Je ne pèse pas ma voiture, je fais confiance à ce qui est indiqué sur la carte grise.
Par manque de moyens l’administration ne pèse pas souvent les machines avant leur vente, mais cela s’est déjà vu, pour vérifier que cela correspond bien à ce qui est indiqué sur la fiche d’identification.
ULMiste : oui, mais la voiture est un véhicule certifié par l’Etat, alors que dans l’ULM la responsabilité de la navigabilité est partagée par le constructeur et l’utilisateur.
Dominique Méreuze : en effet c’est déclaratif mais les textes mentionnent bien que l’autorité peut faire des contrôles et elle l’a déjà fait. Mais nous insistons pour que ces pesées soient menées chez les vendeurs et pas les utilisateurs. Concernant l’hélico, nous avons pris l’engagement d’être dans les clous. Par conséquent, lorsqu’il nous a été proposé de peser les machines nous n’y avons vu aucun problème.
ULMiste : cet hélico, pourra-t-on travailler avec ?
Dominique Méreuze : normalement, oui. Il y a certes des réticences dans le milieu hélico, mais de toutes façons, bientôt plus personne ne pourra faire d’épandage aérien dans toute l’Europe (réglementation européenne), quel que soit l’aéronef, donc problème résolu. Ensuite, la banderole, l’hélico n’en fait pas, le largage de parachutiste, ce sera fait une fois ou l’autre pour se faire plaisir, etc.
ULMiste : oui, mais la photo aérienne et la surveillance, qui sont le domaine de prédilection de l’hélicoptère ?
Dominique Méreuze : la photo aérienne peut d’ores et déjà être faite avec tout aéronef compte tenu des appareils photo utilisés aujourd’hui et qui ne nécessitent plus d’installations fixes ou spécifiques... donc sans DNC. Il n’y aura donc pas plus de concurrence. Quant à la surveillance, elle reste très limitée, les grandes entreprises exigent des appareils certifiés, les dérogations aux hauteurs de survol en agglomération ne sont pas délivrées aux ULM (réglementation travail aérien) bien qu’on se soit battus à l’époque contre cette aberration, donc le sujet du travail en hélico ULM est moins vif que ce que l’on pensait.
ULMiste : la question des puissances est en passe d’être réglée afin que l’on cesse l’hypocrisie des culasses bleues et culasses vertes des 912. Mais par ailleurs, les hélicos auront droit à plus de puissance. 160 cv, si je suis bien ?
Dominique Méreuze : en effet, pour les 100 cv nous attendons incessamment (avant la fin de l’année j’espère) la signature du nouveau texte mais n’avons pas de date précise. Les hélicos seront a priori limités à 134 cv maxi, le temps de l’expérimentation dans un premier temps.
ULMiste : mais pourtant, la turbine du Fama est donnée pour 160 cv.
Dominique Méreuze : elle sera bridée à 134 cv.
ULMiste : il n’y a pas que l’hélico ULM dans l’actualité. Quel est le calendrier pour la refonte des formations d’instructeurs ULM ?
Dominique Méreuze : il n’y a pas de calendrier précis, les négociations continuent et c’est extrêmement compliqué. L’enquête métier de la FFPlUM est en passe d’être conclue. Le but n’est pas de révolutionner mais de renforcer et d’adapter intelligemment la formation de manière à ce que les candidats entrent en formation avec de l’expérience, que l’on initie un retour aux sources par exemple en ce qui concerne la panne moteur en campagne. Mais aussi, si l’on veut avoir accès aux terrains contrôlés, un renforcement de la connaissance de la phraséologie radio, navigation, zones. Viennent ensuite l’examen de sortie et le contrôle biannuel des connaissances. Pour l’instant ça travaille. Mais c’est fondamental si on veut continuer à jouir de la confiance de tout le monde. La pratique évolue, nous devons aussi évoluer, sans nous éloigner et perdre nos racines
ULMiste : justement, concernant l’accès aux aérodromes…
Dominique Méreuze : oui, alors, l’accès aux terrains. On n’a pas débouché comme on le pensait, ça va malheureusement moins vite qu’espéré. Pour des raisons administratives notamment. Créer un arrêté comme pour l’hélico va plus vite que changer un texte existant, ce qui prend trois ans, nous dit-on. Notre but est de faire modifier le texte qui offre la possibilité aux gestionnaires et aux autorités de navigation aérienne de certains terrains (contrôlés ou avec procédure IFR publiée) de profiter de ce texte réglementaire pour refuser des autorisations d’accès aux ULM. En maintenant par exemple les autorisations pour ces terrains pour les paramoteurs.
ULMiste : sur le fond, tous les ULM n’auraient donc pas les mêmes droits ? Puisque les paramoteurs ne jouiraient pas de ce libre accès aux terrains.
Dominique Méreuze : tout à fait. Et les ballons aussi. On ne peut pas imaginer un ballon se pointant à Orléans ou Châteauroux où circulent des jets. Pour négocier, il faut un minimum de logique. On ne leur interdit pas, mais il faudra qu’ils préviennent.
ULMiste : sachant qu’il y a plus ou moins 800 bases ULM en France et qu’il est relativement facile de décoller et atterrir “n’importe où”, pour quelle raison de fond l’ULM doit-il militer pour accéder à tous les aérodromes et aéroports ?
Dominique Méreuze : l’ULM, avec ses cinq classes, est très riche. On peut voler avec tous les budgets sur tous types d’appareils. Beaucoup se contentent des bases ULM, mais d’autres veulent traverser la France en trois heures en se posant sur des aérodromes.
Par ailleurs, on n’a pas toujours la possibilité de trouver une base ULM près de chez soi. Moi par exemple, il n’y en a pas tellement dans la région. Or, sur l’aérodrome de Gap où je suis basé, il peut y avoir jusqu’à 400 mouvements par jour : planeurs, avions, hélicos, avions largueurs, etc., et tout se passe bien ! Les goûts, moyens et besoins de tous doivent être satisfaits. Il ne s’agit pas de se battre pour se poser à Nice, mais quand on songe par exemple qu’on refuse aux ULM de se poser à Pamiers, on ne peut pas dire que tout va bien. Le terrain de Bourg-en-Bresse est un bel exemple. La gestion a été confiée à un ULMiste, Gérald Thévenon, alors que pendant longtemps on ne pouvait pas s’y poser. Et cet aérodrome est aujourd’hui en pleine expansion. A ce sujet, la mention “réservé aux ULM basés” est parfois une façon d’offrir l’exclusivité à un copain sans ouverture à la concurrence, il faut que cela cesse.
Il s’agit d’une question de liberté ! Pour ma part je me pose essentiellement sur les terrains ULM, donc je ne suis pas directement concerné, de même que je ne le suis pas par l’hélico, mais mon rôle est de répondre aux demandes de nos adhérents. Depuis 1998 que je suis à la tête de la fédé, je me bats pour qu’il y ait le maximum de gens qui puissent voler le plus simplement possible. L’accès aux terrains en fait partie.
ULMiste : il est parfois intéressant de se pencher un peu en arrière. Historiquement, l’accès aux aérodromes à fort trafic a été restreint voire interdit pour des questions de sécurité.
Dominique Méreuze : oui, mais la formation et les ULM en 1992 n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui.
ULMiste : il ne s’agit pas de formation : les quatre ou cinq cas avérés de passage en turbulence de sillage qui ont eu des conséquences fâcheuses pour des ULMistes ces dix dernières années ont eu lieu à proximité immédiate de structures sur lesquelles évoluent des biturbines et autres gros avions.
Dominique Méreuze : je suis d’accord, mais la différence entre un Piper J3 ou un petit Fournier, qui sont acceptés partout et beaucoup d’ULM, est bien étroite. Ils sont aussi fragiles, si ce n’est plus, que nos ULM.
ULMiste : passons à l’hydro ULM, France Hydraviation voudrait faire un nivellement par le haut en supprimant les allègements réglementaires accordés aux ULM, quelle est la position de la FFPlUM ?
Dominique Méreuze : on n’est pas d’accord sur ce point précis et la DGAC non plus : donc rien ne change en ce qui concerne notre spécificité. Thierry Couderc a bien bossé là-dessus.
ULMiste : la fédé travaille sur la question des investigations sur les accidents d’ULM. Qu’en est-il exactement ?
Dominique Méreuze : le BEA se désengage progressivement de l’ULM et même de l’aviation légère en général. Par conséquent nous travaillons avec les autres fédérations aéronautiques à la mise en place d’une alternative. Avec quels moyens, sous quel statut, avec quelles prérogatives ? Très difficile à dire pour le moment. La question posée aux administrations est : “qu’est-ce qu’on peut faire ?”
ULMiste : on arrive en fin d’année, l’occasion pour les pilotes de renouveler leurs assurances. Où en sommes-nous pour 2011 ?
Dominique Méreuze : a priori pas d’augmentation de tarifs, mais la situation est fort préoccupante dans la mesure où les accidents n’ont malheureusement pas diminué en 2010. Il est donc très difficile de maintenir l’équilibre. Mais on se bat pour que les tarifs n’augmentent pas. Pour 2011 on en reste au niveau où nous sommes.
ULMiste : toujours le même assureur ?
Dominique Méreuze : sauf dénonciation de l’une ou l’autre partie, on est lié jusqu’en 2013 par contrat.
ULMiste : donc pas d’appel d’offre en fin d’année ?
Dominique Méreuze : non, aucune obligation. L’UFEGA (FFVL, FFPLUM, FFVV, FFG, RSA) a un contrat de trois ans avec la Réunion Aérienne par l’intermédiaire de notre courtier Air Courtage. Mais si par exemple on nous impose de trop fortes augmentations, nous avons le droit de dénoncer le contrat et de nous séparer.
ULMiste : autre point d’actualité, les QCM de l’examen théorique.
Dominique Méreuze : oui, l’idée est de supprimer les questions incompréhensibles et celles qui n’ont rien à y faire. Bernard Fabre (instructeur et nouveau Président de la “Commission Enseignement”), avec Joël Amiable (Directeur Technique National) vont intégrer la Commission de validation des questions. Il est demandé aux adhérents de nous faire remonter les questions inadéquates afin de les faire retirer de la banque. Par ailleurs, de nouvelles questions seront formulées par des volontaires, choisis pour leurs compétences.
ULMiste : comme c’était le cas par exemple dans les années 1990, durant lesquelles les instructeurs étaient invités à fournir des questions.
Dominique Méreuze : certainement. Mais là, ce sera limité. Je n’en sais pas plus aujourd’hui, c’est Joël et Bernard qui maîtrisent cette question.
ULMiste : où en est le label fédéral ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? Dans l’état actuel des choses, à part le parachute depuis fin 2006, les exigences pour obtenir ce label sont inférieures à ce qu’exige la loi. Or, le propre d’un label est d’exiger plus que la loi, non ?
Dominique Méreuze : le label fédéral continue ; on est en train de le toiletter. Mais le but n’est pas d’exiger plus que ce que demande la réglementation Dans l’état actuel des choses, le but est de s’approcher de la perfection en n’oubliant pas que nous sommes des humains… L’élève qui va dans une structure labellisée sait qu’il aura le maximum de ce qui est possible. Nous allons recommencer les visites de contrôle mais Bernard, qui reprend le dossier, a pas mal de chantiers en cours.
ULMiste : il existe un certain nombre d’aéroclubs avion avec section ULM qui sont labélisés et dont on sait qu’ils n’ont pas forcément une approche de l’ULM très “orthodoxe”.
Dominique Méreuze : il y en a aussi de très sincères, quant à ceux que tu évoques, nous les connaissons et nous nous occupons de ce réel problème. Ceux-là, le LSA/ELA leur conviendra.
ULMiste : aurais-tu quelque chose à ajouter avant des questions plus personnelles ?
Dominique Méreuze : au niveau européen, nous avons gagné pour un certain temps; l’ULM reste bien dans l’Annexe II. Il existe un “LSA project Group” au sein de l’EMF (European Microlight Federation) que je préside, qui milite pour qu’il y ait un LSA en Europe basé sur le LSA des USA. Je n’y vois pas une menace, car au contraire de ce qui s’est passé aux Etats-Unis cette classe viendrait en plus de l’ULM et non pas à sa place. Cela permettrait même de clarifier les choses pour les machines qui sont limites en matière de poids. Par ailleurs, grâce à nos échanges, la circulation entre pays membres est facilitée pour les ULM. L’Irlande par exemple est désormais ouverte alors que pendant longtemps elle refusait tout ULM étranger. Elle offre même des validations de licences, j’ai fait le “cobaye” et obtenu la première. Après divers déplacements ces prochains jours, je serai le 19 octobre à Cologne où la société Hawk doit rendre son rapport sur les réglementations ULM européennes. Il servira de base de travail à la mise en place de la réglementation européenne pour les LSA.
ULMiste : Dominique Méreuze, président de la FFPlUM depuis 1998. Président de la FFPlUM jusqu’à quand ?
Dominique Méreuze : c’est la bonne question ! Tu peux mettre trois points d’interrogation. Le plus difficile est de trouver un successeur. Heureusement des collaborateurs de qualité m’entourent mais pour ce qui est d’une succession… c’est une vraie question. Donc je n’en sais rien aujourd’hui. En tous cas pas jusqu’à 90 ans, hein ! Il faut trouver une solution. Je ne souhaite pas devenir “pathétique” !
ULMiste : donc on en a encore pour 25 ou 30 ans.
Dominique Méreuze : ah non ! Ah non ! J’ai 63 ans.
ULMiste : bon, disons 26 ans ?
Dominique Méreuze : (rires). Je suis bien conscient que je dois continuer à être dynamique et représentatif du mouvement. Or, à 80 ans, je ne le serai plus... ou pas assez…! Mais celui qui voudrait prendre les responsabilités ne se manifeste guère. Tout le monde a une excuse : “ma femme, mes enfants, mon boulot…”
ULMiste : est-ce qu’après ces douze années passées à la tête de la FFPlUM tu penses qu’il y aurait des choses à revoir concernant le statut du président. Est-ce que par exemple il devrait être salarié, comme ça se voit dans d’autres fédérations ?
Dominique Méreuze : tout dépend de l’idée que l’on se fait de son indépendance et de sa liberté de mouvement et de pensée. Parmi tous mes collègues européens, je fais figure de zombie : président de l’EMF, vice-président de l’EAS, président de l’UFEGA, délégué général du CNFAS, président de la FFPlUM… ils ont du mal à croire que c’est gratuit ! Or je suis bénévole à 100%. Bien entendu mes frais me sont remboursés, mais au centime près, il n’y a pas de forfait. D’autres sont appointés. Etre rémunéré m’ôterait toute liberté de parole, de ton, de négociation, de discussion, que ce soit auprès des administrations ou en interne avec les adhérents. Si j’avais dans l’idée que la perte de ma place puisse s’accompagner d’une perte financière, je ne serais plus aussi libre. Si demain une majorité des adhérents exige un passage à 600 kg avec les contraintes supplémentaires qui suivent, je peux batailler ou démissionner sans crainte de perdre 1000 ou 2000 € par mois, contrairement à mon collègue allemand qui dans un contexte semblable a dû faire des concessions. Quand on travaille pour nourrir sa famille comme je l’ai fait pendant près de quarante ans, on peut l’ouvrir un peu, mais avec des limites, tandis que dans le contexte où je suis, je peux rester ferme sur mes positions, sans aucune arrière-pensée. Un éventuel salaire ne peut pas passer avant des convictions.
ULMiste : qu’est-ce qui te motive, alors, aujourd’hui ?
Dominique Méreuze : je suis pilote avant tout et je veux à tout prix continuer à voler en ULM et plus particulièrement avec mon pendulaire, avec les règles que nous avons aujourd’hui. J’ai toujours eu l’esprit d’équipe, de la collectivité, ayant vécu dedans pendant près de quarante ans. Aimant voyager, je ne cache pas non plus que j’aime bien être “obligé” d’aller à Paris, à Bruxelles, à Copenhague ou ailleurs pour défendre mes idées. Mais il faudra bien que je passe rapidement la main. Je suis conscient qu’il y aura une FFPlUM après Dominique, même si je pense avoir “marqué” dans le milieu de l’aviation de loisir.
ULMiste : amusons-nous pour finir : toi qui cumule les présidences de tout un tas de choses, quelle est la part de l’égo dans ta motivation ?
Dominique Méreuze : je ne connais personne qui n’ait pas un égo. Il est plus ou moins développé. Est-ce que je suis un cumulard qui veut être président pour être président et conduire pour conduire? C’est un non, un gros non ! Je suis content de conduire, mais je suis aussi satisfait quand on me dit que je conduis bien. Donc oui, il y a une part d’égo, mais il faut que je sois motivé. A la retraite à 55 ans, j’aurais pu trouver un autre boulot. Mais après avoir été patron, je ne voulais plus de patron, donc faire ce que je fais. Si demain on me proposait d’être président d’une grosse fédération comme par exemple les boules ou un truc comme ça, je dirai non, car je n’aurais aucune motivation pour travailler et me battre.
Pour en revenir à ce qui motive : la passion du vol, avec mon pendulaire en particulier (ma base c’est le Delta !), mais aussi toutes les formes de vol (Multiaxes, Autogire, Avion, Parachutisme, Hélico...). Aussi, quand j’ai vu que ça partait en sucette au niveau de la FFPLUM, puis au niveau européen avec l’EASA, je me suis précipité, avec mon équipe bien sûr (seul rien n’est possible), pour essayer de sauver ça (notre réglementation basée sur le système déclaratif). Et on y arrive pas trop mal pour l’instant... Du moins je le pense !
Mon plus grand plaisir est de voler avec mon pendulaire et avec ma femme.
ULMiste : voilà une belle conclusion !
Dominique Méreuze : je n’oublie pas qu’Yvette, du temps où je faisais du delta, a galéré pendant des années à m’emmener voler tout seul, à supporter même mes rouspétences quand je trouvais qu’elle mettait trop de temps à la récup. Aujourd’hui, nous partageons la même passion, à deux. Traverser les Alpes en pendulaire pour aller poser sur un petit terrain ULM au milieu des champs de lavande ou sur une altisurface à 2550m d’altitude, pas besoin de faire un dessin !
Propos recueuillis par P-J le 29 septembre 2010.
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