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Voyage vers Abbeville

Article paru dans ULMiste n°7, décembre 2011

 

Ah, ce qu’on ne ferait pas pour les femmes !

 

“Non, il n’y a pas que les pendulaires qui se baladent ! Cependant que nous nous posions la question au vu des récits qui nous étaient envoyés, voici, enfin, un voyage effectué en trois-axes ! Jérôme Falc et Olivier Caffy, en vol vers le rassemblement féminin d’Abbeville.” ULMiste

 

Jérôme Falc

 

Petit flash-back

 

Juillet 2008, le copain Olivier nous a organisé une sortie club à Chartres pour le rassemblement des femmes pilotes ULM. Vu de La Réole, cela faisait une sacrée navigation surtout quand on n’en avait jamais fait ! La balade a été merveilleuse à trois ULM et on a fait connaissance pour la première fois avec Monique Bouvier responsable de la commission “voler au féminin” FFPlUM. C’était tellement sympa que l’année suivante c’est chez nous à La Réole qu’avait eu lieu cet événement et parmi ceux et celles qui sont venus en vol, une petite équipe courageuse avait fait le voyage en vol depuis le Nord en pendulaire : Sylviane et Françoise chaperonnées par Michel. L’an dernier, nous les avions retrouvées au rassemblement des femmes pilotes ULM à Egletons et cette année elles font l’honneur d’accueillir cet évènement chez elles à Abbeville. Nous nous devions d’y aller !

 

D’abord, c’est où Abbeville ?

 

J’avoue avoir regardé la carte. Houlà! C’est vraiment dans le Nord ! Bon s’ils ont réussi à venir en pendulaire chez nous, on devrait y arriver en sens inverse en multiaxes. Finalement on ne partira qu’à une machine : le FK9 d’Olivier et on aura une assistance voiture conduite par sa femme Françoise, la courageuse, vu les kilomètres qui l’attendent. Du coup je me lâche un peu en emportant plus que le nécessaire dans mon sac à dos puisqu’il fera le voyage dans la voiture avec ma tente et le duvet.Mercredi soir, la voiture est chargée.

 

• Jeudi matin rendez-vous au terrain avec Olivier, un petit café, une bonne prévol et on est parti pour Chartres, première étape. La navigation à l’ancienne, carte-cap-montre, fonctionne bien, nous passerons verticale des aérodromes de Sainte Foy La Grande, Chalais, Angoulême puis nous laissons à notre gauche Couhé-Vérac. L’air est calme, du vrai velours, on croise gentiment à 150 km/h sans forcer sur le moteur, mais on est en avance sur le timing de la navigation. Le GPS une fois allumé nous confirmera l’impression : on a 30 km/h de vent qui nous pousse, que demander de plus ? Déjà on arrive sur Poitiers qu’on contourne par la droite pour éviter sa CTR. Le soleil commence à faire effet, des cumulus se forment, ça bouge un peu plus. Surtout qu’après Blois on est obligé de voler en-dessous de 1500 pieds à cause de la TMA, ce qui n’aide pas, mais rien de bien méchant quand-même. Enfin, après 3 h de vol, on aperçoit la Cathédrale de Chartres, puis son aérodrome, belle piste en dur. Mais les 30 km/h de vent qui nous on aidés jusqu’à présent, on les retrouve, mais plein travers piste, moins drôle! L’atterrissage se fera en douceur, par contre en roulant sur le taxiway en herbe au pas, le FK9 ralentit et tourne tout seul à droite ! Et m…, on a crevé ! On finira ce qui reste à la main : un qui tire par l’hélice, l’autre soulevant l’aile droite, de quoi bien nous essouffler. Notre voiture arrivant dans 2 heures environ, ça nous laisse le temps de démonter la roue, mais bien sûr on n’a pas d’outils dans la machine. Notre sauveur sera le gentil mécanicien avion de l’atelier avion qui nous prêtera tout ce qui nous faut : une chandelle et des clés. On a même le temps pour un petit café avant qu’arrive la voiture assistance. L’après midi sera consacrée à trouver de quoi réparer cette roue, finalement ce sera dans un magasin de motoculture qu’on trouvera notre bonheur, ils ont pas mal de roues à nos dimensions, pensez-y. Ils auront même la gentillesse de nous changer la chambre à air par la neuve et de nous la gonfler, merci messieurs. On voulait planter les tentes sur l’aérodrome, mais le seul endroit qu’on nous a proposé est derrière les hangars en plein vent ! Et ça souffle fort, finalement notre première nuit sera tout confort à l’hôtel.

 

• Vendredi matin, on a convenu de partir assez tôt pour profiter d’un vent modéré. Décollage à 7 h avec déjà du vent établi. On suit la nationale pour passer à côté de Dreux où on était il y a trois ans. Cap au 360, on traverse la Seine à l’ouest de Mantes-La-Jolie. Encore une fois le vent nous pousse et l’air est pas mal turbulent, surtout qu’on ne veut pas trop monter à cause des zones. Il est 8 h quand on se présente en vent arrière de la piste d’Abbeville. Le vent étant bien axé avec la piste, on se retrouve arrêté lorsqu’on passe en finale ! Et voilà, en 4 h de vol depuis La Réole, nous sommes arrivés à bon port, mais surprise, le terrain est désert, pas âme qui vive. Coup de fil à Sylviane qui en fait était cachée dans la tente, occupée aux préparatifs. Ca nous fait plaisir de revoir toute l’équipe.

 

La journée sera consacrée à donner un petit coup de main à l’organisation et à visiter les hangars. Par contre la météo n’est pas encourageante : du vent et des averses passagères. On en a vu qui se rongeaient les ongles… Vendredi soir, fin de la journée prévue pour les arrivées, il n’y a seulement que quatre machines sur le parking. D’ailleurs Sylviane a pitié de nous et a la gentillesse de nous prêter le mobil-home du club au lieu de la tente.

• Au réveil samedi matin, ça se calme un peu côté météo, laissant une fenêtre à ceux qui nous rejoignent en vol : le parking sera bien rempli le samedi soir, le succès est au rendez-vous pour l’équipe du Nord, on est heureux pour eux. En fin de mâtinée on part visiter le Abbeville historique, puis l’après midi, visite en bus de la Baie de la Somme qui nous fait découvrir ses charmes et on finira devant les falaises du Tréport. J’emmènerai ensuite Françoise revoir tout ça vu d’en haut pour un vol superbe avec la lumière du soir, elle en profitera même pour prendre le manche. On aura la chance d’apercevoir des phoques de la Baie de Somme se prélassant sur un banc de sable. Sitôt atterri, on attaque l’apéro puis le repas de gala. On se couchera plus tard et plus fatigués que d’habitude...

 

• Dimanche matin, c’est au tour d’Olivier d’avoir le plaisir d’emmener Sylviane se balader au dessus de la baie en FK9. L’après-midi je pars avec lui pour aller encore plus au Nord! On longera la côte jusqu’à Calais, l’Angleterre se devine à notre gauche, en un coup d’aile on pourrait y aller tellement ses falaises sont proches. Ce serait facile pour nous, mais là on se dit qu’à l’époque de Blériot, c’était un sacré défi ! Que d’évolutions en 100 ans !

On découvre des paysages que je n’imaginais pas aussi jolis, homme du sud que je suis ! Et surprise à Calais, j’aperçois l’entrée du tunnel sous la Manche avec son grand puits d’aération. A notre retour à Abbeville, beaucoup sont déjà repartis et le soir il ne restera que nous ! On ira découvrir un peu plus la baie en allant dîner au Crotoy.

 

• Lundi matin, un petit déjeuner et on décolle. Pour le retour au bercail, on a prévu de rentrer par le chemin des écoliers, on veut longer la côte Atlantique jusqu’en Gironde, de quoi s’en mettre plein les yeux. Donc notre vol d’aujourd’hui nous emmènera à Granville juste au dessus du Mont Saint Michel. On récupère la côte en survolant une dernière fois la Baie de Somme, puis on tourne à gauche direction le sud. Deux sites nucléaires nous obligent à faire un petit crochet, l’air est calme et encore une fois le vent nous pousse, environ 20 km/h aux fesses. Très vite on arrive aux falaises blanches d’Etretat. On traverse la TMA du Havre sous transpondeur pour rejoindre Trouville-sur-Mer, on distingue parfaitement le Pont de Normandie. On longe juste après les plages du débarquement: Omaha Beach et Utah Beach. La pointe de Cherbourg est évitée en coupant à travers le Parc Naturel de Marais du Cotentin et du Bessin. L’arrivée à Granville sera juste agrémentée d’un 360 en début de finale pour ne pas perturber un lâché avion. Ici, première fois que je paye une taxe d’atterrissage, ça se fête autour d’une bière en attendant la voiture ! L’après-midi, avec un temps superbe, on ira visiter la vieille ville et le port de Granville, ainsi que le jardin de Christian Dior. En rentrant au terrain, on aura le plaisir de revoir un ULM rare qui longtemps a été dans un hangar de La Réole démonté: un Aviasud Mistral bimoteur, ici il revole et sert à un professionnel. Le soir, on mangera à la Madinina le restaurant créole de l’aérodrome, très sympathique et accueillant, où il y a un petit concert.

Hélas dans la nuit, sous la tente, la pluie se fait entendre, et quand on ouvre les yeux, il pleut des trombes! L’étape Granville-Quiberon en longeant toute la pointe bretonne est tout simplement annulée. Un bon café croissant à la Madinina, et sous les conseils de la serveuse, on part en voiture à Villedieu-Les-Poêles. Après une bonne crêperie on ira visiter le musée des cloches où on découvrira que fabriquer une cloche demande plus de six mois de travail et coûte plus cher que nos ULM les plus performants ! On visitera le musée du cuivre et de la dentelle, qui m’accrocheront beaucoup moins j’avoue. En fin de journée la pluie a cessé. On se couche avec plein d’espoirs pour mercredi matin. Le téléphone chauffe à force d’y aller consulter la météo !

 

• Ouf ! au réveil, pas de pluie. Un point météo indique que toute la pointe bretonne est en IMC, dommage. On prépare la route avec Olivier puis on décolle, on salue une dernière fois le Mont Saint Michel puis cap sud-ouest pour rejoindre la côte au niveau de La Baule. La navigation prévue est facile : on longe la côte jusqu’à l’Estuaire de la Gironde, impossible de se perdre ! On traverse l’Estuaire de la Loire puis on prend la direction de l’Ile de Noirmoutier, la traversée se fera rapidement, un vent de 50 km/h nous pousse, on file à plus de 230 km/h sol, ou mer devrais-je dire plutôt ! On longe l’île par l’ouest puis on revient sur la côte. Après les Sables-d’Olonne, on traverse à nouveau un peu d’eau pour rejoindre la pointe nord de l’Ile de Ré et par un petit bond on arrive sur l’Ile d’Oléron. Le paysage ici nous est connu, on se rapproche de la maison. On revient sur le continent et on survole le Phare de la Coubre et sa côte sauvage. Puis, pour le plaisir, on s’offre un détour à la verticale du célèbre Phare de Cordouan à marée basse. On rentre dans les terres en longeant l’estuaire par le Médoc. Sur la route, on croisera le bateau Airbus portant des morceaux du 380. Puis une fois la centrale nucléaire passée, on traverse pour rejoindre Blaye et sa Citadelle Vauban. Ici la météo n’est pas des plus accueillantes, on distingue quelques grains isolés et des nuages bas, mais on les évite sans problème. On laisse Bordeaux et la Garonne à notre droite pour suivre la Dordogne jusqu’à Libourne. Encore quelques minutes de vol vers le sud et on se pose sans encombre à La Réole à midi. La voiture mettra plus de temps !

 

 

Voici quelques chiffres de cette balade: on sera parti 6 jours, on aura volé un peu plus de 13 h et on aura consommé un peu moins de 180 litres de sans plomb. Plein de souvenirs et de beaux paysages survolés resteront gravés dans notre mémoire et donnent envie de recommencer. Ce qu’on ne manquera pas de faire ! Pour l’an prochain, ce sera plus facile pour aller au rassemblement des femmes pilotes ULM, puisqu’il sera à Niort, beaucoup plus proche, mais on prépare déjà la navigation. A l’an prochain les filles !

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