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J'irai dormir chez vous... en paramoteur !

Article paru dans ULMiste n°8, février 2012

 

J'irai dormir chez vous... en paramoteur !

 

Marc Coffinet

Laurent Salinas

 

C’est à Montauban que je retrouve Laurent. L’excitation est palpable chez mon « compagnon de vol », malgré la fatigue accumulée au cours d’une intense saison d’instruction qui touche à sa fin. Il lui faut évacuer les affaires courantes afin de partir l’esprit tranquille. Côté météo, la dépression qui passe ces jours-ci sur le nord-ouest de la France nous offre un peu de répit pour mieux organiser notre voyage. Nous avons retardé notre départ. Initialement planifié pour samedi, ce n’est que lundi que nous monterons dans le train. Les 48 h. de sursis sont finalement les bienvenues pour achever les derniers préparatifs. A l’abri, sous le hangar, en évitant de nous cogner aux ailes des pendulaires, nous étalons notre matériel et faisons les derniers choix. Il est évident que le poids est une priorité. Nous allons à l’essentiel. Nous finissons sur un pèse–personne : l’aiguille ne nous rassure pas : nous porterons environ de 55 kg de matériel chacun.

Une attention particulière est apportée au rangement des sacs frontaux. Voici plusieurs semaines que Laurent a conçu ces sacs « spécial bivouac ». Accrochés aux cannes mobiles, ils prennent place devant le pilote sans trop gêner la course de décollage. La partie supérieure comporte un porte instrument et un porte carte, remplaçant ainsi la classique tablette ronde de navigation. A l’issue de la séance photo qui nous immortalise avec l’ensemble du matériel, nous partageons l’apéritif avec toutes les personnes présentes sur la base. La dernière soirée se passe sous le signe de la convivialité : credo revendiqué et maintes fois vérifiés de la base montalbanaise !

Nous nous endormons difficilement …l’aventure commence demain…il va déjà falloir traverser la France en train avec tout notre matériel. « Une aventure dans l’aventure ! ».

 

Difficile de passer inaperçus avec un tel attirail. De mémoire de contrôleurs SNCF on avait jamais vu cela ! La curiosité est lisible dans le regard des autres voyageurs. A nous deux nous répondrons à des dizaines de questions. Nous monopolisons les emplacements à bagages dans les bouts des wagons ainsi que les emplacements pour vélo lorsqu’il y en a. Nous n’avons pas trouvé de train direct. Nous changeons de convoi à Toulouse, Nantes et Rennes ! Autant dire qu’en fin de journée nous sommes rodés ! Nous avons même convenu d’une méthode : un de nous reste dans le wagon et l’autre descend sur le quai…et nous nous faisons tout passer. Des déménageurs ne feraient pas mieux !

Les Groupes Moto Propulseurs sont emballés dans du papier-bulles, les voiles pliées dans les « soussacs », les cages et hélices conditionnées dans un seul grand sac. Nous avons aussi chacun notre « sac bivouac » qui pèse à lui seul dans les 14kg. Il y a donc 7 paquets …pour seulement 4 mains …ce qui oblige à quelques allers-retours entre les quais. Au final, toutes ces manutentions nous ont plus amusés que réellement dérangés.

 

Fidèle à sa réputation, la SNCF affiche un retard important et nous ratons ainsi la dernière correspondance. Le train de rattrapage est bondé et rentrer dans les wagons en bousculant tout le monde avec notre matériel ne serait pas raisonnable. Nous décidons d’attendre. Finalement c’est par un autre train que nous rejoindrons la Bretagne : notre terminus ne sera pas Pontheron mais Dol.

 

Devant cette gare, nous attendons Cédric Sauvage ; propriétaire d’un terrain ULM privé à Saint Georges de Grehaigne, sur le polder du Mont Saint Michel. Nous faisons connaissance devant la gare puis sur le chemin. Nous échangeons sur l’agriculture locale

et Cédric nous présente son environnement quotidien. Nous nous arrêtons à la première station essence et faisons les pleins des machines posées directement à l’arrière du pick-up…qui s’avère très pratique pour l’occasion. Nous découvrons la silhouette du Mont-Saint Michel en arrivant chez Cédric Enfin nous y sommes ! L’improbabilité du lieu nous conforte dans le choix de démarrer notre périple ici. C’est incroyable comment ce petit village transforme le paysage. Le ciel est gris, le terrain plat. Toute la personnalité des lieux vient de ce bout de rocher aménagé depuis des siècles. Nous ne sommes pas insensibles à la symbolique du site, Saint Michel étant le patron des parachutistes, famille à laquelle nous nous sentons très largement apparentés.

 

Réveil champêtre dans la grange de Cédric Sauvage chez qui nous pensons décoller. Il est 7h00. On traine un peu dans les duvets. La soirée précédente a été consacrée au remontage des machines...et à un petit repas au Mont Saint Michel avec en entrée 6 huitres creuses numéros 3 : « Bretagne oblige » ! Ambiance concentration après le café matinal chez Cédric ... Les sacs sont lourds et nous savons que ce premier décollage en conditions réelles sera déterminant pour la suite.

Installation sur la piste, vent de travers et des maïs hauts des deux côtés ....Je m'installe et Laurent me démarre le moteur. J'attends la bouffe de face et feux ! La prise en charge est progressive... Je quitte le sol avec une Vz correcte ... Survol de la ferme de Cédric .... Je me place au-dessus du déco et me laisse monter face au vent car pour survoler le Mont Saint Michel il faut réglementairement dépasser les 900 m/sol. Laurent termine sa préparation et s'élance à son tour. Son sac de 14 kilos ne facilite pas les choses. Pendant le gonflage une suspente A passe dans l'hélice. Bilan : une hélice à réparer et une suspente à changer ! Nous convenons par radio que je dois contourner le Mont et revenir me poser à la ferme. Un peu frustré de ne pas avoir mon Lolo avec moi, je mets les gaz et atteint rapidement le plafond nécessaire. Le temps est couvert, la dérive ouest doit être sérieusement compensée. Mais quelle beauté, quel paysage, quel lieu inoubliable !

En 35 minutes je contourne notre première balise et me pose pour retrouver mon acolyte. Au-delà du pilote, Laurent se montre plus que performant en matière de réparation improvisée : la suspente A a été rafistolée au cm prêt ! L'hélice est en train de sécher. La fente de 15cm est encore apparente. Au bout d'une heure tout est prêt. A mon tour de démarrer Laurent ... Qui nous gratifie d'un parfait décollage école très progressif. Premier vol sans encombre au dessus du bocage normand. Début de la convection vers 11h avec un plafond bas mais des nuages bien formés. Nous nous posons au bout d'une heure à la faveur d'un superbe champ à proximité d'un supermarché et d'un petit restaurant affichant un menu à 9.80 euros, où la crème chocolat proposée en dessert s’avérera excellente !

 

Après le repas et un ravito super 98 chez Carrefour nous avons rejoint notre terrain d’atterrissage où les machines étaient cachées. Petite sieste aux heures les plus chaudes. A 16 heures, Laurent ne tient plus en place ... Il est temps de repartir. On s'installe mais devant nous les cumulus se sont groupés en un gros nuage noir. Laurent décolle. Je finis de m'installer et rate deux décos : la voile prends 90 d'angle ...mais dans des sens différents. Je pause la machine ... 10 secondes plus tard grosse tempête au sol. Je n'arrive même plus à tenir l'aile ....Laurent est en l'air et tente de se poser ... Impossible ça brasse sévère en basse couche ! Il fait demi-tour et part vent de cul. Il pause à deux kilomètres plus loin dans un pré. Nous restons en contact radio et décidons de patienter. Deux heures plus tard, les conditions se stabilisent et je décolle ...

 

Je survole Laurent qui fini de se préparer et je l'attends en l'air dans un vent soutenu. Déco parfait du champion qui emboite le pas vent de cul dans la plaine... On file à 75 km/h et c'est assez stable ... Nous traçons la route en profitant d'un paysage bucolique et plaisant. Laurent filme des oies en transit. Une heure et quart plus tard nous sommes à la verticale du point GPS recherché... Mais pas de base Ulm !??? Je descends jusqu'à repérer le nom du village sur le panneau en entrée de ville : Moulins ! Je me souviens que la base est le long de la route à l'est ... Je dis à Laurent de me suivre et après cinq minutes de vol nous découvrons une manche à air et une piste taillée dans les maïs hauts. Nous nous posons. Philippe Hay, instructeur de Bretagne Paramoteur, arrive dans la foulée.

Personnage haut en couleur et généreux Philippe nous accueille à bras ouvert chez lui, au coeur du ravissant village en pierres de Moulins. Le repas est particulièrement convivial et typiquement Breton : pâté Henaff, saucisses de porcs élevés sur le terrain de Paramoteur (!!!!) accompagné d'un gratin de pommes de terre digne d'un resto trois étoiles ! Le tout est arrosé d'un pommeau maison et d'une bouteille de Bourgogne dont nous ne laisserons pas une goutte. La douche est salvatrice, la nuit est réparatrice ...

Merci Philippe pour ta gentillesse et ta disponibilité !

 

C'est à 7 heures que le réveil sonne chez Philippe. Laurent et moi demandons un répit supplémentaire de quelques minutes. Petit déjeuner avec du beurre salé : à être en Bretagne autant faire les choses bien ! Surprise : dans la tasse, à la place du café, notre hôte a déposé un Tee-shirt pour chacun à l'effigie de l'école "Bretagne Paramoteur" - sympathique attention. Nous quittons Moulins, en passant par son clocher à l'architecture particulière : vu sous un certain angle on croit qu'il penche .... Comme la tour de Pise ! On arrive au terrain avec le soleil qui se lève. Nous sommes un peu anxieux à l'idée de décoller dans de telles conditions : pas un pet de vent, terrain plat, sac ventral de 12 kg, plein de carburant à 12 litres et conditions humides. Les élèves matinaux de Philippe sont là aussi et semblent curieux de nous voir nous envoler avec tout ce matériel. La préparation du décollage est particulièrement soignée. Nous profitons de la clef dynamométrique de Philippe pour resserrer les culasses.

Une fois prêts et harnachés la tension est palpable. Rater le décollage engendrerait beaucoup de fatigue. Laurent s'élance en premier ... Un peu mollement ... La voile retombe derrière. Seconde tentative... Gonflage à l'espagnol comme dirait Laurent. En résumé : tu commences à fond, tu accélères ensuite et tu donnes tout à la fin ! La course est puissante, le moteur prend ses tours, mais soudain un bruit inhabituel vient troubler le décollage. Quelque chose passe dans l’hélice .... Le filet ... Il en faut plus pour stopper un Salinas en plein élan. Laurent décolle ; sans filet à droite ! Pas très encourageant tout cela ... C'est à mon tour d'y aller... Je mets un peu de moteur pour me faire pousser ... Gonflage symétrique, voile sur la tête, la puissance du Moster fera le reste ! Je gratifie nos spectateurs d'un passage bas pour les remercier. Et on file au sud ! 86 km plus loin, avec des conditions laminaires : voici la Loire ! Nous avions planifié de refueler à Varennes. Super U en vue ! Le champ le plus proche ne sera pas le bon car il est occupé par des chevaux... Nous nous rabattons sur un pré en direction du village ... Posé sans souci malgré une petite pente. Nous sommes frigorifiés !

Nous rangeons le matériel dans un coin, recouvert de notre bâche verte. Direction le centre-ville. Nous nous installons dans un café et préparons la prochaine nav. Retour par le Super U où nous faisons le plein. En revenant nous rencontrons le propriétaire du terrain où nous nous sommes posés. Daniel Rossignol est un éleveur à la retraite de 73 ans. Il fait aussi du vin.... D’ailleurs, il était ravi de trouver deux amateurs à qui le faire goûter. Il n’a pas eut besoin de nous prier! Dégustation dans la cave particulière de monsieur Rossignol...la scène nous rappelle le film « la soupe aux choux »! Deux extra-terrestres tombent du ciel et sympathisent avec un paysan très attachant. Une heure plus tard, nous partons retrouver nos machines. Surprise ! Entre temps, les vaches ont été lâchées dans le champ! Nous y pénétrons prudemment ...et ressentons comme un moment de solitude lorsque le petit troupeau nous fonce dessus ! Pas d'agressivité mais de la curiosité chez ces vaches. Elles s'intéressent à notre matériel d'un peu trop prêt. Nous tentons alors de les effrayer un peu afin de les écarter...tentative sans grand succès puisqu’elles continuent à nous suivre alors que nous déplaçons nos moteurs dans un immense champ voisin. Le soleil est maintenant haut dans le ciel. Il fait très chaud. La convection a démarré vers 11h et des rues de cumulus farcissaient le ciel. Mais aux alentours de 15h, tout deviendra bleu... Ce qui nous rassure un peu dans l’optique de nous remettre en l'air. Nous fabriquons une manche à air de fortune avec un bâton et un long morceau de sac poubelle...les cycles thermiques font que le vent au sol est irrégulier. Nous nous préparons, décollons sans problème et pouvons contempler enfin la Loire qui s'étire des deux cotés... La phase contemplation sera de courte durée !

Nous survolons le pont suspendu ...en tenant bien nos ailes .... Le thermique bleu imaginé au sol est effectivement une réalité en l'air ... Nous prenons le cap prévu. Plus nous avançons plus la masse d'air est instable ...Laurent monte très haut pour limiter les turbulences de basses couches... Choix judicieux que je tente d'imiter ...sauf que je me fais tellement « tabasser » que je me sens incapable de pousser le moteur à fond au risque d'augmenter le tangage que j'ai déjà du mal à gérer. Les turbulences deviennent vraiment puissantes et les dégeulantes me renvoient vers le sol dés que je réussi à gagner un peu d'altitude. Je découvre comment ma fusion ferme ... Des deux côtés... Et en cadence ! Du coup, j'apprends comment la réouvrir ! Je décide de passer en mode survie et j'abandonne la navigation pour me concentrer sur le pilotage. Après tout Laurent a le GPS et je n'ai qu'à le suivre ... Pour agrémenter encore un peu la difficulté, nos radios ne marchent pas. Impossible de communiquer. Au bout d'une heure et quart de ce jeu épuisant, nous posons dans un village non identifié près d'un supermarché. Au sol nous faisons le point grâce à l'application IGN de l'i Phone ... Nous avons 15 km d'écart à l'Est de la trace prévue ! Autant dire que nous ne sommes pas très fiers de nous : c'est ce qu'on appelle un gros « blair topo »! En fait, chacun a suivi l'autre ! Expérience intéressante que nous méditerons. Nous allons nous détendre dans un café en mangeant des sandwichs et des biscuits. On fait le plein d'essence avec notre bidon pliable, on prépare la nouvelle nav (sensée nous ramener dans l'axe) devant un Perrier et un Ice tea. Retour vers les machines en bord de route. Décollage sans souci dans la fin de convection. On file vent de cul assez haut pour profiter de la poussée. Les 70 km de ce vol sont tranquilles. Nav facile, belle lumière, de magnifiques châteaux dont un qui est pourvu d'une piste Ulm. On envisage un instant d’y poser... Finalement nous filons tout droit. En avançant, la dérive forcie et nous amène à consommer plus. Comme nous sommes joueurs nous continuons en nous disant que nous nous arrêterons au prochain village. Nous avançons doucement, le soleil se couche lentement....mais nos réservoirs se vident rapidement. Soudain, mais sans que cela nous surprenne, la panne d'essence surgit ! Je suis tranquille à 400 m/sol... Au dessous un beau château et quelques maisons bordées de grands prés... Quelques 360 pour nous assurer du vent et nous posons sans souci. Nous rangeons le matos dans l'allée du château et nous nous équipons de frontales car la nuit tombe. Maintenant il s'agit de trouver un endroit où dormir... Nous avançons vers le château mais des aboiements de chiens nous dissuadent d'aller plus avant. Aussi nous dirigeons nous vers une des maisons attenantes. Nous rencontrons une famille anglaise....nous nous présentons et expliquons le contexte. C'est amusant car nous conversons en anglais ... effort apprécié de nos hôtes. Les premières minutes sont un peu froides ... Normal ! On tombe du ciel et de nuit en plus ! Nous savons que tout ce passera bien lorsque le propriétaire nous offre une bière ! Il nous propose de dormir dans son chantier (il rénove une partie de sa bâtisse). Ce sera parfait ! Sauf que la température descendra sous les 6°C.... Et qu'on se gèlera ...(même ce caribou de Laurent, ayant vécu au Canada, n’a pas résisté !).

 

Jour 3. « Patience face au vent… »

 

Le lendemain le propriétaire nous offre le petit déjeuner et nous amène chercher de l'essence. Il nous accompagne pour le décollage.... Curieux de voir comment s'envoleront ses deux visiteurs ! Le champ est grand mais nous nous préparons avec beaucoup d'attention. Lolo gonfle en premier. La voile part de travers. Il se retourne, la contrôle de face et s'envole. Belle leçon de maitrise au sol. Je m'élance à mon tour … sans difficulté ... jusqu'à 20 m./sol … Là je réalise que le vent est très fort. Les mouvements de tangage et de roulis me rappellent mon dernier stage SIV! Impossible de garder le cap.... Et en plus, on se fait scotcher. C'est insupportable! Rapidement je décide de poser. Lolo me rejoint... En constatant que c'est notre vol le plus court : 3 km ! On range le matériel en bord de champ et nous convenons d'appeler Antoine Demelier sur la base de Couhé. Coup de chance : un de ses élèves n’est justement pas loin de nous sur un de ses chantiers. Quelques minutes plus tard, nouveau coup de fil : Christophe est ok pour nous faire la navette entre Vasles où nous sommes posés et l'aérodrome de Couhé. Pour attendre, nous cachons le matériel sous la bâche verte et rejoignons le centre du village. Quelques cafés et pains au chocolats plus tard Christophe arrive avec son fourgon. Le chargement est comique. Le fourgon est déjà plein d'outils... Y faire rentrer nos 120 kg de matériel relève de la science... Je monte derrière dans le noir avec le matos : sans les secousses, j'aurais pu m'endormir ! En route pour Couhé afin de retrouver Antoine et notre caisse technique ...

Couhé Vérac !

Première étape planifiée. C'est à dire que c'est le premier endroit où il est prévu de retrouver notre caisse technique. Il s'agit d'un grand carton contenant des pièces de VITO MOSTER et du consommable pour l'équipement bivouac... Accueil très sympathique d'Antoine et de ses élèves. Petite bière tous ensemble devant le chalet de l'école paramoteur et nous partons déjeuner dans un petit resto à quelques kilomètres de là. Le second apéro et le repas copieux qui suivra seront les bienvenus. Laurent et moi n'avons pas mangé hier soir...un petit creux se fait sentir. Nous sortons de table et rejoignons l'aérodrome. Nous nous installons dans le hangar. Laurent change son hélice. Une était prévue en "spare" : interdiction de casser à partir de maintenant. Lolo révise également les moteurs pendant que je check le matériel de bivouac, prépare du mélange et la nav

suivante. Le vent est toujours très fort sur l'aérodrome alors nous en profitons pour faire une petite sieste. La nuit dernière a été froide, courte...et dure. Une dalle en béton pour matelas ne vous aide pas à soigner vos courbatures !

Vers 18 h00 le vent se stabilise et nous nous préparons. Les 20 km/h de Nord-Est facilitent notre décollage. Nous sommes suivis par Antoine en ULM pendulaire qui va faire quelques images de nous en l'air. Il vole comme un diable et nous salue avec quelques figures acrobatiques ! Sacré Antoine ! Nous filons 3/4 arrière direction Angoulème. Nav très facile entre autoroute, parc éolien et gorges magnifiques gorges de la Charente. La lumière est parfaite. Au sol on profite du riche patrimoine architectural composé de châteaux, belles demeures, chapelles romanes...Laurent ne peut s'empêcher de descendre jouer plus prés du sol. Il improvise un slalom entre les gigantesques éoliennes !

Avec une vitesse moyenne de 65 km/h la carte défile vite...comme le temps...le soleil commence à baisser sur notre droite. Il va falloir envisager de poser alors que nous franchissons les méandres des gorges de la Charente. Mais comment choisir ? Entre toutes ces belles demeures, ces grands prés...Où se poser ? Le choix devient évident lorsque nous survolons une superbe vieille ferme rénovée rassemblant quatre bâtiments qui forment un carré et délimitent un beau jardin et une piscine. D'en haut je distingue des fenêtres ouvertes et une voiture. Donc nous devrions trouver du monde. Mais le plus intéressant est ce terrain au sommet du relief qui forme un dôme. Encadré par des vignes, il est très grand, et sera utile pour repartir demain puisqu’il offre plusieurs possibilités en termes d'orientation. Nous posons en douceur face à Angoulême dont les lumières s'allument au loin.

Nous plions vite les ailes et récupérons nos lampes frontales dans les sacs alors que la nuit arrive. Nous descendons les 200 m qui nous séparent de la maison...et tapons à la porte. Un homme d'une cinquantaine d'années nous ouvre et semble surpris ...et même un peu méfiant. Normal : il fait nuit et la bâtisse doit avoir son premier voisin à plus d'un kilomètre. Il y a de quoi s'interroger. Nous expliquons notre situation et au final ce monsieur et son épouse nous ouvrent leur intérieur. Ils nous offrent un verre et une petite collation alors que nous faisons connaissance. Ils sont tous deux enseignants, lui en arts plastiques, elle en français et culture générale. Ils sont charmants et semblent finalement intéressés par notre projet. La soirée est conviviale dans un cadre superbe, nos hôtes ayant un gout très sur en matière de décoration : les murs sont couverts d’oeuvres d’arts. Nous décidons d'aller nous coucher. Notre place sera dans un corps de ferme ouvert qui fait face à la piscine et au jardin richement composé. Il y a pire comme bivouac ! Il fait très chaud. Nos duvets seront superflus cette nuit. Laurent et moi nous endormons les images de la journée dans la tête. La pleine lune visible depuis notre lit composé de parapentes nous accompagne jusque dans nos rêves ... Nous nous endormons donc ....sans imaginer un seul instant que la journée de demain sera justement à la hauteur de nos rêves...

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