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26 janvier 2010

 

Bon, le Gédéon t’a annoncé dans sa pénultième chronique ici en dessous qu’il recauserait du GPS et que du coup tu t’es abonné en masse ici à droite pour pas rater ça. Que t’as bien fait tu vas pas être déçu, tu vas voir.

 

Alors bon donc, le Gédéon te racontait son expérience du. Qu’il a bien vu à ta réaction, lui qui a bien reçu tes courriers merci et traîne sur des forums, que t’as admis qu’il est con, qu’il a rien compris, qu’il est de mauvaise foi, que le GPS n’est pas fait pour faire le tour du bois et tout.

 

Bon.

 

Ok.

 

Tu as raison. Comme disait Biyanvrac, le GPS est bel est bien réservé aux ceux qui volent en ligne droite d’un point A à un point B et que leur seule ambition est d’arriver le plus vite possible là où ils vont, sans s’emmerder à gérer sa nav à l’ancienne comme un bouseux.

 

Mais alors, bon, y’en a des, ils ont dit comme ça que de toutes façons, ce GPS, faut s’en servir intelligemment, que faut savoir en user avec parcimonie, au cas où, en secours, en gérant sa nav à la carte comme tout le monde. Y’en a même un, il a écrit comme ça au Gédéon que lui il se sert de son GPS que en fond de carte, sans lui dire « Goto », au GPS. Ah bon. Le mec se paie une carte 20 fois son prix, pour l’avoir en tout petit, sur un écran, sans aucune vision d’ensemble. Ah oui, mais y’a son avion dessiné dessus, que ça lui dit où il est avec davantage de précision. Admettons. Le Gédéon, lui, il a dans l’idée que son petit avion dessiné sur la carte il est dedans et qu’il lui suffit de regarder autour de lui sur le plus grand écran du monde pour savoir où qu’il est sur sa carte, mais bon, ne soyons pas rétrogrades, acceptons la remarque et regardons de l’avant.

 

Biyanvrac va donc admettre, dès maintenant, que pour naviguer, ce truc est absolument très mieux à défaut d’être indispensable. Allons-y donc pour la modélisation. Il s’imagine, donc, dans son ULM, en train d’aller, tout droit (quelle drôle d’idée), de chez lui à ailleurs, pour voir. Comme on lui dit qu’il faut pas pour autant oublier les bonnes vieilles méthodes, il prend aussi sa carte, sur laquelle il a tout bien tiré ses traits et tout le truc. Bien qu’un double-emploi soit d’emblée constaté, le Gédéon se promet de mener l’expérience théorique jusqu’au bout.

Bon, alors, le Gédéon est aussi honnête avec lui-même qu’il l’est avec toi, sinon plus, c’est dire. Et alors, ce que lui dit sa droiture, c’est qu’il ne voit pas tellement pourquoi il irait s’emmerder à regarder sur sa carte, puisque le progrès fait le même boulot tout seul… ou pas ? Que du coup, il a dans l’idée que sa carte finira très vite au fond de la sacoche, pour laisser place à l’ennui, et bientôt inversement.

Ah oui, mais si ça tombe en panne, qu’on lui dit. Voilà, paf, le grand truc, ça peut tomber en panne, le GPS. Et alors, pour que t’aies pas l’air con quand ça tombe en panne, tu fais quoi ? Tu gardes ta carte par devers toi. Et tu y suis ta nav, sans quoi elle sert à rien, ta carte, que si tu la déplies une fois que le merdier a cessé de collaborer, tu seras pas plus avancé, que la carte, elle, ne te dit où tu es que si tu sais où tu es, n’est-il ?

 

Et là, le Gédéon est désolé, vraiment, mais toujours aussi sceptique. Sinon de plus en plus…

 

Résumons :

- Cas numéro 1 : tu es gédéonien et tu navigues à la carte parce que tu aimes faire des tours et des détours sans t’obliger à suivre la bête flèche d’un outil servile mais idiot. Voilà des siècles que sur terre, mer et air tu fais comme ça et ça te suffit amplement, merci.

- Cas numéro 2 : tu es un « guiique » et tu veux voler avec ton beau GPS acheté tout plein cher, avec des fonds de cartes, des bases de données, des fonctions tout plein pratiques que mais si tu vas voir. Soit tu lui fais confiance et tu voles en suivant les instructions que tu auras préalablement données au truc (a), soit tu es prudent et tu envisages que ce truc peut tomber en panne (b). Le Gédéon a brillamment démontré que dans le petit a du cas 2, tu passes autant de temps à préparer ton instrument en lui racontant dans sa langue tout ce que tu veux faire qu’à le faire donc autant le faire direct, et que dans le petit b du toujours cas 2, tu vas prévoir que le machin peut tomber en panne donc naviguer à l’ancienne en doublon de la bête flèche.

 

Et voilà le travail. Tu t’emmerdes plus que celui qui vole à l’ancienne, au final, puisque tu passeras plus de temps à préparer une nav que tu mèneras en définitive comme tu l’as toujours fait. Ou pas ?

 

Sauf que, le Gédéon est pas aussi con que tu le crois et il voit bien que, mon œil oui, ce GPS est utilisé à l’exclusion de tout autre chose, que t’en mets même deux ou trois, en cas de panne…

Mais, sage et respectueux des lois, tu as toujours la carte pas loin, au cas où le pire du pire arriverait, que là tu reprendras, enfin, le chemin de la raison. Que du coup, tu milites pour qu’à l’école on continue d’enseigner la navigation de bon-papa. Pour le cas où.

 

Sauf que, et c’est là que le Gédéon triomphe (si, tu vas voir) ! Il a dans l’idée, Biyanvrac, que l’habitude et l’entraînement, ça compte. En toutes choses, sauf le vélo, dit-on, mais même là, quand t’as pas mis ton cul sur une bicyclette pendant quelques années, au début t’as l’air vachement gauche à essayer d’aller droit.

 

Et donc, le Gédéon, il se dit que ça doit être pareil avec la navigation aérienne. Un type qui n’a pas touché une carte depuis des années sera certainement un peu pris au dépourvu quand la bise fut venue.

 

C’est son intuition qui lui dit ça, au Biyanvrac. Mais comme il sait qu’il n’intuite pas toujours très juste et que tu le croiras pas, il a cherché, puis trouvé, le Biyanvrac, une démonstration scientifique de son empirique thèse. De la même façon que Lao Tseu avait découvert, par l’intuition, l’existence de l’atome, sous les quolibets de ses contemporains, qui vécurent dans l’ignorance crasse jusqu’à ce que Becquerel en démontrât Scientifiquement l’existence, le Gédéon a trouvé son Becquerel à lui !

 

Miguel Benasayag, qu’il s’appelle, le Becquerel des tares du GPS. Pour la faire courte, cet homme-là est une tronche, entre autres chercheur en neuropsychiatrie et écrit des bouquins étudiés dans toutes les universités du monde. Et ce chercheur a la particularité de trouver, ce qui aurait fait plaisir au grand Charles, tiens.

Et qu’a-t-il trouvé, ce Miguel ? Bouge pas, mais tiens-toi bien, il a trouvé que le GPS rend con ! Et là, t’as bien suivi, hein, c’est pas le Gédéon qui cause, mais la SCIENCE !

L’expérience : il fit conduire sans GPS des chauffeurs de taxis qui avaient une longue habitude du ou qui n’avaient jamais travaillé sans, en leur branchant des tuyaux dans les boyaux de la tête, pour voir ce que ça fait. Ben ça fait, tiens-toi bien toujours, que sans leur outil ces types sont totalement paumés :

1/ incapables de s’orienter (genre ta grosse sur la route des vacances), qu’on pourrait dire que c’est qu’une question de perte d’habitude et que ça reviendra vite…

2/ explication du 1/. Raté, c’est pas qu’une question d’habitude, que d’un point de vue clinique, les sondes dans la tête ont montré que leurs centres cérébraux et sous corticaux de l’orientation sont diminués ! Comme tout muscle, celui qui permet de s’orienter se ramollit et réduit si on s’en sert pas.

 

Patatras. Le coup du « je garde ma carte au cas où » ne fonctionne que si tu t’en sers tout le temps de ta carte, que sinon c’est pas la peine, limite tu te souviendras même plus de ce que c’est que ce papelard, peut-être bien…

 

Et alors donc, si comme tu dis tu t’en sers tout le temps, de ta carte, pour pas te ramollir le sous-cortical, ben ton GPS, il fait juste du poids en trop et de la Kro en moins…

 

Et alors voilà. Que du coup, le Gédéon, il préfère encore aller de l’autre côté de la colline en sous-cortiquant bien comme il faut de l’orientation, que le ramollissement du bulbe, bien qu’à la mode, ce sera pas pour lui, merci.

 

Il aurait du trouver ce Miguel avant Noël, tiens…

 

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