
15 octobre 2025
L’ULM pollue !
L’ULM, comme tous les sports mécaniques, pollue. A ce titre, il est attaqué par les tenants d’une ligne ferme face aux enjeux environnementaux qui préoccupent cette infime minorité de l’humanité, les nantis, à laquelle nous appartenons. Nous n’avons pas encore connu d’opération spectaculaire de type sabotage, au contraire d’autres sports mécaniques comme la moto tout-terrain ou le 4x4 et pourvu que ça dure !
Dans les discussions, au terrain ou ailleurs, nous sommes de plus en plus interrogés sur cette question du cas de conscience de la pollution que nous produisons. Il nous faut donc des arguments de défense, si possible fondés.
Le présent travail ne prétend pas être une étude scientifique exhaustive. Bien que nous ayons été aidés par un spécialiste, notamment pour la méthodologie, il nous a paru important de rester dans de grandes lignes, l’objectif étant que les éléments soient facilement lisibles, puissent être retenus et cités lorsque nous sommes interrogés.
Nous avons ainsi tenté d’harmoniser des données, qui, selon les secteurs d’activité, n’ont pas toujours la même présentation, chaque industrie du transport cherchant, ce qui se conçoit, à minimiser son impact en le diluant.
Par exemple, diviser les rejets dans l’atmosphère par passager et kilomètre parcouru permet à l’aviation commerciale d’offrir des données moins effrayantes. Ainsi du transport maritime, par tonne et kilomètre parcouru.
Mais si l’on aborde les choses avec simplicité et pragmatisme, il ne semble guère déraisonnable de poser que l’impact de l’activité humaine sur la nature est immédiat. Tel moyen de transport qui rejette telle quantité dans l’atmosphère, la produit en temps réel et la nature, pour l’absorber, voire la compenser, travaille également en temps réel et ne prête pas attention au taux de remplissage dudit véhicule, ni à la distance parcourue.
Nous ne nous baserons donc que sur la pollution immédiate de tel ou tel véhicule en fonctionnement.
Impact de l’ULM en temps réel
Nos ULM sont disparates. Du parcimonieux paramoteur à 30 km/h à la gloutonne turbine à 250 km/h, la consommation par heure varie du simple au quintuple.
Par ailleurs, il est toujours aussi difficile, en l’absence d’un registre public, de trouver des données statistiques à jour sur la proportion des classes d’ULM en France.
Nous allons donc nous arrêter, selon une moyenne approximative, à un seul ULM auquel nous appliquons une consommation de douze litres par heure pour cinquante heures par an. Chaque lecteur pourra ainsi adapter nos données à son appareil.
Encore une fois, le parti pris étant ici de comptabiliser l’impact en temps réel moteur tournant, indépendamment de la distance parcourue, du nombre de sièges occupés ou de l’âge de la passagère.
Polluants produits
Selon le type de véhicule (terre, mer, air) et les moteurs et carburants utilisés, les polluants sont variables. Un travail précis serait ici extrêmement fastidieux et sujet à de nombreuses controverses. Nous allons donc nous arrêter au polluant à la mode, celui dont on nous rebat des oreilles : le dioxyde de carbone : COâ‚‚.
COâ‚‚ en temps réel
ULM
Revenons à notre ULM. Un litre de SP98 produit 2,3 kg de COâ‚‚.
Notre ULM rejette donc dans l’atmosphère 27,60 kg de COâ‚‚ par heure.
Automobile
Prenons une citadine à essence consommant 6 litres au 100 kilomètres. Les données statistiques font ressortir que nous roulons à une vitesse moyenne annuelle de 70 km/h. Soit 4,2 litres par heure. Un litre d’essence produit 2,3 kg de COâ‚‚.
Notre auto rejette donc dans l’atmosphère 9,66 kg de COâ‚‚ par heure.
2,8 fois moins que notre ULM.
Camion poids-lourd
Prenons un poids-lourd semi-remorque triple essieu de 44 tonnes en charge. Les données statistiques font ressortir qu’il roule à une vitesse moyenne annuelle de 65 km/h. Soit 15,47 litres par heure. Un litre de gasoil produit 2,67 kg de COâ‚‚.
Notre camion rejette donc dans l’atmosphère 41,30 kg de COâ‚‚ par heure.
1,5 fois plus que notre ULM.
Airbus A330
Il nous a été très difficile de trouver des chiffres concordants, nous avons donc établi une moyenne des diverses données disponibles (constructeur, compagnies aériennes, syndicats, militants écologistes).
Cet avion consomme en moyenne 5 500 litres de kérosène par heure. Le kérosène produit 3,01 kg de COâ‚‚ par litre. Soit une production de COâ‚‚ de 16 555 kg par heure.
440 fois plus que notre ULM.
Navire cargo porte conteneurs
Nous avons pris un cargo porte-conteneurs de forte capacité, mais pas le plus gros existant. Ces navires sont alimentés avec du fioul lourd, un résidu de raffinerie.
Notre bateau consomme en moyenne 8 300 litres par heure, pour 2,7 kg de COâ‚‚ par litre. Soit une production de COâ‚‚ de 22 410 kg par heure.
812 fois plus que notre ULM.




Il nous est très difficile d’établir un tableau comparatif de ces données en temps réel, la mise en page n’offrirait pas assez de place, vu l’immense écart des données.
L’objectif du présent travail est de nous donner des arguments, des « éléments de langage », comme disent les communicants, à destination de nos proches lorsqu’ils nous interrogent ou nous accusent.
Nous allons donc comparer la production de COâ‚‚ produite par notre ULM en une année avec celle de notre panel, en temps réel.
- ULM : COâ‚‚ annuel : 27,60 kg x 50 h = 1 380 kg.
En combien de temps notre panel produit-il la même quantité de COâ‚‚ que notre ULM en une année ?
- Auto : 143 heures (nous passons 9,35 heures par semaine en moyenne dans notre auto, soit 15 semaines)
- Camion : 21 heures (un camion totalise ces heures en deux jours)
- A330 : 9,2 minutes
- Cargo : 3,6 minutes
On nous opposera que l’ULM est un loisir, donc inutile à la bonne marche du monde. Outre que le bien-être individuel participe à un équilibre global, combien des denrées transportées dans les camions, avions ou bateaux sont absolument indispensables ? Bien peu. Une large part de ce qui est transporté relève, chez nous, du loisir.
Très peu de gens, y compris parmi les écolo-militants les plus extrêmes, ont renoncé définitivement à prendre l’avion. Ainsi, prenons une destination aussi proche que banale, un aller-retour en A330 vers le Maroc (5 heures de vol, soit 82 775 kg de COâ‚‚). Ce trajet rejette dans l’atmosphère autant de COâ‚‚ que notre ULM en… 60 ans (ou 3 000 h de vol) !

Mais ce COâ‚‚, que devient-il ?
Outre les océans, dont on oublie souvent le rôle, le COâ‚‚ est assimilé par la végétation. Or, l'une des végétations qui absorbe le plus de COâ‚‚ est une pelouse entretenue, puisqu’elle est en croissance constante. Un hectare de pelouse entretenue recycle 10 à 12 tonnes de COâ‚‚ par an.
Imaginons une petite piste ULM, dont le hangar abrite trois ULM volants, configuration assez répandue. La piste mesure 300 m x 30 m, soit 9 000 m². Quasiment un hectare. L’herbe y est régulièrement tondue, posons que cette surface recycle 9 000 kg de COâ‚‚ par an.
Nos trois ULM volent chacun 50 h chaque année, soit 150 h au total et produisent ainsi 4 140 kg de COâ‚‚.
Notre petit terrain ULM, à lui tout seul, recycle plus de deux fois plus de COâ‚‚ qu’il n’en produit ! Quel autre loisir motorisé peut se vanter d’avoir un outil de travail (la piste), qui, de lui-même, compense le carbone produit ?
Oui, mais les autres polluants ?
On ignore trop souvent la notion d’empreinte écologique globale, qui prend en considération toute la pollution générée par un produit. Depuis l’extraction, le transport et la transformation de la matière première, l’acheminement et l’usage du produit, puis son éventuel recyclage ou effet sur la nature si on ne le recycle pas. C’est à ce titre, par exemple, que les autos électriques sont de plus en plus remises en question par… des écologistes !
L’ULM, c’est plus ou moins 300 kg de matériaux assez simples et répandus, capables de durer plus de trente ans, assez facilement recyclables et neutres lorsqu’ils sont abandonnés (batterie et matériaux composites mis à part).
Nos moteurs, à carburateurs pour la plupart et nos échappements « Bonduelle » sont très loin d’être les plus vertueux en matière de rejet de particules fines. Il est difficile de trouver des données fiables, ce qui explique que nous ayons pris le parti d’occulter cet aspect de la chose ici. En tout état de cause, s'il est un domaine où nous devons progresser, c'est celui-ci.
Les véhicules terrestres produisent un polluant longtemps oublié : les pneus. Le camion pris en exemple produit 24 kg par an de poudre de pneu, qui se retrouve dans l’atmosphère et nos nappes phréatiques et, par conséquent, dans tout ce que nous mangeons. De plus en plus d’études confirment l’impact sur notre santé de ces particules.
Sur nos ULM et nos pistes en herbe, nous changeons nos pneus non pas quand ils sont usées, mais quand ils commencent à se craqueler parce-que trop vieux. Cette pollution nous est pour ainsi dire étrangère.
Infrastructures
Un véhicule nécessite des infrastructures. A ce titre, l’aviation d’une manière générale est très vertueuse. Nos plateformes, y compris les gros aéroports, sont des étendues plus ou moins vastes de prairies épargnées de tout traitement chimique entre lesquelles les paysages sont préservés.
Nous qui volons, nous voyons les saignées que forment les routes, voies de chemin de fer et ports et pouvons imaginer leur impact sur la nature (faune notamment). Structures par ailleurs très polluantes en entretien.
Que conclure ?
Oui, l’ULM pollue ! Beaucoup moins que d’autres moyens de transport, quand on prend l’ensemble des éléments en considération, même si relativiser un problème ne le supprime pas.
Cette affaire de pelouse nous semble importante. Selon les chiffres DGAC les moins anciens et une légère extrapolation, il y aurait en France environ 16 000 ULM. S’ils volent chacun 50 heures par an, sachant que la réalité est sans doute inférieure, cela donnerait 16 000 ULM x 50 h = 800 000 heures de vol par an. Soit : 800 000 h x 27,60 kg de COâ‚‚ = 22 080 tonnes de COâ‚‚.
BASULM référence 1 245 terrains à ce jour (octobre 2025). Imaginons que chaque terrain tonde 2 hectares de pelouse en moyenne et que chaque hectare recycle 10 tonnes de COâ‚‚ par an.
1 245 terrains x 2 hectares x 10 tonnes = 24 900 tonnes recyclés chaque année.
Il serait du ressort de notre fédération de missionner un bureau d’étude pour approfondir la question en prenant en compte tous les aspects de la question, comme le COâ‚‚ généré par l’entretien de ladite piste . Pouvoir répondre à nos détracteurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, que nous sommes neutres carbone, voire créditeurs, serait un argument assez définitif et, surtout, salutaire !
En attendant, il sera très facile à chacun d’entre nous d’établir une rapide estimation sur son propre terrain en prenant en compte les heures annuelles de la flotte présente et la surface tondue.