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26 avril 2008 

 

« Chacun de nous est responsable de tout devant tous » Dostoïevski aurait pu être l’auteur de la réglementation ULM, tiens !

 

Bon alors, il s’est bien marré, le Gédéon, à se moquer des contraintes inouïes de la certification. Ça semble tellement dingue que tu t’es dit « ah mais heureusement que l’ULM n’est pas certifié, et qu’on est à l’abri de toutes ces contraintes à la con ! » Que tu crois, oui, que t’as pas de contraintes !

 

Gédéon t’a montré à quel point les processus de certification étaient lourds, complexes, coûteux, chiants et tout. Il en a aussi exposé les raisons : la responsabilité ! Dans un système certifié, l’utilisateur n’endosse qu’une infime part de la responsabilité qu’il prend dans son avion, cette responsabilité étant largement diluée. En tous les cas, Voilà pourquoi, qu’il dit, le Gédéon, que beaucoup de pilotes certifiés veulent rester dans ce système, et voilà pourquoi aussi, voire surtout, que les pilotes ULM feraient bien d’y réfléchir, et de ne jamais l’oublier ! Ils ne sont pas certifiés. Ni eux, ni leurs machines.

Si, comme on l’a vu, la certification génère une certaine perte de liberté, son absence signifie au contraire, une grande liberté. Or, vu comme ça, cette liberté est une contrainte en soi. Et une grande contrainte. Regarde.

 

Reprenons l’avion certifié, vite fait : la seule chose dont le pilote soit entièrement et exclusivement responsable, c’est la conduite de son vol. Et encore, tant qu’il n’est pas contrôlé, car en ce cas le contrôleur, qui assure la prévention des abordages, endosse une part de responsabilité aussi.

 

En avion non certifié, comme l’est actuellement l’ULM en France, le pilote est, au contraire, et dans les mêmes limites du vol non contrôlé, responsable de tout. Absolument tout ? Oui, tout ! De la navigabilité de sa machine jusqu’à son propre état de santé à lui, en passant par l’entretien, le suivi des consignes constructeur, et, bien entendu, de toutes les conséquences que cette liberté pourrait avoir, si elle est mal employée.

Et, au cas où t’aurais pas compris, il insiste le Gédéon : le seul responsable est le pilote ! Pas le propriétaire, ni « l’exploitant », ni le club, ni celui qui a vendu la machine, non : le pilote. Lui et lui seul. On voit tout de suite que c’est beaucoup moins confort, cette affaire-là, et que du coup il faut vraiment y réfléchir à deux fois avant de :

- Prendre un passager

- Faire de l’école

- Acheter un truc d’occase

- Louer ou emprunter un ULM que tu ne connais pas

Etc. Tous ces sujets seront gédéonisés un par un dès qu’il aura le temps, le gars.

 

En avion non certifié, « responsable mais pas coupable », y’a pas ! Y’a que c’est toi, pilote, qu’es responsable et coupable, en cas de problème, vu que t’as déclaré, toi et personne d’autre, que toi et le truc sur lequel tu voles sont en état de le faire. C’est la règle du jeu. Seule et unique. C’est la condition qu’ont posées les autorités pour nous laisser jouer tranquilles. Or, ce qui semble comme ça un cadeau est en réalité quelque chose d’assez pervers, si on regarde bien. Le Gédéon, il croit que celui qui a accepté de laisser voler les ULM sous ce régime se disait « que tu verras, ils vont se casser la gueule, se faire mal, puis ils revendront pleurer leur mère pour qu’on les certifie ». On dirait qu’il s’est trompé, le type. Les ulmistes ont montré que ça peut le faire, et même mieux qu’avec des certifications, que c’est la DGAC qui le dit, voir le billet du 17 avril dans la rubrique « Réglementation ».

 

Pour autant, qu’ils n’oublient jamais, les ulmistes, que dit le Gédéon sans emphase, que cette responsabilité qu’il ont tendance à considérer comme un privilège est surtout, et avant tout, une énorme contrainte. Pénalement incommensurablement plus pesante que la certification !

 

Car en plus, et à de quelques rares exceptions près, les tribunaux suivent cet esprit de la loi, que le Gédéon s’en réjouit. Mais il reste quelques exceptions, hélas, de la jurisprudence. La jurisprudence, c’est quand un juge décide autre chose que ce que dit exactement la loi, et que du coup, après, si on veut c’est ça qu’il a dit qui devient la loi…il se demande comment c’est possible en démocratie, une chose pareille, le Gédéon, mais pourtant, c’est comme ça.

 

Voilà pourquoi, d’après le Gédéon, tant de partisans du certifié veulent rester dans leur système, et que quelques ulmistes seraient pas tellement contre l’idée qu’on les certifiasse un chouia…

 

Gédéon, au cas où ça suivrait pas, vole tout seul autour de son bois, sur sa machine qu’il s’est construite, parce qu’il veut bien être responsable, oui, mais pas fou…

 

« Il est meilleur d’être irresponsable dans le vrai que responsable dans l’erreur », estime Churchill, qui dit aussi quelques conneries…

 

Tiens, on dirait qu’il est moins drolatique, le billet gédéonesque du jour…

 

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