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24 avril 2008

 

Gédéon a l’impression d’avoir déjà évoqué en ces lignes à quel point il est attaché à la non certification de l’ULM, et que même, d’après lui, c’est la seule chose que l’on ne puisse pas retirer de son code génétique. Le jour où on mettra la moindre petite poussière d’once de quoi que ce fut qui ressemblât à une quelconque forme de certification, l’ULM aura perdu gros. Qu’il dit.

 

Et pourtant, il y en a des, ils seraient pas contre, un petit chouia de certification. Pas forcément touchés par une avionnite plus ou moins bénigne ni aigue, d’ailleurs, qu’ils sont. Non, beaucoup de ceux-là sont nés et ont grandi dans l’ULM. Et pourquoi donc, qu’ils seraient par contre ? Parce que la non certification d’un avion, dans le monde dans lequel on vit, c’est vachement pas en phase avec l’esprit ambiant, si tu vois, et ça limite beaucoup l’utilisation du truc. Beaucoup plus qu’on le pense. Vois :

 

D’abord, il faudrait rappeler ce que c’est, que cette certification. C’est que des gens, autres que celui qui conduit l’avion, disent à sa place, au celui qui, s’il est en état ou pas, l’avion (et le pilote aussi, d’ailleurs, mais ça c’est l’acte 2). Depuis le tout début, jusqu’à la toute fin. La seule chose dont le pilote d’un avion certifié soit responsable, (outre bien sûr son pilotage et la conduite du vol projeté), c’est la quantité de carburant qu’il a dans le bide, l’avion. A peu de chose près, et pour la faire courte, c’est ça. Et là, paf, le mot magique est tombé : responsable ! Il faut un responsable, en toutes circonstances. Alors bon, vu qu’on vit dans un monde dont les individus qui l’habitent paient à grand frais un Etat pour être responsable de tout à leur place, voici venues les certifications. Cette maladie ne touche pas que l’aviation, note bien. Tout se certifie, de nos jours, même le processus d’attache des lacets de chaussure, si tu veux, en mode iso virgule trois et quelque. Alors bon, en avion, donc. L’Etat, qui forme à grands frais des ingénieurs tout exprès pour, certifie la construction des avions, leur suivi, leur entretien, leur navigabilité, tout, sur la base de protocoles passés avec les concernés (en un mot, merci). On la fait courte, toujours, que sinon il y en aurait pour dix plombes. Ainsi donc, le pilote, quand il pose son fondement dans le truc, il sait que si quoi que ce soit se produisait, il n’y est pour rien, ça sera forcément de la faute d’un autre, et merci. Ça te lui donne une espèce de sentiment de confort, ça rassure, parce que, précisément, ça le déresponsabilise. On peut trouver ça curieux, mais c’est ce qu’il veut, le type. Le seul inconvénient, c’est que c’est plutôt pas mal lourd à gérer, vu qu’il faut tout faire comme ils ont dit, même si c’est absurde, genre changer tel boulon quand c’est l’heure, et tamponner tous les papiers, même si l’avion n’a pas bougé depuis le dernier coup. Et, forcément, en plus d’être lourd, c’est coûteux. Ben oui, faut payer le gars agréé qui change le boulon (ah, non, t’as pas le droit de le faire toi-même), filer la pièce à celui qui tamponne agréément, entretenir ceux qui contrôlent que celui qui a changé et l’autre qui cachetonne (hé hé) sont à jour de leurs droits de, financer les services qui contrôlent que ceux qui valident sont encore en état de le faire, tout ça. C’est un truc sans fin. Ah, il allait oublier, le Gédéon, faut payer le boulon ! T’es marrant, toi, mais le boulon, que tu te figures, lui aussi, il est passé par la moulinette certification, depuis l’usine jusqu’au stockage, et que du coup, par rapport au même boulon de chez Yatouskifo, 800% dans la gueule, qu’il a pris, le boulon. « Aaaaah, oui, mais c’est de l’aéronautique, môôssieur ! »

 

 

Voilà, pour la faire courte, c’est ça, la certification de l’avion, et que du coup, le type qui s’assoit dedans, il a la garantie absolue, sur facture, que le truc est en état, et que du coup il est bien content, il va pouvoir aller faire son tour de bois peinard, dans un truc 100% à l’abri de la poindre panne. Tour de bois à 300 € de l’heure, du coup, vu le coût des procédures. 300 € dont il ne paie directement qu’une petite partie, vu que l’Etat le subventionne, grâce à ses impôts, pour qu’il puisse payer les services certificateurs de…ah ben, de l’Etat, tiens. Tu paies ton impôt à l’Etat pour qu’il te subventionne l’argent que tu dois lui rendre…

 

…Ou pas ?

 

Attend, il a besoin de faire une pause, le Gédéon, et de bien se relire, que là il a comme l’impression d’avoir écrit une grosse connerie…

 

En attendant la suite, tu peux reprendre une activité normale, comme dirait l’autre.

 

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