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14 janvier 2013

 

« Il n’y a pas de bon pilote, il y a de vieux pilotes », dit un adage dont on méconnait l’origine et qui se conjugue aussi dans la moto et autres activités réputées à risque.

Bon.

 

Le Gédéon n’est pas très intelligent mais un petit raisonnement de base, à une seule inconnue, ne lui est pas inaccessible. Le voici donc, au pied de son pommier, en attendant que le vent ne baisse et en prenant garde à ce que le Newton Gotliebéen ne se manifeste pas tout de suite, le voici qui se prend à réfléchir à ce populaire proverbe.

Enfin, populaire, peut-être pas. Qu’en bon paysan qu’il est, le Gédéon sait bien que les préceptes populaires sont pleins de bon sens. D’intelligence, donc.

 

Or, ici, d’intelligence, point. Macache, oualou, nada, nothing, nichts, niente, nihil et tout ça.

 

Que, regarde bien : il n’y a pas de bon pilote. On est dans une affirmation absolue, indiscutable, sans nuance, sans pondération. Si on a dit « y’a pas », c’est que « y’a pas », « pis c’est tout », comme dit un chevelu cousin de Biyanvrac entraîneur de nageuses caractérielles.

 

Puis, plus loin, « il y a de vieux pilotes ». Ce qui sous-entend, si les deux neurones du Gédéon connectent correctement, que ceux qui ne deviennent pas vieux sont mauvais. Ou pas ? Or, doncques, tout ça tout ça, s’il y a de mauvais pilotes (et le Gédéon plussoie, lui qui se classe derechef dans cette classe), ils seraient mauvais, alors, par rapport à quoi ? A qui ? A quel ? On ne peut définir du négatif que par rapport au positif qui s’y oppose. Si on dit « il fait pas beau », c’est qu’on songe à par rapport quand il faisait beau. On oppose le mauvais temps au beau temps. Si ont dit « quel con celui-là », c’est bien qu’on l’oppose, le celui-là, à un qui n’est, lui, pas con, jamais, c’est-à-dire soi-même !

 

Ainsi donc, s’il y a de vieux pilotes parce-que les mauvais pilotes sont morts, c’est donc bien qu’il y aurait de bons pilotes. Ou alors, faut qu’on lui explique, au Gédéon.

 

Et alors, il veut tout de même comprendre, Biyanvrac, pourquoi donc qu’on insiste avec ce con proverbe, dont il vient de démontrer qu’il n’a aucun sens.

 

Et, voici. Ce qu’il en dit, le Gédéon, c’est qu’on sort ce verset pour éviter de se laisser aller à croire que le bon, ce serait soi-même. Soit et fort bien. C’est humble et modeste, qualités que l’on nous demande, aviateurs du dimanche ou du lundi, de posséder, entretenir, faire fructifier, tout ça. Oui. Bien.

 

Mais s’il faut en effet éviter de se laisser aller à se croire soi-même le bon qui deviendra vieux, pourquoi tout autant refuser cette qualité à l’autre ? Car alors, maintenant qu’on a démontré que s’il y a de vieux pilotes parce qu’il y a de bons pilotes, mais que dans le même temps on a répété qu’il ne faut pas se croire bon soi-même, il est où, le bon qui deviendra vieux, si chacun dans son coin s’auto-persuade qu’on n’est chacunement que des brêles ? S’il n’y en a pas, de bon, c’est ennuyeux, que du coup on va tous crever jeunes et que le Gédéon, qui l’est plus tellement, commence à flipper sa race, sous son pommier. D’ailleurs, le voici qui s’en va vers un ciel plus clair, tiens, histoire de s’éviter, puisqu’il va mourir bientôt, d’être occis pas le Newton.

 

Et alors, concluons. Biyanvrac affirme qu’il y a des bons. Et qu’il faut les identifier et en faire des modèles. Car, si en effet on se doit d’éviter de s’auto canoniser, on n’est vraiment bon que lorsque l’on est ainsi reconnu par ses pairs. Et sur des critères sérieux, pas juste parce-que c’est le dernier qui a causé.

Et de leur vivant, les identifier et s’en inspirer, pas une fois qu’ils sont démontré qu’ils ne vieilliront pas. Que ça, le Gédéon, y’a rien qui l’énerve plus : à chaque fois qu’il y a un mort, on entend des cris « pourtant c’était le meilleur d’entre nous », alors que, de toute évidence, ce n’était pas le cas et, du reste, ce sont les mêmes qui implorent le présent précepte à tort et à travers… il n’y a pas de bon pilote, il n’y a que des vieux pilotes, mais quand un meurt trop jeune, c’était le meilleur d’entre nous… au bout d’un moment et même tout de suite, faudrait savoir.

Et, tiens, pour finir et mettre tout le monde d’accorde, le Gédéon va t’asséner une vérité absolue, indiscutable et avérée : il y a, très majoritairement, des vieux pilotes, ou des qui le deviendront. Des bons. Et des moins bons.

 

Et même des mauvais, qui mourront d’un cancer du fion, comme tout le monde.

 

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