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25 février 2010

 

Voilà quelques temps que le Gédéon t’a pas causé du paramoteur. Et le revoici donc, celui-là. Le que le Gédéon il aimerait bien faire ça, mais qu’il est trop vieux et tout, il a déjà dit. Bon.

 

Alors, le paramoteur est un ULM. C’est indiscutable et indiscuté. Enfin, indiscuté, pas tout à fait, que la fédéplume, sur l’initiative d’elle-même, a bien voulu ouvrir le débat, qui fut aussitôt refermé (ou presque), par les ceux qui font du. Eux, il leur fut proposé qu’éventuellement, le paramoteur ne fut plus ULM, mais autre chose, mais non, « on est des ulmes », qu’ils ont dit, « ad vitam aeternam », ajoutant même. Bien.

Mais pourquoi donc, que tu te dis, qu’il faudrait comme ça que le parapente à moteur ne soit plus un ULM ? Quelle saugrenue idée, ou bien ?

Expliquements : ULM, ça veut dire ultra léger motorisé, que rien que ce simple rappel n’est pas toujours inutile, vu qu’à force de pas le rappeler y’en a des qui l’oublient…

Alors donc, ultra léger motorisé, le paramoteur, à mort, qu’il l’est ! Pas photo, c’est même le plus ulme des ulmes. Mais à la littérature s’ajoute la loi, qui même la surpasse, hélas.

Et là, le Gédéon va te montrer où c’est que pourquoi. En tant qu’avion, l’ulme est soumis aux règles des. Pour la circulation et tout le truc. Pour le reste, certifications et autres permis, on a mis des règles un peu spéciales, sans matières grasses, pour dire en quelque sorte. Et là, bon, le paramoteur devient donc un aéronef au sens réglementaire, régi par la prestigieuse Direction Générale de l’Aviation Civile et des environs, les pilotes de ça sont des personnels navigants non commerciaux de l’aviation civile « armez les toboggans », ils apprennent dans des écoles d’aviation civile, se voient délivrer leurs titres par cette autorité, sont identifiés (mais ils disent « immatriculés », ça fait plus la classe), et tout le truc. Et alors, la classe, justement. Ils n’en veulent, de tout ça, parce que ça fait classe, que dit le Gédéon.

 

Mais point trop n’anticipons…

 

Et puis bon, du coup, ils doivent apprendre les règles, et se faire sanctionner leurs connaissances par cette administration qu’ils chérissent tant. Et vas-y donc qu’ils apprennent tout bien comment on calcule sa dérive, comment on se met en niveau vol Portugal Italie, comment on lit les TAF, METAR, TAMERE et tout, comment qu’on cause poliment dans le poste à Monsieur le Contrôleur, quelles sont les hauteurs minimales de survol, comment on s’intègre dans le circuit de Roissy et où c’est qu’on demande pour traverser les CTR.

Et aussi, il leur faut identifier leur voile, pour que le jour où un irait traverser la CTR sans demander, on puisse le fouetter en place publique…

 

Et voilà, sont tout bien contents, les voilà donc aptes à se poser quatre galons aux épaulettes et à entrer dans le monde classieux et feutré des Aviateurs, et que c’est donc juste pour dire qu’ils font partie de cette famille qu’ils veulent pas en sortir.

 

Oui, ok, que tu te dis encore, le Gédéon est bien gentil, mais quel intérêt de sortir du ?

Ben, surprends-toi, aucun, en vrai. Et du reste on s’en fout, mais Biyanvrac veut juste un peu absurdifier, comme d’hab.

 

Vois comment est vendu le paramoteur et, surtout, comment il est pratiqué. On te dit « ton ça, tu le mets dans le coffre de ta voiture et tu te fous la race en l’air dès que ça te chante, au coin du bois ». Alors toi, forcément, ça te branche, cette affaire-là, et te voilà à l’école dès le week-end suivant. Et tu observes. Les types décollent (laborieusement mais c’est un autre sujet et le Gédéon t’a déjà dit), volent à quelques mètres du sol à travers les prés, s’essaient le matos entre eux et rigolent bien. Puis ils plient tout et s’en vont chez leurs maisons, tout contents. Puis tu reviens le week-end suivant, puis encore celui d’après etc. Et tu les vois, toujours pareil, à juste voler en radada à trois kilomètres maximum du terrain de décollage, et de temps en temps mais alors rarement, y’en a un qui passe de l’autre côté de la colline et qu’il devient le héros du club, le celui qui a des corones. Tu décides que ça te va bien, ce jeu-là, et tu as bien raison. Tu veux donc apprendre à faire, ça a l’air si simple !

Et ça l’est, simple. Techniquement. Quelques journées d’apprentissage avec un instructeur, puis toute une vie d’apprentissage tout seul, tu finiras assez vite par être capable de faire toi aussi ton tour de bois vespéral.

 

Mais là, crac, tu découvres que tu veux pas juste faire du paramoteur, mais que tu aspires aux privilèges (c’est le terme que dit la loi) attribués aux personnels non navigants machin mes couilles en ski comme dit plus haut de l’Aviation Civile !

Et puis voilà, tu dois apprendre, donc, la correction de dérive, le facteur de charge en virage glissé, la radio avec Orly, le Portugal Italie, la dépression du Golfe de Gênes, la correction magnétique des déviations truc, l’altimétrie compensée aux vitesses subsoniques, les hauteurs auxquelles tu dois voler, la lecture de la carte de la France aéronautique que toi tu voulais juste tourner en rond, puis aussi tu dois apprendre comment faire pour identifier ta machine, obtenir un indicatif radio, entretenir conformément au Manuel machin, et aussi tu apprends que si tu mets des roues à ton paraprout, tu devras t’assurer contre les risques terroristes, que le Gédéon attend toujours qu’on lui explique en quoi comment, de quelle façon et sous quelle manière l’adjonction des roulettes ajoute du risque alquaïdique.

 

Et puis bon, tu t’en vas donc à la ville te faire sanctionner tes connaissances théoriques, ton instructeur finit par te laisser voler seul vu que t’as enfin compris qu’il suffisait pour cela de lui acheter une machine, et te voilà donc dans le monde de l’aviation. Et toi, comme tu as tout appris et que t’es un peu psychorigide, te voilà parti à tout bien faire dans les règles, indentification, indicatif radio, instrumentation réglementaire (badin, compas, bille etc.), homologation de ton terrain de jeu, pis tout pis tout.

 

Et alors, dimanche matin, tu vas voler. Tu t’es mis une radio, on a dit, donc tu dois t’en servir, vu que c’est dit comme ça dans les lois que tu viens d’apprendre.

« Base ULM de Paraprout sur Seuldre, F-juliette pouet pouet, au marchage vers le point d’arrêt 32 pour un local en direction du clocher, je rappelle en quittant le circuit etc. »

Bon, tu t’alignes 32 et tu décolles. Pas du premier coup, hein, c’est du paramoteur, mais pas grave, tu restes digne, ta grosse regarde.

 

Et alors, tu te mets bien bien à 150 mètres du sol, tu observes la carte Aéronautique que tu as sur ton genou, tu prends un cap truc sur le clocher, tu calcules ta dérive et tu la corriges en fonction, et tout ça. Tu appelles le contrôle régional pour voir si labess par chez eux, tu écoutes la météo pour t’assurer qu’ils ont bien vu le petit nuage là-bas sur l’horizon, et tu montes à 500 mètres vu que tu sais que le clocher tu peux pas t’en approcher plus.

Bon. Tu prends une photo du village pour montrer à ta sceptique que c’est vachement de la balle ton nouveau jouet, puis tu t’annonces sur ton terrain, tu t’intègres tout comme dans le livre, vent arrière tout ça, tu poses, t’es content.

 

Content. Pas tant que ça, en fait.

 

Que t’as bien vu que ça c’est pas passé comme à l’école. Alors t’y retournes, pour comprendre. Là, tu vois ce que t’avais vu au début, le paramoteur qui t’a fait kiffer ta race : des types qui décollent en vrac dans tous les sens, qui volent en radada alentour, qui utilisent des radios juste pour se marrer entre eux et qu’en fait c’est pas du tout des radios comme il faut mais des talkie-walkie des chez JouéClub, que la plupart d’entre eux se prennent pas tellement le chou avec les identifications à commencer par l’instructeur, et que, en gros, le paramoteur qui t’a fait marrer est illégal d’un bout à l’autre. Que si, comme le Gédéon t’a montré, tu veux respecter les règles qu’on t’a sommé d’apprendre, ben ce machin-là devient chiant à mourir !

 

Et alors, tu comprends mieux, du coup, pourquoi il a été proposé d’offrir au paramoteur de ne plus être contraint par des règles qui le rendent inopérant. Et que, si tu te renseignes un peu comme a fait le Gédéon, l’administration de l’Aviation Civile elle-même n’est même pas contre voire plutôt pour, qu’elle voit bien que c’est absurde.

Pis tu en causes avec ton instructeur et tu t’aperçois illico que c’est un sujet ultra sensible, genre il valait encore mieux pour ton intégrité physique aller causer de capote au Vatican…

 

Que t’es en train d’essayer d’expliquer à ton instructeur qu’il t’oblige à apprendre des règles inapplicables qu’il n’applique pas lui-même du coup, juste pour dire que t’es un personnel navigant machin que ça tu t’en bas les baballes, et tout. Mais tu réfléchis, et tu vois bien qu’en vrai d’en fait, c’est juste que si t’es plus un personnel machin, lui n’a plus l’aura qu’il a et c’est juste pour ça qu’il croit qu’il faut rester dedans.

 

Quitte à schizophrèner à mort… jusqu’à sa mort, au paramoteur… ou alors, jusqu’à ce que, finalement, il sorte de l’absurde. Ce que bien des pays ont fait et là, le paramoteur ne s’en porte pas plus mal, ni même les écoles, merci.

 

Ou bien ?

 

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