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10 novembre 2014

 

Alors bon, il est écrit que l’ULM doit être simple de conception et d’utilisation. Et que du coup, c’est au nom de ce verset que des disent que la classis n’est pas ULM. « Mais non, tu vois bien, c’est tout compliqué tout complexe, que y’a des pièces en mouvement dans tous les sens, que c’est très compliqué à piloter, tout ça ». Ils n’ont pas tort, dans l’absolu, le Gédéon a lu récemment un instructeur hélico de renom, qui explique dans un article en ligne que t’as qu’à te démerder à le retrouver, qui essplique, donc, que « l’hélico, ça n’a qu’une envie, c’est de tuer son pilote ».

Bon. Y’en a des, ils savent ça, que ce machin veut les tuer, mais ils y vont quand-même en jouer. Biyanvrac va pas s’étendre, c’est pas le sujet. Aujourd’hui, c’est pas là. C’est sur le simple, même si ceci explique cela…

 

Alors bon donc, selon certains barbus de l’ULM, si l’ULM n’est pas simple, ce n’est pas un ULM. Ou alors, dans l’autre sens, pour que ce soit un ULM, faut pas que ce soit compliqué. Le Gédéon, il veut bien, il voit bien ce qui est simple. Simple, c’est ouvrir un robinet. Pas simple, c’est remplir une déclaration de revenus et patrimoine et que t’es qu’un pauv’ paysan comme voilà lui, avec des terres que t’exploites, des que tu loues, des que tu jachères, des biens que tu loues à droite à gauche, des vaches pour faire joli, des récoltes qu’il a pas plu cette année, un tracteur à crédit-bail avec option d’arnaque, une habitation que t’habites qu’à moitié, tout ça, faut payer l’sel… par’empe.

 

Tiens, son ulme à lui, pour aller faire le tour du bois : tu vérifies que y’a tous les boulons et draps, du t’assois dessus, tu tires la ficelle, tu comptes jusqu’à un certain nombre le temps que ce soit chaud, puis tu y vas. Vitesse de décollage, palier et approche, très simple : y’en a qu’une. En vol, si tu veux te donner l’air sérieux, tu vérifies ta symétrie… pis t’admires le paysage. Voilà une idée du simple, qu’on peut dire.

 

Mais alors, comme il veut comprendre, le Gédéon est allé voir un de l’ulme moderne, pour voir. Pas si moderne genre en forme de godemichet, non, juste un truc en tuyaux et draps, tout comme le sien. Simple, quoi. ULM, qu’ils disent. Puis il a fait le celui qui sait pas et veut voire comment ça marche. Déjà sur son internet, le mec se la raconte un peu, genre « instructeur d’aviation civile et des environs, labellisé fédé, qualifié radio, agréé jeunesse et sports et comité des fêtes », tout ça…

La machine, le mec lui explique comment ça marche, ce qu’il faut vérifier avant de s’assoir dedans, tout. Rien que ça, t’en as pour une demi-heure et encore, le mec dit que pour aujourd’hui on la fait courte ? Que faut des outils pour voir le moteur et une échelle pour mettre de l’essence. Par contre, la plupart des éléments structurels et de commandes sont masqués par du drap, donc on verra pas dans quel état c’est… Simple, quoi, ulme, quoi.

 

Et alors, enfin, on pose son cul. Avant même la mise en route du bourrin, commence toute une série de tests… « non mais allo, quoi » pour tester le téléphone, que pour l’instant, vu que le moteur tourne pas, y’a pas besoin, m’enfin les voilà avec ces trucs sur les oreilles, donc faut tester. Test que les portières sont fermées. ‘Fin, les « portières », les plaques de Tupperware qu’on a mis là pour comme si, pour être précis. Test de la pompe… alors ça, Biyanvrac, il veut comprendre. L’essence est dans les ailes, donc très au-dessus du moteur. Dans son idée, ça descend donc par gravité, ou alors faut qu’on explique. Bah là, non, on te nous a mis une pompe pour envoyer l’essence au moteur… test des instruments, des ceintures, des boutons tout partout, tout ça, bon. Mise en route, enfin, que voilà dix minutes qu’on cuit dans cet aquarium en plein soleil.

 

« XX (te dira pas où que c’était, veut pas d’ennuis), au parking pour la roulade vers la 86, rappel au point d’arrêt ». Alors, qu’il te dise : c’est un terrain ULM, y’a trois machines dans le seul hangar, personne en vue, c’est le matin tôt d’un jour où les gens travaillent (ou vont chercher leurs minimasossiaux, que c’est ça leur travail à des), mais bon, faut causer à personne dans la radio.

Point d’arrêt. Encore tout un tas de tests de ci et de mi, on roule en racontant qu’on roule, on s’aligne. « Plein volets ». Bon, on plein volette, on roule on décolle, pas quand on le sent comme ferait un pilote qui sent, mais quand le truc affiche les « paramètres » qui vont bien…

Et alors là, aussitôt le décollage et jusqu’au posé, qu’ils ont juste fait un tour de piste, ce ne sera qu’une liste incessante et interminable d’actions diverses et variées : et demi-cran de volets, et quart de cran d’arc vert et arc blanc et bille et pompe et dépompe et repompe et réchauffe le carbu et déréchauffe le carbu, reréchauffe, qu’on dirait qu’on est en train de démarrer une centrale nucléaire… tout ça en racontant à ton copain imaginaire où t’en es dans tout ce merdier. Et t’as jamais pu regarder dehors…

 

Enfin, au bout de trois minutes, l’annonce salvatrice : « On est en finaaaale, on est en finaaale, on est, on est… ». Ben pour le Gédéon, ça s’arrêtera là, il a compris ce qu’il voulait voir.

 

Ceux qui disent, comme ça, que la classis c’est pas ulme parce-que pas simple, faut qu’ils expliquent un peu ce qui est simple, que le Gédéon a dans l’idée qu’ils se sont un peu perdus en route…

 

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