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14 décembre 2007

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Comme il se tient au courant de ce qui se passe dans le monde de l’ULM, et surtout depuis qu’il a Internet - petit rappel à destination de ceux qui dorment – le Gédéon trouve qu’il y a beaucoup d’accidents, cette année. « Des accidents stupides », a-t-il lu ici ou là, ce qui le plonge dans une grande perplexité. Qu’est donc un accident qui ne serait pas stupide ? Hein ? Qui aurait une réponse sensée à cette question absurde ?

 Merci, je me disais, aussi…

 

Enfin bon, des accidents, donc. Ce qui l’intéresse, le Gédéon, ce n’est pas tant la façon qui fit que, mais la manière dont on en cause, après coup. C’est toujours la faute du pilote. Entendons-nous, le pilote, c’est bien l’autre, là, le qui était aux commandes, parce qu’en général, celui qui crache sur le pauvre gars qui n’est, parfois, même pas encore enterré, lui, n’a rien à se reprocher, et peut donc traiter l’imprudent de « gros con ».

En paraphrasant Boileau, qui disait magnifiquement :

« Pour finir, enfin, par un mot de satire,

Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire »*

Gédéon dit :

« Si de vulgarité on me permet une once,

Un con trouve toujours un plus con qui l’enfonce »**

Et ça l’agace, le Gédéon, car, en son village, il est considéré comme le roi des cons, et il sait que Brassens n’avait pas tellement raison. Son trône est fragile, car la concurrence est rude, et les prétendants bien nombreux !

Or donc, quiconque est acteur d’un accident est un con. Soit. Gédéon est plutôt d’accord avec ce postulat, mais pas du tout avec les conclusions qui en découlent. En effet, la « connitude », selon ceux qui se prétendent ses opposants, mais qui, se faisant, nous l’avons vu, sont en plein dedans, mériterait, selon eux, la mort. En effet, sur la question du parachute, par exemple, et surtout, il est souvent lu ou entendu que quiconque doit avoir à s’en servir ne serait dans une telle situation que de son fait, et donc c’est bien fait pour lui, et après tout, il ne mérite pas tellement cette seconde chance.

 

Alors quoi ? Est-ce à dire que les cons n’ont pas le droit de vivre ? Qu’ils n’ont pas le droit de survivre ? Que, à la moindre imprudence, au moindre mot de travers, à la moindre incartade à l’ordre établi, hop, à l’échafaud ? Il croyait, le Gédéon, que les philosophes humanistes au nom desquels s’expriment toutes les démocraties modernes avaient écrasé de leur bon sens ce genre de réflexions, passablement eugénistes.

Oui, les cons ont aussi le droit de vivre ! Sans quoi, soit dit en passant, il ne resterait plus grand monde sur terre…

Aussi, sur la poignée de son parachute tout neuf, qu’il a acquis et monté depuis sa dernière rubrique, le Gédéon a apposé, en grosses lettres rouges, et afin de bien se souvenir, le jour où il en aura besoin, l’inscription suivante :

 

« GROS CON ! »

 

*In L’art poétique

**In L’art d’être con, éditions Non Encorra

 

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