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16 mai 2008

 

Le Gédéon t’a promis il y a quelques jours qu’il te causerait des évolutions réglementaires qui font que mine de rien on va pas tarder à nous la mettre bien profond, qu’il dit comme ça pour causer élégamment. Nous y voici donc, que si tu t’es levé un peu déprimé ce matin, ne lis pas ce qui suit…

 

L’ULM, depuis toujours, est soumis à deux types de règles, qu’on va dire. Les lois afférentes à sa navigabilité, d’une part, et les règles de circulation aérienne, de l’autre. Ces dernières, l’ULM, il les partage avec tous les aéronefs, à quelques restrictions supplémentaires près, donc la diminution progressive mais bien réelle des espaces aériens accessibles aux pilotes du dimanche, c’est pas de sa faute, à l’ULM, et c’est pas que lui qu’on vise directement.

 

En revanche, sur la navigabilité, là, gare à tes fesses, on t’en veut ! Viens voir.

 

Au début, était le rien. Même pas le verbe, non, il est venu après, celui-là. Rien, donc. Des types ont décollé sans rien demander, que s’ils avaient demandé où c’est qu’on paie, on leur aurait bien dit combien c’est cher. Le souci, c’est qu’ils commençaient à devenir nombreux, les, aussi on a commencé à leur dire où est-ce qu’on paie, alors qu’ils ne demandaient toujours rien. En 1981, les chefs ont dit, comme ça, que « pour conduire vos merdiers, là, faudra passer le théorique planeur ». C’était la première fois qu’on légiférait l’ULM, et le début d’une triste et longue série, qui mène petit à petit et l’air de rien à la mise sous tutelle, tu vas voir.

 

Alors bon, ben les types sont allés apprendre les subtilités du vol d’onde, puisqu’on leur disait qu’il fallait savoir ça pour faire le tour du bois…le Gédéon y est allé, lui, passer le truc, que c’est même tout ce qu’il détient comme permis. Et du coup, d’ailleurs, il est breveté dans toutes les classes, emport passager compris…on voit que c’était déjà bien absurde, dans le genre, mais attention, n’oublie pas qu’ils font des écoles pour, les types qui affirment qu’un planeur finesse 50 et un pendulaire finesse 3 c’est pareil !

 

Bon, après, les machines, il a fallu y mettre des limites, aux machines, à cause que soi-disant des types en voulaient toujours plus. 175 kilos, donc, les biplaces, et 150 les monos. A vide. C’était bien, ça, parce qu’avec les 10 kilos par mètre carré de charge alaire à vide, ça limitait automatiquement la masse maximale, la vitesse minimale, la vitesse haute, tout, quoi ! Ben oui, regarde bien. Imagine un biplace qui fait tout juste 175 kilos à vide. Le truc est obligé d’avoir une surface alaire de 17.5 mètres carrés minimum. Avec ça, faut pas espérer passer le mur du son, ni craindre les tout petits terrains.... Avec ça, pas de masse pour les trains rentrants, pas variables et autres conneries qui font qu’on va droit dans le mur du con ! C’est de la physique, ça, que le Gédéon dit ça pour faire plaisir au Gutrille. Là on est en 1986, que même des ULM peuvent encore circuler sous cette réglementation, s’ils le veulent, sans aucune limitation réglementaire de la masse maximale. Tout ça, c’était déclaratif comme ça l’est toujours, ce qui signifie que les chefs ne font aucun contrôle a priori. Ils peuvent en faire a posteriori, note bien, mais il doit faire bien meilleur dans leurs bureaux, visiblement.

 

C’était donc très vachement bien, cette règle ! Le problème, c’est qu’il y a eu des abus de constructeurs qui déclaraient des masses à vide fantaisistes, pour faire des machines lourdes, et rapides, et suréquipées, et tout, que c’est ce que veulent les clients…

Et alors là, voilà, t’as le système étatique français dans toute sa splendeur : il veut tout légiférer, le gouvernant français, qu’il te sort des lois par dizaines chaque semaine. Seulement, plutôt que de se donner les moyens de les appliquer, ses lois, il laisse pisser quelques années, constate que ça le fait pas, et pond des lois encore plus restrictives !

 

Et donc voilà, paf, au lieu d’appliquer la loi qu’ils avaient pondu pour dire ce que doit être un ULM, par des contrôles un peu plus poussés des déclarations des constructeurs, ils te nous ont dit « ah, vous voulez jouer aux cons, ok, on vous accorde plus de masse (qu’on ne contrôlera pas plus), mais pour le reste, on va te vous en rajouter des tonnes, que tu vas voir ce que tu vas voir ! »

Attention, hein, le Gédéon n’est pas en train de te dire qu’il faudrait tout contrôler tout le monde tout le temps, non, puisqu’au contraire pour lui il ne devrait y avoir aucune autre loi que la conscience de chacun. Mais il croit que puisque l’Etat ne veut pas nous foutre la paix et nous demande de déclarer, nous ok, on est sympas, on déclare, mais faudrait juste de temps en temps sortir du bureau et venir voir si des fois y’en aurait pas un ou quatre qui gruge un peu sur les bords, que sinon ça sert à rien de demander qu’on déclare… ben oui, si le constructeur sait qu’il existe un risque qu’on vienne peser un peu sa machine, il fait gaffe, alors que s’il s’avère que ce risque est inexistant, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres, ou pas ? Après ça ils viennent te parler de « facteur humain », en prenant des airs doctes… alors bon, soit on fait des lois et on s’assure qu’elles sont appliquées, soit on se tait, et tout le monde est content. Parce qu’une loi toute simple et bien faite qui est appliquée n’aura pas besoin d’être durcie. La loi de 86, puisqu’il en fallait une, était très bien toute simple et bien faite, que dit le Gédéon.

Note bien qu’ils n’ont toujours pas compris, ça, et que la prochaine fois que du coup ils vont nous pondre un texte, ce sera le dernier qui mettra le coup de grâce, ça le Gédéon en est sûr !

 

Or donc, en 1998, ils nous ont sorti l’arrêté éponyme. Alors un arrêté, c’est comme ça dit. C’est pas voté, ça, non, c’est arrêté, point. Des types rédigent une loi, le ministre en service à cette heure-là signe, point. Monsieur le marquis Gédéon Galouzeau de Biyanvrac, il aurait vaguement dans l’idée que c’était pour mettre fin à ce genre de pratiques qu’on avait coupé la tête à ses illustres ancêtres, en 1789, mais bon, il a dû louper un truc…

 

Et alors ce qu’il y a de bien pratique, avec un arrêté, c’est que tu peux le modifier sans lui changer le nom. Ainsi donc, l’arrêté de 98, il est modifié en 2001, en 2004, etc., et toi tu crois toujours que c’est le même, vu qu’il s’appelle toujours comme au départ.

Au départ donc, il refondait les lois de l’ULM, en appliquant les normes mises en place pour jouer par la FAI, 450 kilos tout ça. Ouais, ben le « tout ça » en question, l’air de rien et pendant que tout le monde croit encore que ça ouvrait des perspectives, à coup de modifications, c’est devenu que désormais, la réglementation ULM, ça tient en 150 pages, pour le bonheur de ceux qui en font leur fond de commerce ! Tout est réglementé, maintenant, que le Gédéon va pas te faire la liste, vu que 150 pages…

De la puissance de ton moteur à son type, en passant par la couleur de ta commande de gaz, le diamètre de tes commandes, le métal de tes vis, la purge de ton réservoir, tout est soumis à une règle ! Pas plus de contrôles, note bien, que d’ailleurs s’il y en avait, absolument tous les ULM seraient groundés tellement c’est fourni… et il paraît que c’est l’usager qui abuse.

 

Et du coup, forts de leur réglementation, les chefs, maintenant, ils te sortent des consignes de navigabilité pour faire ton bonheur malgré toi, que tout ça, c’est bel et bien le premier pas vers la certification ! Parce que la certification, ce n’est pas qu’une histoire de contrôles, c’est aussi, et avant tout, une question de normes. C’est sur la base de normes qu’on certifie.

 

En ULM, les normes certifiables sont désormais en place…

 

Au commencement, était le rien. Puis sont venus les 175 kilos… sans la fédé forte qu’a l’ULM français, il y a longtemps que c’en serait fini, mais voilà, l’ulmiste français résiste aux oukases de ceux qui te disent d’un côté qu’il faut certifier, en admettant discrètement de l’autre qu’en matière de sécurité ça ne résout rien, au contraire ! 

 

Alors bon, qui est responsable de tout ça ? Qui a fait que l’on soit passés d’une règle simplissime à des pages de normes ? Le constructeur, qui abuse toujours un peu du système, le client qui, lui, en veut toujours plus, ou l’Etat qui ne fait pas son boulot ? Le Gédéon, il n’en sait trop rien, lui qui fait pousser des pommes dégueulasses mais bien belles certifiées qui brillent et sont contrôlées, parce que c’est ça que veulent ses clients…

 

Soi-disant.

 

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