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25 mai 2008

 

Selon Freud, qui sait un peu de quoi il cause paraît-il, nous serions tous descomplexés. Au sens névrotique, complexé. Là, le Gédéon il a bien envie de lui causer d’aviation, au Freud, vu que le pauvre il est mort avant d’avoir pu mesurer à quel point ses théories étaient justes. Dans toutes les branches des sports aériens, qu’ils soient réglementés ou non, on trouve une sorte de fascination pour les titres et autres référents « aéronautiques », que ça le Gédéon, il a sa petite idée sur la question.

 

Dans l’aviation certifiée, la « sérieuse », qu’ils disent, on t’impose des normes et autres qualifications partout. Selon le type de ton avion et ce que tu veux en faire, tout change : les connaissances théoriques que tu dois avoir assimilées, les conditions techniques requises pour la conception, la fabrication et l’entretien de la machine, etc. Ainsi, même un pilote de loisirs qui ne vole que pour sa seule exaltation se trouve sans cesse remis à sa place de pauvre humain inapte et inculte par un système qui lui impose tout un tas d’exigences grandissantes avec ses ambitions. Il doit avoir une qualif selon le type de l’avion, selon le type de terrain, selon si l’hélice est variable (ou pas), si le moteur tourne à l’Avgas ou pas, mais aussi selon où il va, à quelle heure il y va, tout. En somme, un brevet de pilote d’avion, pardon un titre de personnel naviguant non professionnel de l’aéronautique civile, que c’est comme ça qu’il faut dire maintenant, ça ne sert qu’à montrer que tu es apte à entrer dans le grand cirque des qualifications et autres collections de titres que y’en a trente pages. A part ça, et en attendant, avec ton seul et simple titre de « personnel naviguant non tout ça », tu peux, à la rigueur, prendre l’avion sur lequel tu as appris, et que juste celui-là, pour tourner en rond autour de ton terrain. Voilà, t’es qu’un nain, et des fois que tu l’oublierais, on te le rappelle, mais va voir le toubib avant, et vole une heure avec un instructeur pour qu’on s’assure que tu sais faire, même si tu viens de voler 40 heures en six mois, faut pas déconner ! Tu peux donc reprendre le paragraphe qui se termine ici en transposant tout ceci à l’avion lui-même, que ça le Gédéon il s’en dispense, on va pas y passer l’année non plus.

 

Et alors après, dans ce grand monde merveilleux de l’aviation de loisirs, tu as une aviation non certifiée. Là-dedans, t’en as une partie, qu’elle est totalement déréglementée, enfin presque, dans la mesure où on demande tout de même aux types de respecter les règles de l’air. Ce monde merveilleux que bien des pays nous envient, c’est celui du vol libre, que pour être de vol libre, il suffit de pouvoir « décoller sans moteur sur ses pieds ou grâce à l’énergie potentielle », que les ceux qui prétendent avoir compris ce que ça veut dire, le Gédéon il trouve que ce sont des héros. Si.

 

Et alors là, dans ce monde du vol libre dont auquel on ne demande strictement rien aux types sinon de pouvoir décoller sans moteur sur leurs pieds, t’as presque autant de normes et de qualifs que dans l’aviation sclérosée, que pour pas avouer que c’est une maladie on dit « certifiée ». Ces normes ne sont pas obligatoires, note bien, légalement s’entend. Mais, grâce aux complexes qui sont l’objet de la présente étude gédéonienne, tout ceci devient une sorte d’obligation morale, que si tu veux passer outre t’es rien qu’un dangereux anarchiste. On te nous leur a donc mis des brevets, monoplace et biplace, des labels pour les écoles, des homologations que certains nomment carrément certifications pour les voiles, tout. Et alors, tout en sachant que ces trucs ne sont que des titres et certificats de pacotille, puisque mis en place et attribués par les pratiquants eux-mêmes et entre eux, les machins ont comme une tendance à devenir obligatoires. Ils le sont en compétitions, et même sur certains terrains de jeu. Et puis comme ces gens-là sont de bons citoyens gentils et qu’ils ont compris, les chanceux, à quoi sert l’Europe, ils ont demandé à ce machin-là de valider leurs process, et que du coup, maintenant, l’Europe, entre un label de saucisson et un autre pour un siège bébé, hop, elle te leur met un coup de tampon CE sur le parapente, que les gars ils sont heureux tout plein ! T’avise pas d’aller essayer de vendre un parapente non labellisé, hein, que si tu en as tout à fait le droit, personne n’en voudra, parce que ça y est, c’est trop tard, les types sont corrompus. Presque tous, si.

 

Entre donc cette aviation totalement réglementée, et celle qui ne l’est pas mais ne demande qu’à l’être, tu as l’ULM. Un peu réglementé mais pas trop, juste ce qu’il « faut », qu’aurait tendance à penser le Gédéon dans ses moments de lucidité. Ben oui, regarde, tu as un brevet, avec le même théorique pour tout le monde, mais spécifique au type de machine que tu veux piloter. Tu dois respecter les règles de l’air, et les constructeurs peuvent faire ce qu’ils veulent, dans la mesure où ils déclarent ce qu’ils font, sur la base d’exigences techniques relativement réduites, même si de moins en moins, mais ce n’est pas la question du jour et on en a déjà causé.

 

Et alors, là, tu as une double influence, dans l’ULM. D’une part des types qui, venant d’une aviation qu’ils croient sérieuse, voudraient bien que l’on réglementât un peu plus, et des autres qui se laissent séduire par cette espèce d’esprit d’auto responsabilité qui sévit dans le vol libre. Parce que oui, il a oublié de dire, le Gédéon, que les labels saucissonesques du parapente, leurs initiateurs les défendent au nom de l’auto responsabilité ! Sauf que, dirait comme ça le Gédéon, là où ils se trompent, c’est qu’ils considèrent cette notion comme une donnée collective, alors qu’elle est et doit rester individuelle, l’auto responsabilité.

 

Alors voilà, hop, du coup on te met, dans l’ULM, des labels, ou normes, ou qualifs, que tu peux appeler ça comme tu veux, qui ne viennent de nulle part autre que de chez les ceux qui prétendent vouloir ton bien sans rien t’imposer. Pour les machines, c’est venu très tôt, que le machin s’appelait le SCAUL. Ce truc, c’était une sorte de brevet de respectabilité que les constructeurs d’ULM s’attribuaient entre eux il y a 20 ans, que c’est mort depuis longtemps, et tant mieux !

Après, plus récemment, on t’a inventé des labels pour les écoles, pour le vol en montagne, pour les jeunes, les femmes, les ceux qui voyagent et tout ce genre de conneries. En creusant juste un peu, le Gédéon a trouvé que peut-être, les ceux qui attribuent ces labels seraient comme par enchantement les premiers à les obtenir, mais s’il écrit ça, pour le coup, on va encore lui dire qu’il fait du mauvais esprit. Pour les machines, aucun label français n’existe. Du coup, les constructeurs et autres revendeurs, il font valoir les labels et certifications qu’ils ont obtenus dans d’autres pays, et que commercialement, c’est des arguments que l’acheteur entend, du fait de son complexe, toujours… le paramoteur semble être le plus touché par cette maladie, pour l’instant, mais d’autres emboîtent le pas à vitesse grand V.

 

Bon, le Gédéon ira pas dire qu’il est contre toutes ces conneries, non, bien qu’il le soit. Il dira donc il s’en fout, à la limite, tant que ce n’est pas obligatoire, mais ne s’en foutra plus quand ça le sera, obligatoire, et qu’on dira « mais puisque c’est déjà ce que vous faites depuis si longtemps entre vous ! »

Et alors, au final, le Gédéon, il trouve que ça serait à la limite moins con, parce qu’une « reconnaissance » qualitative donnée par une entité tierce, l’Etat, qui joue donc le rôle d’arbitre, aura toujours plus de crédibilité à ses yeux qu’un machin que des types, aussi crédibles et intègres soient-ils individuellement (ce qu’ils sont rarement), s’accordent entre eux en se tapant dans le dos.

 

Et alors bon, pour finir comme ça n’importe où, ces certifications, qualifications et autres satisfecits auto attribués ou pas, le Gédéon, il trouve que c’est dû au complexe que Freud

disait. On veut toujours ressembler au plus « grand », et se prendre au sérieux. Parce que quand tu te prends au sérieux, très souvent et en général, ça te dispense de l’être, sérieux, justement…

 

…et réciproquement.

 

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