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17 avril 2008

 

« Je plains l’homme accablé du poids de son loisir. » Voltaire.

 

Si tu déboules ici et que tu n’as pas lu le délire précédent, descend donc juste en dessous, et lis, ceci est la suite du truc d’avant, que sinon tu vas rien comprendre.

 

Bon alors, il disait donc, le Gédéon, que wé, le poids, 450 kilos, responsabilité, tout ça. Que pour lui, l’ULM, c’est 150 kilos, mais que s’il veut se faire aussi gros que le bœuf, l’ULM, après tout pourquoi pas. Mais alors, où est la logique ?

 

Elle est que Gédéon, qui aime sa façon de voler à lui, voudrait bien que ça continue, si tu vois. Or, que s’est-il passé, au cours des deux dernières décennies ? Il s’est passé que l’ULM, parti de 150 kilos à vide en monoplace, est arrivé à 450 au décollage, en biplace. Et pourquoi donc ? Il l’a dit, Gédéon, parce que les types veulent se la péter un peu, et pouvoir faire autre chose que tourner autour de leur bois. Mais bon, que l’ULM réinvente l’avion, d’accord, mais de là à ce qu’il le remplace, il faut voir à pas déconner, quand même ! Et pourtant, c’est bien ce qu’il se passe. Ah, oui, mais non ! Les défenseurs de l’ULM pur et dur veillent, et brandissent leur bouclier « I Love 450 » !

 

Et pourquoi, s’il vous plaît, qu’ils lovent 450 ? Parce que les chefs ont dit que s’ils dépassent 450, on va te me leur foutre des réglementations type avion que ça va faire mal. Ça on est au courant, merci, on voit bien où ça le mène, l’avion, cette réglementation. Alors là, si c’est comme ça, bravo qu’il dit, le Gédéon, et il est même prêt à prendre sa fourche pour aller bloquer un aéroport ou quatre, si d’aventure il fallait montrer les dents.

 

Mais alors bon, il y réfléchit, à cette affaire, et il se demande pour quelle raison il faut bloquer la masse maximale, et quel est le rapport avec cette affaire d’auto responsabilité. Après tout, si les pilotes d’ULM ont su montrer qu’ils sont capables de gérer leur ULM à 150, puis 450 kilos, au nom de quel quoi il serait impossible qu’ils eussent le même comportement avec un avion de 3 tonnes ?

 

En fait, le problème n’est pas là, qu’ils disent.

 

Le problème, c’est que c’est la faute à Newton. Il a trouvé, lui, que les pommes tombent. Gédéon en sait quelque chose, il s’en prend souvent sur la gueule, notamment sous l’impulsion des gamins du village. Et que donc, plus la pomme est grosse, et plus elle arrive vite, plus elle fait mal. Elle éclate tout pareil, mais cause plus de dégâts au corps qui la reçoit. Jusque-là, tout le monde est d’accord. Tout le monde sait ça, et on n’a pas attendu Newton, pour tout dire. C’est une loi physique, de celles que l’on ne peut pas changer, même et y compris en démocratie. St Bernard de Clairvaux le disait avec une limpidité absolue : « Rien n'est soustrait à la loi, puisque elle-même, loi de l'univers, n'est pas sans loi, mais a une loi qui n'est autre qu'elle-même et par laquelle, si elle ne s'est pas créée, elle se gouverne toutefois. » Soit dit en passant, il ne faisant que reprendre un passage de St Paul, qui écrivit sensiblement la même chose, dans ses Epîtres aux Physiciens, ou un truc comme ça.


Donc, voilà ! Vu que l’ULM, comme tout avion, cause des dégâts lorsqu’il tombe, et que celui qui est dedans on s’en fout un peu, mais pas celui qui le prend sur la figure, on va donc limiter la masse au décollage, ainsi que, on ne l’a pas précisé ici, la vitesse minimale…soit dit en passant, si celui qui se casse la gueule peut encore sortir ses volets et se mettre aux grands angles, c’est que son avion est en état, et que donc il n’a aucune raison de choir, mais là c’est du mauvais esprit…ben si, un peu tout de même. Si, parce qu’en vrai c’est une histoire d’inertie cinétique, donc de masse fois vitesse au carré et tout, mais passons, on s'en fout, de ça.

Là, Gédéon, il admet et s’incline. C’est imparable, ça, que plus on est lourd plus on fait de mal en tombant. Restons donc légers. « Ultra », on peut repasser, ça fait longtemps qu’on ne l’est plus.

Néanmoins, parce qu’il y a un mais. Un gros, même que. Parce que bon, le Gédéon, il a des pommiers, pour ceux qui ne suivent pas. Il a bien vu que les pommes tombent, et tout. Il a donc été voir, sous son pommier, quelles sont les pommes qui tombent le plus, des petites ou des grosses. Il n’a rien relevé, il n’y a pas de règle, toutes tombent quand elles sont trop mûres : petites, grosses, difformes, mal finies ou tordues. Il s’est donc demandé ce qu’il en est des aéronefs.

 

Il a cherché, sur son Internet. Il a trouvé un truc, que tu vas pas t’en remettre ! En avril 2007, un rapport a été remis, à sa demande, au Ministre des Transports. Il est pondu, ce rapport, par l’Inspection générale de l’aviation civile, sous la référence 004780-01. « Sécurité de l’activité « vol à moteur » de l’aviation générale », que ça s’appelle. Ça reprend, en de longues pages documentées et argumentées, les accidents et incidents, et laisse poindre tout au long du dossier un fait avéré, repris dans la conclusion, page 22 : « quoique plus réglementée, la sécurité de l’activité avion est au mieux du même ordre de grandeur que celle de l’activité ULM. »

 

« Au mieux du même ordre de grandeur », parce que les ingénieurs qui ont pondu ça ont bien vu, même si ça leur fait mal au fondement, que l’ULM se casse plutôt moins la gueule que l’avion, toutes choses égales par ailleurs ! Ainsi donc, cette auto responsabilité qui nous a été accordée nous a rendus plus vigilants que les pilotes avion, qui se contentent de faire confiance à un système de tutelle, pour ne pas dire d’assistanat.

 

Et alors là, ce qu’il en dit, le Gédéon, c’est que c’est un véritable appel à la révolution ! L’avion, plus lourd, fait plus de dégâts quand il tombe, ça ok. Mais, grâce à un système de certifications « que l’ULM, tôt au tard, n’y réchappera pas », disent certains zélés fonctionnaires, il se casse moins la gueule, l’avion. Crac dedans, tout faux, la certification des ULM ne résoudra rien, et c’est vous qui le disez !

 

En conséquence, ce qu’il en dit, le Gédéon, c’est qu’il faut déréglementer l’avion sur le modèle de l’ULM, pour en améliorer la sécurité ! Ainsi donc, toute l’aviation de loisirs naviguera sous la même enseigne, et hop, fini le « Love 450 », chacun lovera ce qu’il veut, et que le peuple s’amuse. Que, sans ça, l’ULM, qui séduit de plus en plus de pilotes avion lassés de leur système, continuera de réinventer l’avion, et crèvera de la même maladie !

 

Quand on sait qu’en plus ce système permettrait enfin aux avions de s’équiper de ces parachutes que la certification leur limite, on se demande bien ce qu’on attend…

 

« L’humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a faits. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle » Bergson.

 

Une prochaine fois, on causera du LSA, pour voir un peu ce qu’il ne faut pas faire…

 

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