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22 février 2011

 

Bon alors, voilà, la fédéplume invente les cadets ULM. Que ce truc-là, c’est une initiative pour faire voler les jeunes et que, jusque-là, Biyanvrac trouve que c’est très bien, de vouloir que les jeunes s’intéressent à l’ULM. Que c’est toujours mieux, voire simplement moins pire, que fumer de la drogue ou s’abrutir sur son DS. Et même pas incompatible, d’ailleurs. Bien.

 

Mais alors bon, disait-il, ce qu’il ne comprend pas bien. C’est que, au lieu de prendre des mesures concrètes pour vendre l’ULM aux jeunes, en leur expliquant à quel point c’est bon, gratifiant, jouissif, intéressant, intellectuellement enrichissant et humainement bienfaisant, non, juste, là, on résume la question à une affaire de pognon. Donc, si t’es jeune et que l’ULM t’intéresse, tout ce que la fédé te propose, c’est du fric. Pourquoi pas, après tout, c’est une des composantes essentielles et fondamentales du « problème ». Mais alors, là où le Gédéon tique, ce sont les raisons que la PlUM invoque pour justifier, sans doute auprès de ses propres et étatiques bailleurs de fonds, cette mesurette : entre autres, on te dit que cet argent est voué aux jeunes « qui se destinent à une carrière aéronautique ». Et, là paf ! Si, non, désolé, qu’il est, le Gédéon, mais paf ! D’où on a vu que l’ULM pouvait servir de porte d’entrée à l’aviation générale ? Parce-que, bien sûr quand on parle de « carrière aéronautique », il ne s’agit pas d’ULM, qui pourtant offre de belles perspectives et doit aussi songer à son avenir, qui n’existe pas sans professionnels.

Si cette invocation répond à un vœu pieux discutablement louable, la réalité s’y oppose. L’absence de carnet de vol rend l’expérience ULM irrecevable auprès de l’aviation « noble ». C’est une vérité réglementaire, mais aussi, voir surtout, une évidence de terrain. Quand tu vas faire de l’avion et que, par exemple, tu aurais des milliers d’heures d’expérience en ULM, en voyages transfrontaliers, en montagne, en hydro, sur skis, en tout terrain, bref, en tout ce que l’aviation noble ne connaît plus depuis longtemps, ben même là, tu fermes ta gueule et tu dis pas, que sinon on va te considérer comme un malade à soigner et ta formation sera plus longue ! Suffit d’aller sur la plupart des terrains et de tenter l’expérience pour faire ce triste constat. Mais là, ici, non, on te dit, en dépit de toute évidence, que si, on te finance ton loisir parce que, dans un coin de ta tête, t’as décidé de devenir un jour conducteur de bus ou de char d’assaut. Il est évident, que dit le Gédéon, qu’il y a, au mieux, aveuglement et quête insensée de justification…

 

Mais au-delà, cette idée pose une autre question : comment la fédéplume peut-elle seulement un instant participer, selon Biyanvrac, à ce qui ressemblerait à une sorte de « fuite des cerveaux » ? Que s’il existe des jeunes méritants et motivés, c’est bien dans l’ULM qu’on en a besoin, qui a largement fait la preuve, en trente ans, qu’on peut y mener de fort belles carrières et en croûter honorablement, contrairement à l’aviation de transport, dont beaucoup de pilotes, correctement diplômés et proportionnellement endettés, se replient sur… l’ULM, qu’ils voient bien que c’est là que ça se passe !

Alors que, dans le même temps, il n’existe aucune filière qui forme correctement nos professionnels d’aujourd’hui et de demain, qui sont, eux aussi, notre avenir. On forme des instructeurs, qui doivent ensuite se débrouiller en autodidactes pour apprendre la gestion, la compta, la mécanique, l’animation, enfin bon bref, tout ce qui fait les joies de l’ULM qui travaille.

 

Mais on s’égare, revenons à cette histoire d’ULM qui ouvre des portes à d’autres activités plus lourdes, sous-entendu plus louables. Que, le Gédéon l’a déjà dit, qu’il ne comprend pas pourquoi il faudrait ne pas être fier d’être ULM et considérer qu’il ne peut être une fin en soi ! Comme s’il ne pouvait se suffire à lui-même ! Suppose-t-on de l’automobiliste en herbe qu’il s’intéresse de facto aux autocars ou aux camions ? Au surfeur qu’il se destine à capitaine au long courer un encombrant pétrolier ? Au gamin qui s’amuse sur son kart qu’il finira chauffeur de char Leclerc ? Assurément pas, ces activités-là n’ont pas de complexe, considèrent qu’elles se suffisent et du reste ne se posent même pas la question.

 

Mais dans l’ULM, si. On n’en finit pas d’être complexés, y compris parmi les instances qui sont sensées nous représenter, donc nous donner de la confiance…

 

Et alors bon, le Gédéon, comme sans doute tous les vieux cons qui l’apprécient, a une pensée émue pour l’époque de sa jeunesse à lui, où il suffisait de venir sur les terrains, jouer du chiffon sur les hélices, regonfler des pneus, lire des livres, pour montrer sa motivation et gagner quelques heures de vol bien méritées…

 

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