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15 mars 2010

 

Le Gédéon t'a déjà dit comment selon lui le paramoteur, tel qu'il est utilisé, n'est pas tellement légal.

 

Il a également fait la magistrale démonstration de ce que l'hélicohuelle ne saurait être tellement légale non plus, si elle reste dans les 450 kilos...

Il est par ailleurs notoire que l'autogire et l'immense majorité des trois-axes sont, quant à eux, de formidables monoplaces de tour de piste, leurs masses à vide fleurtant dangereusement avec les limites... donc hors clous lorsqu'ils traversent la France avec deux gens à bord.

 

Que ça voudrait dire, en quelque sorte, qu'il resterait que le pendulaire, comme ULM Légal. A quelques exceptions près, leur masse à vide est largement en-dessous du maximum requis, et leurs pilotes respectent plus ou moins scrupuleusement les règles de l'air...
Ainsi donc, démonstration serait faite que seul le pendulaire est le vrai ULM, comme le pensent les piétons et comme l'affirment ses aficionados... même du strict point de vue de la loi, donc, il n'y aurait que le pendulaire... Là Gédéon est bien embêté, qu'il sent monter en lui comme une envie de cesser tout de suite la présente chronique, que ça va faire croire qu'il est partisan et tout, alors que jusque-là il a toujours su faire montre d'une extraordinaire capacité à ne jamais prendre parti.

 

Rions.


Aussi, pour couper court dès maintenant à la rumeur naissante et aussi te donner envie de lire la suite, anticipons la chute et avouons : même le pendulaire n'est pas dans les clous. Carrément pas, même que.

 

Viens voir.

 

Qu'est-ce donc que le pendulaire ? Les belges, qui ont rarement tort, appellent ce truc un "dpm", delta plane motorisé. Et ça cause plus que pendulaire, cette appellation-là, que si on dit juste "pendulaire", ça pourrait englober aussi les voilures tournantes, qui le sont aussi dans une large mesure, pendulaire.

 

Là non, chez les français, on dit juste "pendulaire". Soit. Un truc qui se pilote par déplacement du centre de gravité. Et l'aile, qui est composée d'une toile maintenue par des tubes, vole par essence tout droit, et on rompt son équilibre naturel pour lui dire d'aller là où on voudrait bien qu'elle aille, s'il vous plaît merci.

 

Et alors donc, c'est une aile souple, qui se déforme, les lobes tout ça, comme t'a expliqué ton instructeur si tu as eu la chance d'apprendre avec un qui prend encore la peine de t'expliquer comment ça vole, cette affaire-là.

 

Sur cette chose, et en fonction des configurations, tout se déforme : les lobes donc, mais aussi la flèche, le dièdre, le profil, selon que l'on est en ressource, en descente, en virage, vite, lent ou en tout ça mélangé.

 

C'est pourquoi, depuis toujours, on dit que c'est une aile souple. Que si elle ne l'était pas, elle serait contrainte de faire, comme les autres, appel à des gouvernes aérodynamiques. Sur les avions des gens normaux, l'aile est rigide et ne se déforme que si vraiment tu n'aimes plus la vie, mais en général ça pique un peu quand on en est là... tout juste travaille-t-elle un chouille en flexion pour avaler la turbulence, mais on dit tout de même que l'aile est rigide.

 

Point.

 

En vol libre, certains ont essayé, avec succès, d'imaginer des ailes rigides que les ceux qui volent avec continuent de piloter comme si c'était souple : par déplacement du centre de gravité en tangage, et par simili déplacement du en roulis, qu'en réalité ça va chercher des commandes aérodynamiques, de type spoiler ou ailerons.
Que du coup, pour ralentir le tout, on te leur a aussi mis des volets, et qu'ils posent plus lentement que ceux qui volent encore avec des mous, moyennant des vitesses hautes largement supérieures, une finesse considérablement augmentée pis tout.

 Il existe quelques-uns, qui se comptent sur les doigts de pieds d'un unijambiste, qui ont motorisé leur rigides de vol libre, en sous-classe donc. Leurs machins restent monoplaces. La plupart des constructeurs de pendulaires se sont intéressés au problème des ailes rigides pour leurs gros biplaces, mais ont arrêté au prétexte que le prix serait trop élevé et que ça se plie plus.

 

Que là, le Gédéon est encore perplexe... vu le prix des ailes souples actuelles il lui semble qu'on peut en recauser, et par ailleurs, vu que plus personne ne replie, il ne voit pas bien, Biyanvrac, pourquoi il faudrait que les constructeurs continuent de s'imposer cette contrainte (car c'en est une en conception), alors qu'elle ne sert plus à rien ou presque.

Mais on s'égare... "en quoi donc ce pendulaire, qui a l'air bien sympathique, serait-il donc illégal, monsieur le Gédéon ?", que tu te demandes à bon escient et parce que tu suis un minimum...

Relis l'arrêté de 98 qui régit l'ULM actuel. Classe 2, dite "pendulaire", tagagadada, roulements de tambour : "Un ULM pendulaire est un aéronef monomoteur sustenté par une voilure rigide sous laquelle est généralement accroché un chariot motorisé."

Crac.

Voilure rigide, est-il dit. Donc imposé, puisque c'est un texte de loi. Ce qui signifie donc, du strict point de vue du droit, que tous les pendulaires, avec leurs ailes souples (exception faite de ceux de l'unijambiste, hein), sont susceptibles d'être cloués au sol le jour où un fonctionnaire de là-haut se réveillerait... et là, tu pourras engager tous les avocats que tu veux, la différence entre ailes souples et rigides étant connue depuis longtemps, il n'y aura pas tellement épais comme marge de discussion...

Déprimons ensemble au moment d'offrir le sacrifice de toute l'ulmisterie...

Et alors bon donc, si le paramoteur tel qu'il est utilisé n'est pas tellement légal, que les trois-axes et autogires sont trop lourds, et que le pendulaire, lui, est carrément, totalement et indiscutablement illégal, le Gédéon se dit qu'il comprend mieux pourquoi les textes ne sont pas tellement appliqués et que personne ne contrôle rien : ils sont inappliqués car inapplicables, tout simplement...

Les textes qui régissent l'ULM en France ne font que trahir l'inculture du législateur et que du coup, pourvu que ça dure...

 

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