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14 avril 2008

 

Bon, v’là l’hélico ULM maintenant ! Et son flot de destructeurs, fanatiques, contre, pour, sans avis, avec opinion mais je me la garde, sans opinion mais je le dis quand même, et compagnie. Il va vous en dire ce qu’il en pense, le Gédéon, de l’hélico ULM.

 

Déjà, de d’une, « hélico ULM », ça ne veut rien dire du tout ! Le M de ULM veut dire Motorisé. Or, jusqu’à preuve du contraire, un hélico, sans moteur, ça pourrait être, à la rigueur, une sorte d’autogire de vol libre (ça c’est vu), ou alors un truc à pédales pour types rudement dopés !

Les pendulaires, trois-axes, autogires, aérostats, paramoteurs, peuvent ne pas peut être ULM, il peuvent être non motorisés, ou moins UL qu’ils n’en ont l’air. Il paraît même qu’il y en a, des pas des très UL, mais c’est pas Gédéon qui le dit…

Quoi « le paramoteur » ? Ben si, le paramoteur non motorisé existe, même que c’est pour ne pas énoncer d’absurdités qu’on dit « parapente ».

S’il voulait se la jouer érudit, le Gédéon vous parlerait des giravions, qui comprennent les autogires et les hélicoptères, lesquels sont, par définition et selon les textes, à moteur. Donc, causer d’un hélicoptère motorisé, qu’il soit ou non UL, c’est pléonastique.

Et alors donc là, ce dont auquel on cause, c’est d’un hélicoptère qui pourrait (voudrait, pour l’instant, n’anticipons pas, hein), entrer dans la case ULM. Donc, c’est un hélicoptère ultraléger, ou « hélicoptère UL », qu’on dira « hélico UL » prononcé « hélicohuelle ». A partir de dorénavant, on va donc dire hélicohuelle, histoire de calmer un peu les ardeurs des ceux qui veulent se la péter jet-set, « Coin de rue images immondes » et compagnie. Ils ne seront pas pilotes d’hélicoptère, avec toute cette espèce d’aura de prestige et de prout-prout qui va avec, non, ils seront branleurs de manche d’hélicohuelle. Ça calme.

 

Bon, ça c’est fait.

 

Sinon, il faut tout de même rappeler que ces engins existent, techniquement. Il ne s’agit pas d’un nouveau truc qui vient d’arriver, contrairement à ce que y’en a des qui croivent. Il en y a plein, de ces hélicohuelles, que d’ailleurs, le Gédéon, il ne voit pas ce que ça lui apporterait de plus pour faire le tour de son bois, à part souffler ses pommiers. Les discussions en cours, ou à venir, ne concernent pas leur validité technique, ni même commerciale, mais leur possible entrée dans la « famille » de l’ULM. Et c’est la que, justement, les débats s’ouvrent. Cette famille, tout le monde a une opinion pour expliquer en quoi elle consiste, même Gédéon !

 

Et qu’est-ce que c’est-y donc que cette famille, selon Biyanvrac ? De fait, une famille ordinaire. Au départ, des parents passablement hippies et contestataires, même s’ils pouvaient avoir l’air propre sur eux, comme l’étaient nombre de parents dans les années 70. Un enfant unique, le pendulaire, issu d’une évolution Darwinienne de l’aile delta et de la tondeuse. Puis un second, les trois-axes, un troisième, et un quatrième, le paramoteur et l’autogire, et même un mort-né, le ballon. A chaque arrivée d’un petit frère, les aînés, et surtout l’aîné, sont partagés entre la joie d’avoir un nouveau copain avec qui jouer, et la déception que le copain, finalement, fut si différent, n’eût point les mêmes goûts, voire, carrément, se la pétasse, et voudrait lui expliquer la vie, à l’aîné ! Malgré ça, et sous l’impulsion de parents volontaires bien que parfois dépassés, on se réunit, régulièrement, pour partager un gigot-fayots et des conversations de plus en plus plates, pleines de tabous, pour éviter que ça ne parte en sucette. Une famille tout ce qu’il y a de plus classique, qu’il vous dit, le Gédéon.

 

Proust, sans doute, disait que « nous tenons de notre famille aussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons. » Oui, Gédéon a lu Proust, ce qui explique bien des choses... Mais, pour une fois, il se pourrait bien qu’il n’ait pas complètement tort, le Proust. Et on ferait bien de méditer. Car en effet, s’il semble bien difficile de définir ce que seraient les idées de la famille ULM, qui, de ce qu’elles furent au départ, se sont enrichies des apports successifs de la fratrie, sa maladie, depuis toujours, consiste à rejeter les nouveaux petits frères. « C’est pas ULM, ça ! » Gédéon, qui n’est plus jeune, au cas où y’en a des qui suivraient pas, entendait ça dès les débuts et l’arrivée d’appareils à ailerons, et il voit bien, depuis qu’il se tient à nouveau au courant, que ça n’a pas changé, vu qu’on est une famille ordinaire.

 

Il est bien tenté, le Gédéon, par ces idées extrêmes, ce refus légèrement xénophobe du nouveau, cette crainte de voir se diluer son capital philosophique dans le magma mouvant d’un simple cadre réglementaire. Mais il a évolué, comme tous ceux de sa génération qui ont compris qu’il faut avancer un peu, sans quoi on en serait encore à l’âge de pierre. Et alors, donc, ce qu’il voit, le Gédéon, c’est que non seulement l’évolution des machines n’a pas entravé sa liberté, mais au contraire elle l’a augmentée. Grâce à l’arrivée d’appareils différents de son monoplace préhistorique, Gédéon peut, désormais, voler plus lourd, aller plus loin, plus vite, plus partout, y compris sur des aéroports ! Et, dans le même temps, il a toujours le droit, avec les mêmes faibles contraintes qu’aux tous débuts, de continuer de voler seul autour de son bois, et il ne s’en prive pas !

 

Ainsi, pour le Gédéon, l’hélicohuelle peut bien exister si ça lui chante, du moment que ça

ne change rien pour lui et son tube-toiles de base. Après tout, l’ULM est une pratique, entendons par là un certain état d’esprit dans lequel on pose que l’être humain est adulte, et dans ce cadre tout le monde est le bienvenu, dès l’instant que l’on respecte les règles, et qu’on laisse la cuvette propre.

 

Faut pas croire qu’il serait devenu sympa, le Gédéon. Oh non ! Il est égoïste avant tout, Gédéon, et s’il n’a rien contre l’arrivée des nouveaux, c’est parce qu’il sait qu’une famille qui s’agrandit s’enrichit, et qu’une famille qui est désunie ne se retrouve plus qu’aux enterrements, qui ont toujours l’air d’être le leur.

 

P.S. La « èfplume » fait tourner un questionnaire pour savoir ce que l’on pense de la dépénalisation du paramoteur. Gédéon a répondu qu’il est pour, bien sûr !

 

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